VillevaudĂ©Nouveau record d’affluence au loto d’hiver. Le traditionnel loto d’hiver de l’ALJ (Association loisirs jeunes de VillevaudĂ©) a rĂ©uni 220 joueurs, petits et grands, samedi 25 janvier, dans la salle des Merisiers. C’était la 26e Ă©dition et pour Yvette Godefroy, prĂ©sidente de l’ALJ, un nouveau record.
La Princesse Pervenche part Ă  la recherche de son cousin mystĂ©rieusement disparu, le Prince Aubert...elle demande de l'aide Ă  Madame Moche, qui n'est autre que...la sorciĂšre, dont le Prince ensorcelĂ© est devenu le serviteur, et qui s'apprĂȘte maintenant Ă  empoisonner le Roi ! ExclusivitĂ©! En partenariat avec le Théùtre Le Bout, organisateur du 4Ăšme Festival du Rire de Nice, vous propose de vivre cette incroyable aventure et celle de "Pierre et la princesse ensorcelĂ©e" Ă  des tarifs prĂ©fĂ©rentiels ! Un spectacle de Martin Leloup qui invite petits et grands amateurs d'aventure et d'humour, dĂšs 4 ans, Ă  mener l'enquĂȘte une vĂ©ritable intrigue policiĂšre et des personnages inattendus une princesse-dĂ©tective curieuse et aventuriĂšre , un prince ensorcelĂ© qui ne se souvient plus qu'il est Prince, et une redoutable sorciĂšre qui se cache derriĂšre le visage d'une dame respectable un spectacle rythmĂ© et interactif des indices sont donnĂ©s aux enfants, qui ont une longueur d'avance sur la princesse, et participent activement Ă  l'enquĂȘte une large place faite Ă  l'humour pour les petits comique de situation, jeux de mots, quiproquos, personnages loufoques ou ridicules ; et pour les grands second degrĂ© tout au long de la piĂšce rien que pour eux ! des chansons pour changer de rythme et vivre l'histoire autrement un dĂ©fi Ă  relever aider la Princesse Ă  dĂ©couvrir le double jeu de la mĂ©chante, sauver le Prince et le Royaume, en abordant des valeurs morales essentielles Suspense, surprise, rire et aventure pour tous ! Equipement Salle climatisĂ©e avec fauteuils vente sur place des livres pour enfants illustrĂ©s de Martin Leloup Tarifs Tarif enfant 8 euros Tarif adulte 10 euros Forfait 2 spectacles "spĂ©cial RĂ©crĂ©aNice" Le Prince Aubert a disparu + Pierre et la princesse ensorcelĂ©e Forfait enfant 13 euros au lieu de 16 euros Forfait adulte 15 euros au lieu de 20 euros Prix d'un livre de Martin Leloup "spĂ©cial RĂ©crĂ©aNice" 8,90 euros au lieu de 9,90 euros Vous trouverez sur place les livres de Pierre et la princesse ensorcelĂ©e, Toutankhamon et le scarabĂ©e d'or, La princesse au petit pois dans la tĂȘte, La princesse Rose et le retour de l'ogre Pour bĂ©nĂ©ficier des tarifs "spĂ©cial RĂ©crĂ©aNice", inscrivez-vous sur notre site, et donnez le code "RĂ©crĂ©aNice" Ă  la caisse lors de l'achat des billets ou des livres! Horaires les vendredis 1er juillet, 8 juillet, 15 juillet, 22 juillet et 29 juillet Ă  17h les lundis 4 juillet, 11 juillet, 18 juillet et 25 juillet Ă  17h les mercredis 6 juillet, 13 juillet, 20 juillet et 27 juillet Ă  15h AccĂšs en tramway, arrĂȘt OpĂ©ra-Vieille Ville ou CathĂ©drale Vieille-Ville Contact Festival du Rire de Nice au Théùtre du cours 5 rue de la Poissonnerie 06300 NICE tĂ©l 04 93 80 12 67 , theatreducours Quelques precisions ‱Les piĂšces pour enfants de Martin Leloup Un univers teintĂ© de magie, d'aventure et d'humour autour duquel Ă©voluent 4 soeurs, princesses et hĂ©roines de fabuleuses histoires, et de nombreux personnages surprenants...Martin Leloup est l'auteur de nombreuses piĂšces pour enfants, dont "La princesse au petit pois dans la tĂȘte", vĂ©ritable succĂšs jouĂ© plus de 1500 fois Ă  Paris! ‱La troupe des spectacles enfants du Théùtre parisien "Le Bout" Des comĂ©diens proches de leur jeune public, gĂ©nĂ©reux, qui s'adaptent aux rĂ©actions des enfants en les faisant rire et participer, et en improvisant avec eux Nous l'apprĂ©cions surtout pour un spectacle original, interactif, et rythmĂ© oĂč l'on rit beaucoup et oĂč l'on rĂ©flĂ©chit ; l'Ă©veil des petits aux Ă©motions et aux valeurs du spectacle vivant ; l'univers unique de l'auteur oĂč les personnages et les histoires sont liĂ©s entre eux Retrouver tous spectacles tous les festivals page d'acceuil
DĂ©couvrezen famille les parcs et jardins de Nice et des collines niçoises. Jardins botaniques, parcs historiques et DĂ©couvert par Jacques Cartier en 1534, le QuĂ©bec Province de l'actuel Canada est la premiĂšre colonie française en AmĂ©rique du nord, aprĂšs la fondation de la ville de QuĂ©bec par Champlain en 1608. Son histoire se confond donc Ă  ses dĂ©buts avec celle de la Nouvelle-France. Pour comprendre la psychologie quĂ©bĂ©coise, il convient de se rĂ©fĂ©rer sans cesse Ă  ce prestigieux passĂ© qui vit les explorateur français donner au royaume un empire colonial immense qui couvrait la majeure partie du Canada et une grande partie des Etats-Unis. Mais ni les Français, ni les Anglais ne furent les premiers habitants du QuĂ©bec et une histoire de ce territoire, grand comme trois fois la France, ne saurait ignorer ce qui s'est passĂ© avant l'arrivĂ©e du premier EuropĂ©en. L'histoire du QuĂ©bec indien On admet gĂ©nĂ©ralement que le peuplement de l'AmĂ©rique du nord s'est essentiellement effectuĂ© par le dĂ©troit de BĂ©ring, voici plus de 20000 ans, Ă  l'Ă©poque glaciaire. Des vestiges archĂ©ologiques tĂ©moignent de la prĂ©sence d'un habitat de chasseurs palĂ©olithiques dans la vallĂ©e du Saint-Laurent voici 10000 ans. Plusieurs milliers d'annĂ©es plus tard, la chasse, la pĂȘche et la cueillette cĂ©dĂšrent la place Ă  des embryons d'agriculture. L'outillage se diversifia. La pierre taillĂ©e puis polie, fut remplacĂ©e progressivement par le cuivre. La prĂ©sence de minĂ©raux provenant de Pennsylvanie et du Labrador montre l'existence d'un rĂ©seau d'Ă©changes important. Le peuplement s'Ă©tendit vers les Laurentides et la poterie fit son apparition voici environ 5000 ans. L'arrivĂ©e des Inuits, qui remplacĂšrent les Tunits, aujourd'hui disparus, fut plus tardive ; ils ne seraient parvenus sur le territoire du QuĂ©bec qu'un millier d'annĂ©es avant notre Ăšre. Sur deux pierres trouvĂ©es dans les Cantons de l'Est, on a cru dĂ©couvrir une Ă©criture phĂ©nicienne. On pense que des moines irlandais, chassĂ©s par les Vikings, auraient pu se rĂ©fugier dans le Golfe du Saint-Laurent vers la fin du 9Ăšme siĂšcle. Vers l'an 1000, dans le sillage d'Erik le Rouge, installĂ© en Islande, qui explora Terre-Neuve, des Vikings s'installĂšrent sur la cĂŽte canadienne laissant des traces de leur prĂ©sence jusque vers 1340. Lors de l'arrivĂ©e des EuropĂ©ens, les tribus indiennes cultivaient dĂ©jĂ  le maĂŻs, la courge, le tournesol et le haricot, mĂȘme si ce dĂ©but d'agriculture n'Ă©tait pas trĂšs ancien. La population indienne s'Ă©levait alors Ă  quelques 30000 individus sur le territoire du QuĂ©bec actuel. Au dĂ©but du 16Ăšme siĂšcle, au cours de campagnes de pĂȘche Ă  la morue, des navigateurs français, notamment basques, frĂ©quentĂšrent les environs de Terre-Neuve. Ils ramenĂšrent en France quelques AmĂ©rindiens. En 1520, une colonie portugaise Ă©phĂ©mĂšre s’établit au Cap-Breton. En 1524, des marchands et le roi de France, François Ier, commanditĂšrent un explorateur florentin, Jean de Verrazane ou Verrazzano - 1485-1528, pour trouver un passage par l'ouest vers l'Orient mystĂ©rieux. La France, qui s’était laissĂ©e distancer par d'autres pays europĂ©ens dans la course aux dĂ©couvertes, entendait combler son retard. L'expĂ©dition Ă©choua, Verrazzano revint bredouille, aprĂšs avoir explorĂ© la cĂŽte amĂ©ricaine de la Floride Ă  Terre-Neuve. Mais le mouvement Ă©tait lancĂ© et, sur les cartes de l'Ă©poque, apparurent bientĂŽt la Mer de France, au large du Golfe du Saint-Laurent, le Cap Breton et la Terre des Bretons au sud du fleuve. Les trois voyages de Jacques Cartier Les trois voyages de Jacques Cartier 1491-1557, qui ont lieu de 1534 Ă  1542, marquent la premiĂšre Ă©tape significative de l'histoire et de la formation de la Nouvelle-France. Au cours du premier voyage, le navigateur breton, natif de Saint-Malo, explore le fleuve Saint-Laurent, toujours Ă  la recherche du passage qui permettrait d'atteindre le fabuleux Cathay de Marco Polo. Le 24 juillet 1534, il met pied Ă  terre Ă  GaspĂ© oĂč il plante une croix, on ne sait trop oĂč, prenant ainsi possession du littoral gaspĂ©sien au nom du roi de France. Il ramĂšne en France deux des fils du chef iroquois de l'endroit, Donnacona, lequel voit les EuropĂ©ens arriver sur son territoire avec apprĂ©hension. Au cours du second voyage 1535-1536, Jacques Cartier baptise une petite baie oĂč il fait relĂąche, le 10 aoĂ»t 1535, du nom du saint de ce jour lĂ , Saint-Laurent, puis remonte le fleuve qui portera ultĂ©rieurement ce nom. Il dĂ©couvre l'Ăźle aux Coudres, s'Ă©tablit au havre Sainte-Croix, prĂšs du village indien de StadaconĂ©, Ă  proximitĂ© de l'endroit oĂč s'Ă©lĂšvera plus tard QuĂ©bec, puis poursuit jusqu'Ă  Hochelaga, une bourgade indienne fortifiĂ©e de palissades, situĂ©e sur une Ăźle cultivĂ©e oĂč pousse du blĂ© d'inde, comme les QuĂ©bĂ©cois continuent d'appeler le maĂŻs. Jacques Cartier nomme la montagne oĂč se trouve le village indien Mont Royal ; elle porte toujours ce nom et la ville de MontrĂ©al s'Ă©lĂšve aujourd'hui Ă  ses pieds ainsi que sur ses pentes. Le Malouin y fait connaissance avec l'herbe Ă  petun, le tabac des calumets, qu'il apprĂ©cie peu. Le voyage bute alors sur les rapides Lachine et il faut rebrousser chemin. Au cours du retour, Jacques Cartier contourne Terre-Neuve et prouve ainsi qu'il s'agit d'une Ăźle. Il ramĂšne avec lui en France Donnacona, lequel mourra trois ans plus tard sans avoir revu son pays ; sont Ă©galement du voyage quelques autres Iroquois, dans l'intention de les prĂ©senter Ă  François Ier. Le roi de France, allĂ©chĂ© par les rĂ©cits du chef indien, engage Jacques Cartier Ă  entreprendre un troisiĂšme voyage, dans le but de rapporter de l'or, des pierres prĂ©cieuses et des Ă©pices, mais aussi d'implanter une colonie et de propager le catholicisme. En occupant les terres dĂ©couvertes, François Ier manifeste son intention de rejeter les prĂ©tentions de l'Autriche et du Portugal sur l'ensemble du Nouveau Monde. A cette fin, une expĂ©dition est montĂ©e ; elle doit ĂȘtre dirigĂ©e par un seigneur de la cour de France, Jean-François de la Roque de Roberval 1500-1560, natif de Carcassonne, nommĂ© lieutenant-gĂ©nĂ©ral de la Nouvelle-France. Mais, comme l'expĂ©dition prend du retard, Jacques Cartier, qui ne goĂ»te probablement pas le rĂŽle de second qu’on lui impose, part le premier en 1541. La traversĂ©e est difficile ; un fort n'en est pas moins construit au confluent du Saint-Laurent et de la riviĂšre du Cap Rouge, Charlesbourg-Royal, pour prĂ©parer la colonisation. En mĂȘme temps, le navigateur se procure auprĂšs des Indiens ce qu'il croit ĂȘtre de l'or et des diamants. En 1542, alors qu'il revient en France, il rencontre Roberval Ă  Terre-Neuve. Celui-ci lui ordonne de retourner dans le Saint-Laurent ; le Breton refuse et rentre dans sa patrie oĂč il se retrouvera bredouille, sa cargaison n'Ă©tant composĂ©e que de pyrite et de quartz sans valeur ! En 1542, Roberval arrive au havre Sainte-Croix avec trois gros navires et une centaine de colons. L'hiver dĂ©cime les nouveaux venus. En 1543, il explore le Saguenay Ă  la recherche du merveilleux royaume que Donnacona et ses fils ont prĂ©tendu exister sur ses rives Ă  François Ier. Il espĂšre Ă©galement dĂ©couvrir un passage vers le nord-ouest jusqu'Ă  la mer qui baigne les Indes. Cette exploration demeure vaine mais Roberval laisse son nom Ă  une ville qui s'Ă©lĂšve aujourd'hui sur les berges du Lac Saint-Jean. L'explorateur rentre en France ruinĂ©, et la colonisation est temporairement abandonnĂ©e. Roberval a cependant remontĂ© la riviĂšre des Outaouais et son pilote, Jean Fontenaud ou Jean Alphonse de Saintonge 1484-1549, a dĂ©montrĂ© l'existence d'un dĂ©troit navigable entre le Groenland et le Labrador. Le pilote tentera de revenir sur les lieux toujours Ă  la recherche d'un passage vers le nord-est. Les Espagnols enverront son navire par le fond, Ă  une date indĂ©terminĂ©e, alors qu'il rentre vers La Rochelle. Les terres explorĂ©es ne paraissant recĂ©ler ni or ni diamant, on s'en dĂ©sintĂ©resse et on laisse leur approche aux pĂȘcheurs, parmi lesquels des Français Basques, Bretons et Normands jusqu'Ă  ce que le commerce des peaux n'attire Ă  nouveau les convoitises. L'Ă©poque des guerres de religion ne favorise d’ailleurs guĂšre les aventures maritimes. La fondation de la Nouvelle-France par Samuel Champlain A partir de 1581, des commerçants français commencent Ă  pratiquer la traite des fourrures dans le Golfe du Saint-Laurent. A la diffĂ©rence de la pĂȘche, cette nouvelle activitĂ© suppose l'existence de comptoirs, c'est-Ă -dire d'Ă©tablissements fixes, et l'idĂ©e de la colonisation vient naturellement Ă  l'esprit. En 1600, Pierre de Chauvin 1575-1603 ouvre un poste de traite Ă  Tadoussac, au confluent du Saguenay et du Saint-Laurent. En 1603, Samuel de Champlain 1567-1635, natif de Brouage, participe comme navigateur, explorateur et cartographe, Ă  un voyage organisĂ© par un autre marchand, François GravĂ©, qu'il assiste en tant que second. Il remonte le Saint-Laurent jusqu'Ă  Trois-RiviĂšres. Un second voyage l'amĂšne Ă  l'embouchure du Saguenay. Il y rencontre le chef montagnais Anadabijou ; celui-ci accueille d'autant mieux le navigateur qu'un Indien qui revient de France dit le plus grand bien du roi Henry IV, et de sa bienveillance pour les gens de la race rouge. Le calumet de la paix est fumĂ©. Cette premiĂšre entente va influencer durablement la politique indigĂšne de la France qui s'engage contre les Iroquois, une puissante confĂ©dĂ©ration de cinq tribus, dont l'organisation inspirera plus tard la constitution des Etats-Unis. Champlain remonte ensuite le fleuve jusqu'aux rapides pour en dresser la carte qu'il doit remettre au roi. De 1604 Ă  1607, le navigateur explore la cĂŽte amĂ©ricaine jusqu'Ă  Cap Cod Massachussetts au cours d'une expĂ©dition dirigĂ©e par Pierre Dugua de Mons avec, une fois de plus, François GravĂ© comme pilote. Plusieurs Ă©tablissements sont créés, dont Port-Royal ; c'est le dĂ©but de l'Acadie. Mais les privilĂšges commerciaux accordĂ©s Ă  Dugua de Mons ayant Ă©tĂ© rĂ©voquĂ©s, l'expĂ©dition revient en France en laissant Port-Royal Ă  la garde du chef indien ami Membertou. La France entre sur ce point en compĂ©tition avec les Hollandais et les Anglais. En 1598, Troillus des MesgoĂŒets ou Troilus de La Roche de Mesgouez 1536-1606, nommĂ© gouverneur de Terre-Neuve par Henri III, puis Henry IV, embarque une quarantaine de mendiants qu'il dĂ©pose sur l'Île des Sables, qu'il baptise Île Bourbon, prĂšs de la Nouvelle-Ecosse actuelle. Presque tous mourront. En 1608, Champlain repart comme lieutenant de Dugua de Mons, qui reste en France, avec vingt huit personnes de sexe masculin, dans le dessein de crĂ©er un Ă©tablissement permanent. Il dĂ©barque au pied du Cap Diamant et fonde la ville de QuĂ©bec, d'aprĂšs le nom que les Montagnais ont donnĂ© au lieu, c'est-Ă -dire RĂ©trĂ©cissement du fleuve ». Au cours du premier hivernage, la petite colonie est dĂ©cimĂ©e par le scorbut et la dysenterie. Seul huit hommes survivent en plus de Champlain. Celui-ci renforce son alliance avec les Montagnais et les Algonquins. Les relations avec ces derniers sont d'autant plus faciles qu'ils sont en conflit quasi permanent avec les Iroquois au sujet du commerce des fourrures. En 1609, Champlain remonte la riviĂšre Richelieu et dĂ©couvre le lac qui porte aujourd'hui son nom. Aucune mauvaise rencontre n'ayant eu lieu, une partie de la troupe quitte l'explorateur. Celui-ci reste seul avec deux Français et une soixantaine de Hurons. C'est alors, qu'Ă  l'emplacement du futur fort Carillon, un peu au sud de Crown Point Etat de New-York, l'expĂ©dition entre au contact des Iroquois. Le lendemain, deux cents guerriers sont sur le sentier de la guerre. Champlain tue un de leurs chefs d'un coup d'arquebuse semant la terreur parmi ses ennemis qui se dĂ©bandent. Ce coup de feu marque le dĂ©but d'une longue lutte qui opposera les Français, amis des Hurons, des Montagnais et des Algonquins, aux Iroquois alliĂ©s des Anglais. Champlain rentre en France avec l'espoir de relancer le commerce de la fourrure et d'intĂ©resser les marchands Ă  l'Ă©tablissement de QuĂ©bec. De retour au Canada, en 1610, il y est blessĂ© d'une flĂšche Ă  l'oreille et au cou, lors d'un nouvel affrontement avec les Iroquois, sur la riviĂšre Richelieu. Le commerce des fourrures s'avĂ©rant dĂ©sastreux et Henry IV Ă©tant mort assassinĂ©, Champlain revient en France une fois de plus et s'y marie avec une jeune fille mineure ĂągĂ©e de 12 ans. Il retourne au Canada en 1611 pour explorer les environs de l'Ăźle de MontrĂ©al, notamment la riviĂšre des Prairies, et baptise une des Ăźles du fleuve du nom de Sainte-HĂ©lĂšne, en l'honneur de sa jeune Ă©pouse. Un dĂ©frichement est entrepris dans le secteur de l'actuelle Place Royale, dans un endroit qui sert de lieu de rassemblement aux Indiens ; le site est protĂ©gĂ© contre les crues par un muret de pierres. Champlain descend les rapides dans un canoĂ« d'Ă©corce pour asseoir son prestige sur les Indiens. Il revient en France en 1611 afin d'assurer l'avenir de son entreprise abandonnĂ©e par les marchands. En 1612, Louis XIII nomme le comte de Soissons, futur prince de CondĂ©, lieutenant-gĂ©nĂ©ral en Nouvelle-France ; Champlain, avec le titre de lieutenant, le remplacera en son absence ; il exercera l'autoritĂ© de la couronne, continuera de rechercher un passage vers la Chine et d'exploiter les mines de mĂ©taux prĂ©cieux qui viendraient Ă  ĂȘtre dĂ©couvertes. Dans ce cadre, dĂšs 1613, le navigateur français entreprend un premier voyage vers le Pays d'en Haut par la riviĂšre des Outaouais Ottawa. Mais les informations qu'il obtient des Indiens le laissent dubitatif et il revient sur ses pas, aprĂšs avoir perdu son astrolabe. Les compagnies Ă  charte En 1614, de nouveau en France, il fonde la Compagnie des marchands de Rouen et de Saint-Malo et la Compagnie de Champlain, avant de revenir au Nouveau monde, en 1615, accompagnĂ© de RĂ©collets pour Ă©vangĂ©liser les Indiens Denis Jamet ?-1625, Jean Dolbeau 1586-1652, Joseph Le Caron 1586-1632, Pacifique Duplessis 1584-1619. Une maison et une chapelle sont construites ; une premiĂšre messe est cĂ©lĂ©brĂ©e Ă  la RiviĂšre des Prairies par le pĂšre Denis Jamet assistĂ© du pĂšre Joseph Le Caron. La mĂȘme annĂ©e, Champlain entreprend un nouveau voyage vers le Pays d'en Haut, jusqu'au lac Ontario. Il longe ensuite la riviĂšre Oneida. Entre les lacs Oneida et Onondaga, il rencontre un fort iroquois, livre bataille avec les Hurons qui l'accompagnent et est Ă  nouveau atteint par deux flĂšches, dont l'une le blesse au genou. AprĂšs trois heures de combat, il est contraint de battre en retraite. Il se rĂ©fugie en Huronie, pour y passer l'hiver. Perdu en forĂȘt, au cours d'une partie de chasse au cerf, il erre 3 jours durant, et il est tenu pour mort, avant de rejoindre ses semblables. En 1616, aprĂšs avoir amĂ©liorĂ© les dĂ©fenses de QuĂ©bec, il repart pour la France. Le prince de CondĂ© a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©, et le marĂ©chal de ThĂ©mines l'a remplacĂ© avec le titre de vice-roi. Champlain plaide la cause du Canada auprĂšs du pouvoir le territoire contrĂŽlĂ© est immense, il est traversĂ© par les plus belles riviĂšres du monde, les Indiens ne demandent qu'Ă  se convertir. Il suggĂšre l'envoi de 15 RĂ©collets, 300 familles de colons et 300 soldats. Il Ă©value le produit potentiel de la colonie Ă  plus de 5 millions de livres. Les autoritĂ©s sont convaincues et Champlain retrouve le monopole sur la traite des fourrures tandis que la poursuite de la colonisation est confirmĂ©e. En 1618, aprĂšs avoir soumis Ă  Louis XIII un plan d'Ă©vangĂ©lisation des Indiens, Champlain s'apprĂȘte Ă  regagner la Nouvelle-France lorsque de nouvelles difficultĂ©s surgissent. Les Anglais ont obtenu la libertĂ© du commerce et ses associĂ©s contestent son autoritĂ©. En 1619, le prince de CondĂ©, sorti de prison, cĂšde sa vice-royautĂ© au duc de Montmorency, amiral de France ; ce dernier confirme Champlain dans ses fonctions et le roi lui enjoint de maintenir la Nouvelle-France dans l'obĂ©issance. Champlain retourne en AmĂ©rique avec sa femme devenue majeure. Il renforce encore les dĂ©fenses de QuĂ©bec en construisant le Fort Saint-Louis, en haut du Cap Diamant. Un conflit oppose sa compagnie Ă  celle de traite des fourrures des frĂšres CaĂ«n ; la dispute est rĂ©glĂ©e par la fusion des deux compagnies sous la direction des CaĂ«n. Champlain influence le choix du chef d'une tribu indienne et parvient Ă  Ă©tablir une paix prĂ©caire avec les Iroquois. En 1624, il revient en France avec son Ă©pouse. EncouragĂ© Ă  continuer, il repart bientĂŽt, mais sans sa femme qui ne s'est jamais habituĂ©e Ă  vivre parmi les Sauvages. En 1627 Richelieu manifeste son intĂ©rĂȘt pour la colonie en crĂ©ant la Compagnie de la Nouvelle-France ou compagnie des Cent-associĂ©s, regroupement de marchands et d'aristocrates dont il est membre, ainsi que Champlain. Cette compagnie est chargĂ©e d'amener chaque annĂ©e 300 colons. Le systĂšme des compagnies Ă  charte bĂ©nĂ©ficiant du monopole de la traite des fourrures vient de voir le jour. Le rĂ©gime seigneurial est introduit en Nouvelle-France. Champlain devient le commandant du cardinal dans la colonie. Mais les affaires se gĂątent. En 1628, les Anglais pillent la ferme du Cap Tourmente. Champlain est sommĂ© par des marchands britanniques, les Kirke, de traiter avec eux. Devant son refus, ils bloquent QuĂ©bec. Les vivres manquent et Champlain, contraint de capituler, le 14 septembre 1629, est emmenĂ© captif Ă  Londres. Le TraitĂ© de Saint-Germain-en-Laye 1632 le libĂšre en 1633. RĂ©intĂ©grĂ© comme commandant Ă  QuĂ©bec, en l'absence de son supĂ©rieur, comme antĂ©rieurement, il regagne la colonie que les Anglais restituent avec regret. Les JĂ©suites succĂšdent aux RĂ©collets ; ils vont promouvoir la Nouvelle-France auprĂšs des Français riches et cultivĂ©s. En 1634, Champlain relĂšve les ruines, renforce les fortifications et charge Laviolette de fonder un nouveau poste Ă  Trois-RiviĂšres, Ă  la demande du chef Algonquin Capitanal. Il envisage de reprendre l'offensive contre les Iroquois qui ne se tiennent pas tranquilles. Mais, en octobre 1635, il est frappĂ© de paralysie et meurt le 25 dĂ©cembre suivant. Dans le courant de la mĂȘme annĂ©e, les JĂ©suites ont ouvert le collĂšge de QuĂ©bec. La colonie compte encore moins de 200 habitants, mais la Nouvelle-France est fondĂ©e. A la mort de Champlain, la Nouvelle-France existe mais elle est encore trĂšs faible. Il va falloir la maintenir en vie et la faire grandir dans un environnement hostile. En 1636, un nouveau gouverneur, Charles Jacques Huault de Montmagny 1583-1653, arrive dans la colonie. Il dĂ©fait les Iroquois et conclut avec eux la Paix de Trois-RiviĂšres 1645. Il contribue, avec les JĂ©suites, Ă  l'agrandissement de la Nouvelle-France vers le nord et l'ouest. Par dĂ©formation de son nom, les Indiens le nomment Onontio Grande Montagne, titre qui sera portĂ© dĂ©sormais par tous les gouverneurs français. Il est un des personnages de l'ouvrage de Cyrano de Bergerac L'Autre Monde » 1657. En 1639, Jean-Jacques Olier 1608-1657, fondateur des Sulpiciens qui participeront Ă  l'Ă©vangĂ©lisation de la Nouvelle-France, Paul Chomedey de Maisonneuve 1612-1676, Jeanne Mance 1606-1673 et AngĂ©lique Faure de Bullion 1593-1662 fondent la SociĂ©tĂ© Notre-Dame de MontrĂ©al Ă  qui la Compagnie des Cent-AssociĂ©s concĂšde l'Ăźle de MontrĂ©al. En 1641, la population de la colonie ne dĂ©passe encore pas 300 habitants ; c'est alors que commence une guerre franco-iroquoise qui durera 25 ans. La crĂ©ation de MontrĂ©al par Maisonneuve En 1642, Maisonneuve arrive dans l'Ăźle de MontrĂ©al. Il est accompagnĂ© de la missionnaire laĂŻque d'origine bourguignonne, Jeanne Mance, dont la vocation s'est forgĂ©e en soignant les victimes de la peste et de la Guerre de Trente ans. L'Ă©poque est favorable Ă  la colonisation, Anne d'Autriche, Ă©pouse catholique du roi Louis XIII, rĂ©gente de France Ă  partir de 1643, soutenue par les JĂ©suites, encourage le dĂ©veloppement de la Nouvelle-France ; pendant sa rĂ©gence, sous le gouvernement de Mazarin, 1250 français, originaires des provinces de l'ouest, viennent peupler la colonie. Maisonneuve fonde Ville-Marie, au confluent du Saint-Laurent et de la petite riviĂšre Saint-Pierre, sur un emplacement oĂč les Autochtones se rĂ©unissent depuis des siĂšcles. Il plante une croix au sommet du Mont Royal. Il entreprend la construction d'un fort. Jeanne Mance soigne les soldats et les bĂątisseurs. En 1643, les Iroquois tuent trois colons prĂšs de Ville-Marie ; en 1644, les chiens de Maisonneuve dĂ©busquent les Iroquois cachĂ©s dans les environs de la ville, mais ils sont trop nombreux pour ĂȘtre chassĂ©s. En 1645, Jeanne Mance ouvre un modeste hĂŽpital 6 lits pour les hommes et 2 pour les femmes, qui se dĂ©veloppera par la suite, avec l'appoint des SƓurs hospitaliĂšres, Ă  partir de 1659, et deviendra l'HĂŽtel Dieu de MontrĂ©al. Des religieux et des religieuses affluent pour Ă©vangĂ©liser les Sauvages, dont Anne Compain de Sainte-CĂ©cile, Anne Le Boutz de Notre-Dame, Madeleine de la Peltrie. Cette derniĂšre fournit aux JĂ©suites les fonds nĂ©cessaire Ă  la reconstruction de la petite Ă©glise de bois Ă©difiĂ©e Ă  la hĂąte en 1615 Ă  Tadoussac par le pĂšre rĂ©collet Dolbeau 1586-1652, qui a laissĂ© son nom Ă  une bourgade du QuĂ©bec. Louis XIV fait don Ă  cette premiĂšre Ă©glise en pierre construite au Canada, d'une cloche de bronze et d'une statue de l'enfant JĂ©sus habillĂ© d'une robe de soie brodĂ©e par sa mĂšre, Anne d'Autriche, que l'on peut encore voir aujourd'hui. Les guerres indiennes – Le massacre des religieux En 1646, le pĂšre jĂ©suite Isaac Jogue 1607-1646, qui a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© capturĂ© et torturĂ© par les Iroquois en 1642, est dĂ©capitĂ© par ces derniers qui le soupçonnent de sorcellerie ; son compagnon, Jean de la Lande 1620-1646, subit le mĂȘme sort. En 1649, c'est au tour des missionnaires jĂ©suites Jean de BrĂ©beuf 1593-1649 et Gabriel Lallemant 1610-1649 de pĂ©rir sous les coups des Iroquois. De 1642 Ă  1649, pas moins de huit religieux jĂ©suites sont victimes des Indiens, sur les bords du lac Huron aujourd'hui en Ontario ; canonisĂ©s par le pape Pie XI, en 1930, ils sont collectivement les saints patrons du Canada sous le nom de Martyrs canadiens. En 1651, les Iroquois attaquent l'hĂŽpital de Jeanne Mance oĂč Denis Archambeault 1630-1651 est tuĂ© par l'explosion de son canon, mais les dĂ©fenseurs repoussent les assaillants aprĂšs 12 heures de combat. En 1653, Maisonneuve revient de France avec une centaine de soldats, pour lutter contre les Iroquois. Il est accompagnĂ© d'une jeune champenoise, Marguerite Bourgeoys 1620-1700 ; cette derniĂšre, tenaillĂ©e par la vocation religieuse, gagne la Nouvelle-France, aprĂšs avoir rencontrĂ© Maisonneuve, lequel recrutait des gens en France pour dĂ©velopper la colonie. Pendant le voyage, elle a soignĂ© Ă  bord du navire les passagers victimes de la peste. DĂšs son arrivĂ©e au Nouveau Monde, elle s'apitoie sur les conditions de vie misĂ©rables de la population. En 1657, elle jette les fondations d'une premiĂšre chapelle destinĂ©e plus tard Ă  devenir Notre-Dame-de-Bon-Secours qui abrite aujourd'hui un musĂ©e dĂ©diĂ© Ă  sa fondatrice. La mĂȘme annĂ©e 1657, la guerre s'intensifie entre les Iroquois et la petite colonie française. Ville-Marie, qui compte encore moins de 400 habitants, est isolĂ©e. La traite des fourrures devient difficile. En 1658, Marguerite Bourgeoys ouvre nĂ©anmoins une premiĂšre Ă©cole, rue Saint Paul, Ă  l'emplacement d'une vieille Ă©table. La mĂȘme annĂ©e, Dollard des Ormeaux 1635-1660 dĂ©barque en Nouvelle-France. En 1659, aprĂšs avoir recrutĂ© des institutrices en France, Marguerite Bourgeoys fonde la CongrĂ©gation religieuse de Notre-Dame de MontrĂ©al. Un vicaire apostolique, François de Laval 1623-1708, arrive Ă  QuĂ©bec, ce prĂ©lat remarquable va fortement contribuer Ă  la propagation du catholicisme. Les Filles du Roy Louis XIV encourage le peuplement de la colonie en accordant des terres le long du fleuve aux soldats qui s'y Ă©tablissent. Malheureusement, ceux-ci prĂ©fĂšrent vivre Ă  la façon des Sauvages plutĂŽt que de dĂ©fricher la forĂȘt. En l'absence de femmes europĂ©ennes, ils s'accouplent avec des squaws. La population se mĂ©tisse et les anciens soldats du roi deviennent coureurs des bois. Pour les sĂ©dentariser, on imagine de leur envoyer des filles de France ; dĂšs 1660, on recrute des volontaires et un millier de petites françaises courageuses, souvent orphelines, dotĂ©es par le roi, viennent s'Ă©tablir dans les solitudes du Nouveau Monde ; on les appelle les Filles du Roy. Contrairement Ă  une lĂ©gende, elles ne sont pas toutes des filles de mauvaise vie, loin s'en faut. L'institution fondĂ©e par Marguerite Bourgeoys les accueille et surveille leurs frĂ©quentations ; elle Ă©duque les jeunes et leur apprend Ă  tenir un foyer et une ferme. Elle aide aussi les colons Ă  faire face aux Ă©poques de disette. Une hostellerie du Vieux MontrĂ©al, bĂątie Ă  l'intĂ©rieur des fortifications, en 1725, porte encore aujourd'hui leur nom. Dollard des Ormeaux est recrutĂ© par Maisonneuve qui lui confie le commandement du fort Ville-Marie. La menace d'une invasion iroquoise se prĂ©cise. Le commandant du fort Ville-Marie dĂ©cide de prendre les devants. AprĂšs une escarmouche oĂč les Français ont le dessus, Dollar des Ormeaux et sa petite troupe, d'une quinzaine d'EuropĂ©ens renforcĂ©s par une quarantaine de Hurons et quatre Algonquins, s'installent dans un ancien poste algonquin abandonnĂ© au lieu-dit Long-Sault. Ils y sont bientĂŽt assaillis par une nuĂ©e d'Iroquois. Une partie des Hurons fait dĂ©fection ; ils ne sont d'ailleurs pas d'une grande utilitĂ© car le rĂ©gime colonial français leur interdit la possession d'armes Ă  feu. Les Français et leurs alliĂ©s se dĂ©fendent avec vigueur causant d'Ă©normes pertes dans les rangs ennemis jusqu'au moment oĂč une grenade artisanale ou un baril de poudre explose au milieu des dĂ©fenseurs. Dollard est tuĂ©. DĂ©sormais, toute rĂ©sistance devient impossible. Les survivants sont massacrĂ©s sur place ; quelques-uns sont emmenĂ©s pour ĂȘtre torturĂ©s Ă  mort et mĂȘme mangĂ©s, selon certaines sources ; un seul parvient Ă  s'Ă©chapper. Mais les pertes iroquoises sont si Ă©levĂ©es qu'elles dissuadent provisoirement l'invasion projetĂ©e. Dollard des Ormeaux devient un hĂ©ros de la Nouvelle-France, mais un hĂ©ros aujourd'hui contestĂ© car on pense, qu'en se portant au devant des Iroquois, son principal dessein Ă©tait de leur tendre une embuscade pour s'emparer de leurs fourrures plutĂŽt que de sauver la colonie. En 1661, les Iroquois attaquent Ă  nouveau et tuent une centaine de Français. La Nouvelle-France colonie royale Le rĂ©gime des compagnies Ă  charte s'est rĂ©vĂ©lĂ© dĂ©cevant et peu propre Ă  dĂ©velopper la colonie dont le peuplement stagne. Aussi Louis XIV et Colbert dĂ©cident-ils, en 1663, de transformer la Nouvelle-France en colonie royale ; la Compagnie des Cent-AssociĂ©s est dissoute ; François de Laval fonde le SĂ©minaire de QuĂ©bec. En 1664, Louis XIV crĂ©e la Compagnie des Indes occidentales, dans un but commercial et d'Ă©vangĂ©lisation des AmĂ©rindiens ; elle ne durera pas plus de dix ans. En 1665, Maisonneuve disgraciĂ©, malgrĂ© les efforts qu'il a dĂ©ployĂ©s, est rappelĂ© en France, oĂč il mourra oubliĂ©. DĂ©sormais, La Nouvelle-France est administrĂ©e comme une province française. Le roi y dĂ©pĂȘche un intendant, Jean Talon 1626-1694 qui s'efforce de diversifier l'Ă©conomie locale, afin de rendre la colonie autosuffisante et surtout d'accroĂźtre sa population. En 1665, pour assurer la sĂ©curitĂ© des colons, Louis XIV envoie le rĂ©giment de Carignan-SaliĂšres. Les Iroquois sont repoussĂ©s chez eux. Lors du premier recensement effectuĂ©, en 1666, l'intendant dĂ©nombre 3215 d'autres disent 3418 habitants, dont 63% d'hommes. En 1672, Jeanne Mance pose une des pierres angulaires de la premiĂšre Ă©glise de Ville Marie. Elle dĂ©cĂšde un an plus tard, en odeur de saintetĂ©, aprĂšs avoir lĂ©guĂ© son cƓur aux MontrĂ©alais. Elle repose dans la crypte de l'HĂŽtel-Dieu dont elle fut la fondatrice. Le gouverneur Louis de Buade de Frontenac 1622-1698, natif de Saint-Germain-en-Laye, joue un rĂŽle trĂšs important dans l'Ă©volution de la Nouvelle-France. Il est nommĂ© une premiĂšre fois gouverneur en 1672. Le dĂ©part de l'intendant Jean Talon, en novembre de la mĂȘme annĂ©e, lui confĂšre pratiquement les pleins pouvoirs sur la colonie, jusqu'Ă  l'arrivĂ©e, en 1675, d'un nouvel intendant, Jacques Duchesneau de la DoussiniĂšre et d'Ambault mort en 1696 ; les relations entre le gouverneur et l'intendant, qui reproche au premier de fermer les yeux sur le trafic de fourrures illicite des coureurs des bois, manqueront de cordialitĂ©. Frontenac nomme La ValliĂšre commandant de l'Acadie, entretient des relations avec Boston, assure l'alliance avec les AbĂ©naquis et maintient la paix avec les Iroquois. Mais l'expansion de la colonie française prive ces derniers de territoires de chasse et gĂȘne leurs communications avec les Anglais. En 1674, le diocĂšse de QuĂ©bec voit le jour et François de Laval en devient l'Ă©vĂȘque. En 1682, les intrigues de l'intendant, pour obtenir la disgrĂące du gouverneur, entraĂźnent le rappel des deux hommes en France. En 1685, le nouvel intendant, Jacques Demeulle de la Source, instaure l'usage du papier-monnaie en rĂ©quisitionnant les cartes Ă  jouer qui serviront par intermittence de billets de banque monnaie de carte jusqu'en 1714 ; avant le 19Ăšme siĂšcle, la monnaie mĂ©tallique sera reprĂ©sentĂ©e indiffĂ©remment par les piĂšces françaises, anglaises, espagnoles, mexicaines et amĂ©ricaines. AprĂšs 1685, Ă  la suite de la RĂ©vocation de l'Edit de Nantes, quelques protestants, convertis de maniĂšre plus ou moins forcĂ©e, qui souffrent de l'hostilitĂ© de leur voisinage en France, cherchent la tranquillitĂ© en se rĂ©fugiant sur les bords du Saint-Laurent. Vers 1688, le gouverneur de MontrĂ©al, Louis-Hector de CalliĂšres 1648-1703, natif de Normandie, obtient une partie du terrain qui porte aujourd'hui le nom de Pointe-Ă -CaillĂšres, au bord du fleuve ; il y Ă©rige sa rĂ©sidence, Ă  l’endroit oĂč s'Ă©lĂšve maintenant le MusĂ©e archĂ©ologique de MontrĂ©al. Le massacre de Lachine – Les guerres intercoloniales En 1689, Frontenac est replacĂ© Ă  la tĂȘte de la colonie. En son absence, la situation s'est dĂ©gradĂ©e. Les Anglais, alliĂ©s aux Iroquois, se montrent de plus en plus agressifs. Le gouverneur fait rĂ©occuper le fort Frontenac, qu'il avait Ă©difiĂ© en 1673, sur la lac Ontario. Il fortifie QuĂ©bec et MontrĂ©al. Les Iroquois, armĂ©s par les Anglais, attaquent Lachine, massacrent des dizaines de colons et en emmĂšnent encore plus en captivitĂ© ; le nombre des victimes, tuĂ©s, blessĂ©s prisonniers n'est pas connu avec prĂ©cision, on parle de plusieurs centaines ; ce qui est sĂ»r, c'est que la fĂ©rocitĂ© de l'attaque terrorise les habitants ; des femmes enceintes ont Ă©tĂ© Ă©ventrĂ©es pour extraire le fruit de leurs entrailles et des prisonniers ont Ă©tĂ© rĂŽtis avant d'ĂȘtre dĂ©vorĂ©s. Cet acte barbare marque le dĂ©but ce que l'on a appelĂ© la PremiĂšre Guerre intercoloniale 1689-1697. En mesure de reprĂ©sailles, une expĂ©dition française est montĂ©e contre le village anglais de Corlaer Shenectady dont 60 habitants sont tuĂ©s et 25 autres emmenĂ©s comme prisonniers. La population de la Nouvelle-France s'Ă©lĂšve alors Ă  15000 personnes et celle de la Nouvelle-Angleterre Ă  200000. En 1690, les Anglais tentent de rĂ©duire la Nouvelle-France. L'amiral William Phips 1651-1695, un marin gouverneur du Massachusetts, prend le fort Pentagouet et Port-Royal en Acadie. Mais l'expĂ©dition contre MontrĂ©al Ă©choue sur les bords du lac Champlain. La flotte de Phips assiĂšge nĂ©anmoins QuĂ©bec. Un ultimatum est adressĂ© Ă  Frontenac qui le repousse avec Ă©nergie. Les Anglais tentent un dĂ©barquement Ă  Beauport et bombardent QuĂ©bec. Mais Frontenac, qui a reçu un renfort envoyĂ© de MontrĂ©al par M. de CalliĂšres, tient bon et, aprĂšs trois jours d'efforts infructueux, les assaillants renoncent. Les Anglais, Ă©chaudĂ©s, chargeront dorĂ©navant les Iroquois d'attaquer les Français Ă  leur place. En 1692, Madeleine de VerchĂšres 1678-1747, fille d'un seigneur de Nouvelle-France, dĂ©fend mousquet en mains, pendant quatre jours, jusqu'Ă  l'arrivĂ©e des renforts de MontrĂ©al, le fort de VerchĂšres contre les attaques iroquoises. Par cet exploit, l'adolescente s'Ă©lĂšve au rang d'une Jeanne Hachette ou d'une Jeanne d'Arc quĂ©bĂ©coise. En 1693, une nouvelle incursion a lieu contre MontrĂ©al. Par ailleurs, les Iroquois essaient de se rĂ©concilier avec les Outaouais ; une entente entre ces tribus porterait un grave prĂ©judice au commerce français et une forte pression est exercĂ©e sur Frontenac pour que les villages iroquois soient dĂ©truits. Le gouverneur n'agit cependant pas sans le feu vert du ministre de la Marine. En 1696, une troupe de plus de 2000 hommes, tant de forces rĂ©guliĂšres que de milices et d'alliĂ©s indiens quitte MontrĂ©al pour le territoire iroquois. Mais l'ennemi a fuit aprĂšs avoir incendiĂ© le village cible de l'attaque. On brĂ»le les rĂ©coltes et on dĂ©truit tous les vivres trouvĂ©s aux alentours. Frontenac poursuit l'expansion vers l'ouest, crĂ©ant de nouveaux postes et nouant des contacts avec les Indiens des Prairies. En 1697, la paix de Ryswick est signĂ©e entre la France et l'Angleterre et la Nouvelle-France peut souffler un peu. Mais Frontenac n'a plus qu'une annĂ©e Ă  vivre. La prĂ©dominance anglaise sur la Baie d'Hudson est acquise. La France obtient la Baie James et recouvre Port-Royal. En 1700, Marguerite Bourgeoys meurt en odeur de saintetĂ©, aprĂšs avoir offert sa vie pour sauver une jeune religieuse malade qui recouvre effectivement la santĂ© ; elle est canonisĂ©e en 1982 par Jean-Paul II. Enfin, trois ans aprĂšs la disparition de Frontenac, Louis-Hector de CalliĂšres, qui a succĂ©dĂ© Ă  Frontenac comme gouverneur, rĂ©ussit le tour de force de rĂ©concilier Iroquois et Algonquins, c'est la Grande Paix de MontrĂ©al 1701. Cette paix ne durera pas longtemps la Guerre de Succession d'Espagne 1701-1713 Ă©clate bientĂŽt en Europe ; ce nouveau conflit entraĂźne en AmĂ©rique la Seconde Guerre intercoloniale 1702-1713. La vie mouvementĂ©e d’un aventurier Pierre-Esprit Radisson La destinĂ©e mouvementĂ©e de Pierre-Esprit Radisson 1636-1710 fournit une illustration saisissante de ce qu'Ă©tait la vie dans les territoires français d'AmĂ©rique du Nord au temps de Louis XIV. ArrivĂ© en Nouvelle-France en 1652, alors qu'il n'Ă©tait ĂągĂ© que de 16 ans, Radisson tombe aux mains des Iroquois au cours d'un raid menĂ© par ces derniers. Il est adoptĂ© par ses ravisseurs et passe deux ans en leur compagnie, se familiarisant avec leurs coutumes et leur mode de vie. Il revient ensuite parmi les Français, est recrutĂ© par MĂ©dard Chouart des Groseilliers 1618-1696, qui a Ă©pousĂ© entre temps sa demi-sƓur, et devient coureur des bois dans la rĂ©gion des Grands Lacs. Les deux hommes ramĂšnent beaucoup de fourrures qui leur sont confisquĂ©es par le gouverneur de la Nouvelle-France, pour lors Pierre de Voyer d'Argenson 1625-1709, au prĂ©texte qu'ils n'ont pas de permis pour la traite des fourrures. Ils envisagent alors de lancer une entreprise commerciale en Baie d'Hudson mais, malgrĂ© un voyage en France de des Groseilliers, ils n'obtiennent pas l'appui escomptĂ© des autoritĂ©s françaises. Ils tentent alors leur chance auprĂšs des Britanniques Ă  Boston. Le colonel George Cartwright, les emmĂšne Ă  Londres oĂč il les prĂ©sente au roi Charles II Stuart qui crĂ©e la Compagnie de la Baie d'Hudson Ă  leur instigation. En 1668, ils partent pour la baie avec deux navires, l'Eaglet et le Nonsuch, affrĂ©tĂ©s par le prince Rupert, un esthĂšte fortunĂ© d'origine germanique, qui s'intĂ©resse Ă  l'AmĂ©rique du Nord, et qui deviendra le premier gouverneur de la Compagnie. Seul le Nonsuch, qui porte nos deux aventuriers, parvient Ă  destination ; l'autre navire, avariĂ© au cours d'une tempĂȘte, a regagnĂ© l'Angleterre. En 1674, de retour en Europe, insatisfaits du traitement que la Compagnie de la Baie d'Hudson leur a rĂ©servĂ©, les deux aventuriers rencontrent Ă  Londres un JĂ©suite d'origine auvergnate, prisonnier des Anglais, Ă  la suite d'une mission envoyĂ©e auprĂšs du gouverneur anglais Bayly par Frontenac. Ce religieux, le pĂšre Charles Albanel 1614-1696 - La bourgade quĂ©bĂ©coise d'Albanel porte son nom, a explorĂ© la Baie d'Hudson en 1671, dans le cadre d'une expĂ©dition montĂ©e par l'intendant Jean Talon ; il les engage Ă  revenir vers leur patrie d'origine. Ils y sont fraĂźchement accueillis par Frontenac. Radisson entre malgrĂ© tout dans la marine royale française. En 1681, il est pressenti par un marchand de Nouvelle-France, Charles Aubert de La Chesnaye 1632-1702, l'homme le plus fortunĂ© de Nouvelle-France, qui nĂ©gocie l'obtention d'une charte pour la traite des fourrures, suite Ă  la dissolution de la Compagnie des Indes occidentales, document qu'il obtient l'annĂ©e suivante. En 1682, Radisson participe au dĂ©but de reconquĂȘte de la Baie d'Hudson par la France. Radisson et des Groseilliers s'engagent dans une expĂ©dition qui doit fonder un Ă©tablissement Ă  l'embouchure de la riviĂšre Nelson pour le compte de la Compagnie du Nord de La Chesnaye. Ils font de nombreux prisonniers au nombre desquels John Bridgar, gouverneur de la colonie anglaise, et s'emparent d'un important lot de fourrures. De retour Ă  QuĂ©bec, ils n'obtiennent pas, selon eux, la juste rĂ©munĂ©ration de leurs efforts. Le nouveau gouverneur de la Nouvelle-France, Joseph-Antoine Le Febvre de La Barre, les envoie en France plaider leur cause. Radisson, frustrĂ© une fois de plus, change encore de camp et passe au service de la Compagnie de la Baie d'Hudson pour laquelle il se bat contre les Français. Puis, de 1685 Ă  1687, il dirige le commerce Ă  l'embouchure de Fleuve Nelson. Devenu citoyen anglais en 1687, Radisson rĂ©dige un rĂ©cit de ses aventures avant de mourir en Grande-Bretagne dans la pauvretĂ©. Une localitĂ© du nord du QuĂ©bec et une station de mĂ©tro de MontrĂ©al portent aujourd'hui son nom. L’expansion de la Nouvelle-France en direction du Mississipi Les gouvernorats de Frontenac sont marquĂ©s par la rĂ©ussite d'explorations particuliĂšrement marquantes. En 1673, Louis Jolliet 1645-1700, premier explorateur nĂ© dans la colonie, prĂšs de QuĂ©bec, se lance dans l'exploration du bassin du Mississipi, Ă  partir des Grands Lacs. On connaĂźt l'existence du fleuve, que les Indiens appellent La Grande RiviĂšre et que les Français ont baptisĂ© la RiviĂšre Colbert. Mais on pense alors qu'il dĂ©bouche dans le Pacifique Mer de Californie. L'expĂ©dition a Ă©tĂ© initiĂ©e par Jean Talon, qui souhaitait nouer une alliance avec les Indiens de cette rĂ©gion, mais Frontenac adhĂšre Ă  cette audacieuse entreprise. Au moment de s'y lancer, Jolliet s'associe le pĂšre jĂ©suite Jacques Marquette, originaire de Laon France, un auxiliaire prĂ©cieux car il connaĂźt le langage de plusieurs tribus indiennes. AprĂšs avoir atteint un affluent du Mississipi, les deux explorateurs descendent celui-ci jusqu'au grand fleuve et le suivent jusqu'Ă  l'embouchure de l'Ohio, Ă  1100 kilomĂštre de celle du Mississipi, et ils savent dĂ©sormais que ce dernier aboutit au Golfe du Mexique. A partir de lĂ , les choses commencent Ă  se gĂąter ; Marquette ne comprend plus le langage des Indiens dont il apprend tout de mĂȘme qu'ils sont en contact avec les Espagnols ; de plus, les interlocuteurs des explorateurs se montrent menaçants. Les deux hommes dĂ©cident de revenir. Jolliet a rĂ©digĂ© des notes de voyage ; malheureusement, il fait naufrage au Sault-Saint-Louis, en amont de MontrĂ©al, et perd ses papiers. N'ayant pas obtenu de Colbert l'autorisation de s'Ă©tablir au pays des Illinois, Jolliet s'installe Ă  Sept-Îles. En 1679, il est chargĂ© par Frontenac d'une mission Ă  la Baie d'Hudson. Le gouverneur anglais, Charles Baily, qui a entendu parler de ses exploits, le reçoit avec honneur. Il fonde des pĂȘcheries sur l'archipel Mingan, au nord du Saint-Laurent, passe l'Ă©tĂ© sur l'Ăźle d'Anticosti et l'hiver Ă  QuĂ©bec, s’occupant de ses terres et de son commerce. En 1690, William Phips s'empare de sa barque, confisque ses marchandises et fait prisonniĂšres sa femme et sa belle-mĂšre. Il passe les derniĂšres annĂ©es de sa vie Ă  explorer la cĂŽte du Labrador et Ă  la cartographier ; il enseigne au collĂšge des JĂ©suites de QuĂ©bec. Il meurt Ă  une date imprĂ©cise, premier habitant de Nouvelle-France Ă  avoir Ă©tĂ© connu internationalement de son vivant. En 1682, RenĂ© Robert Cavelier de la Salle 1643-1687, natif de Rouen, et Henri de Tonti 1649-1704, un soldat italien au service de la France, descendent Ă  leur tour le Mississippi jusqu’à son delta. Ils construisent le fort Prud'homme qui devient plus tard la ville de Memphis. L'expĂ©dition arrive Ă  l'embouchure du Mississippi en avril ; Cavelier de La Salle y fait dresser une croix et une colonne portant les armes du roi de France la souverainetĂ© française s'Ă©tend dĂ©sormais sur l'ensemble de la vallĂ©e du Mississippi, mais c’est une souverainetĂ© largement virtuelle. L'expĂ©dition repart par le mĂȘme chemin vers la Nouvelle-France et Cavelier de La Salle retourne Ă  Versailles. LĂ , il convainc le ministre de la Marine de lui accorder le commandement de la Louisiane. Il fait croire que celle-ci est proche de la Nouvelle-Espagne en dessinant une carte sur laquelle le Mississippi paraĂźt beaucoup plus Ă  l'ouest que son cours rĂ©el. Il met sur pied une nouvelle expĂ©dition, mais celle-ci tourne au dĂ©sastre Cavelier de La Salle ne parvient pas Ă  retrouver le delta du Mississippi et se fait assassiner en 1687. Il appartiendra Ă  Pierre Le Moyne d'Iberville 1661-1706, natif de Ville-Marie, de relever le flambeau. Ce dernier, fils de deux colons normands Ă©migrĂ©s, d'abord destinĂ© Ă  la prĂȘtrise mais manquant de vocation, est devenu militaire par inclination. EntrĂ© dans la marine royale, il a participĂ© en 1686, Ă  une expĂ©dition dans la Baie d'Hudson, sous les ordres du chevalier Pierre de Troyes 1645-1688, en remontant en canots la riviĂšre des Outaouais, depuis MontrĂ©al, puis en poursuivant le chemin en traĂźneaux Ă  chiens jusqu'Ă  la Baie James. L'expĂ©dition rĂ©ussit au-delĂ  des espĂ©rances ; elle s'empare du fort Monsoni, rebaptisĂ© fort Saint-Louis, puis du fort Rupert et mĂȘme d'un voilier, Le Craven. D'Iberville rentre Ă  QuĂ©bec par la mer, chargĂ© de fourrures et de marchandises anglaises. L'annĂ©e suivante, d'Iberville, nommĂ© capitaine de la frĂ©gate Le Soleil d'Afrique, retourne en Baie d'Hudson avec le dessein de fermer aux Anglais l'accĂšs Ă  la riviĂšre Nelson, en faisant tomber le fort York ; il arraisonne deux navires et capture 80 Anglais. En 1690, il assiĂšge le fort New Severn que la garnison fait sauter avant de s'enfuir. En 1694, il prend enfin le fort York. Frontenac donne ensuite l'ordre au marin français de patrouiller le long des cĂŽtes de l'Atlantique, depuis Terre-Neuve jusqu'Ă  la Nouvelle Angleterre. En 1696, d'Iberville dĂ©truit le fort William Henry Maine puis remonte vers Terre-Neuve oĂč il attaque les villages et pĂȘcheries anglaises de la cĂŽte est de l'Ăźle, pillant et brĂ»lant les maisons et ramenant de nombreux prisonniers. A la fin de l'expĂ©dition, en 1697, il ne reste plus aux Anglais que deux bourgades dans l'Ăźle ; trente six de leurs colonies ont Ă©tĂ© dĂ©truites ; et, pour couronner la campagne, d'Iberville se paie le luxe de triompher de trois navires de guerres ennemis il en coule un, s'empare du second et le troisiĂšme ne doit son salut qu'Ă  la fuite. Ce brillant capitaine est alors choisi par le ministre de la Marine pour diriger une expĂ©dition chargĂ©e de redĂ©couvrir et d'explorer l'embouchure du Mississipi, lĂ  oĂč Cavelier de la Salle a Ă©chouĂ© une dizaine d'annĂ©es plus tĂŽt. D'Iberville construit le fort Maurepas, en 1699, Ă  proximitĂ© de la ville actuelle d'Ocean Springs. En 1700 et 1701, il bĂątit les forts Mississipi et Saint-Louis. La Louisiane, appelĂ©e ainsi en l'honneur de Louis XIV, vient rĂ©ellement de naĂźtre. Avant de s'en Ă©loigner, d'Iberville noue des alliances avec les Autochtones, afin d'assurer la pĂ©rennitĂ© de cette nouvelle conquĂȘte française. En 1706, il met la main sur l'Ăźle anglaise de Nevis, dans les CaraĂŻbes. Il se rend de lĂ  Ă  La Havane, quĂ©rir des renforts espagnols pour attaquer la Caroline. Mais, atteint de la fiĂšvre jaune, il dĂ©cĂšde dans le port de la capitale cubaine, oĂč il est inhumĂ©. Progressivement, les Français ont imposĂ© leur prĂ©sence le long du Mississipi, construisant des forts et des postes de traite aux points stratĂ©giques, jetant ainsi les bases de la reconnaissance de l'ouest mystĂ©rieux et enfermant les Anglais dans leurs possessions de la cĂŽte atlantique. Mais cet immense territoire n'est pratiquement pas peuplĂ© et la position de la France reste prĂ©caire. En 1711, alors que la Guerre de succession d'Espagne bat son plein en Europe, l'amiral Hovenden Walker 1666-1728 monte une expĂ©dition contre QuĂ©bec avec des effectifs considĂ©rables 5300 soldats et 6000 marins. Mais des vents violents drossent une partie de la flotte sur une Ăźle ; l'expĂ©dition est un Ă©chec. En 1713, les TraitĂ©s d'Utrecht ramĂšnent la paix sur le continent europĂ©en et en AmĂ©rique la France cĂšde Ă  l'Angleterre l'Acadie, Terre-Neuve et la baie d'Hudson. En 1714, le gouverneur Philippe de Rigaud de Vaudreuil 1643-1725 dĂ©cide de protĂ©ger MontrĂ©al et QuĂ©bec par des enceintes fortifiĂ©es de pierre qui ne seront achevĂ©es que longtemps aprĂšs sa mort. La Nouvelle-France a Ă©tĂ© fondĂ©e par une poignĂ©e d’individus oĂč la proportion de militaires, de missionnaires, d’explorateurs et d’aventuriers Ă©tait sans doute disproportionnĂ©e par rapport Ă  celle des laboureurs. Ces individus se sont mĂȘlĂ©s aux Indiens et en ont adoptĂ© parfois les mƓurs pour devenir coureurs des bois. Ils n’ont pas Ă©tĂ© mĂ©nagĂ©s par leurs adversaires mais, bien qu’en situation de faiblesse numĂ©rique, ils ont rĂ©sistĂ© avec opiniĂątretĂ©. HabituĂ©s Ă  faire face, les Ă©checs et les calamitĂ©s ne les ont pas rebutĂ©s. Ils ont tracĂ© l’esquisse d’un vaste empire, mais se sont malheureusement montrĂ©s plus soucieux d’en repousser les limites que de le peupler. Ces origines vont peser lourd dans l’histoire de la colonie et dans celle du QuĂ©bec. Heurs et malheurs de l’Acadie Voyons maintenant rapidement ce qui s'est passĂ© du cĂŽtĂ© de l'Acadie. On l'a vu, celle-ci naĂźt en 1604 pour disparaĂźtre trois ans plus tard, Ă  la suite d'un diffĂ©rend commercial. En 1610, quelques colons sont de retour. Mais, en 1613, Samuel Argall ?-1626, de Virginie, s'empare du territoire et en chasse la population. En 1621, le gouvernement anglais baptise le territoire Nouvelle-Ecosse et y fait venir des colons Ă©cossais. En 1631, Charles de la Tour 1593-1666, lieutenant-gĂ©nĂ©ral de l'Acadie pour le roi de France, construit des forts au cap Sable et Ă  Saint-Jean. L'annĂ©e suivante, le TraitĂ© de Saint-Germain-en-Laye attribue le territoire Ă  la France. Environ 300 colons français remplacent les Ecossais. La mort du gouverneur Razilly 1587-1635, cousin du cardinal de Richelieu, entraĂźne une guerre civile entre les deux prĂ©tendants Ă  la succession de La Tour et Charles de Menou d'Aulnay 1604-1650, cousin de Razilly. Port-Royal est alors la capitale de la colonie française. D'Aulnay, qui voit l'avenir de l'Acadie dans l'agriculture, favorise la venue de nouveaux colons. AprĂšs sa mort, un nouveau conflit Ă©clate entre la France et l'Angleterre. En 1654, l’Acadie est conquise par les Anglais. Mais le TraitĂ© de BrĂ©da, en 1667, la restitue Ă  la France. A partir de 1670, Port-Royal essaime, donnant naissance Ă  deux villages Beaubassin et Grand-PrĂ©. En 1690, William Phips, conquiert une fois de plus le pays, qui retourne Ă  la France lors de la paix de Ryswick, sept ans aprĂšs. Par le TraitĂ© d'Utrecht, en 1713, l'Acadie est cĂ©dĂ©e dĂ©finitivement Ă  l'Angleterre et redevient la Nouvelle-Ecosse. Les Acadiens sont autorisĂ©s Ă  gagner des territoires français ; la plupart restent sur place. En 1720, les Français construisent la forteresse de Louisbourg, sur l'Ăźle Royale ou du Cap-Breton. Une importante immigration gonfle la population et, lors de la Guerre de succession d'Autriche 1740-1748, qui dĂ©clenche en AmĂ©rique la TroisiĂšme Guerre intercoloniale 1744-1748, les Français tentent en vain de reconquĂ©rir l'Acadie. C'est au contraire les Anglais qui prennent Louisbourg, en 1745. A la fin du conflit, le TraitĂ© d'Aix-la-Chapelle 1748 attribue l'Ăźle Saint-Jean ou Île-du-Prince-Édouard et l'Ăźle Royale Ă  la France, ce qui est perçu comme un affront par les Anglais. En 1749, ils rĂ©pliquent en crĂ©ant Halifax, avec l'apport de 2000 colons. La situation ne cesse de s'envenimer, Anglais et Français se disputant l'allĂ©geance des Acadiens et construisant des forts en prĂ©paration d'une nouvelle guerre. Le Grand DĂ©rangement En 1755, pour rĂ©gler dĂ©finitivement la question, le gouverneur de la Nouvelle Ecosse, Charles Lawrence 1709-1760, dĂ©cide la dĂ©portation massive des Acadiens. On tient d'abord la mesure secrĂšte, afin qu'ils ne s'enfuient pas avec leur bĂ©tail. L'opĂ©ration est ensuite conduite avec une grande brutalitĂ©. On les entasse dans des bateaux envoyĂ©s vers le sud Massachusetts, Connecticut, Maryland..., dans des Etats oĂč ils sont mal accueillis voire refoulĂ©s et conduits Ă  errer sans asile ou encore assignĂ©s Ă  rĂ©sidence comme des criminels, ou bien encore ils sont transfĂ©rĂ©s en Angleterre, oĂč on les traite en prisonniers de guerre. Ceux qui cherchent Ă  s'Ă©chapper sont fusillĂ©s. Beaucoup gagnent des territoires voisins sous juridiction française, au risque d'ĂȘtre chassĂ©s Ă  nouveau, par suite des alĂ©as de l'histoire. Plusieurs milliers reviennent en France, notamment dans le Poitou. D'autres se rendent en Louisiane ou aux Antilles ; d'autres encore atterrissent aux Malouines, puis en AmĂ©rique du Sud. Beaucoup se rĂ©fugient au Nouveau Brunswick. Ceux dont la prĂ©sence demeure tolĂ©rĂ©e en territoire britannique sont condamnĂ©s Ă  vivre en parias, Ă  l'Ă©cart, sur les terres les moins fertiles, en Ă©vitant tout regroupement jugĂ© trop important par les autoritĂ©s, sous peine de travaux forcĂ©s. D'aprĂšs des historiens amĂ©ricains, ce nettoyage ethnique, qualifiĂ© de Grand DĂ©rangement, entraĂźna la mort de 7500 Ă  9000 personnes sur les 12000 Ă  18000 habitants que comptait l'Acadie. Il traumatisa les autres habitants de la Nouvelle-France dont il marqua pour longtemps la conscience collective. La chute de Louisbourg, en 1758, sonne le glas dĂ©finitif de la colonisation française sur le territoire actuel des Provinces Maritimes. Revenons maintenant au bord du Saint-Laurent. Au dĂ©but du rĂšgne de Louis XV, l'expansion de la Nouvelle-France se poursuit. Mais on parle de plus en plus de Canada et de moins en moins de Nouvelle-France. L'Acadie est perdue depuis 1713, mais les possessions françaises sont encore immenses. Seulement, il devient de plus en plus Ă©vident qu'elles manquent d'assises solides du fait d'un peuplement insuffisant. Elles comptent encore moins de 20000 habitants alors qu'il y en a plus de 400000 en Nouvelle-Angleterre ! Les Français, bĂ©nĂ©ficiant d'un pays tempĂ©rĂ© et d'une agriculture prospĂšre, n'Ă©migrent pas volontiers, Ă  la diffĂ©rence d'autres peuples europĂ©ens moins bien lotis. A partir de 1730, 648 personnes condamnĂ©es pour dĂ©lits mineurs sont dĂ©portĂ©es en Nouvelle-France. Mais c’est insuffisant ; il est facile de prĂ©voir que la colonisation française pourra difficilement s'imposer face Ă  une colonisation anglaise beaucoup plus dense et que la question se rĂšglera certainement, en dehors du vƓu des populations locales, sur le théùtre des affrontements europĂ©ens. L’expansion de la Nouvelle-France vers l’ouest Les explorations de la premiĂšre pĂ©riode du rĂšgne sont l'Ɠuvre de Pierre Gaultier de Varennes de La VĂ©rendrye 1685-1749. Natif de Trois-RiviĂšres, cet homme entreprenant est le fils d'un officier du rĂ©giment de Carignan-SaliĂšres. ElĂšve du petit sĂ©minaire de QuĂ©bec, il commence sa vie de soldat Ă  12 ans, comme cadet Ă  l'acadĂ©mie navale. Au dĂ©but des annĂ©es 1700, il fait ses premiĂšres campagnes, notamment Ă  Terre-Neuve contre les Anglais. En 1706, il est nommĂ© enseigne en second. Il entre dans les troupes coloniales Ă  20 ans, puis sert en Europe pendant la Guerre de Succession d'Espagne ; blessĂ© et fait prisonnier Ă  Malplaquet, en 1709, il est promu au grade de lieutenant. De retour en Nouvelle-France, en 1712, il se livre Ă  l'agriculture et Ă  l'Ă©levage, sans abandonner ses fonctions militaires. En 1715, il obtient la permission d'ouvrir un comptoir pour traiter avec les Indiens et commence Ă  se dĂ©tourner des travaux agricoles, en s'associant Ă  un de ses frĂšres qui commande un poste dans la rĂ©gion du lac SupĂ©rieur. En 1729, fort des renseignements qu'il a obtenu des Indiens, il sollicite du gouverneur de la Nouvelle-France, Charles de Beauharnais de la Boische 1671-1749, une aide financiĂšre en vue de partir Ă  la dĂ©couverte de la mer de l'ouest, dont parlent les Indiens, le Pacifique. L'intendant, Gilles Hocquart 1694-1783, et le gouverneur appuient sa requĂȘte auprĂšs du roi. L'autorisation de monter une expĂ©dition lui est accordĂ©e, mais sans aide financiĂšre. Il doit donc s'endetter pour financer le projet, mais il compte rembourser sa dette en construisant des forts de traite de fourrures le long du chemin ; il obtient d'ailleurs le monopole de la traite des fourrures pour trois ans. En 1731, il est prĂȘt Ă  partir en compagnie de trois de ses fils et quelques autres personnes. L'expĂ©dition se dirige vers le lac SupĂ©rieur, puis le lac Ă  la Pluie. Le fort Saint-Pierre est construit. En 1732, un poste secondaire s'Ă©lĂšve sur la RiviĂšre-Rouge. En 1734, alors que La VĂ©rendrye revient Ă  MontrĂ©al dĂ©dommager ses crĂ©anciers, d'autres membres de l'expĂ©dition marchent vers le lac Winnipeg oĂč ils construisent le fort Maurepas. Malheureusement, alors que le chef de l'expĂ©dition revient vers l'ouest, un de ses fils ainsi qu'un JĂ©suite, le pĂšre Jean-Pierre Alneau de la Touche 1705-1736, et 19 compagnons sont tuĂ©s par des Sioux sur le sentier de la guerre au lac des Bois. Les survivants continuent d'avancer vers l'ouest. En 1738, ils Ă©rigent le fort La Reine sur la riviĂšre Assiniboine et le fort Rouge Ă  l'emplacement actuel de Winnipeg. Ils bifurquent ensuite vers le sud et pĂ©nĂštrent dans le territoire de l'actuel Dakota, au pays des Mandanes. Déçu de ne pas rencontrer de riviĂšre coulant en direction de la mer de l'ouest, contrairement aux dires des Indiens, La VĂ©rendrye revient Ă  MontrĂ©al tandis que ses fils poursuivent vers la riviĂšre Saskatchewan, les lacs Manitoba et Winnipeg. En 1741, de retour, il dĂ©cide la construction des forts Dauphin, sur le lac Manitoba, et Bourbon, au nord du lac Winnipeg. Ces deux forts seront Ă©tablis en 1742. En mĂȘme temps, deux de ses fils s'enfoncent vers l'ouest, remontent le Missouri, puis la riviĂšre Yellowstone et parviennent jusqu'aux Rocheuses, que leurs guides indiens refusent de franchir sous prĂ©texte qu'ils se trouveraient alors en territoire ennemi. Tout le monde rentre Ă  MontrĂ©al opportunĂ©ment car les autoritĂ©s françaises commencent Ă  s'interroger sur les motivations rĂ©elles de La VĂ©rendrye la dĂ©couverte de nouveaux territoires ou le commerce lucratif des fourrures ? Cinq ans plus tard, peu de temps avant sa mort, Pierre Gaultier obtient du roi la Croix de Saint-Louis, suprĂȘme rĂ©compense, une seigneurie hĂ©rĂ©ditaire et le grade de capitaine. Il a fait reculer les frontiĂšres de la Nouvelle-France jusqu'au Manitoba et, en transformant une partie des Grands Lacs en mers intĂ©rieures françaises, il a dĂ©tournĂ© vers le Saint-Laurent une bonne part du trafic des fourrures qui passait jusqu'alors par la Baie d'Hudson anglaise. Pendant ce temps, que s’est-il passĂ© dans la colonie ? En 1721, un violent incendie dĂ©truit une grande partie de MontrĂ©al. L'intendant Michel BĂ©gon de la PicardiĂšre 1669-1747, natif de Blois, petit cousin par alliance de Colbert, intendant de Nouvelle-France depuis 1710, ordonne que les maisons soient reconstruites en pierre. La pierre Ă©tant plus coĂ»teuse que le bois, cette ordonnance oblige les moins fortunĂ©s Ă  quitter la ville ; des faubourgs commencent Ă  se dĂ©velopper Ă  l'extĂ©rieur de l’enceinte. En 1730, François Poulin de Francheville, seigneur de Saint-Maurice 1692-1733, crĂ©e les Forges Saint-Maurice. Mais l'expĂ©rience tourne court ; le fondateur de l'entreprise disparaĂźt prĂ©maturĂ©ment et l'Etat devient propriĂ©taire de la Compagnie en 1743. En 1734, un nouvel incendie dĂ©truit l'HĂŽtel-Dieu de MontrĂ©al et une quarantaine de rĂ©sidences ; on accuse probablement Ă  tort une esclave noire, Marie-JosĂšphe, dite AngĂ©lique ; condamnĂ©e Ă  mort, elle est pendue en public puis brĂ»lĂ©e. La colonie vit essentiellement de la traite des fourrures qui reprĂ©sente 70% de ses exportations. Elle est toujours considĂ©rĂ©e en France comme un moyen d'Ă©couler les produits de la mĂ©tropole pour engranger de l'argent mercantilisme oblige. Cependant l'orage se prĂ©pare. Les colonies anglaises veulent en finir avec les possessions françaises. C'est d'ailleurs en partie parce qu'elles craignaient leur intervention dans le conflit qu'elles ont si impitoyablement dispersĂ© les Acadiens. Au milieu du siĂšcle, la colonie française compte 85000 habitants, la politique de peuplement a donc portĂ© ses fruits, essentiellement d'ailleurs en raison d'une forte natalitĂ©, mais c'est insuffisant car la Nouvelle-Angleterre compte prĂšs de 1,5 millions d'habitants. Le guet-apens de Washington En 1747, Rolland-Michel Barrin 1693-1756, comte de La GalissoniĂšre, gouverneur intĂ©rimaire de la Nouvelle-France, milite ardemment pour la crĂ©ation d'une chaĂźne de postes reliant le Canada Ă  la Louisiane, en suivant la vallĂ©e de l'Ohio, qui devient ainsi un lieu de friction privilĂ©giĂ© entre Français et Anglais. En mĂȘme temps, il s'efforce de maintenir sur leur territoire les AbĂ©nakis alliĂ©s de la France, de maniĂšre Ă  assurer une zone tampon entre le Canada et l'Acadie. En 1754, George Washington 1732-1799, depuis peu promu lieutenant-colonel, recrute une petite armĂ©e et se dirige sur l'Ohio. Il surprend un parti français commandĂ© par Joseph Coulon de Villiers, sieur de Jumonville 1718-1754, un officier militaire canadien français nĂ© Ă  VerchĂšres, simplement en reconnaissance. Les circonstances de l'engagement restent obscures ; on dit que les blessĂ©s et les prisonniers furent froidement achevĂ©s. Cet assassinat pĂšsera sur la mĂ©moire du chef de l'indĂ©pendance amĂ©ricaine ; il explique en partie la froideur avec laquelle les Canadiens français accueilleront la rĂ©volution amĂ©ricaine. Le meurtre de Jumonville constitue le premier acte de la Guerre de Sept Ans, que l'on appelle Guerre de la ConquĂȘte, en AmĂ©rique. De la guerre de conquĂȘte Ă  la chute de la Nouvelle-France En 1756, Louis Joseph de Montcalm-Gozon, marquis de Montcalm 1712-1759, natif de NĂźmes, arrive au Canada, ex-Nouvelle-France, avec trois mille hommes, pour commander les troupes françaises. Il accepte mal d'ĂȘtre subordonnĂ© au marquis Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnal 1698-1778, natif de QuĂ©bec, fils d'un prĂ©cĂ©dent gouverneur, gouverneur Ă  son tour. Les premiĂšres campagnes de Montcalm contre les Britanniques sont couronnĂ©es de succĂšs. Il accroĂźt les dĂ©fenses du fort Ă©difiĂ© sur le lac Champlain. Il capture et dĂ©truit le fort Oswego, sur le lac Ontario. Il triomphe au fort William Henry en 1757. Il remporte encore une victoire inespĂ©rĂ©e au fort Carillon, en 1758. On le rĂ©compense en le nommant lieutenant gĂ©nĂ©ral. QuĂ©bec, assiĂ©gĂ©e par l'Anglais Wolfe, rĂ©siste pendant prĂšs de trois mois, en 1759. Mais, le 13 septembre, sur les Plaines d'Abraham, Montcalm est mortellement blessĂ© alors que son armĂ©e dĂ©faite bat en retraite il mourra avant que les Anglais ne s'emparent du pays qu'il avait pour mission de dĂ©fendre. Son adversaire, le gĂ©nĂ©ral anglais, lui aussi touchĂ© mortellement, l'accompagne dans l'autre monde. QuĂ©bec tombe. Les rescapĂ©s se rĂ©fugient Ă  MontrĂ©al. En 1760, sous les ordres de LĂ©vis, les Français lancent une contre-offensive. Ils remportent la victoire de Sainte-Foy. Les Anglais se retranchent derriĂšre les remparts de QuĂ©bec ; ils rĂ©sistent jusqu'Ă  l'arrivĂ©e de leur flotte qui contraint LĂ©vis Ă  lever le siĂšge. Au cours des combats, Jean Vauquelin 1728-1772, un officier de marine nĂ© Ă  Dieppe, se couvre de gloire avec sa frĂ©gate l'Atalante, Ă©chouĂ©e Ă  la Pointe-aux-Trembles ; il rĂ©siste jusqu'au bout Ă  la flotte anglaise et son bateau n'est plus qu'une Ă©pave lorsqu'il est fait prisonnier, aprĂšs avoir rĂ©ussi Ă  faire dĂ©barquer la plupart de ses hommes ; les Anglais, fortement impressionnĂ©s, le laissent rentrer en France. Trois colonnes de troupes anglaises convergent vers MontrĂ©al, dernier bastion de la rĂ©sistance française, l'une en provenance de QuĂ©bec, l'autre depuis le lac Champlain et la troisiĂšme par le cours supĂ©rieur du Saint-Laurent. Toute rĂ©sistance est vouĂ©e Ă  l'Ă©chec. En effet, la flottille chargĂ©e de vivres et de renforts venant de France, sous les ordres de François Chenard de La Giraudais 1727-1776, aprĂšs avoir essuyĂ© bien des Ă©preuves au cours de la traversĂ©e, a Ă©tĂ© contrainte de se rĂ©fugier dans la Baie des Chaleurs, puis dans la riviĂšre Ristigouche oĂč, aprĂšs plusieurs jours de furieux combats contre la marine anglaise, elle s'est sabordĂ©e, le 8 juillet. Le 1er septembre, le fort Chambly, construit en bois en 1665, contre les Iroquois, et rebĂąti en pierre en 1709, contre les Anglais, tombe aux mains de ces derniers. Vaudreuil, dernier gouverneur du Canada français, capitule le 8 septembre 1760, tandis que LĂ©vis brĂ»le ses drapeaux. Les AmĂ©rindiens alliĂ©s des Français ont capitulĂ© quelques jours plus tĂŽt au fort La PrĂ©sentation. Douze jours plus tard, la reddition de Trois-RiviĂšres met un point final Ă  la grandiose aventure coloniale française en AmĂ©rique. Vaudreuil sera d'abord traduit en justice, puis acquittĂ©. Qui est donc responsable de la perte des possessions françaises ? Certains auteurs dĂ©signent Montcalm qui n'aurait pas su les dĂ©fendre efficacement. D'autres incriminent la mauvaise conduite des derniers intendants, comme François Bigot 1703-1778, natif de Bordeaux, qui trafiquait des fourrures et des armes entreposĂ©es dans l'immeuble joliment baptisĂ© La Friponne , pour s'enrichir au dĂ©triment du fisc, et qui fut embastillĂ© aprĂšs son rappel en France ! Mais c'est plus vraisemblablement le dĂ©sĂ©quilibre dĂ©mographique dĂ©jĂ  signalĂ©, le dĂ©sintĂ©rĂȘt de l'opinion publique française pour ces arpents de neige » et surtout la dĂ©faite de nos armes en Europe qui expliquent le dĂ©sastre. Le TraitĂ© de Paris, qui met fin Ă  la Guerre de Sept Ans, en 1763, attribue la Nouvelle-France Ă  l'Angleterre ; seules les Ăźles Saint-Pierre et Miquelon restent françaises ; la Louisiane, opportunĂ©ment espagnole depuis 1762, Ă©chappe aux convoitises anglaises ; elle redeviendra française en 1800, mais NapolĂ©on la vendra aux États-Unis en 1803, conscient de son incapacitĂ© Ă  la dĂ©fendre ; l'aventure amĂ©ricaine de la France aura alors pris fin. AprĂšs la chute de la Nouvelle-France, plus de 2000 colons français retournent dans leur patrie d'origine ceux qui ont les moyens de payer leur passage. Les autres demeurent au pays espĂ©rant que la mĂšre patrie reviendra un jour Ă  la faveur d'une victoire en Europe sur l'Anglais redoutĂ© et honni. Ils sont 60 Ă  65000 et ils constituent la source principale des quelques 7,8 millions de QuĂ©bĂ©cois francophones d'aujourd'hui et de tous ceux, presque aussi nombreux, que les vicissitudes de l'histoire ont poussĂ© Ă  Ă©migrer dans les autres provinces du Canada oĂč aux Etats-Unis. La tentative d’assimilation En attendant mieux, ils se serrent autour de leurs Ă©glises et commencent Ă  mettre en Ɠuvre la politique qualifiĂ©e de revanche des berceaux en multipliant les naissances pour noyer les Anglais dans un ocĂ©an d'adversaires. La population va doubler Ă  chaque gĂ©nĂ©ration. Monseigneur Jean-Olivier Briand 1715-1794, Ă©vĂȘque de QuĂ©bec, ordonne Ă  ses ouailles de reconnaĂźtre le roi d’Angleterre comme leur souverain mais le clergĂ©, en mĂȘme temps, encourage la natalitĂ©. L'application des lois britanniques ne se fait pas attendre. DĂšs 1763, Marie-Josephte Corriveau 1733-1763, condamnĂ©e Ă  mort pour avoir assassinĂ© son mari qui la maltraitait, est pendue et sa dĂ©pouille exposĂ©e aux regards de la population dans une cage de fer ; un tel supplice, incompatible avec les mƓurs françaises, frappe les Canadiens la Corriveau se mĂ©tamorphose en personnage du folklore quĂ©bĂ©cois ! L'Angleterre octroie une constitution, sous forme d'une Proclamation royale, au territoire conquis devenu The province of Quebec » ; ce texte prĂ©voit l'assimilation Ă  plus ou moins long terme des colons français ; la loi anglaise s'applique Ă  tous, aussi bien au civil qu'au pĂ©nal ; la langue officielle est l'anglais, la religion le protestantisme. Les catholiques ont le droit de conserver leur religion, mais ils doivent la renier, par le serment du test, s'ils se portent candidats Ă  un poste dans l'Administration ; par cette mesure, les catholiques sont exclus des emplois officiels ; le gouverneur, James Murray 1721-1794, en est rĂ©duit Ă  confier ces emplois Ă  des personnes incompĂ©tentes ! La capitulation de MontrĂ©al prĂ©voit d'Ă©tendre aux tribus amĂ©rindiennes alliĂ©es des Français les avantages concĂ©dĂ©s Ă  ces derniers. Ces tribus ne s'en rĂ©voltent pas moins contre l'occupant britannique, sous la direction du chef outaouais Pontiac, essentiellement pour la conservation de leurs terres ; le clergĂ© francophone invite ses fidĂšles Ă  aider l'occupant britannique Ă  rĂ©duire la rĂ©volte indienne qui est Ă©crasĂ©e. En 1764, commence la publication d'un journal bilingue La Gazette de QuĂ©bec ; une pĂ©tition circule dĂ©jĂ  dans les milieux francophones pour dĂ©noncer le rĂ©gime britannique tandis que les Anglophones rĂ©clament la crĂ©ation d'une assemblĂ©e pour les reprĂ©senter. En 1768, Guy Carlton, baron Dorchester 1724-1808, succĂšde Ă  James Murray, comme gouverneur ; il se montre favorable Ă  une rĂ©forme revenant aux lois et coutumes françaises et hostile Ă  la crĂ©ation d'une assemblĂ©e. La Guerre d’indĂ©pendance des Etats-Unis En 1775 commence la Guerre d'indĂ©pendance des Etats-Unis. Ce soulĂšvement d'anciens vĂ©tĂ©rans des guerres contre la Nouvelle-France ne suscite que trĂšs peu de sentiments favorables parmi la population canadienne qui n'a oubliĂ© ni la dĂ©portation des Acadiens ni l'assassinat de Jumonville ; la devise du QuĂ©bec ne sera-t-elle pas plus tard Je me souviens ». Aussi, lorsque les AmĂ©ricains tentent de rallier Ă  leur cause les habitants de la province, ils sont loin d'ĂȘtre accueillis Ă  bras ouverts. Ils trouvent nĂ©anmoins quelques partisans, assez pour former deux rĂ©giments 747 miliciens qui se distingueront Ă  Saratoga 1777 et Ă  Yorktown 1781. Parmi ces partisans, on peut citer un commerçant prospĂšre de MontrĂ©al, qui fut aussi juge de paix, Pierre Calvet, propriĂ©taire de la maison qui abrite aujourd'hui l'Hostellerie des Filles du Roy. Pour dissuader toute vellĂ©itĂ© de soutien aux Insurgents amĂ©ricains, Monseigneur Jean-Olivier Briand rappelle aux catholiques leur serment d'allĂ©geance au roi d'Angleterre, le trahir serait pĂȘcher ! DirigĂ©s par Richard Montgomery 1738-1775 et Benedict Arnold 1741-1801, les AmĂ©ricains, guidĂ©s par leurs partisans, envahissent la province du QuĂ©bec et occupent la rĂ©gion de MontrĂ©al, oĂč le chĂąteau de Ramezay, aujourd'hui converti en musĂ©e, leur sert de quartier gĂ©nĂ©ral. Mais, en 1776, ils Ă©chouent dans leur tentative de prendre QuĂ©bec oĂč Montgomery est tuĂ©. Benjamin Franklin 1706-1790 honore son ami Pierre Calvet d'une visite ; il est Ă  MontrĂ©al pour sonder les intentions des Canadiens ; il en repart avec le sentiment qu'il serait plus facile d'acheter la province que de la conquĂ©rir. Les renforts britanniques, composĂ© de mercenaires allemands, arrivent en grand nombre et chassent bientĂŽt les Insurgents. La reconnaissance de la spĂ©cificitĂ© quĂ©bĂ©coise Cependant, la Guerre d'indĂ©pendance amĂ©ricaine, va marquer profondĂ©ment l'avenir du QuĂ©bec. D'abord, dĂšs 1774, conscients du danger que reprĂ©senterait pour l'Empire Britannique un soulĂšvement conjoint des Insurgents amĂ©ricains et des Canadiens, les Anglais ont rĂ©voquĂ© la Proclamation royale Ă©mise une dizaine d'annĂ©es plus tĂŽt. Par l'Acte de QuĂ©bec, le territoire de la province est dĂ©limitĂ© d'une maniĂšre extensive de la GaspĂ©sie jusqu'aux Grands Lacs ; une entitĂ© recouvrant grosso-modo le QuĂ©bec et l'Ontario voit ainsi le jour ; par ailleurs, l'abolition du serment du test rĂ©habilite le catholicisme tandis que la langue, le droit français et le rĂ©gime seigneurial d'antan sont restaurĂ©s ; la spĂ©cificitĂ© des Canadiens français est ainsi reconnue. Les Anglophones protestent contre ces dispositions favorables aux Francophones. Une autre consĂ©quence de la rĂ©volution amĂ©ricaine influencera encore plus durablement l'avenir du Canada ; les AmĂ©ricains ne rejettent en effet pas unanimement la soumission Ă  l'Angleterre ; celle-ci conserve ses partisans. Ces derniers se trouvent Ă©videmment en butte Ă  l’hostilitĂ© des Insurgents ; ils se rĂ©fugient dans les territoires restĂ©s sous contrĂŽle britannique, les provinces maritimes, oĂč ils contribuent Ă  chasser les derniers Acadiens, et aussi la province du QuĂ©bec oĂč les Francophones, qui sont maintenant 90000, voient dĂ©ferler, sur le territoire qu'on vient de leur reconnaĂźtre, quelques 50000 Loyalistes brandissant l'Union-Jack. Ces AmĂ©ricains, demeurĂ©s fidĂšles au roi d'Angleterre, vont peupler ce qui deviendra l'Ontario, mais un grand nombre d'entre eux s'Ă©tablissent aussi sur le territoire du QuĂ©bec actuel, en particulier en Estrie, oĂč ils fonderont la ville de Sherbrooke, et oĂč existe encore, Ă  Lennoxville, la seule universitĂ© anglicane d'AmĂ©rique du Nord. On les installe sur des terres confisquĂ©es aux Canadiens français et aux Indiens. En 1778, la France prend officiellement partie pour les Insurgents amĂ©ricains, en envoyant un corps expĂ©ditionnaire de 6000 hommes, aux ordres de Rochambeau 1725-1807, rejoindre Lafayette 1757-1834 et quelques autres membres de la noblesse française qui se battent dĂ©jĂ  par idĂ©al auprĂšs des partisans de l’indĂ©pendance amĂ©ricaine. Les Canadiens reprennent espoir ; peut-ĂȘtre le retour de la vieille mĂšre-patrie est-il proche. L'amiral d'origine auvergnate Charles-Henri d'Estaing 1729-1794 encourage cet espoir en diffusant un manifeste, affichĂ© Ă  la porte des Ă©glises, dans lequel il invite les Français d'AmĂ©rique Ă  s'allier aux Etats-Unis, Ă  la grande colĂšre du gouverneur Frederick Haldimand 1718-1791, d'origine suisse et francophone. Malheureusement, malgrĂ© la victoire franco-amĂ©ricaine, si le TraitĂ© de Versailles, en 1783, reconnaĂźt bien l'indĂ©pendance des Etats-Unis, il oublie purement et simplement les Français d'AmĂ©rique qui, compte tenu de l'arrivĂ©e des Loyalistes, porteront dĂ©sormais le nom de Canadiens français. DĂ©cidĂ©ment, les arpents de neige » n'intĂ©ressent personne en Europe. La dĂ©sillusion est immense et sera durable. La RĂ©volution française et l’Empire MalgrĂ© leur rancune Ă  l'encontre de la mĂšre-patrie, les Canadiens français accueillent la RĂ©volution Française avec enthousiasme. DĂšs 1789, on parle de l'Ă©vĂ©nement le plus important du monde depuis l'avĂšnement du christianisme. Mais, aprĂšs la chute de la monarchie, l'opinion bascule et devient majoritairement hostile, en grande partie sous l'influence du clergĂ©. Les autoritĂ©s ecclĂ©siastiques insistent sur fait que, le roi de France n'existant plus, c'est au roi d'Angleterre que l'on doit maintenant fidĂ©litĂ©. De son cĂŽtĂ©, la propagande britannique dissocie habilement la France des hommes qui la dirigent et insiste sur la nĂ©cessitĂ© de combattre ces infernaux suppĂŽts de l'AntĂ©christ. La sĂ©paration du Haut-Canada Ontario et du Bas-Canada QuĂ©bec ParallĂšlement, l'Angleterre revoit sa copie coloniale. Pour permettre aux Loyalistes de jouir des droits qui Ă©taient les leurs avant la rĂ©volution amĂ©ricaine, comme ils le rĂ©clament, et aussi pour Ă©viter de les noyer dans la masse des Francophones, Pitt, dĂšs 1791, sĂ©pare le Canada en deux parties distinctes le Haut-Canada, majoritairement anglophone, et encore peu peuplĂ©, et le Bas-Canada, majoritairement francophone, oĂč l'on compte dĂ©jĂ  environ 160000 descendants des anciens colons français. L'Ontario et le QuĂ©bec voient le jour, mĂȘme si l'on parle encore seulement de Canada. L'Acte constitutionnel de 1791 dote le Bas-Canada d'une AssemblĂ©e consultative, Ă©lue au suffrage censitaire, et accorde mĂȘme le droit de vote aux femmes elles le perdront en 1834 pour ne le retrouver qu'en 1940. Un Francophone, Jean Antoine Panet 1751-1815 est le premier prĂ©sident Ă©lu de cette assemblĂ©e. Tout le monde n'est cependant pas dupe et les esprits Ă©clairĂ©s comprennent que l'Angleterre instrumentalise la crise politique en France pour renforcer sa domination sur le Canada. En 1794, les Francophones rejettent le projet de crĂ©ation d'une milice et, en 1796, ils refusent l'entretien de la voierie devant leur porte, qu'une nouvelle loi leur impose ; l'adoption d'une loi sur les ponts et les chemins cause mĂȘme une Ă©meute. MalgrĂ© l'apparente dĂ©saffection de l'opinion canadienne française pour la RĂ©volution, l’occupant britannique redoute toujours que les idĂ©es subversives ne se propagent dans la population francophone. En 1793, un mĂ©moire dĂ©fendant la reconquĂȘte du Canada n'a-t-il pas Ă©tĂ© soutenu devant la Convention nationale de Paris ? En 1794, une Association pour le maintien des lois, de la constitution et du gouvernement du Bas-Canada est formĂ©e pour dĂ©pister les foyers rĂ©volutionnaires. L'arrivĂ©e d'Ă©migrĂ©s, dont 51 prĂȘtres rĂ©fractaires, renforce le climat contre-rĂ©volutionnaire. Pour Ă©viter toute contamination de l'extĂ©rieur, les frontiĂšres sont sĂ©vĂšrement contrĂŽlĂ©es et des mesures d'exception sont prises contre les Ă©trangers que l'on filtre soigneusement. Un AmĂ©ricain, soupçonnĂ© de complot, David MacLane est pendu Ă  titre d'exemple. Cette situation durera jusqu'Ă  la fin du Premier Empire que sert un gĂ©nĂ©ral de brigade originaire de QuĂ©bec François Joseph d’Estienne de Chaussegros de Lery 1754-1824. La tranquillitĂ© sociale est d'abord favorisĂ©e par la relative prospĂ©ritĂ© dont jouit le Canada Ă  cette Ă©poque. La culture des cĂ©rĂ©ales se dĂ©veloppe stimulĂ©e par le prix Ă©levĂ© du blĂ© Ă  l'exportation. Mais, en 1801, de mauvaises rĂ©coltes conjuguĂ©es Ă  l'effondrement du commerce des fourrures, qui cesse d'ĂȘtre l'activitĂ© Ă©conomique dominante, causent des difficultĂ©s pendant les annĂ©es suivantes. L'Institution royale d'Ă©coles gratuites vise Ă  angliciser l'ensemble de la population. Un problĂšme fiscal contribue, en 1805, Ă  dresser les deux communautĂ©s fondatrices du Canada l'une contre l'autre ; pour financer la construction de prisons, va-t-on instituer une taxe sur les importations ou sur la propriĂ©tĂ© fonciĂšre ? Dans le premier cas, ce sont les Anglophones qui vont payer, dans le second, ce sont les Francophones. C'est la premiĂšre solution qui est retenue, au grand dam des Anglophones, dont la presse se dĂ©chaĂźne. Toujours en 1805, des banques canadiennes commencent Ă  imprimer leurs premiers billets ; l'Ă©vĂȘque anglican Jacob Mountain 1749-1825 estime devoir ĂȘtre le seul Ă  porter ce titre, ce qui est jeter un Ă©norme pavĂ© dans le jardin du catholicisme. Un journal anglophone The Quebec Mercury tourne les Francophones en ridicule. Une pĂ©tition est adressĂ©e Ă  NapolĂ©on pour l'appeler au secours du Canada, mais elle ne recueille que 12 signatures ; a contrario, une souscription est lancĂ©e pour l'Ă©rection Ă  MontrĂ©al d'un monument Ă  Horatio Nelson 1758-1805 qui vient d'ĂȘtre tuĂ© en remportant la victoire de Trafalgar. En 1806, La crĂ©ation du journal Le Canadien, organe du Parti canadien, de tendance libĂ©rale, fondĂ© au dĂ©but du siĂšcle, n'est sans doute pas Ă©trangĂšre Ă  la polĂ©mique dĂ©clenchĂ©e par le financement des prisons ; on notera le titre de ce premier organe de presse francophone, il est significatif on ne parle pas encore du QuĂ©bec. Un nouveau conflit religieux s'Ă©lĂšve entre les Francophones et la couronne britannique. Le nombre de prĂȘtres est notoirement insuffisant et le dĂ©ficit ne fait que s'accroĂźtre. L'Ă©vĂȘque catholique de QuĂ©bec, Joseph-Octave Plessis 1763-1825, en poste Ă  partir de 1806, bataille ferme contre le gouverneur et l'Ă©vĂȘque anglican pour garder son titre et pour obtenir une division des diocĂšses, de maniĂšre Ă  suivre l'Ă©volution de la dĂ©mographie ; mais il se heurte aux rĂ©ticences de Londres. Le RĂšgne de la Terreur En 1807, James Henry Craig 1748-1812 devient gouverneur de l'AmĂ©rique du Nord britannique ; assistĂ© d'un secrĂ©taire fanatique, il inaugure l'Ăšre qualifiĂ©e de RĂšgne de la Terreur pendant laquelle les traitres » sont maintenus en prison sans jugement. PersuadĂ© que le Bas-Canada est un foyer de sĂ©dition, il s'efforce de contrĂŽler la composition de son AssemblĂ©e et Ă©carte les Francophones des emplois publics. Il multiplie les dissolutions de l'AssemblĂ©e et emprisonne mĂȘme un candidat, François Blanchet 1776-1830, pendant les Ă©lections. En 1809, la couronne britannique dĂ©tache le Labrador du QuĂ©bec ; c'est un nouveau sujet de contestation. Une mesure Ă  caractĂšre antisĂ©mite expulse un commerçant juif, Ezekiel Hart 1770-1843, de l'AssemblĂ©e qui est dissoute. En 1810, l'AssemblĂ©e rĂ©clame le contrĂŽle de la liste civile, elle est Ă  nouveau renvoyĂ©e devant les Ă©lecteurs ; le journal Le Canadien est interdit et ses rĂ©dacteurs BĂ©dard, Blanchet, Taschereau sont arrĂȘtĂ©s pour sĂ©dition. Mgr Plessis engage ses fidĂšles Ă  demeurer loyaux au roi d'Angleterre et il condamne la doctrine du Parti canadien ; en rĂ©compense de son engagement politique, l'Ă©vĂȘque de QuĂ©bec reçoit un traitement de mille livres du gouvernement britannique. Les Ă©lections Ă  l'AssemblĂ©e dĂ©savouent le gouverneur et le haut clergĂ©. Craig recommande au roi l'union du Haut et du Bas-Canada. De 1812 Ă  1814, une nouvelle guerre oppose l'Angleterre aux Etats-Unis. Ces derniers essaient, une fois de plus, de conquĂ©rir le Canada. Mais ils rencontrent encore moins de succĂšs qu'en 1775-1776 auprĂšs de la population francophone. Le 26 octobre 1813, leurs troupes avancent le long de la riviĂšre ChĂąteauguay dans l'intention de s'emparer de MontrĂ©al. Charles-Michel de Salaberry 1778-1829, Ă  la tĂȘte de ses voltigeurs Canadiens français les attend Ă  la hauteur d'Allan's Corners. Les envahisseurs reçoivent une rĂ©ception si chaude qu'ils ne tenteront plus jamais d'envahir le Canada. L'Ă©conomie du Bas-Canada poursuit son Ă©volution le commerce des fourrures ne reprĂ©sente plus que 9%, le Haut-Canada Ă©tant plus favorable Ă  sa culture, le blĂ© rĂ©gresse au profit de l'avoine et du fourrage, la culture de la pomme de terre se dĂ©veloppe, tandis que se maintiennent celles des pois et des fĂšves les fĂšves au lard sont un plat traditionnel, du chanvre, du lin et du maĂŻs. En 1816, le Bas-Canada subit sa pire rĂ©colte depuis le dĂ©but du siĂšcle. En 1817, la Banque de MontrĂ©al voit le jour et, l'annĂ©e suivante, c'est au tour de la Banque de QuĂ©bec. En 1815, Le gouverneur George Prevost 1767-1816, en poste depuis 1811, est rappelĂ© Ă  Londres, Ă  la demande de la bourgeoisie anglaise qui lui reproche sa bienveillance Ă  l'Ă©gard du Parti canadien. Il est remplacĂ© par un homme plus Ă©nergique, John Coape Sherbrooke 1764-1830. Toujours en 1815, Louis-Joseph Papineau 1786-1871, un avocat natif de MontrĂ©al, est Ă©lu orateur, c'est-Ă -dire prĂ©sident, de l'AssemblĂ©e du Bas-Canada, Ă  laquelle il appartiendra pendant 28 ans et qu'il prĂ©sidera pendant 22 ans ; cet homme politique Ă©minent va jouer un rĂŽle fondamental dans l'Ă©volution des Canadiens français ; sa maison Ă  MontrĂ©al ainsi que son manoir Ă  Montebello existent encore aujourd'hui. La sociĂ©tĂ© canadienne française est toujours rĂ©gie par des rĂšgles antĂ©rieures Ă  la RĂ©volution Française ; Papineau prĂŽne l'abolition du rĂ©gime seigneurial. L’organisation de la rĂ©sistance En 1817, Sherbrooke obtient du gouvernement britannique la reconnaissance officielle de l'Eglise catholique du Canada, en rĂ©compense des positions prises par Mgr Duplessis. En 1822, les Canadiens anglais militent pour un acte d'union des deux Canadas qui Ă©liminerait la langue française. Papineau, alors prĂ©sident de l'AssemblĂ©e, et J. Neilson, un journaliste francophile, vont Ă  Londres pour s'opposer Ă  ce projet, munis d'une pĂ©tition comportant 60000 signatures. Le Bas-Canada compte alors 420000 habitants et le Haut-Canada 125000. Une forte immigration irlandaise pose des problĂšmes sociaux. En 1825, le gouverneur George Ramsay Dalhousie 1770-1838, excĂ©dĂ© par les nombreux conflits qui l'opposent Ă  l'AssemblĂ©e, se rend Ă  son tour dans la capitale britannique dans le but de faire modifier la constitution de 1791. Pendant son absence, son subalterne, le lieutenant-gouverneur Francis Nathaniel Burton 1766-1832, s'entend avec le Parti canadien, ce qui rend caduque l'initiative du gouverneur que ce compromis rend furieux. A cette Ă©poque, la population quĂ©bĂ©coise est Ă  90% rurale. Toujours en 1825, le Canal Lachine est inaugurĂ©. Le commerce du bois joue alors un rĂŽle Ă©minent dans l'Ă©conomie rĂ©gionale. En 1826, le Parti canadien devient le Parti patriote ; Louis-Joseph Papineau, partisan de rĂ©formes constitutionnelles, dans le cadre de la lĂ©galitĂ©, et hostile Ă  la lutte armĂ©e, en devient le chef. En 1827, Dalhousie dissout l'AssemblĂ©e et convoque de nouvelles Ă©lections dans l'intention de se dĂ©barrasser de Papineau ; mais les Ă©lecteurs dĂ©jouent la manƓuvre. L'AssemblĂ©e demande Ă  Londres la destitution du gouverneur. Un nouveau gouverneur, James Kempt, plus accommodant, succĂšde Ă  Dalhousie, en 1828. En 1829, Ă  la suite d'un conflit politique entre l'AssemblĂ©e et le Conseil lĂ©gislatif, dĂ©signĂ© par la couronne, un dĂ©faut de crĂ©dit entraĂźne la fermeture des Ă©coles qui venaient juste d'ouvrir. En 1830, un nouveau gouverneur, Matthew Whitworth-Aylmer 1775-1850, entre en fonction. C'est un militaire sans expĂ©rience administrative ; il se montre incapable de gĂ©rer les exigences croissantes des Canadiens français et exacerbe les tensions en favorisant les Canadiens anglais. Le Parti patriote se radicalise il ne se contente plus d'une AssemblĂ©e sans pouvoir et exige le contrĂŽle des finances de la colonie ; par ailleurs, il se brouille avec le clergĂ©. Une immigration anglophone vigoureuse gonfle la population canadienne et tend Ă  modifier l'Ă©quilibre dĂ©mographique jusqu'alors favorable aux Francophones. En 1831, une Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra, qui sĂ©vira aussi l'annĂ©e suivante, dĂ©cime la population 2723 morts Ă  QuĂ©bec et 2547 Ă  MontrĂ©al. En 1833, on compte 400000 Francophones au Canada. Cette mĂȘme annĂ©e, l'abolition de l'esclavage ne soulĂšve aucun problĂšme, celui-ci Ă©tant restĂ© rĂ©siduel dans la colonie française. En 1834, les radicaux du Parti patriote l'emportent sur les modĂ©rĂ©s et gagnent les Ă©lections avec 77% des suffrages ; ils rĂ©digent 92 rĂ©solutions qui demandent, pour le Bas-Canada, un gouvernement responsable, l'Ă©lection du Conseil exĂ©cutif et davantage de Canadiens français dans l'Administration du pays. Ces requĂȘtes, envoyĂ©es Ă  Londres, tombent au plus mauvais moment, l'Angleterre traversant une crise politique. Le gouverneur cesse de rĂ©unir une AssemblĂ©e devenue incontrĂŽlable. Une forme de communautarisme se dĂ©veloppe alors dans la colonie les Canadiens français se rassemblent dans la SociĂ©tĂ© Saint-Jean Baptiste, un saint dont la fĂȘte sera celle du QuĂ©bec; les autres communautĂ©s ethniques crĂ©ent leurs propres sociĂ©tĂ©s. En 1835, la dĂ©tĂ©rioration de la situation entraĂźne le rappel d'Aylmer. Un nouveau gouverneur, Archibald Acheson, comte Gosford 1776-1849, arrive avec une mission de conciliation. Les Anglophones mĂ©contents fondent le belliqueux Doric Club une version du British Rifle Corps ; les Francophones rĂ©pliquent en crĂ©ant Les Fils de la LibertĂ©, dont l'homme politique canadien George-Etienne Cartier 1814-1873, un des futurs pĂšres de la confĂ©dĂ©ration, est l'un des 500 fondateurs. La rĂ©bellion des patriotes En 1837, le rejet des 92 rĂ©solutions met le feu aux poudres. Londres leur oppose en effet 10 rĂ©solutions, parmi lesquelles figure le droit de l'exĂ©cutif Ă  utiliser sans contrĂŽle l'argent de l'Etat, ce qui constitue une vĂ©ritable provocation. MalgrĂ© la dĂ©nonciation du radicalisme par la hiĂ©rarchie catholique et les rĂ©ticences de Papineau, l'agitation fait tache d'huile Ă  travers le Bas-Canada. Fils de la libertĂ© et membres du Doric Club en viennent aux mains Ă  MontrĂ©al. Le commandement des troupes est confiĂ© Ă  John Colborne 1778-1863 et Gosford quitte ses fonctions. La rĂ©pression militaire s'abat sur les patriotes. Vingt six mandats d'arrĂȘt pour crime de haute trahison sont Ă©mis contre eux. La tĂȘte de Papineau, pourtant hostile aux Ă©meutes, est mise Ă  prix ; il se rĂ©fugie d'abord aux Etats-Unis, puis en France ; il ne sera amnistiĂ© qu'en 1845. Des affrontements armĂ©s ont lieu, Ă  Saint-Denis, oĂč les patriotes triomphent, et dans Saint-Charles, oĂč ils sont battus ainsi que dans le village de Saint-Eustache, au nord de MontrĂ©al, dont l'Ă©glise garde encore la marque des boulets anglais. La bataille de Saint-Eustache immortalise Jean-Olivier ChĂ©nier 1806-1837, une des figures patriotiques les plus emblĂ©matiques. Ce mĂ©decin de Saint-Eustache, engagĂ© dans le mouvement rĂ©volutionnaire, est gĂ©nĂ©ral en chef du comtĂ© des Deux-Montagnes. Alors que Joseph Papineau prĂȘche la modĂ©ration, ChĂ©nier lance un appel aux armes ; dĂšs lors, sa tĂȘte est mise Ă  prix. En dĂ©cembre 1837, il commande quelques deux cents hommes retranchĂ©s dans l'Ă©glise, le presbytĂšre et le couvent de Saint-Eustache, pour rĂ©sister Ă  l'armĂ©e britannique. La partie n'est pas Ă©gale. Les morts sont bientĂŽt nombreux parmi les patriotes. Les Anglais triomphent et ChĂ©nier est tuĂ© au moment oĂč il sort de l'Ă©glise en flammes. Les victimes de la rĂ©pression sont nombreuses. L'armĂ©e britannique brĂ»le le village de Saint-BenoĂźt. La Constitution du Bas-Canada est suspendue. Les Ă©checs ne dĂ©couragent cependant pas les patriotes qui se regroupent aux Etats-Unis, bien dĂ©cidĂ©s Ă  prendre leur revanche. Ils pĂ©nĂštrent dans la province et proclament la RĂ©publique, la sĂ©paration de l’Église et de l’État, la suppression de la dĂźme, l’abolition des redevances seigneuriales, la libertĂ© de la presse, le suffrage universel pour les hommes, le scrutin secret, la nationalisation des terres de la couronne et celles de la British American Land Co., l’élection d’une AssemblĂ©e constituante et l’emploi des deux langues dans les affaires publiques. En 1838, le successeur de Gosford, John George Lambton, comte Durham 1792-1840, profite de l'accĂšs au trĂŽne de la reine Victoria pour amnistier 153 rebelles, tandis que 8 chefs de l'insurrection sont exilĂ©s aux Bermudes ; critiquĂ© Ă  Londres, il dĂ©missionne. Colborne reprend l'affaire en mains ; il proclame la loi martiale, repousse les patriotes venus des Etats-Unis et lutte contre les FrĂšres chasseurs, un mouvement clandestin qui donne du fil Ă  retordre aux forces britanniques en MontĂ©rĂ©gie. Les arrestations sont nombreuses ; une cour martiale est instituĂ©e pour juger 108 accusĂ©s. En 1839, douze patriotes sont pendus dans une prison de MontrĂ©al ; cinquante-huit autres sont dĂ©portĂ©s en Australie ; des Ă©crivains et imprimeurs sont emprisonnĂ©s pour Ă©crits sĂ©ditieux. La rĂ©volte ne s'est pas limitĂ©e au Bas-Canada ; elle s'inscrit en fait dans le vaste mouvement d'Ă©mancipation des nations qui agite l'Europe. Mais la tentative de Mackenzie, en Haut-Canada, dans une rĂ©gion dominĂ©e par les Loyalistes, n'a revĂȘtu qu'une importance secondaire, et elle n'en a Ă©tĂ© que plus facilement rĂ©primĂ©e. Nombre de vaincus s'enfuient aux Etats-Unis. Le Parti patriote change une fois de plus de nom, il devient dĂ©sormais le Parti libĂ©ral. L'emprise des libĂ©raux sur l'opinion publique est refoulĂ©e au profit d'un retour en force de l'influence clĂ©ricale. L'Eglise excommunie les patriotes qui seront rĂ©habilitĂ©s au 20Ăšme siĂšcle. L'image lĂ©gendaire du patriote, sabots aux pieds, pipe au bec, fusil Ă  l'Ă©paule, taille serrĂ©e dans une ceinture flĂ©chĂ©e, tuque bonnet en laine Ă  pompons en tĂȘte, n'en restera pas moins populaire au QuĂ©bec. Elle refleurira dans les annĂ©es 1970, au moment de l'essor du mouvement indĂ©pendantiste. Les patriotes ne se rassemblaient pas derriĂšre le drapeau bleu et blanc frappĂ© de fleurs de lys, qui n'apparut que plus tard. Leur Ă©tendard Ă©tait tricolore vert, blanc rouge, comme celui de l'Italie. Il est intĂ©ressant de souligner qu'ils se sont inspirĂ©s de la RĂ©volution Française plutĂŽt que de l'exemple amĂ©ricain pourtant voisin. Notons que le pourcentage des professions intellectuelles est plus faible dans la population francophone 0,12 % que dans la population anglophone 0,34% et que les intellectuels francophones occupent souvent un emploi infĂ©rieur Ă  leur compĂ©tence. Un problĂšme social s'ajoute donc au problĂšme politique. Il refera surface un siĂšcle plus tard. Le retour Ă  la politique d’assimilation – La crĂ©ation du Canada L'Ă©chec du soulĂšvement est suivi par une importante rĂ©forme constitutionnelle en 1840. Cette rĂ©forme s'inspire du rapport rĂ©digĂ© par Lord Durham Ă  la suite de la prise d'armes, document dans lequel les Canadiens français sont prĂ©sentĂ©s comme un peuple infĂ©rieur, sans histoire et sans culture. Cette opinion restera rĂ©pandue chez les Anglophones jusqu'Ă  une Ă©poque rĂ©cente. François-Xavier Garneau 1809-1866 rĂ©plique Ă  cette grossiĂšre falsification de la rĂ©alitĂ© en rĂ©digeant une Histoire du Canada » qui fait justice des calomnies anglaises, lesquelles ne poursuivent qu'un seul but servir d'alibi Ă  la rĂ©duction en quasi esclavage des Canadiens français. Quoi qu'il en soit, un Acte d'Union rĂ©unit le Haut et le Bas-Canada dans un seul gouvernement du Canada. Les AssemblĂ©es des deux entitĂ©s prĂ©cĂ©dentes disparaissent. Elles sont remplacĂ©es par une AssemblĂ©e du Canada unique oĂč Francophones et Anglophones sont reprĂ©sentĂ©s Ă  paritĂ©. Les Francophones vont se battre pour obtenir une reprĂ©sentation proportionnelle, mais on ne leur accordera pas celle-ci avant que l'immigration n'ait rendu les Anglophones majoritaires ; la balance est pour le moment favorable aux Canadiens français ils sont encore 20% plus nombreux que les Canadiens anglais, mais cela ne durera pas car une forte immigration anglophone va inverser la position respective des deux communautĂ©s dĂšs 1851. Un gouverneur-gĂ©nĂ©ral administre la colonie. C'est l'acte de naissance d'un Canada, dont la langue officielle redevient l'anglais. On notera que ce Canada, limitĂ© Ă  l'Ontario et au QuĂ©bec actuels, ne comprend ni les provinces maritimes, ni Terre-Neuve, ni Ă©videmment les provinces de l'ouest qui ne sont pas encore colonisĂ©es. La rĂ©volte, comme c'est souvent le cas, s'est donc accompagnĂ©e d'une rĂ©gression au dĂ©triment des Canadiens français dont l'identitĂ© culturelle et linguistique est menacĂ©e. La volontĂ© assimilationniste des Anglais se manifeste Ă  nouveau, comme lors de la conquĂȘte. Cette rĂ©forme, qui entre en application en 1841, ne satisfait personne et elle s'avĂšre rapidement source d'instabilitĂ© politique les gouvernements, installĂ©s Ă  MontrĂ©al en 1843, se succĂšdent rapidement. Les nouvelles institutions soulĂšvent toutefois peu d'opposition parmi les Francophones, encore sous le coup de la rĂ©pression. La Grande HĂ©morragie des Canayens Cependant, les Canadiens anglais usurpent le nom de Canadiens que se donnaient jusqu'Ă  prĂ©sent les Canadiens français ; ces derniers, pour se distinguer des Canadians, s'appellent donc Anciens Canadiens ou Canayens. Les plus hostiles Ă©migrent aux Etats-Unis, tant d'ailleurs pour des raisons Ă©conomiques que politiques ; ils sont si nombreux que l'on nomme cette Ă©poque celle de La Grande HĂ©morragie. Ce mouvement de population nĂ©gatif est contrebalancĂ© par une forte immigration des Irlandais chassĂ©s de leur pays par la famine ; farouchement hostiles aux Anglais, ils se sentent proches des Francophones, mais ils contribuent nĂ©anmoins Ă  angliciser la province. MalgrĂ© ses imperfections, la nouvelle constitution n'en est pas moins appuyĂ©e par Louis Hippolyte Lafontaine 1807-1864, un ancien fidĂšle de Papineau, briĂšvement emprisonnĂ© en 1838, que l'expĂ©rience a rendu modĂ©rĂ© et qui, devant le fait accompli, s'efforce de tirer le meilleur parti possible des nouvelles institutions. Il est aidĂ© en cela par les rĂ©formistes anglophones qui poursuivent le mĂȘme but. En 1843, une grĂšve Ă  Beauharnais tourne mal et les forces britanniques tuent 20 grĂ©vistes. En 1845 et 1846, des incendies ravagent un quartier de QuĂ©bec. En 1847-1848, le typhus tue le tiers des immigrants irlandais retenus Ă  Grosse-Île, station de quarantaine pour immigrants, dans l'estuaire du Saint-Laurent. En 1848, Lafontaine et Robert Baldwin 1804-1858 obtiennent une modification dĂ©mocratique de la constitution par l'introduction du principe de la responsabilitĂ© ministĂ©rielle devant l'AssemblĂ©e, ce qui ne change rien Ă  la domination des Anglophones sur les Francophones; tout au plus l'alliance de Lafontaine avec les rĂ©formistes anglophones attĂ©nue-t-il la pression assimilationniste. La mĂȘme annĂ©e, Joseph Papineau, amnistiĂ© en 1845, est Ă©lu dĂ©putĂ© de l'AssemblĂ©e du Canada. Il Ă©volue vers le rĂ©publicanisme, sous l'influence de ses sĂ©jours aux Etats-Unis et en France, et va devenir partisan de l'intĂ©gration de ce qui fut le Bas-Canada dans les Etats-Unis, Ă  dĂ©faut de mieux, tout espoir paraissant dĂ©sormais fermĂ© aux Francophones dans le Canada uni. En 1849, des Ă©meutiers anglophones incendient l'Ă©difice parlementaire canadien de MontrĂ©al pour marquer leur opposition Ă  la French Domination ; les instances gouvernementales dĂ©mĂ©nagent Ă  Toronto. La mĂȘme annĂ©e, James Bruce Lord Elgin 1811-1863, gouverneur gĂ©nĂ©ral du Canada, fait approuver une amnistie gĂ©nĂ©rale et les exilĂ©s politiques de 1838 peuvent rentrer au pays ; les habitants du Bas-Canada ayant subi des pertes lors des Ă©vĂ©nements de 1837-1838 sont indemnisĂ©s. Des Ă©meutes paysannes Ă©clatent contre les taxes scolaires et l'instruction obligatoire. Les Ă©vĂ©nements qui viennent d'ĂȘtre rapportĂ©s se sont dĂ©roulĂ©s dans un contexte Ă©conomique dĂ©favorable. L'augmentation rapide de la population a entraĂźnĂ© un morcellement des propriĂ©tĂ©s. Les nouvelles terres Ă  cultiver sont lointaines et peu productives. L'exploitation de la forĂȘt offre des ressources insuffisantes pour remplacer les pertes de revenu causĂ©es par l'essoufflement de la traite des fourrures. Entre 1842 et 1846, dans le cadre d'une politique de libre-Ă©change, les produits canadiens cessent de bĂ©nĂ©ficier d'une protection tarifaire. Au plan Ă©conomique, le Canada ne possĂšde pas la taille critique pour espĂ©rer rivaliser avec son voisin du sud et son retard industriel ne fait que se creuser. Tous ces Ă©lĂ©ments favorisent l'exode rural et aussi l'Ă©migration vers des Etats-Unis plus dynamiques La Grande HĂ©morragie. En 1851, le gouvernement se transfĂšre Ă  QuĂ©bec. En 1852, un nouvel incendie dĂ©truit plusieurs centaines de maisons Ă  MontrĂ©al ; l'UniversitĂ© Laval est fondĂ©e Ă  QuĂ©bec qu'endeuille une Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra. En 1854, le rĂ©gime seigneurial est aboli ; les Ă©difices parlementaires sont dĂ©truits par un incendie et le gouvernement retourne siĂ©ger Ă  Toronto. En 1855, le gouverneur Edmund Walker Head humilie bĂȘtement les Canadiens français en exaltant la supĂ©rioritĂ© de la race anglo-saxonne. En 1857, la reine Victoria dĂ©signe Ottawa comme capitale du Canada ; une crise Ă©conomique Ă©clate dans la colonie. En 1859, le gouvernement revient Ă  QuĂ©bec. En 1861, plus de 85% des habitants du Bas-Canada habitent Ă  la campagne et le quart de cette population est anglophone ; la population du Canada croit 5,5 fois plus vite que celle du futur QuĂ©bec. Les tensions entre les communautĂ©s, avivĂ©es par les difficultĂ©s Ă©conomiques, montrent aux esprits les plus clairvoyants que la solution d’un Canada uni, dans lequel la spĂ©cificitĂ© francophone serait vouĂ©e Ă  disparaĂźtre, est du domaine de l’utopie. DĂšs 1864, un projet de confĂ©dĂ©ration des colonies britanniques d'AmĂ©rique est dĂ©battu au cours de plusieurs confĂ©rences, Ă  Charlottetown Île-du-Prince-Édouard et Ă  QuĂ©bec. Le catholicisme Ă©lĂ©ment principal d’un peuple Ă  vocation agricole George-Etienne Cartier, reprĂ©sentant du monde des affaires et du clergĂ© se montre partisan de la rĂ©forme. Antoine-AimĂ© Dorion 1818-1891, homme politique libĂ©ral, la juge insuffisante et dangereuse ; il estime que ce n'est qu'une fĂ©dĂ©ration dĂ©guisĂ©e et souhaiterait la restreindre aux deux provinces qui seront le QuĂ©bec et l'Ontario. En 1865, le gouvernement canadien s'installe Ă  Ottawa. En 1866, Alexander T. Galt 1817-1893, reprĂ©sentant du comtĂ© de Sherbrooke, fait adopter Ă  Londres un texte garantissant les droits scolaires des minoritĂ©s. De 1850 Ă  1870 s'Ă©labore une idĂ©ologie nouvelle selon laquelle le catholicisme est l'Ă©lĂ©ment principal d'un peuple canadien-français dont la vocation est agricole. La naissance de la ConfĂ©dĂ©ration – La rĂ©surrection du QuĂ©bec En 1867, l'instabilitĂ© politique, les pressions intĂ©rieures et extĂ©rieures ainsi que les difficultĂ©s Ă©conomiques, mettent un terme Ă  l'expĂ©rience malheureuse du Canada uni. Le voisin amĂ©ricain, secouĂ© par la guerre de sĂ©cession, se montre Ă  nouveau menaçant, l'Angleterre ayant pris position en faveur des Sudistes. D'autre part, l'intĂ©gration des colonies anglaises dans l'espace Ă©conomique nord-amĂ©ricain est devenue inĂ©vitable. L'Acte d'Union est dissout. Un Canada fĂ©dĂ©ral voit le jour sous la forme d'une ConfĂ©dĂ©ration canadienne, dominion de l'Empire Britannique. Elle intĂšgre d'abord l'ancien Haut-Canada, devenu l'Ontario, peuplĂ© de Loyalistes, l'ancien Bas-Canada, qui redevient la province du QuĂ©bec, peuplĂ©e de Canadiens français, ainsi que les provinces de Nouvelle-Ecosse et du Nouveau-Brunswick, oĂč rĂ©sident encore des descendants des Acadiens. Les autres provinces constituant le Canada actuel s'y agrĂšgeront ensuite au cours du temps. La consĂ©quence majeure de cette rĂ©forme pour les Francophones, c'est Ă©videmment la rĂ©apparition d'une province dans laquelle ils se trouvent Ă  nouveau majoritaires. Cet Acte de l'AmĂ©rique du Nord britannique entĂ©rine l'Ă©chec de la politique d'assimilation ; il ne remet pas en cause les droits de la couronne puisqu'elle continue de contrĂŽler Ă©troitement la politique extĂ©rieure et l'armĂ©e du dominion, dont le pouvoir est limitĂ© aux finances, Ă  la politique intĂ©rieure et au commerce. Mais elle octroie aux provinces un certain degrĂ© d'autonomie qui justifie l'existence Ă  leur niveau d'une AssemblĂ©e lĂ©gislative et d'un gouvernement. C'est pourquoi elle a Ă©tĂ© soutenue par George-Etienne Cartier 1814-1873 et par John A. MacDonald 1815-1891, le second Ă©tant pourtant partisan d'un Etat plus unitaire. C'est enfin une loi anglaise qui, en thĂ©orie, ne peut ĂȘtre modifiĂ©e que par le Parlement anglais. Ottawa devient la capitale de l'Etat fĂ©dĂ©ral. Les opposants les plus dĂ©terminĂ©s aux nouvelles institutions se recrutent parmi les Ecossais et les Irlandais ; l'un de ces derniers assassine Ă  coups de revolver un dĂ©putĂ© fĂ©dĂ©raliste Ă  MontrĂ©al. La population anglophone de la province du QuĂ©bec amorce un lent dĂ©clin. En 1868, le premier ministre du QuĂ©bec Pierre-Joseph-Olivier Chauveau 1820-1890 crĂ©e un ministĂšre de l'Instruction publique qui sera abolit en 1875 sous la pression du clergĂ© qui redoute une Ă©volution vers la laĂŻcitĂ©, assimilĂ©e Ă  la Franc-Maçonnerie propagatrice de l'idĂ©ologie rĂ©volutionnaire. D’emblĂ©e, le jeune gouvernement provincial se heurte Ă  trois forces antagonistes le pouvoir fĂ©dĂ©ral, l'opposition anglophone et le clergĂ© catholique. La rĂ©volte des mĂ©tis En 1869, le gouvernement canadien acquiert la Terre de Rupert Ă  la Compagnie de la Baie d'Hudson marquant par lĂ  sa volontĂ© de soustraire l'ouest canadien aux appĂ©tits des Etats-Unis. Sans consulter la population, il prononce l'annexion de la province du Manitoba. Cet acte unilatĂ©ral entraĂźne la rĂ©volte des colons de l'endroit majoritairement francophones. Ils se dressent pour la dĂ©fense de leur langue, de leur foi et pour leur autogestion. Le mouvement, qualifiĂ© de RĂ©bellion de la RiviĂšre Rouge, est dirigĂ© par un MĂ©tis Louis Riel 1844-1885. Un gouvernement provisoire est créé ; il se heurte Ă  une opposition anglophone qui mĂ©prise l'autoritĂ© des MĂ©tis. Des arrestations ont lieu et des condamnations Ă  mort sont prononcĂ©es par le nouveau pouvoir mĂ©tis, immĂ©diatement suivies de grĂąces. Cependant, l'un des conjurĂ©s, Thomas Scott, insulte ses gardiens qui exigent son exĂ©cution. Riel accĂšde Ă  leur demande et Scott est fusillĂ©. Le gouvernement provisoire nĂ©gocie cependant avec le gouvernement canadien ; on parvient Ă  un accord et le Manitoba rejoint la ConfĂ©dĂ©ration canadienne. Un dĂ©tachement militaire fĂ©dĂ©ral, est envoyĂ© dans la colonie, sous les ordres de Garnet Wolseley 1833-1913, un militaire d’origine irlandaise chevronnĂ©, pour dissuader d'Ă©ventuelles tentatives amĂ©ricaines. Mais on dit aussi que les miliciens ontariens se proposent de lyncher Riel. Celui-ci se rĂ©fugie aux Etats-Unis. Il ne revient au Manitoba qu'en 1871, rassurĂ© par l'Ă©lection de ses partisans. Il participe mĂȘme Ă  une mobilisation gĂ©nĂ©rale contre les Fenians yankees, un groupe d'Irlandais qui se livrent Ă  des raids en territoire canadien. SaluĂ© cordialement par le reprĂ©sentant de la couronne, on n'en cherche pas moins Ă  l'Ă©carter, en lui offrant une somme d'argent, par l'intermĂ©diaire d'un Ă©vĂȘque. Il s'efface quelques temps puis revient dans l'arĂšne politique, soutenu par George-Etienne Cartier qui milite pour son amnistie mais mourra malencontreusement en 1873, sans avoir obtenu gain de cause. Elu au parlement canadien, réélu, dĂ©mis puis réélu Ă  nouveau, Riel doit jouer Ă  cache-cache avec ses ennemis qui menacent de l'assassiner et l'empĂȘchent de siĂ©ger normalement, ce qui lui vaut une grande popularitĂ© parmi les Francophones. Le premier ministre de l'Ontario, Edward Blake, va jusqu'Ă  proposer une rĂ©compense de 5000 dollars pour sa capture ! De nouveau exilĂ© aux Etats-Unis, il apprend la condamnation Ă  mort d’Ambroise-Dydime LĂ©pine 1840-1923, son adjoint lors de la RĂ©bellion de la RiviĂšre rouge, en punition de l'exĂ©cution de Scott. L'opinion francophone s'indigne et rĂ©clame la clĂ©mence pour Riel et LĂ©pine ; ce dernier finit par obtenir la commutation de sa peine. Mais Riel, dont la santĂ© est dĂ©jĂ  Ă©branlĂ©e, sombre dans une sorte de narcissisme religieux qui nĂ©cessite des soins, lesquels lui sont prodiguĂ©s clandestinement au QuĂ©bec. AprĂšs un bref rĂ©pit en famille, en 1878, il part vers l'ouest et se mĂȘle maladroitement de politique au Montana oĂč il enseigne pendant quelques temps, dans une mission jĂ©suite. En 1871 un recensement rĂ©vĂšle que les Francophones ne reprĂ©sentent plus que 30% de la population du Canada. En 1873, une crise Ă©conomique Ă©branle la ConfĂ©dĂ©ration. Le gouvernement conservateur fĂ©dĂ©ral de John A. Macdonald met en Ɠuvre une politique protectionniste en frappant les importations de droits de douane Ă©levĂ©s, pour favoriser l'industrialisation du pays ; il prĂŽne l'extension des chemins de fer vers les villes secondaires et l'appel Ă  l'immigration pour dĂ©velopper l'ouest du pays. Les rĂ©sultats de cette politique s'avĂšrent profitables pour l'ensemble du Canada, et pour le QuĂ©bec en particulier qui voit une bourgeoisie urbaine fortunĂ©e se crĂ©er. En 1876, un fermier de Thetford dĂ©couvre une Ă©trange pierre l'amiante ; l'exploitation miniĂšre va commencer. En 1877, Wilfrid Laurier 1841-1919, ministre libĂ©ral fĂ©dĂ©ral originaire du QuĂ©bec, dĂ©nonce les pressions du clergĂ© sur les Ă©lecteurs qui, l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, ont causĂ© la dĂ©faite d'un dĂ©putĂ© libĂ©ral dans un QuĂ©bec toujours dominĂ© par un catholicisme hostile au Parti libĂ©ral; le pape rappelle aux prĂȘtres leur devoir de rĂ©serve en matiĂšre Ă©lectorale et la hiĂ©rarchie du clergĂ© quĂ©bĂ©cois invite ce dernier Ă  ne plus se mĂȘler de politique en chaire. En 1880, un auteur francophone, Adolphe-Basile Routhier 1839-1920, Ă©crit son poĂšme Ô Canada » qui deviendra l'hymne national canadien. AprĂšs la RĂ©bellion de la RiviĂšre Rouge, beaucoup de MĂ©tis sont partis vers le Nord-Ouest. Mais les conditions d'existence y sont de plus en plus dĂ©favorables, notamment en raison de la disparition des bisons. Aussi, les MĂ©tis font-ils de nouveau appel Ă  Riel. Ce dernier accepte, mais la tĂąche s'avĂšre rude il faut concilier les points de vue diffĂ©rents des MĂ©tis, francophones et anglophones, et dĂ©jouer les manƓuvres dilatoires du gouvernement fĂ©dĂ©ral. Riel se sĂ©pare de plus en plus de la religion et du clergĂ©. Une rĂ©volte armĂ©e finit par Ă©clater. Elle se rĂ©fĂšre Ă  la RĂ©volution Française les rebelles composent une Marseillaise rielliste. L'un des chefs, Gabriel Dumont 1837-1906, se montre partisan d'une longue lutte de guĂ©rilla propre Ă  dĂ©courager l'adversaire ; Riel se prononce pour un affrontement gĂ©nĂ©ral. Les rencontres ont lieu au Saskatchewan. L'armĂ©e des MĂ©tis remporte un succĂšs Ă  Fish Creek mais elle essuie une sĂ©vĂšre dĂ©faite Ă  la Bataille de Batoche, un mois plus tard, en mai 1885. Riel, fait prisonnier, est envoyĂ© Ă  Winnipeg pour y ĂȘtre jugĂ©. Mais, comme on redoute que le jury de la capitale du Manitoba ne lui soit par trop favorable, il est redirigĂ© sur RĂ©gina Saskatchewan oĂč on l'enferme, boulet aux pieds, dans une cellule de 3 m2, pendant deux mois, sans le secours du moindre avocat. AccusĂ© de plusieurs actes de trahison, son cas est soumis Ă  un jury dont une seule personne comprend un peu le français ; la dĂ©fense est assurĂ©e par de jeunes avocats du QuĂ©bec et par un avocat anglophone rĂ©cemment Ă©tabli Ă  RĂ©gina. La condamnation ne fait aucun doute. L'accusĂ© expose longuement les droits des MĂ©tis. Le jury, qui n'a Ă©videmment rien compris Ă  cette intervention, et qui pense mĂȘme qu'on juge le prĂ©venu pour le meurtre de Scott, le dĂ©clare coupable tout en rĂ©clamant la clĂ©mence. Le juge passe outre Ă  la requĂȘte du jury et Riel est pendu, aprĂšs s'ĂȘtre rĂ©conciliĂ© avec l'Ă©glise catholique, le 16 novembre 1885. Cet assassinat juridique monte un peu plus les Francophones contre les Anglophones. Dans la mĂ©moire des premiers, dont certains sont sangs mĂȘlĂ©s, Riel, martyr de la cause mĂ©tisse, est l'un des leurs. Cette affaire est symbolique des rapports psychologiques qui se sont dĂ©veloppĂ©s entre les deux peuples fondateurs du Canada, d'un cĂŽtĂ© des Francophones vaincus et qui se sentent humiliĂ©s, de l'autre cĂŽtĂ© des Anglophones, sans doute ethniquement plus purs parce que leur Ă©migration s'est souvent faite par famille, vainqueurs et imbus de leur supĂ©rioritĂ© raciale et Ă©conomique. Cette prĂ©sentation schĂ©matique, Ă  peine forcĂ©e, subsistera jusque vers la fin du vingtiĂšme siĂšcle. En 1885, des libĂ©raux et des conservateurs du QuĂ©bec, choquĂ©s par le dĂ©nouement de l'affaire Riel, rejoignent le Parti national, existant depuis 1871, dont le leader, HonorĂ© Mercier 1840-1894, devient premier ministre provincial en 1887. Dans la seconde moitiĂ© du 19Ăšme siĂšcle, l'Ă©conomie du QuĂ©bec s'industrialise, Ă  partir de l'exploitation des ressources naturelles hydroĂ©lectricitĂ©, pĂątes Ă  papier, mĂ©tallurgie de l'aluminium, moulins Ă  laine pour le tissage, amiante.... Vers 1880, apparaissent des organisations syndicales inspirĂ©es des Etats-Unis, les Chevaliers du Travail que Mgr ElzĂ©ar-Alexandre Taschereau 1820-1898 fera interdire par le Vatican en 1885 sous l'accusation de Franc-Maçonnerie, ce qui n'empĂȘchera pas Ă  d'autres organisations ouvriĂšres de se constituer pour amĂ©liorer les conditions d'existence des travailleurs. La population rurale ne reprĂ©sente plus que 70% des habitants du QuĂ©bec. L'Ă©lectricitĂ© et le tĂ©lĂ©phone font leur apparition. En 1897, la premiĂšre automobile Ă  essence du Canada, la fossmobile, est fabriquĂ©e Ă  Sherbrooke, dans les Cantons de l'Est du QuĂ©bec, par George Foote Foss 1876-1968. La production quĂ©bĂ©coise est surtout destinĂ©e Ă  l'exportation. Comme les capitaux locaux font dĂ©faut, les nouvelles entreprises sont financĂ©es d'abord par des Anglais ensuite par des AmĂ©ricains. L'Ă©conomie quĂ©bĂ©coise Ă©chappe ainsi en grande partie aux Francophones. L'exode vers les villes se poursuit, mais l'Ă©migration vers les Etats-Unis devient rĂ©siduelle les QuĂ©bĂ©cois trouvent des emplois sur place. Le syndicalisme se dĂ©veloppe pour la dĂ©fense des ouvriers spĂ©cialisĂ©s, seuls Ă  bĂ©nĂ©ficier d'un emploi stable. L'immigration est encouragĂ©e par le gouvernement canadien pour occuper les territoires de l'ouest et les soustraire ainsi Ă  la convoitise des Etats-Unis. Un chemin de fer, le Canadian-Pacific, rapproche l'Atlantique du Pacifique. Le peuplement des nouvelles provinces de l'ouest relativise l'importance du QuĂ©bec au moment oĂč sa population francophone voit arriver des Anglais, mais aussi des Italiens, des Grecs et des ressortissants des pays de l'est europĂ©en Polonais, Ukrainiens. Je n'oublierai pas aussi le faible apport des Alsaciens-Lorrains qui refusent l'annexion de leur rĂ©gion Ă  l'Allemagne, Ă  l'issue de la guerre de 1870, puisque j'ai connu un de leurs descendants. La plupart de ces nouveaux-venus rĂȘvent de s'intĂ©grer dans une AmĂ©rique du Nord anglo-saxonne. Ils vont donc modifier sensiblement l'Ă©quilibre dĂ©mographique entre les Anglophones et les Francophones suscitant parfois chez ces derniers un sentiment de rejet teintĂ© de xĂ©nophobie. En 1890, la suppression du français dans les Ă©coles du Manitoba, mesure prĂ©cĂ©dĂ©e puis imitĂ©e dans d'autres provinces, suscite au QuĂ©bec une poussĂ©e de nationalisme. En 1891, les partis fĂ©dĂ©raux profitent d'un scandale financier pour faire tomber HonorĂ© Mercier qu’ils estiment capable de mener le QuĂ©bec Ă  l'indĂ©pendance. En 1896, aprĂšs une longue lutte, l'Ontario obtient la reconnaissance par Londres de la souverainetĂ© des provinces dans leurs sphĂšres de juridiction. En 1900, pour faire piĂšce au monde financier Anglo-saxon, qui refuse ses prĂȘts aux Francophones, Alphonse Desjardins 1854-1920 fonde un mouvement de coopĂ©ratives d'Ă©pargne et de crĂ©dit qui est promis Ă  un bel avenir et porte encore son nom. Un mot sur les conditions sanitaires de la province Ă  cette Ă©poque en 1885, une Ă©pidĂ©mie de variole tue prĂšs de 3000 personnes Ă  MontrĂ©al ; la mortalitĂ© infantile est trĂšs Ă©levĂ©e dans la province 30% Ă  MontrĂ©al ! Ă  cause de la diarrhĂ©e, de la tuberculose, de la diphtĂ©rie de la scarlatine et de la typhoĂŻde. Au dĂ©but du 20Ăšme siĂšcle, la population du QuĂ©bec dĂ©passe 1,6 millions d'habitants, mais les autres provinces du Canada en comptent plus de 3,7 millions. La rĂ©surgence du nationalisme quĂ©bĂ©cois Le nationalisme canadien français se dĂ©veloppe alors autour d’Henri Bourassa 1868-1952, petit-fils de Louis-Joseph Papineau, journaliste et homme politique catholique, qui s'est opposĂ©, en 1899, Ă  l'implication de la confĂ©dĂ©ration dans la Guerre des Boers. A cette occasion, alors qu'il prononce un discours en français, il est interpellĂ© par un dĂ©putĂ© anglophone qui lui crie Speak white ! », ce qui est significatif du mĂ©pris dans lequel il tient les Francophones assimilĂ©s Ă  des Indiens. Il est Ă  noter que le premier ministre fĂ©dĂ©ral, qui est pour la premiĂšre fois francophone, Wilfrid Laurier, refuse la participation du Canada au conflit mais, pour mĂ©nager les susceptibilitĂ©s anglaises, il accepte de dĂ©frayer le transport des volontaires. En 1910, Henri Bourassa fonde le journal Le Devoir. Ce quotidien militera pour un projet d'Ă©mancipation du Canada de la tutelle britannique et dĂ©fendra les droits des Canadiens français. Bourassa plaide d'abord pour l'accĂšs de la ConfĂ©dĂ©ration Ă  la pleine souverainetĂ©. Il pense que l'harmonie se rĂ©tablira entre Francophones et Anglophones dans un Canada indĂ©pendant. Mais cette vision idĂ©ale des rapports entre les deux peuples fondateurs est remise en cause par un certain nombre d'incidents, notamment lorsque des lois provinciales restreignent l'usage du français. DĂšs 1901, les ruraux ne reprĂ©sentent plus que 60% de la population du QuĂ©bec. En 1912, le QuĂ©bec annexe le Nouveau-QuĂ©bec au nord de son territoire. La PremiĂšre Guerre mondiale En 1914, la Grande-Bretagne, qui dirige la politique extĂ©rieure du Canada, oblige ce dernier Ă  participer Ă  la PremiĂšre Guerre Mondiale 60000 morts canadiens. L'opposition entre Canadiens anglais, fidĂšles Ă  la couronne britannique, et Canadiens français, plus que rĂ©servĂ©s, devient alors manifeste. En 1917 un impĂŽt sur le revenu provisoire » est instaurĂ© au Canada pour financer l'effort de guerre ; il ne disparaĂźtra jamais. En 1918, la conscription entraĂźne une Ă©meute Ă  QuĂ©bec; l'armĂ©e mitraille la foule ; on relĂšve quatre morts, tous tuĂ©s par balles explosives, et de nombreux blessĂ©s ; plus de deux cents personnes sont arrĂȘtĂ©es dans les jours qui suivent ; l'Habeas corpus est suspendu. L'opinion de Bourassa Ă©volue du nationalisme canadien au nationalisme quĂ©bĂ©cois. Au lendemain de la Grande Guerre, le Royaume-Uni n'a plus la capacitĂ© de financer l'expansion Ă©conomique du Canada qui tombe de plus en plus sous l'emprise des capitaux amĂ©ricains. Tandis qu'un service d'autobus entre en service Ă  MontrĂ©al, en 1919, une rĂ©cession frappe la province et l'Ă©migration quĂ©bĂ©coise vers les Etats-Unis reprend massivement, jusqu'en 1926. Le gouvernement fĂ©dĂ©ral assouplit la politique d'immigration en raison de l'importance du dĂ©ficit migratoire. Deux courants idĂ©ologiques s'affrontent alors au QuĂ©bec le libĂ©ralisme de Louis-Alexandre Taschereau 1867-1952, premier ministre provincial de 1920 Ă  1936, favorable au progrĂšs et au dĂ©veloppement industriel, et le nationalisme clĂ©rical incarnĂ© par l'abbĂ© Lionel Groulx 1878-1967, Ă©crivain et historien nationaliste, qui dĂ©fend les valeurs traditionnelles familiales et agricoles et prĂ©sente la dĂ©faite de 1760 comme une catastrophe pour les Canadiens français. En 1922, la crĂ©ation de la station CKAC introduit la radiodiffusion au QuĂ©bec. A 1927, Londres fixe la frontiĂšre entre le QuĂ©bec et la Labrador qui est attribuĂ© Ă  Terre-Neuve. Le QuĂ©bec ne reconnaĂźt pas cette frontiĂšre avec un territoire riche en ressources miniĂšres dont il estime avoir Ă©tĂ© dĂ©pouillĂ©. La Grande DĂ©pression AprĂšs un regain de prospĂ©ritĂ© dans la seconde partie des annĂ©es 1920, la grande dĂ©pression de 1929 frappe Ă  nouveau la province. Le taux de chĂŽmage passe de 3 Ă  25% et les salaires chutent de 40%. La situation devient d'autant plus difficile que les Etats-Unis n'offrent plus de dĂ©bouchĂ© au surplus de main-d’Ɠuvre quĂ©bĂ©coise. Le 22 juin 1930, deux jours avant la fĂȘte nationale de la Saint-Jean-Baptiste, est inaugurĂ©e Ă  MontrĂ©al, entre le Palais de Justice et l'HĂŽtel de Ville de MontrĂ©al, une statue Ă  la mĂ©moire de l'officier de marine français Jean Vauquelin qui s'est illustrĂ© en tentant de reprendre aux Anglais la ville de QuĂ©bec. La construction de ce monument a Ă©tĂ© parrainĂ©e par la SociĂ©tĂ© Saint-Jean-Baptiste. Le choix de son emplacement n'est pas innocent la statue se dresse face Ă  la colonne de Nelson, comme pour dĂ©fier le vainqueur de Trafalgar. Au symbole de l'impĂ©rieuse domination britannique, l'Ă©lite quĂ©bĂ©coise oppose celui de la valeur française malheureuse. Dans le mĂȘme ordre d'idĂ©e, une statue de Jeanne d'Arc s'Ă©lĂšve Ă  QuĂ©bec, non loin de l'endroit oĂč Wolfe Ă  triomphĂ© de Montcalm. En 1931, dans le contexte de la grande dĂ©pression, le statut de Westminster, qui institue le Commonwealth, confĂšre la pleine souverainetĂ© au Canada, sans soulever l'enthousiasme. L'Ontario et le QuĂ©bec, qui craignent un pouvoir fĂ©dĂ©ral trop puissant, ne voient pas ce changement sans apprĂ©hension. La transition s'effectue trĂšs lentement la citoyennetĂ© canadienne n'est effective qu'en 1947 ; le drapeau qu'en 1965, et encore nombre de Canadiens anglais continuent-ils de dĂ©ployer devant leur maison l'Union Jack, Ă  cĂŽtĂ© du drapeau Ă  feuille d'Ă©rable qui a remplacĂ© le Red Ensign frappĂ© de l’Union-Jack ; l'hymne national, Ă©crit par un francophone, en 1980. En 1935, la crise pousse le gouvernement provincial Ă  prĂŽner le retour Ă  la terre. A cette Ă©poque la population rurale ne reprĂ©sente plus que 40% de la population de la province et, au cours du siĂšcle qui vient de s'Ă©couler, prĂšs d'un million de QuĂ©bĂ©cois sont partis chercher du travail aux Etats-Unis. De 1932 Ă  1937, Grosse-Île, toujours station de quarantaine pour immigrants, est frappĂ©e par des Ă©pidĂ©mies de cholĂ©ra et de typhus. La mortalitĂ© infantile a beaucoup diminuĂ© au QuĂ©bec mais elle reste Ă©levĂ©e 10% quoique dans la norme des pays dĂ©veloppĂ©s. L’Union nationale, un conservatisme nationaliste Des dissidents du Parti libĂ©ral de Taschereau crĂ©ent l'Action libĂ©rale nationale qui s'allie au Parti conservateur pour donner naissance Ă  l'Union nationale dont le chef, Maurice Duplessis 1890-1959, exerce le pouvoir de 1936 Ă  1939. Ce leader conservateur doit sa fortune politique Ă  sa dĂ©nonciation du favoritisme patronage en quĂ©bĂ©cois dont fait preuve le Parti libĂ©ral, ce qui ne l'empĂȘche pas ultĂ©rieurement d'ĂȘtre soupçonnĂ© lui aussi de tomber dans ce travers. Il se singularise d'emblĂ©e, dĂšs 1937, par la Loi du Cadenas », jugĂ©e anticonstitutionnelle, qui musĂšle la libertĂ© d'expression, pour lutter contre le communisme et le syndicalisme, favorisant ainsi objectivement le monde des affaires anglo-saxon, au dĂ©triment du monde du travail francophone, paradoxe curieux pour un nationaliste. En 1939, les armoiries et la devise du QuĂ©bec Je me souviens » sont adoptĂ©es ; le Parti libĂ©ral revient au pouvoir. Le premier ministre, AdĂ©lard Godbout 1892-1956, reconnaĂźt aux travailleurs le droit syndical. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de QuĂ©bĂ©cois Ă©voluent vers le nationalisme, d'une part parce qu'ils y voient le seul moyen d'Ă©chapper Ă  l'assimilation des Francophones Ă  l'Ɠuvre dans les autres provinces et, d'autre part, parce que la crise leur dĂ©montre que le gouvernement provincial n'est pas dotĂ© de pouvoirs suffisants pour les protĂ©ger contre les alĂ©as Ă©conomiques. En 1940, Godbout, accorde aux femmes le droit de vote. Il applique une politique qui annonce, sous certains aspects, la rĂ©volution tranquille. Mais, la guerre va lui ĂȘtre fatale en ravivant les tensions autour de la conscription. La Seconde Guerre mondiale et la querelle autour du service militaire La guerre donne un coup de fouet salutaire Ă  l'Ă©conomie du QuĂ©bec mais elle fait ressurgir Ă  nouveau le clivage entre Canadiens anglais, favorables Ă  la participation au conflit, et Canadiens français peu disposĂ©s Ă  aller se faire tuer en Europe pour le roi d'Angleterre. Le premier ministre fĂ©dĂ©ral, Mackenzie King 1874-1950, promet aux QuĂ©bĂ©cois qu'ils ne seront pas enrĂŽlĂ©s contre leur grĂ©. La jeunesse montre Ă  sa façon le peu de confiance qu'elle accorde aux promesses du premier ministre fĂ©dĂ©ral une Ă©pidĂ©mie de mariages se rĂ©pand Ă  travers le QuĂ©bec ; les prĂȘtres en bĂ©nissent plusieurs par jour, les jeunes gens espĂšrent qu'on n'osera pas les arracher Ă  leur foyer. Pour lutter contre ce manque Ă©vident d'enthousiasme pour les travaux guerriers, la propagande britannique propage la peur, afin de susciter des vocations militaires ; on appose des affiches qui incitent la population Ă  se protĂ©ger contre les bombardements allemands, alors qu'aucun avion n'est encore capable d'effectuer le trajet Europe-AmĂ©rique dans les deux sens, mĂȘme si des sous-marins nazis rĂŽdent prĂšs des cĂŽtes canadiennes ; on parle mĂȘme d'appliquer la politique de la terre brĂ»lĂ©e en cas d'invasion ! Le dĂ©putĂ© maire de MontrĂ©al, Camille Houde 1889-1958, fermement opposĂ© au service militaire, est dĂ©portĂ© pendant quatre ans sans jugement dans un camp de concentration. En 1941 l'assurance chĂŽmage est instituĂ©e. En 1942, le gouvernement fĂ©dĂ©ral demande aux Canadiens de le relever par rĂ©fĂ©rendum de sa promesse faite aux QuĂ©bĂ©cois de ne pas les forcer Ă  participer au conflit. Les rĂ©sultats de la consultation sont Ă©loquents 71% des QuĂ©bĂ©cois rĂ©pondent nĂ©gativement 85% des Francophones, mais 80% des citoyens des autres provinces apportent leur soutien Ă  la proposition gouvernementale qui est ainsi adoptĂ©e. Les QuĂ©bĂ©cois vont donc fournir malgrĂ© eux une part non nĂ©gligeable de la chair Ă  canon de l'Empire Britannique. Combien resteront sur les plages de France, Ă  Dieppe 2753 morts canadiens et en Normandie ? La preuve est une fois de plus administrĂ©e que les Canadiens français ne peuvent plus faire entendre leur voix dans l'ensemble fĂ©dĂ©ral et le nationalisme quĂ©bĂ©cois en sort renforcĂ©. Henri Bourassa, bien qu'Ă  l'Ă©cart de la vie publique depuis des annĂ©es, appuie le Bloc populaire canadien, un parti politique quĂ©bĂ©cois de centre-gauche, dans son opposition Ă  la conscription. En 1943, le QuĂ©bec rĂ©clame la restitution du Labrador. La mĂȘme annĂ©e, la Sicile est conquise par les alliĂ©s 2344 morts canadiens ; entre le 18 et le 24 aoĂ»t, la ville de QuĂ©bec accueille Churchill et Roosevelt venus s'entretenir de la chute de l'Italie fasciste et de la suite Ă  donner Ă  la guerre, au ChĂąteau Frontenac, avec Mackenzie King. En 1944, un rĂ©gime d'aide aux familles est Ă©laborĂ© mais le libĂ©ral Godbout est battu par le conservateur Duplessis qui dĂ©tient dans son jeu l'atout maĂźtre nationaliste. L’époque de la Grande Noirceur QuĂ©bec" />AprĂšs la fin du conflit, le QuĂ©bec connaĂźt une pĂ©riode de prospĂ©ritĂ© Ă©conomique. Les revenus progressent, les conditions de travail s'amĂ©liorent et les QuĂ©bĂ©cois commencent Ă  accĂ©der au rĂȘve amĂ©ricain. Mais en mĂȘme temps, la pĂ©riode qui va de 1945 Ă  1960 est qualifiĂ©e de Grande Noirceur. Elle est dominĂ©e par la personnalitĂ© de Maurice Duplessis qui restera premier ministre jusqu'Ă  sa mort. Ultraconservateur au plan politique comme au plan Ă©conomique, favorable au grand capitalisme amĂ©ricain et aux milieux d'affaires, opposĂ© Ă  l'interventionnisme Ă©tatique, imprĂ©gnĂ© de morale religieuse Ă©troitement traditionaliste, il impose au QuĂ©bec un rĂ©gime qui s'apparente Ă  celui de Salazar au Portugal. Il maintient fermement l'enseignement et les soins de santĂ© aux mains du clergĂ©. Il fait peser sur la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise une chape de plomb. Mais sa politique n'est pas exempte de contradictions puisqu'il crĂ©e aussi un MinistĂšre de la SantĂ© et du Bien Etre social. En 1948, des artistes s'Ă©lĂšvent contre l'immobilisme de la sociĂ©tĂ© et dĂ©fendent l'idĂ©e d'une culture quĂ©bĂ©coise spĂ©cifique dans un manifeste qui fait date, Refus global », mĂȘme si sa diffusion reste limitĂ©e dans un premier temps. Les lettres et les arts quĂ©bĂ©cois se sont Ă©troitement inspirĂ©s du modĂšle français dans le passĂ©, mais ce n'est maintenant plus le cas des Ɠuvres originales Ă©mergent, la notoriĂ©tĂ© internationale des artistes quĂ©bĂ©cois en portera bientĂŽt le tĂ©moignage. Paul-Emile Borduas 1905-1960, un des rĂ©dacteurs du manifeste, est exclu de l'Ă©cole oĂč il enseignait ; il s'exile en France. Nationaliste, Duplessis conteste les ingĂ©rences dans la vie provinciale d'un pouvoir fĂ©dĂ©ral qui concentre entre ses mains l'essentiel des ressources fiscales 83% en 1945. C'est sous son rĂ©gime, en 1948, que le drapeau bleu Ă  croix blanche fleurdelisĂ© devient l'emblĂšme du QuĂ©bec et remplace le pavillon anglais au fronton des bĂątiments publics ; il a Ă©tĂ© choisi de prĂ©fĂ©rence au drapeau tricolore des patriotes, jugĂ© probablement provocateur et trop rĂ©volutionnaire. Dans cette atmosphĂšre conservatrice et clĂ©ricale, Ă  contre courant de l'Ă©volution du reste du monde, malgrĂ© des progrĂšs Ă©conomiques indĂ©niables, le QuĂ©bec, qui accumule les retards en matiĂšre d'Ă©ducation et d'Ă©volution des mƓurs, reste nĂ©anmoins un lieu attractif d'immigration. Des Français qui fuient une Europe en ruines, toujours menacĂ©e par de nouveaux conflits, et aussi, plus tard des orphelins de la dĂ©colonisation, viennent y tenter leur chance. Ils n'y sont pas toujours bien accueillis. On reproche a ces ressortissants d'un pays jugĂ© bien petit, depuis la dĂ©faite de 1940, leur langage prĂ©cieux, leur inconcevable fatuitĂ© et surtout le fait qu'ils enlĂšvent des emplois aux enfants d'une contrĂ©e oĂč le chĂŽmage est structurellement Ă©levĂ© pendant la mauvaise saison. Certains talents sont cependant recherchĂ©s les mĂ©caniciens automobile, par exemple. De plus, les QuĂ©bĂ©cois gardent toujours une dent contre la France qui les a abandonnĂ©s deux siĂšcles plus tĂŽt. En 1949, une grĂšve dans les mines d'amiante se prolonge pendant cent trente huit jours ; elle aura un impact important sur les conditions de travail dans l'industrie miniĂšre. En 1952, la TĂ©lĂ©vision fait son apparition. En 1954, Duplessis crĂ©e un impĂŽt provincial sur le revenu. En 1955, une Ă©meute Ă©clate au Forum de MontrĂ©al ; le prĂ©sident de la Ligue nationale de hockey, Clarence Sutherland Campbell 1905-1984, qui a suspendu un joueur prestigieux, Maurice Richard 1921-2000, idole du public quĂ©bĂ©cois, est violemment pris Ă  partie par la foule en colĂšre. Ce mouvement d'humeur, assorti de jet de projectiles divers, est significatif de la tension qui rĂšgne entre les deux communautĂ©s Richard est un quĂ©bĂ©cois qui a rĂ©ussi et qui tient la dragĂ©e haute aux Anglophones dont Campbell est le reprĂ©sentant symbolique. Par association, un ingrĂ©dient alimentaire fera par la suite les frais de la vindicte populaire la sauce Campbell verra ses ventes chuter ! La rĂ©volution tranquille En 1960, le parti libĂ©ral gagne les Ă©lections et son chef, Jean Lesage 1912-1980, devient premier ministre du QuĂ©bec. Il inaugure une Ăšre de grands changements. Sous l'influence des sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es venues des Etats-Unis, la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise est en train d'accentuer son amĂ©ricanisation. Le dĂ©veloppement Ă©conomique, qui s'inscrit dans le prolongement des tendances antĂ©rieures, est propice Ă  la gĂ©nĂ©rositĂ©. Une relative abondance des ressources fiscales permet d'envisager des rĂ©formes sociales, notamment dans le domaine du bien ĂȘtre social et de l'assistance maladie. Mais les entreprises restent largement aux mains d'investisseurs Ă©trangers. En 1961, seulement 7% d'entre elles sont sous le contrĂŽle de QuĂ©bĂ©cois. C'est dans ce contexte que s'inscrit la rĂ©volution tranquille, en contrepoint Ă  la pĂ©riode d'immobilitĂ© de Duplessis. Sous le signe du changement, d'ambitieuses rĂ©formes sont lancĂ©es en matiĂšre de politique sociale, d'Ă©ducation, de santĂ© et de dĂ©veloppement Ă©conomique. Pour rĂ©duire l'emprise extĂ©rieure sur l'Ă©conomie, le gouvernement provincial Ă©labore un vaste programme de nationalisations sous l'Ă©gide du slogan MaĂźtres chez nous » visant Ă  rĂ©duire la suprĂ©matie des milieux d'affaires anglo-saxons et protestants. Des institutions financiĂšres Ă©tatiques sont créées, comme la Caisse de DĂ©pĂŽt et de Placement du QuĂ©bec et la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale de Financement. Mais la mesure emblĂ©matique de l'Ă©poque est l'acquisition par l'Hydro-QuĂ©bec, fondĂ©e en 1944, de tous les distributeurs d'Ă©lectricitĂ© de la province, Ă  la suite d'une Ă©lection anticipĂ©e, jouĂ©e sur cette question, par les libĂ©raux qui sont reconduits au pouvoir. C’est aussi Ă  cette Ă©poque, entre 1962 et 1966, que les premiĂšres lignes du mĂ©tro de MontrĂ©al sont amĂ©nagĂ©es. Un effort particulier est consenti en faveur de l'Ă©ducation qui se laĂŻcise ; un ministĂšre de l'Education est créé, des commissions scolaires voient le jour, l'enseignement secondaire est dĂ©veloppĂ© par l'institution des CEGEP ; pour accompagner cette rĂ©novation, de nombreux enseignants français viennent effectuer au QuĂ©bec l'Ă©quivalent de leur service militaire, dans le cadre de la coopĂ©ration. L'existence d'une culture quĂ©bĂ©coise spĂ©cifique est Ă  nouveau revendiquĂ©e et on exige qu'elle ait enfin toute la place qui devrait lui revenir, quoi qu'en pense le monde anglo-saxon. Les valeurs traditionnelles sont remises en question, des interdits sont levĂ©s et la religion est en recul dans une population qui lui Ă©tait jusqu'Ă  prĂ©sent Ă©troitement soumise. Cette Ă©volution entraĂźne une forte baisse de la natalitĂ© les familles nombreuses, qui Ă©taient jadis la rĂšgle, deviennent l'exception. En 1964, les femmes obtiennent la capacitĂ© de signer des actes juridiques sans l'autorisation de leur mari. En rĂ©sumĂ©, on pourrait dire que la rĂ©volution tranquille consiste en l'avĂšnement d'un Etat-Providence moderne et laĂŻc, enfin Ă©mancipĂ© des influences religieuses. L'Ă©ducation et la charitĂ© chrĂ©tienne cĂšdent la place Ă  l'instruction laĂŻque et aux institutions sociales. Cette transformation rĂ©volutionnaire est indĂ©niablement la consĂ©quence des pressions accumulĂ©es depuis longtemps du fait de l'affaiblissement du monde rural au profit du monde urbain, pressions qui se sont accentuĂ©es du temps de la Grande Noirceur. Ajoutons qu'elle s'effectue dans un contexte extĂ©rieur caractĂ©risĂ© par d'importants changements sociĂ©taux, en Europe comme en AmĂ©rique. En matiĂšre de politique extĂ©rieure, elle dĂ©bouche sur une utilisation plus intense des marges de manƓuvre qu'offre aux provinces la Constitution canadienne pour nouer des relations avec des Etats Ă©trangers par le biais de dĂ©lĂ©gations gĂ©nĂ©rales. Cette transformation de la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise suscite l'incomprĂ©hension du gouvernement fĂ©dĂ©ral. En 1963, le premier ministre fĂ©dĂ©ral, Lester B. Pearson 1897-1972, pose la question Que veut le QuĂ©bec ? » et, pour tenter d'y rĂ©pondre, il crĂ©e une Commission royale d'enquĂȘte sur le bilinguisme et le biculturalisme. Les travaux de cette Commission aboutissent Ă  un Ă©chec qui ne fait que mettre en lumiĂšre le fossĂ© qui sĂ©pare les deux communautĂ©s. La montĂ©e du mouvement indĂ©pendantiste le concept de NĂšgres blancs d’AmĂ©rique Les Anglophones se montrent hostiles Ă  toute concession accordĂ©e aux Francophones qui prĂ©cĂšderait Ă  leurs yeux l'Ă©clatement de la ConfĂ©dĂ©ration et qui mettrait en question leur prĂ©dominance Ă©conomique. Du cĂŽtĂ© des Francophones, dans le contexte international de la dĂ©colonisation, le souverainisme quĂ©bĂ©cois Ă©volue vers la revendication de l'indĂ©pendance. Des partis politiques sĂ©cessionnistes se constituent, dĂšs 1960 Le Ralliement national RN et le Rassemblement pour l'indĂ©pendance nationale RIN. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, une fraction des indĂ©pendantistes se radicalise et fonde le Front de LibĂ©ration du QuĂ©bec FLQ qui considĂšre que le QuĂ©bec est un pays colonisĂ© par les Anglais depuis la conquĂȘte et que seule la lutte armĂ©e permettra sa libĂ©ration, d'oĂč l'organisation d'une ArmĂ©e de LibĂ©ration du QuĂ©bec ALQ ; des attentats sont commis et l'idĂ©ologue du mouvement, Pierre ValliĂšres 1938-1998, dans une autobiographie qu'il rĂ©dige en prison, affirme que les QuĂ©bĂ©cois sont les NĂšgres blancs d'AmĂ©rique. Cette assimilation du QuĂ©bec Ă  un pays Ă  dĂ©coloniser trouve en partie son origine dans le dĂ©classement social d’une grande partie des Francophones et aussi dans le fait que la province est encore en retard en matiĂšre d’industrialisation, malgrĂ© les changements intervenus, et que son Ă©conomie est encore trop largement tournĂ©e vers l’exportation de matiĂšres premiĂšres transformĂ©es ailleurs. Jusqu'Ă  prĂ©sent, si l'ont met Ă  part les tentatives du 19Ăšme siĂšcle plus ou moins inspirĂ©es par la RĂ©volution Française, le nationalisme quĂ©bĂ©cois a plutĂŽt Ă©tĂ© l'apanage du conservatisme ; maintenant ce sont les partisans du mouvement qui l'incarnent ; l'esprit de conquĂȘte l'emporte sur l'esprit de rĂ©sistance. La figure du patriote de 1838 Ă©merge Ă  nouveau des brumes de l'histoire et son drapeau tricolore sort des poches des plus dĂ©terminĂ©s. En 1964, Ă  l'occasion d'une visite de la reine Elisabeth II, une foule inoffensive est brutalement dispersĂ©e Ă  coups de matraques. En 1965, sous la pression du QuĂ©bec, le gouvernement fĂ©dĂ©ral autorise le retrait d'une province d'un programme fĂ©dĂ©ral avec compensation. Aux Ă©lections de 1966, bien que le Parti libĂ©ral soit vainqueur en voix, c'est l'Union nationale qui remporte le plus grand nombre de siĂšge et Daniel Johnson 1915-1968 prend la tĂȘte du gouvernement. Mais l'Ă©lan est donnĂ© et les rĂ©formes vont se poursuivre. En 1967, le GĂ©nĂ©ral de Gaulle reçoit, de QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al, sur le Chemin du Roy, un accueil triomphal. Au balcon de l'HĂŽtel de Ville de la seconde ville francophone du monde, l'enthousiasme de la foule lui rappelant la libĂ©ration de Paris, il ne peut retenir un retentissant Vive le QuĂ©bec libre » qui est aussitĂŽt interprĂ©tĂ©, par les deux camps, d'une maniĂšre qui dĂ©passe probablement sa pensĂ©e. Pour les fĂ©dĂ©ralistes, c'est une insupportable ingĂ©rence dans les affaires intĂ©rieures canadiennes ; pour les sĂ©paratistes, c'est un appel Ă  l'indĂ©pendance lancĂ© par le prĂ©sident de la vieille mĂšre-patrie et cet appel est perçu comme un encouragement Ă  intensifier la lutte. Un ministre libĂ©ral, RenĂ© LĂ©vesque 1922-1987, qui estime que le QuĂ©bec n'a aucun avenir dans le cadre fĂ©dĂ©ral, quitte son parti pour fonder le Mouvement SouverainetĂ©-Association. Cet homme politique charismatique, l'un des artisans des rĂ©formes, jouit d'une Ă©norme popularitĂ© et RenĂ© la Cigoune la cigarette, comme on le surnomme familiĂšrement, grand fumeur devant l'Ă©ternel, n'a pas fini de faire parler de lui. La mĂȘme annĂ©e, d'avril Ă  octobre, se tient l'Exposition universelle de MontrĂ©al ; elle accueille plus de 50 millions de visiteurs j'y Ă©tais. En 1968, Radio-QuĂ©bec et l'UniversitĂ© du QuĂ©bec sont créées. La mĂȘme annĂ©e, 290 personnes sont arrĂȘtĂ©es Ă  MontrĂ©al pendant le dĂ©filĂ© de la Saint-Jean Baptiste ; les partis souverainistes fusionnent pour donner naissance au Parti quĂ©bĂ©cois sous l'autoritĂ© de RenĂ© LĂ©vesque. En 1969, pour tenter de retenir le QuĂ©bec dans la ConfĂ©dĂ©ration, Pierre Eliott Trudeau 1919-2000, premier ministre du Canada, fait adopter une loi qui rend le bilinguisme officiel dans les institutions fĂ©dĂ©rales ; le recrutement de fonctionnaires francophones s'en trouve facilitĂ©. La mĂȘme annĂ©e, le projet de loi 63, qui met Ă  Ă©galitĂ© le français et l'anglais au QuĂ©bec, suscite de nombreuses manifestations hostiles et la crĂ©ation d'un Front commun du QuĂ©bec français qui rĂ©clame l'usage unique du français dans la province, Ă  tous les niveaux. AprĂšs de violents incidents, les manifestations sont interdites par le maire de MontrĂ©al, Jean Drapeau 1916-1999. A l'issue de la rĂ©volution tranquille, force est de constater que les QuĂ©bĂ©cois ne sont plus des Français vivants en AmĂ©rique du Nord, mais bel est bien un peuple amĂ©ricain nouveau, qui s'est forgĂ© une identitĂ© nationale spĂ©cifique, notamment Ă  partir de la prĂ©servation sourcilleuse de sa langue maternelle, mais pas seulement. La revendication culturelle quĂ©bĂ©coise s'adresse aussi bien Ă  la France qu'Ă  l'Angleterre. La loi sur les mesures de guerre En 1970, la montĂ©e du nationalisme dans la jeunesse est manifeste. Des personnes fortunĂ©es s'affolent et transfĂšrent des fonds importants en Ontario. Le Parti quĂ©bĂ©cois obtient 23% des voix contre 8% aux partis indĂ©pendantistes 4 ans plus tĂŽt. Le Parti libĂ©ral de Robert Bourassa 1933-1996 retrouve le pouvoir, aprĂšs avoir battu l'Union nationale, qui dirigeait la province depuis 1966. Bourassa est fĂ©dĂ©raliste, mais il admet que la ConfĂ©dĂ©ration doit ĂȘtre rĂ©formĂ©e et milite pour que les droits des QuĂ©bĂ©cois soient respectĂ©s. Il fait d'ailleurs adopter une loi la loi 22, en 1974, qui dĂ©clare le français langue officielle du QuĂ©bec, tout en reconnaissant deux langues nationales le français et l'anglais ; cette mesure ne satisfait ni les Anglophones, qui se sentent lĂ©sĂ©s, ni les Francophones, qui l'estiment insuffisante. Il institue Ă©galement l'assurance-maladie 1970, malgrĂ© l'opposition d'une partie des mĂ©decins, les allocations familiales 1973, l'aide juridique 1973 et la Charte des droits et libertĂ©s de la personne 1975. Il s'intĂ©resse aux femmes qui sont autorisĂ©es Ă  faire partie des jurĂ©s, aprĂšs que 7 d'entre elles aient chahutĂ© une audience ; il crĂ©e un Conseil du statut de la femme. Par ailleurs, Bourassa lance le projet hydroĂ©lectrique de la Baie James, malgrĂ© l'opposition des indiens Cris soutenus par les dĂ©fenseurs de l'environnement. Il travaille aussi efficacement, avec le maire de MontrĂ©al, Jean Drapeau, Ă  la prĂ©paration des Jeux Olympiques d'Ă©tĂ©, qui se tiendront en 1976 dans la mĂ©tropole canadienne. Mais l'Ă©vĂ©nement majeur de son premier mandat est la Loi sur les mesures de guerre. Peu aprĂšs son Ă©lection, Ă  l'automne 1970, le FLQ passe Ă  l'attaque en enlevant deux personnes un diplomate britannique, James Cross nĂ© en 1921, et surtout le ministre du Travail du gouvernement provincial, Pierre Laporte 1921-1970 qui est retrouvĂ© assassinĂ©. Ces enlĂšvements soulĂšvent une grande Ă©motion dans le pays et creusent encore un peu plus le fossĂ© qui s'Ă©largit entre les communautĂ©s. Je me souviens avoir vu Ă  cette Ă©poque, dans un village anglophone, un Ă©criteau sur lequel on lisait Maison Ă  vendre mais pas Ă  des Français » ! Le gouvernement provincial sollicite l'intervention du gouvernement fĂ©dĂ©ral qui dĂ©ploie des mesures militaires disproportionnĂ©es. L'armĂ©e canadienne prend le contrĂŽle de la province ; quatre cent cinquante sept personnalitĂ©s souverainistes sont arrĂȘtĂ©es, dont la chanteuse Pauline Julien 1928-1998, par la gendarmerie royale, dans des conditions contestables. Cette effervescence se calme assez rapidement, aprĂšs le dĂ©part vers Cuba des preneurs d'otages qui ont libĂ©rĂ© Cross. Mais Bourassa se heurte Ă  l'intransigeance du premier ministre du Canada, Pierre Eliott Trudeau 1919-2000, pourtant lui aussi libĂ©ral et d'origine quĂ©bĂ©coise, mais parfaitement bilingue et farouche partisan de l'unitĂ© du Canada. La situation constitutionnelle est gelĂ©e, ce qui ne peut que favoriser les indĂ©pendantistes. Aussi, aux Ă©lections suivantes, en 1976, le Parti quĂ©bĂ©cois accĂšde-t-il au pouvoir ; RenĂ© LĂ©vesque devient premier ministre du QuĂ©bec. Le Parti quĂ©bĂ©cois au pouvoir Le Parti quĂ©bĂ©cois a promis de ne pas proclamer l'indĂ©pendance sans consulter au prĂ©alable la population par rĂ©fĂ©rendum. En dehors de cette prĂ©caution, qui a sans doute levĂ© bien des rĂ©ticences, il proposait un programme social-dĂ©mocrate assorti de la protection des droits des Francophones qui sera largement appliquĂ©. La mesure phare de ce premier mandat est la loi sur la protection de la langue française Loi 101, votĂ©e en 1977, qui a valeur quasiment constitutionnelle et qui renforce les dispositions de la Loi 22 de 1974. Cette loi fera l'objet de nombreuses discussions et de recours devant les juridictions canadiennes qui amĂšneront un futur gouvernement provincial libĂ©ral Ă  l'amender. DĂ©criĂ©e par les Anglophones, elle met pourtant fin Ă  une anomalie dans les faits, le QuĂ©bec Ă©tait la seule province Ă  devoir pratiquer le bilinguisme. Cette situation s'avĂ©rait facteur d'injustice, au dĂ©triment des Francophones, dans la mesure oĂč les entreprises, majoritairement dirigĂ©es par des Anglo-saxons, privilĂ©giaient naturellement, au moment de l'embauche, les candidats parlant le mieux l'anglais. La loi offre ainsi des dĂ©bouchĂ©s aux Francophones, dont le taux de chĂŽmage est plus Ă©levĂ© que celui des Anglophones, surtout depuis les crises pĂ©troliĂšres du milieu des annĂ©es 1970, car les entreprises ont dĂ©sormais intĂ©rĂȘt Ă  rĂ©diger leurs documents en bon français. En rĂ©alitĂ©, depuis dĂ©jĂ  plusieurs annĂ©es, le mouvement Ă©tait amorcĂ© par les consommateurs quĂ©bĂ©cois qui avaient tendance Ă  boycotter les produits trop ouvertement anglo-saxons. Beaucoup de Francophones se sentent dĂ©sormais d'abord QuĂ©bĂ©cois et ils reprennent les Ă©trangers qui, peu au courant des subtilitĂ©s de la politique locale, les traitent de Canadiens. Leur capitale nationale, c'est QuĂ©bec, Ottawa n'est plus que la capitale fĂ©dĂ©rale. Entre 1976 et aujourd'hui, le Parti quĂ©bĂ©cois et le Parti libĂ©ral se partagent le pouvoir. L'union nationale conservatrice a Ă©tĂ© laminĂ©e avant de disparaĂźtre. Mais, au dĂ©but des annĂ©es 1990, un nouveau parti souverainiste entre en scĂšne l'Action dĂ©mocratique de Mario Dumont. A certaines pĂ©riodes, le Parti quĂ©bĂ©cois, fort de l'importance Ă©lectorale du QuĂ©bec, qui vote massivement pour les candidats francophones, reprĂ©sente l'opposition officielle au parlement d'Ottawa ; cette situation paradoxale donne l'occasion aux indĂ©pendantistes de dialoguer avec leurs opposants au sein mĂȘme des instances canadiennes et sans doute de faire tomber bien des prĂ©ventions. Le rapatriement de la Constitution et la querelle institutionnelle En 1981, Pierre Eliott Trudeau envisage de rapatrier la Constitution canadienne qui relĂšve toujours du Parlement britannique. Les discussions entre les provinces font apparaĂźtre de sĂ©rieuses divergences. Trudeau rĂšgle le problĂšme, en l'absence de RenĂ© LĂ©vesque, tenu volontairement Ă  l'Ă©cart, avec les autres chefs des gouvernements provinciaux, au cours d'une nuit qui a Ă©tĂ© qualifiĂ© de Nuit des Longs Couteaux. Ce procĂ©dĂ© inqualifiable est durement ressenti au QuĂ©bec qui votait jusqu'Ă  prĂ©sent pour le Parti libĂ©ral aux Ă©lections fĂ©dĂ©rales. Trudeau rĂ©duit les prĂ©rogatives du QuĂ©bec en matiĂšre de langue et d'Ă©ducation. En mettant le QuĂ©bec au rang d'une province comme les autres, il biffe 117 ans d'histoire et renonce au concept des deux peuples fondateurs. Aux Ă©lections fĂ©dĂ©rales suivantes, la sanction tombe les libĂ©raux sont battus. En 1982, la Grande-Bretagne autorise le rapatriement de la Constitution. Le Canada est indĂ©pendant et promulgue une nouvelle Constitution dont il n'existe qu'une version anglaise, puisque le QuĂ©bec n'est pas d'accord, mais Ă  laquelle il est tout de mĂȘme assujetti, imbroglio juridique gros de contradictions futures. En 1984, un militaire ouvre le feu dans les locaux de l'AssemblĂ©e nationale Ă  QuĂ©bec et tue trois personnes pour des raisons personnelles qui n'ont rien Ă  voir avec la politique. En 1985, Robert Bourassa revient au pouvoir. Il utilise une argutie juridique pour passer outre Ă  un jugement de la Cour suprĂȘme du Canada qui dĂ©clarait inconstitutionnelles des dispositions de la Charte de la langue française ; cette manƓuvre du chef du gouvernement quĂ©bĂ©cois entraĂźne la dĂ©mission de ministres anglophones. Robert Bourassa s'affirme partisan d'une sociĂ©tĂ© distincte pour le QuĂ©bec. En 1986, le gouvernement libĂ©ral du QuĂ©bec, Ă©nonce cinq conditions pour que la province signe la Constitution canadienne 1°- Reconnaissance du QuĂ©bec comme sociĂ©tĂ© distincte. 2°- Droit de vĂ©to sur tout changement constitutionnel. 3°- Garanties sur la nomination des juges Ă  la Cour suprĂȘme 1/3 doivent ĂȘtre quĂ©bĂ©cois. 4°- Compensations financiĂšres aux provinces qui refusent de participer aux programmes fĂ©dĂ©raux. 5°- Prise en charge de l'immigration sur son territoire par le QuĂ©bec. Une entente paraĂźt possible. Robert Bourassa participe Ă  une tentative de rĂ©forme constitutionnelle avec le gouvernement fĂ©dĂ©ral et les autres provinces ; la nĂ©gociation avorte. D'autres tentatives de rĂ©formes constitutionnelles auront encore lieu plus tard, sans rĂ©sultat, ce qui fournit des arguments aux partisans de l'indĂ©pendance. Ces querelles institutionnelles montrent que la revendication d’une spĂ©cificitĂ© quĂ©bĂ©coise dĂ©passe largement le camp des souverainistes et qu’il est l’expression de la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise dans son ensemble. Mais le QuĂ©bec se trouve isolĂ© car les habitants des autres provinces, quelle que soit leur origine, immigrĂ©s de date plus rĂ©cente, ont adhĂ©rĂ© aux valeurs anglo-saxonnes, du fait mĂȘme de leur immigration, et ils ne comprennent pas que les QuĂ©bĂ©cois, Ă  qui ces valeurs sont imposĂ©es, puissent les rejeter. En 1988, la Cour suprĂȘme du Canada ayant invalidĂ© des dispositions de la Loi 101, Robert Bourassa fait adopter un texte qui restreint l'affichage bilingue ; plusieurs dizaines de milliers de personnes descendent dans la rue pour dĂ©fendre la Loi 101. En 1989 un tireur fou misogyne tue quatorze jeunes femmes Ă  l'Ecole Polytechnique de MontrĂ©al. Les barricades d’Oka En 1990, les Mohawks Agniers d'Oka affrontent les Blancs, la police provinciale et l'armĂ©e canadienne ; cette crise est rĂ©vĂ©latrice des frustrations ressenties par les Autochtones et de l’hostilitĂ© dont fait preuve une partie de la population blanche Ă  leur encontre. Elle a Ă©clatĂ©e Ă  propos de l'agrandissement d'un terrain de golf sur un cimetiĂšre ancestral des Indiens. Elle a Ă©tĂ© marquĂ©e par l'Ă©rection de barricades, des actes de violence armĂ©e, la mort d'un policier et aussi une manifestation de Blancs qui ont brĂ»lĂ© un Mohawk en effigie aux cris de le QuĂ©bec aux QuĂ©bĂ©cois ». C’est le chef du Parti quĂ©bĂ©cois, Jacques Parizeau nĂ© en 1930, alors dans l’opposition, qui a poussĂ© le premier ministre libĂ©ral, Robert Bourassa, Ă  rĂ©clamer l’intervention de l’armĂ©e canadienne. En 1994, le Parti QuĂ©bĂ©cois revient au pouvoir, pour le reperdre en 2003. Depuis la rĂ©volution tranquille, les chocs pĂ©troliers en 1973-1974 et en 1979, la mondialisation et un accord de libre-Ă©change, l'Alena, conclu entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, en 1992, ont modifiĂ© la donne Ă©conomique et sociale. Les ressources budgĂ©taires ont diminuĂ©; la concurrence a fait pression sur les salaires ; la prĂ©caritĂ© des travailleurs s'est accrue. Le gouvernement provincial a perdu une grande partie de sa capacitĂ© d'intervention dans le domaine Ă©conomique et le Parti quĂ©bĂ©cois, de grĂ© ou de force, s'est converti au libĂ©ralisme. Si le Canada a participĂ© Ă  la premiĂšre guerre d’Irak, en 1991, le QuĂ©bec s’est montrĂ© plus rĂ©servĂ© que le reste du Canada. En 2003, le gouvernement du Canada refuse de participer Ă  l’invasion de l’Irak sans un mandat des Nations Unies. Mais, lĂ  encore, l’opposition du QuĂ©bec Ă  la guerre se montre plus dĂ©terminĂ©e. A MontrĂ©al une manifestation monstre rĂ©unit plus de 150000 personnes faisant de ce dĂ©filĂ© le plus important du monde, compte tenu de la population de la province. Les rĂ©fĂ©rendums Pendant qu'il dirigeait le QuĂ©bec, conformĂ©ment Ă  ses promesses, le Parti quĂ©bĂ©cois a soumis aux Ă©lecteurs deux rĂ©fĂ©rendums d'inspiration sĂ©paratiste. Les deux ont Ă©tĂ© rejetĂ©s. Le premier, soutenu par RenĂ© LĂ©vesque, en 1980, proposait une nouvelle entente QuĂ©bec-Canada, d'Ă©gal Ă  Ă©gal, qualifiĂ©e de souverainetĂ©-association ; elle a Ă©tĂ© repoussĂ©e par prĂšs de 60% des votants, mais aprĂšs que Pierre Elliott Trudeau se soit engagĂ© Ă  rĂ©former la Constitution. Le second, en 1995, initiĂ© par le premier ministre Jacques Parizeau, chef du Parti quĂ©bĂ©cois, a Ă©tĂ© soutenu par Lucien Bouchard nĂ© en 1938, chef de l'opposition Ă  la Chambre des Communes d'Ottawa Bloc quĂ©bĂ©cois et par Mario Dumont nĂ© en 1970, chef de l'Union dĂ©mocratique du QuĂ©bec. Il proposait la souverainetĂ© du QuĂ©bec assortie d'un nouveau partenariat Ă©conomique et politique avec le Canada. Il a Ă©tĂ© repoussĂ© de justesse par moins de 51% des Ă©lecteurs. En commentant ce dernier rĂ©sultat, Parizeau Ă  imputĂ© au vote ethnique son Ă©chec de justesse. Cette formulation a soulevĂ© la rĂ©probation des rĂ©dactions, en raison de sa connotation raciste. Cependant, rien n'Ă©tait moins vrai. En effet, les QuĂ©bĂ©cois de souche se sont prononcĂ©s trĂšs majoritairement en faveur du projet, d'abord pour sortir de l'impasse oĂč l'impossibilitĂ© de rĂ©former la Constitution fĂ©dĂ©rale les enferme mais aussi pour cesser enfin de rendre les instances fĂ©dĂ©rales toujours responsables de leurs malheurs. C'est bien le vote anglophone qui a déçu, une fois de plus, l'attente des descendants des colons français, qu'il soit le fait des hĂ©ritiers des Loyalistes ou celui des immigrants plus rĂ©cents. On peut donc comprendre la rancƓur des partisans du Oui et leurs rĂ©ticences Ă  l'encontre d'une immigration qui menace manifestement leur identitĂ©. De plus, selon certains observateurs, les rĂ©sultats du rĂ©fĂ©rendum seraient entachĂ©s d'irrĂ©gularitĂ©s, en raison d'un financement illĂ©gal des partisans du Non. Mais le mĂȘme reproche pourrait ĂȘtre adressĂ© au premier rĂ©fĂ©rendum dont la propagande des adversaires du projet a Ă©tĂ© largement financĂ©e par le pouvoir fĂ©dĂ©ral. Quoi qu'il en soit, aprĂšs ce second Ă©chec, Mario Dumont a demandĂ© qu'il n'y ait pas d'autre consultation avant dix ans. Ajoutons que, en 1992, les QuĂ©bĂ©cois, comme d'ailleurs les autres Canadiens, ont aussi rejetĂ© un projet de rĂ©forme de la Constitution canadienne. L'avenir du QuĂ©bec reste donc en suspens et ce n'est bon ni pour le Canada, ni pour la Belle Province, toujours en proie Ă  des vellĂ©itĂ©s rentrĂ©es d'Ă©mancipation. Les divergences d’interprĂ©tation des textes A la suite des rĂ©sultats extrĂȘmement serrĂ©s du dernier rĂ©fĂ©rendum, une loi canadienne conditionne la sĂ©cession d'une province Ă  la clartĂ© dans la formulation de la question rĂ©fĂ©rendaire et Ă  l'expression significative d'une majoritĂ© des votants. Ce texte laisse planer un refus de discussion du gouvernement fĂ©dĂ©ral dans le cas d'une question estimĂ©e biaisĂ©e ou dans celui d'une majoritĂ© jugĂ©e insuffisante. Ces dispositions n'Ă©tant pas du goĂ»t du QuĂ©bec, une loi quĂ©bĂ©coise a Ă©galement vu le jour ; elle met l'accent sur le droit Ă  l'autodĂ©termination, reconnu Ă  tous les peuples en droit international public, elle Ă©nonce le principe qu'une majoritĂ© simple suffi pour exprimer clairement la volontĂ© du peuple et revendique l'intĂ©gritĂ© territoriale de la province. En 1996, les QuĂ©bĂ©cois du Parti libĂ©ral du Canada ont proposĂ© de remplacer le concept de sociĂ©tĂ© distincte par celui de Foyer principal de la langue et de la culture française en AmĂ©rique. Cette proposition, considĂ©rĂ©e comme une manƓuvre, a soulevĂ© une tempĂȘte de protestations au QuĂ©bec oĂč des Anglophones appelaient au boycott des magasins qui n'affichaient pas en anglais. La nomination d'un lieutenant-gĂ©nĂ©ral du QuĂ©bec, qui avait traitĂ© les souverainistes de fascistes, a jetĂ© de l'huile sur le feu et le haut fonctionnaire trop bavard a dĂ» dĂ©missionner, aprĂšs la rĂ©vĂ©lation de son passĂ© antisĂ©mite ! En 1997, le gouvernement fĂ©dĂ©ral s'est opposĂ© Ă  rouvrir le dĂ©bat constitutionnel tant que le QuĂ©bec serait gouvernĂ© par les souverainistes, en dĂ©pit des dispositions de la Constitution de 1982 qui imposait un dĂ©bat Ă  cette date. Des discussions ont tout de mĂȘme Ă©tĂ© amorcĂ©es afin d'adopter une version française de ladite Constitution. Au niveau du Canada, on assiste Ă  une provincialisation des partis Parti rĂ©formiste dans les provinces de l'Ouest, Parti libĂ©ral en Ontario, Bloc quĂ©bĂ©cois au QuĂ©bec, Parti conservateur dans les Maritimes qui met en lumiĂšre la fragilitĂ© de l'unitĂ© canadienne. Le premier ministre du Canada, Joseph-Jacques-Jean ChrĂ©tien nĂ© en 1934, a fait planer la menace d'une partition du QuĂ©bec dans le cas d'un vote favorable Ă  l'indĂ©pendance. En 1998, la Cour suprĂȘme du Canada a dĂ©cidĂ©, qu'en cas de rĂ©ponse positive Ă  un rĂ©fĂ©rendum d'indĂ©pendance, le gouvernement fĂ©dĂ©ral est tenu de nĂ©gocier cette issue avec le gouvernement provincial. FĂ©dĂ©ralistes et souverainistes interprĂštent diffĂ©remment cet arrĂȘt pourtant clair. La constitutionnalitĂ© d'une Ă©ventuelle sĂ©cession constitue un terrain potentiel d'affrontements entre partisans et adversaires du fĂ©dĂ©ralisme. En 1999, l'Union sociale, signĂ©e entre le gouvernement fĂ©dĂ©ral et les provinces, sauf le QuĂ©bec, a privĂ© ce dernier d'une partie de ses prĂ©rogatives dans le domaine social. En outre, un projet de loi fĂ©dĂ©ral prĂ©voit, qu'en cas d'accession Ă  la souverainetĂ© d'une province, ses frontiĂšres devraient ĂȘtre renĂ©gociĂ©es. Au dĂ©but du 21Ăšme siĂšcle, le Parti quĂ©bĂ©cois semble en recul au profit du Parti libĂ©ral et de l'Action dĂ©mocratique. L’indĂ©pendance option rĂ©aliste ou chimĂšre ? Une question mĂ©rite d'ĂȘtre posĂ©e, c'est celle de savoir si un QuĂ©bec indĂ©pendant constituerait une entitĂ© viable dans le monde d'aujourd'hui. En toute objectivitĂ©, il est difficile de rĂ©pondre nĂ©gativement. Le QuĂ©bec est trois fois grand comme la France ; sa population s'Ă©lĂšve Ă  7,8 millions d'habitants 25% de la population du Canada alors que celle de la NorvĂšge est Ă  peine supĂ©rieure Ă  4,6 millions ; ses ressources en eau douce, en Ă©nergie Ă©lectrique, en bois et en minerais sont immenses. Les QuĂ©bĂ©cois vivraient-ils mieux dans un pays indĂ©pendant ? C’est une autre question Ă  laquelle chacun rĂ©pond davantage avec son cƓur qu’avec sa raison. Le Canada, ce pays dĂ©mesurĂ© semble fragile et quelque peu artificiel sa population ne dĂ©passe pas 31 millions d’habitants ; cette population, formĂ©e au cours du temps d'apport divers, ne paraĂźt pas dotĂ©e d'une conscience nationale Ă  toute Ă©preuve ; sauf exceptions, elle se concentre sur une bande relativement Ă©troite mais trĂšs longue, en bordure de la frontiĂšre des Etats-Unis, de sorte que les Ă©changes s'effectuent moins dans le sens est-ouest, Ă  l'intĂ©rieur du pays, que dans le sens nord-sud, chaque province commerçant d'abord avec l'Etat voisin des Etats-Unis ; QuĂ©bec est Ă  peine plus Ă©loignĂ© de Paris que de Vancouver ! Depuis la rĂ©volution tranquille, les mentalitĂ©s ont Ă©voluĂ© et il faut prendre cela en considĂ©ration. Le monde des affaires Ă©tait autrefois aux mains des Anglo-saxons ; c'est de moins en moins vrai. Les Francophones Ă©taient cultivateurs, petits commerçants, employĂ©s de bureau, ouvriers ou, pour les plus instruits, membres du clergĂ© et des professions libĂ©rales mĂ©decins, avocats.... Les choses ont changĂ© ; des Ă©tudiants francophones se sont orientĂ©s vers les disciplines scientifiques et administratives. De grandes entreprises quĂ©bĂ©coises ont percĂ© jusqu'Ă  devenir des multinationales, comme Bombardier. Les Ontariens et autres Anglophones peuvent difficilement considĂ©rer encore les QuĂ©bĂ©cois comme des ĂȘtres infĂ©rieurs. ParallĂšlement les QuĂ©bĂ©cois sont devenus plus sĂ»rs d'eux. L'existence de la francophonie leur donne des raisons de croire en la pĂ©rennitĂ© d'une langue qu'ils ont su dĂ©fendre et enrichir Ă  leur maniĂšre avec beaucoup d'opiniĂątretĂ©. Cette situation nouvelle n'offre-t-elle pas des possibilitĂ©s de rapprochement entre les deux peuples fondateurs du Canada ? L'avenir seul dĂ©tient la rĂ©ponse. La difficile intĂ©gration de la jeunesse En dehors du diffĂ©rend qui continue d'opposer fĂ©dĂ©ralistes et souverainistes, le QuĂ©bec se trouve aujourd'hui confrontĂ©, comme la France, aux problĂšmes rĂ©sultant d'une intĂ©gration difficile de sa jeunesse. C'est ainsi, qu'en 2008, Ă  la suite de la mort d'un jeune habitant d'un quartier sensible du nord de MontrĂ©al, sous les balles de la police, des Ă©meutes ont Ă©clatĂ©. Depuis l'Ă©viction des motards, liĂ©s au trafic de drogue, des bandes rivales, qui ont pris leur place, tiennent le haut du pavĂ© et s'en prennent aux forces de l'ordre. Enfin, on ne saurait clore l'histoire du QuĂ©bec sans rappeler l'existence des populations qui vivaient sur cette terre avant l'arrivĂ©e des Blancs. Certains Autochtones se sont mĂ©tissĂ©s, d'autres se sont intĂ©grĂ©s, tant bien que mal, Ă  une sociĂ©tĂ© qui ne leur convient guĂšre, d'autres vivent plus ou moins de la charitĂ© publique, dans des rĂ©serves. Les querelles qui divisent les EuropĂ©ens ne les concernent que de loin. Est-ce Ă  dire qu'ils sont dĂ©finitivement rĂ©signĂ©s Ă  leur sort ? La crise d'Oka prouve le contraire. De temps Ă  autre des incidents surviennent. Tout rĂ©cemment, en fĂ©vrier 2010, le conseil de bande de la rĂ©serve de Kahnawake a dĂ©cidĂ© d'expulser toutes les personnes qui ne sont pas originaires de la tribu, mĂȘme celles qui y ont un conjoint, et il a interdit aux Ă©trangers de s'installer dans les limites de la rĂ©serve. Kahnawake ou Caughnawaga est un village mohawk agnier. Une sainte chrĂ©tienne, Catherine Tekakwitha le Lys des Agniers, qui aurait accompli des guĂ©risons miraculeuses, est originaire de cette rĂ©serve, situĂ©e au bord du Saint-Laurent, prĂšs de MontrĂ©al. A propos de l'auteur PoĂšte, PassionnĂ© d'histoire et grand voyageur, Jean Dif a rĂ©digĂ© des ouvrages historiques et des rĂ©cits de voyage. Bibliographie - Histoire de l'AmĂ©rique française de Gilles Havard. Champs Histoire, 2008. - L'histoire de QuĂ©bec Capitale de la Nouvelle-France 1608-1760 de Raymonde Litalien. Belles lettres 2008. - Histoire Populaire du Quebec T 01 des Origines a 1791 deJacques LacoursiĂšre. 2005. Pour aller plus loin - Ressources du ministĂšre de la culture sur l'histoire de la Nouvelle France.
Quandla fiction vient au secours de la science : enjeux des expériences de magnétisme dans quelques récits romantiques (La Découverte scientifique dans les arts, dir. Azélie Fayolle et Yohann Ringuedé, LISAA, coll. Savoirs en textes, 2018.
Le 14 septembre 1982, la princesse Grace de Monaco disparaissait dans un tragique accident de voiture sur une route passant sur les hauteurs du Rocher. Trente ans aprĂšs sa mort, la principautĂ© se remĂ©morait cette actrice amĂ©ricaine Ă  la beautĂ© fascinante qui avait tout quittĂ© Ă  l'Ăąge de 27 ans en 1956 pour Ă©pouser son prince, Rainier III de Monaco, et vivre une vie de princesse. Vendredi 14 septembre dernier, jour anniversaire de la mort de Grace Kelly, la famille princiĂšre s'Ă©tait rĂ©unie dans l'intimitĂ© d'une petite chapelle du palais. Ce samedi 15 septembre au soir, c'est en public qu'un bel hommage a Ă©tĂ© rendu Ă  cette grande dame qui illumina des annĂ©es durant Monaco. Dans le théùtre Princesse Grace dont elle avait supervisĂ© la construction dans les moindres dĂ©tails, des canapĂ©s des loges Ă  l'acoustique en passant par la dĂ©coration, deux cents personnes Ă©taient prĂ©sentes pour assister Ă  la projection d'une version restaurĂ©e du long mĂ©trage d'Alfred Hitchcock, La main au collet, film culte des annĂ©es 50, dont l'action se dĂ©roule sur la French Riviera. C'est son fils le prince Albert qui prĂ©sentait ce soir-lĂ  ce film, clin d'oeil cruel du destin, puisque c'est sur l'une des routes en lacets oĂč roule Grace Kelly pied au plancher dans le film, une corniche au-dessus de Monaco, que la princesse perdit le contrĂŽle de son vĂ©hicule avant de perdre la vie. Dennis Maguire, prĂ©sident de la Paramount, propriĂ©taire du film, Ă©tait bel et bien prĂ©sent pour l'occasion et est revenu sur ce film culte "C'est un film spectaculaire, Cary Grant et Grace Kelly sont Ă  leur apogĂ©e, Alfred Hitchcock est plus lĂ©ger, la Riviera française ressort de maniĂšre splendide. ... La qualitĂ© des films se dĂ©tĂ©riore au fil des ans. Nous sommes retournĂ©s au nĂ©gatif original, pour le restaurer au plus prĂšs de sa toute premiĂšre version. Mais c'est le film lui-mĂȘme qui suscite l'intĂ©rĂȘt du public." Une soirĂ©e Ă©mouvante organisĂ©e par l'association Ladies and the city, oĂč le prince Albert, bien que sans sa belle Charlene, avait l'air aussi Ă©mu qu'heureux de l'hommage fait Ă  sa mĂšre.

Denombreux marchands pratiquaient le commerce international: le sel, le vin et les produits manufacturés étaient importés de France, tandis que le sucre, la mélasse, le rhum, le café et le tabac provenaient des Antilles. Avec tous ses petits magasins et entrepÎts, Louisbourg avait un caractÚre nettement commercial. Des navires arrivant de France, du Canada, de l'Acadie et

Concerts de Au Secours ! Le Prince Aubert A Disparu Cet artiste n'a aucun concert programmĂ©. Soyez le premier Ă  ĂȘtre avertides prochains concerts de Au Secours ! Le Prince Aubert A Disparu Biographie de Au Secours ! Le Prince Aubert A Disparu Au secours, le Prince a perdu la mĂ©moire et agit sous les ordres d'une maudite sorciĂšre. Et le Roi, ensorcelĂ©, tombe subitement malade ! Le Royaume est en danger. Mais, aidĂ©e des enfants, la Princesse Pervenche trouve plusieurs indices qui la mettent sur une piste. Le temps est comptĂ©... Avis sur Au Secours ! Le Prince Aubert A Disparu RĂ©diger un avis Soyez le premier Ă  donner votre avis ! Au Secours ! Le Prince Aubert A Disparu Concerts passĂ©s de Au Secours ! Le Prince Aubert A Disparu Voir les archives de l'annĂ©e Il n'existe pas d'archives pour l'annĂ©e 2022.
Ausecours ! Le Prince Aubert a disparu ! Martin Leloup (Auteur) fnac+. Le Prince Aubert a Ă©tĂ© fait prisonnier par Madame Moche. Celle-ci projette Ă  prĂ©sent d’empoisonner le Roi. Tout le Royaume est en danger. Le temps est comptĂ© La Princesse Pervenche, sorte de FantĂŽmette en herbe, va-t-elle deviner le complot qui se Lire la suite-5% livres en retrait
Accueil Remonter DES HÉRÉSIES C. LES JUIFS UT. DE LA FOI MANICHÉENS ARIENS LOI - PROPHÈTES A OROSE DONATISTES PÉLAGE OEUVRES POLÉMIQUES. Oeuvres complĂštes de saint Augustin traduites pour la premiĂšre fois en français, sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. GuĂ©rin & Cie, Ă©diteurs, 1869, Tome XIV. p. 1-21 Traduction de M. l'abbĂ© AUBERT Bien des fois, cher et saint Quodvultdeus 1, tu m'as instamment priĂ© d'Ă©crire , sur les hĂ©rĂ©sies, un livre propre Ă  intĂ©resser ceux qui veulent ne point tomber dans les erreurs opposĂ©es Ă  la foi chrĂ©tienne et capables de sĂ©duire les Ăąmes par leur faux air de christianisme. Sois-en sĂ»r, je n'avais pas attendu jusqu'Ă  ce jour pour y penser depuis longtemps j'aurais entrepris cette tĂąche, si, aprĂšs mĂ»r examen, la difficultĂ© et la grandeur d'un tel ouvrage ne m'avaient paru dĂ©passer mes forces; mais comme tu m'as, plus que personne, pressĂ© de m'en charger, j'ai pris en considĂ©ration ton nom aussi bien que tes instances, et je me suis dit Je me mettrai Ă  l'oeuvre, je ferai ce que Dieu veut, et j'aurai, ce me semble, la conscience d'avoir accompli son bon plaisir, si, avec le secours de sa grĂące, je parviens au terme de mon travail, c'est-Ă -dire , soit Ă  t'indiquer seulement la difficultĂ© d'une oeuvre si importante , soit Ă  la surmonter complĂštement. Cette difficultĂ© m'apparaĂźt; je la mĂ©dite et la retourne dans mon esprit je la saisis, mais en triompherai-je? Je n'ose me le promettre; car j'ai beau 1. Le nom de Quodvultdeus signifie Ce que Dieu veut. essayer, demander, chercher, frapper, le rĂ©sultat me semble toujours incertain une seule chose est pour moi hors de doute ; c'est que je ne puis ni demander, ni chercher, ni frapper suffisamment, si Dieu ne m'en inspire le dĂ©sir et la volontĂ©. J'entreprends donc ce, travail sur tes pressantes instances, et pour me conformer Ă  la volontĂ© de Dieu mais, pour m'aider Ă  parvenir au terme, ce n'est point assez, tu le vois, de me presser par d'incessantes demandes; il faut aussi me soutenir de tes ardentes priĂšres il. faut, de plus, engager Ă  intercĂ©der auprĂšs de Dieu en ma faveur ceux de tes frĂšres que tu pourras dĂ©terminer Ă  le faire avec toi. VoilĂ  pourquoi, le Seigneur aidant, je me suis hĂątĂ© d'envoyer Ă  ta CharitĂ© la premiĂšre partie de mon livre et ce prologue. Tous ceux d'entre vous qui pourront connaĂźtre, par ce moyen, que j'ai dĂ©jĂ  mis la main Ă  l'Ɠuvre, sauront combien ils doivent m'assister prĂšs de Dieu pour l'achĂšvement du travail immense que vous dĂ©sirez me voir mener Ă  bonne fin. Si je juge de tes dĂ©sirs par la teneur mĂȘme de ta premiĂšre lettre de demande, tu voudrais un traitĂ© court, concis et sommaire dans lequel 2 je ferais connaĂźtre toutes les hĂ©rĂ©sies qui ont existĂ© et qui existent encore, depuis l'origine de la religion chrĂ©tienne, hĂ©ritage divin promis Ă  nos pĂšres quelles erreurs les hĂ©rĂ©tiques ont soutenues et soutiennent ce qu'Ă  l'encontre de l'enseignement catholique ils ont pensĂ© autrefois et pensent aujourd'hui sur la foi, la TrinitĂ©, le baptĂȘme, la pĂ©nitence, l'humanitĂ© et la divinitĂ© du Christ, la rĂ©surrection, le Nouveau et l'Ancien Testament. Mais comprenant que la rĂ©ponse Ă  de telles questions serait de grande Ă©tendue, il t'a paru utile qu'on y joignit un abrĂ©gĂ© contenant en gĂ©nĂ©ral, as-tu dit, tout ce en quoi. ils s'Ă©cartent de la vĂ©ritĂ©. Puis, tu as ajoutĂ© Quelles sont les sectes qui confĂšrent le baptĂȘme ou ne le confĂšrent pas ? Celles dont l'Eglise baptise les anciens adeptes , sans nĂ©anmoins rebaptiser. Comment, enfin, reçoit-elle ceux qui reviennent Ă  elle? Que rĂ©pond-elle Ă  chacun d'eux d'aprĂšs la loi, l'autoritĂ© et la raison? » Ces diverses questions me font admirer l'Ă©lĂ©vation d'un esprit qui souhaite si vivement connaĂźtre la vĂ©ritĂ© en tant de grandes choses, et qui, nĂ©anmoins, rĂ©clame la briĂšvetĂ© pour Ă©viter l'ennui. Tu t'es aussi aperçu de ce que pouvait me suggĂ©rer ce passage de ta lettre; aussi, tu as couru au-devant de ma pensĂ©e en ajoutant Que votre bĂ©atitude le croie bien; je suis assez clairvoyant pour imaginer le nombre et la grandeur des volumes qu'il faudra pour rĂ©soudre ces questions; mais ce n'est pas ce que je demande, nous l'avons dĂ©jĂ  ». Aussi, pour m'indiquer, sous forme de conseil, la maniĂšre de demeurer concis tout en exposant la vĂ©ritĂ©, tu reviens Ă  ta premiĂšre recommandation Surtout, que votre mĂ©thode soit brĂšve et serrĂ©e dans ce compendium, oĂč vous exposerez, suffisamment pour instruire, les opinions de chaque hĂ©rĂ©sie, et la doctrine de l'Eglise catholique opposĂ©e Ă  chacune d'elles ». Mais c'est de nouveau rĂ©clamer un long ouvrage; non pas qu'on ne puisse ou qu'on ne doive l'exĂ©cuter avec concision, mais parce qu'il y a tant de sujets Ă  traiter, qu'il est indispensable d'y consacrer un grand nombre de pages ; et pourtant tu me dis Faites un rĂ©sumĂ© complet si quelqu'un veut connaĂźtre d'une maniĂšre plus ample, plus claire et plus approfondie, l'objection et la rĂ©ponse, il ira consulter les prĂ©cieux et magnifiques ouvrages Ă©crits sur ces matiĂšres par diffĂ©rents auteurs, et surtout par votre rĂ©vĂ©rence ». En t'exprimant de la sorte, tu me demandes donc comme un mĂ©morial complet de toutes les erreurs et des vĂ©ritĂ©s que leur oppose l'Eglise. Voici ma rĂ©ponse. Un savant du nom de Celse a rĂ©uni, en six volumes assez considĂ©rables, les opinions de tous les fondateurs des sectes philosophiques qui ont paru jusqu'Ă  son temps il ne pouvait aller plus loin ; mais il n'en a rĂ©futĂ© aucune il les a exposĂ©es en assez peu de mots pour ne point prendre Ă  tĂąche de les blĂąmer ou de les louer, de les soutenir ou de les dĂ©fendre, se bornant Ă  les Ă©numĂ©rer et Ă  les faire connaĂźtre il parle d'une centaine de philosophes, et pourtant, tous n'ont pas Ă©tabli une erreur nouvelle mais il a pensĂ© qu'il fallait citer mĂȘme ceux qui avaient suivi les erreurs de leurs maĂźtres sans y rien changer. Nous avons encore six, livres, rĂ©digĂ©s par un des nĂŽtres, Epiphane, Ă©vĂȘque de Chypre. Cet auteur, mort depuis peu de temps, parle de quatre-vingts hĂ©rĂ©sies; mais, Ă  l'exemple de Celse, il ne fait qu'un simple rĂ©cit dĂ©pouillĂ© de toute polĂ©mique en faveur de la vĂ©ritĂ© contre l'erreur. Ces Ă©crits sont trĂšs-succincts, et si on voulait les rĂ©unir en un seul volume, il serait loin d'Ă©quivaloir en Ă©tendue Ă  tels autres livres Ă©crits par d'autres ou par nous. Si j'imite sa briĂšvetĂ©, tu n'auras ni ce que tu rĂ©clames de moi, ni ce que tu es en droit d'en attendre. L'essentiel pour moi, en ce moment, n'est donc pas de suivre les traces d'Epiphane; les preuves que je t'en donnerai, et ta pĂ©nĂ©tration d'esprit suffiront Ă  te le faire comprendre, lorsque j'aurai terminĂ© mon ouvrage. En lisant les livres de cet Ă©crivain, tu verras tout ce qui leur manque pour ressembler au travail que tu me demandes de faire, et Ă  plus forte raison, Ă  celui que je conçois moi-mĂȘme. Tu demandes une rĂ©futation courte, concise et sommaire de toutes les hĂ©rĂ©sies qu'on Ă©numĂ©rera; mais, enfin, tu veux qu'on les rĂ©fute; c'est ce qu'Epiphane n'a pas fait. Pour moi, Dieu aidant, je veux aller plus loin avec mon livre, il sera possible d'Ă©viter toute hĂ©rĂ©sie connue ou inconnue on pourra devenir capable de juger sainement de celles qui pourraient surgir. Sache-le bien toute erreur n'est pas une hĂ©rĂ©sie ; quoique aucune opinion mauvaise ne puisse ĂȘtre une hĂ©rĂ©sie qu'autant qu'elle s'appuie sur 3 quelque erreur. A mon avis, il est trĂšs-difficile sinon impossible, de comprendre, d'une maniĂšre prĂ©cise, ce qui constitue l'hĂ©rĂ©sie je m'efforcerai, nĂ©anmoins, de l'expliquer dans le cours de cet ouvrage, si le Seigneur daigne Ă©clairer mon intelligence et diriger mon raisonnement vers le but que je me propose d'atteindre lors mĂȘme que nous ne parviendrions point Ă  connaĂźtre le caractĂšre distinctif de l'hĂ©rĂ©sie, nous verrons et nous dirons en temps et lieu, de quelle utilitĂ© peuvent ĂȘtre nos recherches; car si nous rĂ©ussissons Ă  avoir une idĂ©e juste, il est facile de comprendre quel avantage on en retirera. La premiĂšre partie de cet ouvrage roulera donc sur les hĂ©rĂ©sies qui ont attaquĂ© la doctrine de JĂ©sus-Christ, depuis sa venue en ce monde et son ascension glorieuse, autant, du moins, que nous avons pu les connaĂźtre dans la seconde , nous chercherons Ă  bien dĂ©finir en quoi consiste l'hĂ©rĂ©sie. Lorsque le Seigneur fut montĂ© au ciel, on vit paraĂźtre I. Les Simoniens, II. Les MĂ©nandriens, III. Les Saturniniens, IV. Les Basilidiens, V. Les NicolaĂŻtes, VI. Les Gnostiques, VII. Les Carpocratiens, VIII. Les CĂ©rinthiens ou MĂ©rinthiens, IX. Les NazarĂ©ens, X. Les Ebionites, XI. Les Valentiniens, XII. Les SĂ©cundiens, XIII. Les PtolĂ©maĂŻtes, XIV. Les Marcites, XV. Les Colorbasiens, XVI. Les HĂ©raclĂ©onites, XVII. Les Ophites, XVIII. Les CaĂŻnites, XIX. Les SĂ©thiens, XX. Les Archonticiens, XXI. Les Cerdoniens, XXII. Les Marcionites, XXIII. Les Apellites, XXIV. Les SĂ©vĂ©riens, XXV. Les Tatianites ou Encratites, XXVI. Les Cataphrygiens, XXVII. Les PĂ©puziens ou Quintilliens, XXVIII. Les Artotyrites, XXIX. Les TessarescĂ©dĂ©catites, XXX. Les Alogiens, XXXI. Les Adamiens, XXXII. Les ElcĂ©sĂ©ens et les SampsĂ©ens, XXXIII. Les ThĂ©odotiens, XXXIV. Les MelchisĂ©dĂ©ciens, XXXV. Les BardĂ©sanistes, XXXVI. Les NoĂ©tiens, XXXVII. Les ValĂ©siens, XXXVIII. Les Cathares ou Novatiens, XXXIX. Les AngĂ©liques, XL. Les Apostoliques, XLI. Les Sabelliens ou Patripassiens, XLII. Les OrigĂ©nistes, XLIII. D'autres OrigĂ©nistes, XLIV. Les Paulinianistes, XLV. Les Photiniens, XLVI. Les ManichĂ©ens, XLVII. Les HiĂ©racites, XLVIII. Les MĂ©lĂ©ciens, XLIX. Les Ariens, L. Les Vadianites ou Anthropomorphites, LI. Les Semi-Ariens, LII. Les MacĂ©doniens, LIII. Les AĂ©riens, LIV. Les AĂ©tiens ou Eunomiens, LV. Les Apollinaristes, LVI. Les Antidicomarites, LVII. Les Massaliens ou Euchites, LVIII. Les MĂ©tangismonites, LIX. Les SĂ©leuciens ou Hermiens, LX. Les Proclianites, LXI. Les Patriciens, LXII. Les Ascites, LXIII. Les Passalorynchites, LXIV. Les Aquariens, LXV. Les Coluthiens, LXVI. Les Floriniens, LXVII. Ceux qui ne sont pas d'accord sur l'Ă©tat du monde, LXVIII. Ceux qui marchent nu-pieds, LXIX. Les Donatistes ou Donatiens, LXX. Les Priscillianistes, qui ne mangent pas en sociĂ©tĂ©, LXXII. Les RhĂ©toriens, LXXIII. Ceux qui disent qu'en JĂ©sus-Christ la divinitĂ© a souffert, LXXIV. Ceux qui reconnaissent trois formes en Dieu, LXXV. Ceux qui disent l'eau coĂ©ternelle Ă  Dieu, LXXVI. Ceux qui ne veulent pas voir dans l'Ăąme l'image de Dieu, LXXVII. Ceux qui pensent que les mondes sont innombrables, 4 LXXVIII. Ceux qui soutiennent que les Ăąmes se changent en dĂ©mons ou en animaux, LXXIX. Ceux qui prĂ©tendent que, par sa descente aux enfers, le Christ a dĂ©livrĂ© toutes les Ăąmes, LXXX. Ceux qui soutiennent que la gĂ©nĂ©ration divine du Christ a eu lieu dans le temps, LXXXI. Les LucifĂ©riens, LXXXII. Les Jovinianistes, LXXXIII. Les Arabiques, LXXXIV. Les Helvidiens, LXXXV. Les Paterniens ou VĂ©nustiens, LXXXVI. Les Tertullianistes, LXXXVII. Les AbĂ©loĂŻtes, LXXXVIII. Les PĂ©lagiens ou CĂ©lestiens. I. Les Simoniens Ă©taient attachĂ©s au parti de Simon le Magicien, dont il est parlĂ© aux Actes des ApĂŽtres. Ce personnage reçut le baptĂȘme de la main de saint- Philippe, et quand il vit que les ApĂŽtres donnaient le Saint-Esprit par l'imposition des mains, il leur offrit de l'argent pour obtenir d'eux le mĂȘme pouvoir. Ses magies lui avaient servi Ă  tromper un grand nombre de personnes 1; et il enseignait l'abominable communautĂ© des femmes. Selon lui, Dieu n'a pas créé le monde les corps ne doivent pas ressusciter. Il assurait qu'il Ă©tait le Christ, et se faisait passer pour Jupiter Minerve Ă©tait personnifiĂ©e par lui en une personne de mauvaise vie, nommĂ©e HĂ©lĂšne, dont il avait fait la complice de ses crimes; il donnait Ă  ses disciples son portrait et celui de cette concubine, comme des objets dignes d'adoration, et Ă  Rome il les avait fait placer, par autoritĂ© publique , parmi les images des dieux. Ce fut dans cette ville que saint Pierre mit fin Ă  ses magies, en le faisant mourir, parla vertu toute-puissante de Dieu. II. Le chef des MĂ©nandriens fut MĂ©nandre, magicien lui-mĂȘme comme Simon, son maĂźtre il attribuait la crĂ©ation du monde, non Ă  Dieu, mais aux anges. III. Les Saturniniens reçurent leur nom de Saturnin, qui Ă©tablit en Syrie l'hĂ©rĂ©sie de Simon. Suivant eux encore, sept anges ont seuls formĂ© le monde Ă  l'insu de Dieu le PĂšre. IV. La doctrine des Basilidiens, disciples de Basilide, diffĂ©rait de celle des Simoniens, en ce qu'ils comptaient autant de cieux qu'il y a de jours dans l'annĂ©e, trois cent soixante-cinq. Aussi regardaient-ils comme saint le mot aß?asa?, 1. Act. VIII, 9-19. dont les lettres, suivant la maniĂšre de compter des Grecs, forment un pareil nombre. Il y en a sept a, ß, ?, a, s, a, ?, ; c'est-Ă -dire, un, deux, cent, un, deux cent, un, soixante ce qui fait, en tout, trois cent soixante-cinq. V. Les NicolaĂŻtes tiraient leur nom de Nicolas, l'un des sept diacres qui avaient Ă©tĂ© ordonnĂ©s par les ApĂŽtres 1. AccusĂ© d'un attachement excessif Ă  une trĂšs-belle femme qu'il avait Ă©pousĂ©e, Nicolas voulut dissiper ce soupçon et offrit, dit-on, de la livrer Ă  quiconque voudrait devenir son mari. Ce fait servit de prĂ©texte Ă  la formation d'une secte corrompue dans laquelle s'Ă©tablit la communautĂ© des femmes. Les NicolaĂŻtes ne font aucune difficultĂ© de se nourrir de viandes immolĂ©es aux idoles, et pratiquent d.' autres cĂ©rĂ©monies du culte paĂŻen. Ils racontent encore, sur le monde, des choses vraiment fabuleuses, mĂȘlant Ă  leurs discours je ne sais quels noms barbares de princes, propres Ă  effrayer leurs auditeurs , plus capables de faire rire que de faire trembler les personnes prudentes. Ils attribuent aussi la crĂ©ation, non Ă  Dieu, mais Ă  des esprits auxquels ils croient rĂ©ellement, ou que leur folle vanitĂ© les porte Ă  imaginer. VI. Les Gnostiques se vantent d'avoir Ă©tĂ© ou dĂ» ĂȘtre appelĂ©s de ce nom Ă  cause de l'Ă©tendue de leur science ils sont plus vaniteux et plus corrompus que ceux qui les ont prĂ©cĂ©dĂ©s. Comme ils portent diffĂ©rents noms, selon qu'ils habitent un pays ou un autre, appelĂ©s ici d'une maniĂšre, et ailleurs d'une façon diffĂ©rente , quelques-uns les dĂ©signaient sous le nom de Borborites ou libertins, en raison des turpitudes excessives auxquelles ils ont la rĂ©putation de s'abandonner dans leurs mystĂšres. D'autres supposent qu'ils tirent leur origine des NicolaĂŻtes. D'autres encore en font les disciples de Carpocrate, dont nous allons parler. Leur doctrine est remplie des fictions les plus invraisemblables. A l'exemple des NicolaĂŻtes, ils sĂ©duisent les Ăąmes faibles, en se servant de noms terribles d'anges ou de princes, et enseignent,sur Dieu comme sur la nature des choses, des fables contraires au plus simple bon sens. D'aprĂšs leur systĂšme, les Ăąmes sont de mĂȘme nature que Dieu leur entrĂ©e dans le corps humain et leur retour au sein de la divinitĂ© sont longuement expliquĂ©s, mais d'une façon burlesque et conforme Ă  leurs erreurs si leurs disciples brillent par quelque endroit, c'est, 1. Act. VI, 5. 5 pour ainsi parler , moins par une grande science, que par une grande et 'vaniteuse manie de raconter des fables. On dit aussi qu'au nombre de leurs dogmes se trouve celui d'un Dieu bon et d'un Dieu mauvais. VII. Les Carpocratiens suivent les enseignements de Carpocrate toute action honteuse, tout raffinement d'immoralitĂ© leur sont connus. Il est, selon eux, impossible d'Ă©viter les principautĂ©s et les puissances, de traverser leurs lĂ©gions pour atteindre Ă  un ciel plus Ă©levĂ©, sans assouvir toutes les convoitises de la chair, car elles plaisent Ă  ces raconte aussi que, d'aprĂšs l'opinion de Carpocrate , JĂ©sus n'avait Ă©tĂ© qu'un simple homme, nĂ© de Joseph et de Marie, mais douĂ© d'un esprit si Ă©levĂ© , qu'il connaissait les choses cĂ©lestes et devait les annoncer Ă  ses semblables. La Loi et la rĂ©surrection des corps Ă©taient, l'une et l'autre, une pure chimĂšre, et la crĂ©ation de l'univers n'avait point Dieu pour cause elle n'avait eu lieu que par le pouvoir de je ne sais quelles intelligences. Cette secte a, dit-on, comptĂ© parmi ses membres, une femme nommĂ©e Marcelline, qui rendait un culte d'adoration Ă  JĂ©sus, Ă  HomĂšre et Ă  Pythagore, et brĂ»lait de l'encens devant leurs images. VIII. Les CĂ©rinthiens, ainsi appelĂ©s de CĂ©rinthe, Ă©taient les mĂȘmes que les MĂ©rinthiens, Ă  qui MĂ©rinthe aurait donnĂ© son nom. Ils attribuaient aux anges la crĂ©ation du monde, et recommandaient la circoncision et l'observation d'autres prĂ©ceptes de la loi MosaĂŻque pareils Ă  celui-lĂ . Suivant leurs assertions, JĂ©sus n'avait Ă©tĂ© qu'un homme; il n'Ă©tait pas ressuscitĂ©, mais il devait, un jour, sortir d'entre les morts. AprĂšs qu'il serait revenu Ă  une nouvelle vie, commencerait son rĂšgne sur la terre, et alors, pendant un espace de mille ans, ses Ă©lus s'adonneraient Ă  tous les plaisirs de la table et de la dĂ©bauche. VoilĂ  pourquoi on les a nommĂ©s Chiliastes 1. IX. Tout en reconnaissant que JĂ©sus-Christ est le Fils de Dieu, les NazarĂ©ens accomplissaient scrupuleusement les prescriptions de l'ancienne Loi, dont les chrĂ©tiens ont appris , Ă  l'Ă©cole des ApĂŽtres, Ă  comprendre le sens spirituel, et Ă  dĂ©laisser l'observance charnelle 2. X. Aux yeux des Ebionites, JĂ©sus-Christ n'Ă©tait, non plus, qu'un homme les prĂ©ceptes 1. CitĂ© de Dieu , liv. XX, ch. 7. — 2. Liv. I , contre Cresconius, ch. XXXI. charnels de la Loi, la circoncision et toutes les autres observances, dont nous a dĂ©livrĂ©s le Nouveau Testament, Ă©taient choses sacrĂ©es pour eux. Epiphane assimile Ă  ces hĂ©rĂ©tiques les SampsĂ©ens et les ElcĂ©sĂ©ens, au point d'en faire les membres d'une mĂȘme secte, et de les dĂ©signer sous le mĂȘme numĂ©ro, quoiqu'il remarque entre eux quelques divergences d'opinion nĂ©anmoins, dans la suite, il parle d'eux en particulier, et leur assigne un rang Ă  part. A en croire EusĂšbe, les ElcĂ©sĂ©ens disaient qu'en temps de persĂ©cution il est permis de renier extĂ©rieurement la foi, pourvu qu'on y reste attachĂ© dans le fond du coeur 1. XI. Les Valentiniens. Valentin, leur chef , avait imaginĂ© une foule de fables sur la nature des choses, entre autres, trente Eons ou siĂšcles. Le principe de tous les Eons Ă©taient le silence et la profondeur, Ă  laquelle il donnait le nom de pĂšre. De tous les deux, comme de deux Ă©poux, Ă©taient nĂ©s l'esprit et la vĂ©ritĂ©, qui , avaient produit huit Eons en l'honneur de leur pĂšre. L'esprit et la vĂ©ritĂ© avaient, de mĂȘme, deux enfants, la parole et la vie, qui avaient, Ă  leur tour, engendrĂ© dix Eons puis, la parole et la vie avaient mis au monde l'homme et l'Eglise, qui avaient eux-mĂȘmes enfantĂ© douze Eons d'oĂč rĂ©sultaient trente Eons, qui avaient, comme nous l'avons fait remarquer , pour premier principe, la profondeur et le silence. Le Christ, envoyĂ© par le pĂšre, c'est-Ă -dire, par la profondeur, n'avait apportĂ© en ce monde qu'un corps spirituel et cĂ©leste la Vierge Marie ne lui avait rien donnĂ© de sa substance elle avait Ă©tĂ©, pour lui , comme un canal ou un vaisseau, oĂč il Ă©tait passĂ©, sans y rien prendre de charnel. La rĂ©surrection de la chair n'aura jamais lieu l'esprit et l'Ăąme de l'homme ne parviendront au salut que par les mĂ©rites de JĂ©sus-Christ. XII. A ce qu'on dit, les SĂ©cundiens se confondraient avec les Valentiniens, s'ils n'ajoutaient Ă  leurs erreurs des abominations de moeurs. XIII. PtolĂ©mĂ©e, aussi disciple de Valentin , voulut fonder une nouvelle secte, et, pour cela, il prĂ©fĂ©ra ne reconnaĂźtre que quatre Eons et quatre autres. XIV. Un je ne sais quel Marc devint hĂ©rĂ©tique en niant aussi la rĂ©surrection des corps et la passion effective de JĂ©sus-Christ. Il reconnaissait aussi deux principes opposĂ©s l'un Ă  1. EusĂšb. liv. VI, ch. XXXVIII. 6 l'autre, et l'existence des Eons, Ă  peu prĂšs telle que l'avait imaginĂ©e Valentin. XV. Colorbase suivit ces novateurs, et ajouta peu Ă  leurs rĂȘveries hĂ©rĂ©tiques selon lui, la gĂ©nĂ©ration et la vie des hommes dĂ©pendent des sept planĂštes. XVI. Les HĂ©raclĂ©onites furent ainsi appelĂ©s de leur chef HĂ©raclĂ©on, disciple de ceux que nous venons de nommer. Ils soutenaient l'existence de deux principes, dont l'un procĂ©dait de l'autre, pour en produire ensemble une foule d'autres. On raconte qu'ils rachetaient en quelque sorte leurs morts d'une maniĂšre nouvelle , c'est-Ă -dire , en rĂ©pandant , sur la tĂȘte du cadavre, de l'huile, du baume et de l'eau, et en prononçant des invocations en langue hĂ©braĂŻque. XVII. Les Ophites. Leur nom vient du mot serpent, qui se traduit en grec par ?f?s. Ils prĂ©tendaient que le serpent n'Ă©tait autre que le Christ, et ils avaient un serpent apprivoisĂ© qui venait se rouler sur leurs pains, et leur consacrer une sorte d'Eucharistie. Certains auteurs les font descendre des NicolaĂŻtes ou des Gnostiques c'est dans les fabuleuses fictions de ces sectaires qu'ils auraient puisĂ© l'idĂ©e d'adorer le serpent. XVIII. Les CaĂŻnites, ainsi nommĂ©s parce qu'ils honoraient CaĂŻn, lui reconnaissaient un courage Ă©minent. A leur avis, le traĂźtre Judas Ă©tait presque un Dieu, et son crime un bienfait il n'avait livrĂ© JĂ©sus-Christ aux Juifs que parce qu'il avait prĂ©vu le bien immense qui devait rĂ©sulter de sa mort pour les hommes de plus, ils rendaient un culte aux Sodomites et mĂȘme Ă  ces malheureux engloutis sous terre pour avoir fait schisme chez le premier peuple de Dieu 1. La Loi et Dieu, auteur de la Loi, n'Ă©taient d'ailleurs pour eux que des objets de blasphĂšme, et la rĂ©surrection, une fable dĂ©risoire. XIX. Les SĂ©thiens Ă©taient ainsi appelĂ©s du fils d'Adam qui portait le nom de Seth ils l'honoraient, mais Ă  leur culte se joignaient des fables et des erreurs, fruits de leur vanitĂ©. A les entendre, le patriarche Seth fut engendrĂ© par une mĂšre cĂ©leste, qui, disaient-ils, avait eu un commerce avec un pĂšre Ă©galement cĂ©leste, et ainsi se forma une nouvelle race divine, celle des enfants de Dieu. Du reste, nul ne saurait dire les rĂȘveries qu'ils ont imaginĂ©es par rapport aux principautĂ©s et aux puissances. Quelques auteurs disent qu'Ă  1. Nomb. XVI, 31-33. leurs yeux, Sem, fils de NoĂ©, Ă©tait le Christ. XX. Les Archonticiens tiraient leur nom des principautĂ©s auxquelles ils attribuaient la crĂ©ation de l'univers, dont Dieu est l'auteur. Ils s'abandonnaient Ă  certains Ă©carts de conduite et niaient la rĂ©surrection future. XXI. Les Cerdonites. Cerdon, leur maĂźtre , enseignait l'existence de deux principes, opposĂ©s l'un Ă  l'autre dans le Dieu de la Loi et des ProphĂštes il ne reconnaissait ni le PĂšre du Christ, ni le Dieu bon ; mais il lui attribuait la justice pour le PĂšre du Christ, c'Ă©tait le Dieu bon. A ses yeux, le Christ lui-mĂȘme ne s'Ă©tait pas rĂ©ellement revĂȘtu de l'humanitĂ©, n'Ă©tait pas nĂ© d'une femme, n'avait pas vĂ©ritablement endurĂ© la souffrance et la mort dans sa passion, tout ne fut qu'apparence. Quelques-uns ont cru remarquer, que, par ses deux principes, Cerdon entendait deux dieux, l'un bon et l'autre mauvais. Pour la rĂ©surrection des morts et l'autoritĂ© de l'Ancien Testament, il les rejetait. XXII. Marcion, auteur de la secte des Marcionites, embrassa aussi les erreurs de Cerdon, relativement aux deux principes nĂ©anmoins, si l'on en croit Epiphane, il en admettait trois, l'un bon, l'autre juste, et le troisiĂšme mauvais. Mais EusĂšbe prĂȘte Ă  un certain SinĂ©rus, et non pas Ă  Marcion, la doctrine des trois principes et des trois natures 1. XXIII. Les Apellites, successeurs d'Apelles. Celui-ci admettait, il est vrai, deux dieux, l'un bon, l'autre mauvais, mais, dans son idĂ©e, ces deux principes n'Ă©taient, par nature, ni diffĂ©rents l'un de l'autre, ni opposĂ©s l'un Ă  l'autre. En rĂ©alitĂ©, il ne reconnaissait qu'un principe, le Dieu bon, par qui l'autre avait Ă©tĂ© formĂ©. Le second Ă©tait mĂ©chant, et il arriva qu'en raison de sa mĂ©chancetĂ©, il crĂ©a le monde. Apelles soutenait aussi de telles erreurs touchant le Christ, que, d'aprĂšs son systĂšme, le Fils de Dieu, descendant sur la terre, n'avait point sans doute apportĂ© avec lui un corps cĂ©leste, mais qu'il s'en Ă©tait formĂ© un, en le tirant des Ă©lĂ©ments du monde comme il Ă©tait ressuscitĂ© sans son corps, il l'avait rendu aux Ă©lĂ©ments au moment de son ascension dans le ciel. XXIV. Les SĂ©vĂ©riens, disciples de SĂ©vĂšre, ne buvaient pas de vin, parce qu'avec leur ridicule manie d'inventer des fables, ils regardaient la vigne comme produite par l'union de Satan et de la terre. Leur doctrine malsaine 1. EusĂšb. liv. V, ch. XIII. 7 Ă©tait revĂȘtue de noms de puissances retentissants et inventĂ©s Ă  plaisir, et chez eux n'Ă©taient admis ni l'autoritĂ© de l'Ancien Testament, ni le dogme de la rĂ©surrection de la chair. XXV. Les Tatianistes, ainsi appelĂ©s de Tatien, leur maĂźtre, portent aussi le nom d'Encratites Ă  les entendre, les noces sont blĂąmables ; ils mettent le mariage au nombre des fornications et des autres excĂšs de la corruption, et aucune personne mariĂ©e, homme ou femme, ne peut faire partie de leur secte. Ils ne font point usage de viandes, les condamnent toutes, admettent certaines Ă©manations ridicules des Eons, et nient le salut d'Adam. Au dire d'Epiphane, les Encratites s'Ă©taient schismatiquement sĂ©parĂ©s des Tatianistes, et ne s'en distinguaient que par lĂ . XXVI. Les Cataphrygiens. Montan, en qualitĂ© de Paraclet, et ses deux prophĂ©tesses, Priscilla et Maximilla, Ă©tablirent cette secte d'hĂ©rĂ©tiques. Comme ils Ă©taient nĂ©s dans la province de Phrygie, et qu'ils y avaient vĂ©cu, ils en donnĂšrent le nom Ă  leurs adeptes. Aujourd'hui encore les habitants de ce pays suivent leurs erreurs. Selon eux, le Saint-Esprit, promis par le Sauveur, Ă©tait sans doute descendu sur les ApĂŽtres, mais ils en avaient eux-mĂȘmes reçu une plus riche effusion. Les secondes noces Ă©taient pour eux de vrais adultĂšres. Saint Paul les avait autorisĂ©es, parce que, de son temps, on n'Ă©tait point encore parvenu Ă  la perfection il ne connaissait donc la loi qu'Ă  demi et ne prophĂ©tisait qu'Ă  demi 1. Ils poussent le dĂ©lire au point d'affirmer que le rĂšgne de la perfection a commencĂ© avec Montan et ses prophĂ©tesses. A ce qu'on dit, les Cataphrygiens s'adonnent Ă  de mystĂ©rieuses et abominables cĂ©rĂ©monies. Avec une lancette, ils pratiquent une foule de piqĂ»res sur le corps d'un enfant d'un an le sang qui en sort, ils le mĂ©langent avec de la farine, en font du pain, et se prĂ©parent ainsi une sorte d'eucharistie. Si l'enfant meurt de ses blessures , on le regarde comme un martyr s'il y survit, comme un grand prĂȘtre. XXVII. Les PĂ©puziens ou Quintilliens, ainsi nommĂ©s d'un endroit qu'Epiphane dit avoir Ă©tĂ© autrefois une ville, maintenant dĂ©serte ; ils la regardent comme chose en quelque sorte divine, et lui donnent consĂ©quemment le nom de JĂ©rusalem; chez eux, les femmes 1. I Cor. XIII, 9, 10. jouissent d'une telle autoritĂ©, que par honneur on les Ă©lĂšve au sacerdoce, parce qu'au dire de Quintilla et de Priscilla, le Christ leur Ă©tait apparu, dans la ville de PĂ©puze, sous les traits d'une femme aussi, les nomme-t-on indiffĂ©remment PĂ©puziens ou Quintilliens. Les mystĂšres sanglants dont j'ai parlĂ© en expliquant les erreurs des Cataphrygiens, se voient aussi parmi eux, et paraissent indiquer l'origine de leur secte. Il paraĂźt enfin , d'aprĂšs d'autres auteurs, que PĂ©puze Ă©tait, non pas une ville, mais une maison de campagne, oĂč Montan, Priscilla et Quintilla vivaient ensemble de lĂ  est venu qu'on a cru devoir donner Ă  cette maison le nom de JĂ©rusalem. XXVIII. Les Artotyrites tirent leur nom de la nature de leurs offrandes, car ils offrent du pain et du fromage, sous prĂ©texte que les premiers hommes offraient Ă  Dieu, outre les fruits de la terre, les prĂ©mices de leurs troupeaux. Epiphane les range avec les PĂ©puziens. XXIX. Les TessarescĂ©dĂ©catites s'appellent ainsi, parce qu'ils ne cĂ©lĂšbrent la fĂȘte de PĂąques que le quatorziĂšme jour de la lune,quel que soit d'ailleurs le jour de son Ă©chĂ©ance; et, si c'est un dimanche, ils n'en veillent et n'en jeĂ»nent pas moins ce jour-lĂ . XXX. Les Aloges, ou, comme qui dirait, les hommes sans verbe, parce qu'en grec, Logos, signifie verbe, portent ce nom, parce qu'ils nient que JĂ©sus-Christ soit le Verbe Ă©ternel, et rejettent comme apocryphes l'Évangile et l'Apocalypse de saint Jean, parce que, disent-ils, cet ApĂŽtre n'en est pas l'auteur. XXXI. Les Adamites ont pris ce nom d'Adam, car ils imitent la nuditĂ© oĂč il se trouvait avant le pĂ©chĂ© aussi dĂ©testent-ils le mariage, soutenant que le premier homme a connu son Ă©pouse seulement aprĂšs son pĂ©chĂ© et son exclusion du paradis terrestre. A leur avis, l'union conjugale n'aurait jamais existĂ©, si personne n'avait commis le pĂ©chĂ©, et leur Eglise est, Ă  leur yeux, un vrai paradis, car les hommes e les femmes y entrent nus, y Ă©coutent les leçons, y prient, y cĂ©lĂšbrent les mystĂšres dans un Ă©tat de nuditĂ© complĂšte. XXXII. Les ElcĂ©sĂ©ens et les SampsĂ©ens, dont Epiphane fait ensuite mention comme si c'Ă©tait ici leur place, furent, Ă  ce qu'il paraĂźt, les dupes d'un faux prophĂšte cet homme, du nom d'Elci, avait eu deux filles qu'ils adoraient comme des dĂ©esses. Pour le 8 reste, il y avait similitude d'erreurs entre ces hĂ©rĂ©tiques et les Ebionites. XXXIII. ThĂ©odote Ă©tablit la secte des ThĂ©odotiens. Il enseigna que le Christ n'Ă©tait qu'un homme. Le motif de son hĂ©rĂ©sie se trouva, dit-on, dans l'apostasie dont il s'Ă©tait rendu coupable au moment d'une persĂ©cution pour pallier son crime, il n'avait rien imaginĂ© de mieux que de dire qu'il avait reniĂ© un homme, et non un Dieu. XXXIV. Aux yeux des MelchisĂ©dĂ©ciens, le prĂȘtre du TrĂšs-Haut, MelchisĂ©dech, n'Ă©tait pas un homme, mais la grande vertu de Dieu. XXXV. Les BardĂ©sanistes furent ainsi nommĂ©s d'un certain BardĂ©sane, qui fut d'abord un catholique trĂšs-distinguĂ©, mais qui tomba ensuite dans l'hĂ©rĂ©sie de Valentin, sans toutefois en suivre tous les errements. XXXVI. Les NoĂ©tiens, disciples d'un certain Noet, soutenaient que le Christ n'Ă©tait autre que le PĂšre et le Saint-Esprit. XXXVII. Chez les ValĂ©siens, tous sont eunuques ils mutilent aussi leurs hĂŽtes, croyant devoir ainsi servir Dieu. LĂ  ne s'arrĂȘtent ni leurs turpitudes ni leurs erreurs nĂ©anmoins Epiphane n'a pas mentionnĂ© leurs autres Ă©carts de croyance et de mƓurs, et moi, je n'ai jamais pu les connaĂźtre. XXXVIII. Les Cathares, qui s'appelaient aussi Novatiens, parce qu'ils avaient adhĂ©rĂ© aux erreurs de Novat, s'Ă©taient orgueilleusement et odieusement nommĂ©s ainsi, pour faire parade de leur prĂ©tendu puritanisme ils condamnaient les secondes noces, et refusaient l'absolution aux pĂ©cheurs. XXXIX. D'aprĂšs le tĂ©moignage d'Epiphane, on ne rencontre plus d'AngĂ©liques, c'est-Ă -dire, de ces hĂ©rĂ©tiques qui adoraient les anges. XL. Les Apostoliques. Sous ce nom trĂšs-prĂ©tentieux, on dĂ©signe ceux qui ne reçoivent Ă  leur communion ni les personnes mariĂ©es, ni les chrĂ©tiens qui n'ont pas renoncĂ© Ă  leurs biens propres, comme font les moines et un grand nombre de clercs dans l'Église catholique. Leur hĂ©rĂ©sie consiste en ce que, contrairement Ă  l'enseignement de cette Eglise, ils enlĂšvent toute espĂ©rance de salut Ă  ceux qui usent des choses dont ils s'abstiennent. Leurs erreurs sont les mĂȘmes que celles des Encratites, car on les appelle aussi Apotactites 1. Mais pour celles qui leur seraient propres, je ne les connais pas. 1. Ce mot signifie les Renonçants. XLI. Noet, dont il vient d'ĂȘtre question, eut pour disciple Sabellius , maĂźtre des Sabelliens ceux-ci furent donc une branche des NoĂ©tiens. Je ne sais, Ă  vrai dire, pour quel motif Epiphane a fait des NoĂ©tiens et des Sabelliens deux sectes diffĂ©rentes, car il a pu arriver que Sabellius ait fait plus de bruit que Noet, et que cette hĂ©rĂ©sie ait consĂ©quemment reçu de lui un nom plus cĂ©lĂšbre. A peine connaĂźt-on les NoĂ©tiens pour les Sabelliens, beaucoup de personnes en savent le nom. En effet, les uns leur donnent le nom de PraxĂ©aniens, de PraxĂ©as ; les autres, celui d'HermogĂ©niens, qui vient d'HermogĂšne ces deux personnages soutinrent la mĂȘme doctrine, et vĂ©curent l'un et l'autre en Afrique. Ce ne sont donc pas plusieurs sectes, mais ce sont des noms diffĂ©rents donnĂ©s Ă  une seule et mĂȘme secte, en mĂ©moire des hommes les plus cĂ©lĂšbres qui en firent partie. Ainsi en est-il des Donatistes et des ParmĂ©nianistes, des PĂ©lagiens et des CĂ©lestiens. Comment donc expliquer pourquoi Epiphane nous reprĂ©sente les Sabelliens et les NoĂ©tiens comme deux sectes bien distinctes, tandis qu'ils appartiennent Ă  la mĂȘme, sous diverses dĂ©nominations? Je ne le vois pas clairement car, s'il existe entre eux une diffĂ©rence essentielle, il en a parlĂ© d'une maniĂšre si obscure, peut-ĂȘtre parce qu'il cherchait Ă  ĂȘtre concis, et qu'il m'est impossible. de saisir sa pensĂ©e. Mettant les Sabelliens au rang oĂč ils se trouvent ici, mais si loin des NoĂ©tiens, il s'exprime en ces termes Les Sabelliens professent les mĂȘmes erreurs que les NoĂ©tiens, avec cette diffĂ©rente pourtant que, selon eux, le PĂšre n'a pas souffert 1 ». Est-il possible de croire qu'il est ici question des Sabelliens, puisque ceux-ci affirment si ouvertement les souffrances du PĂšre, qu'on les connaĂźt plutĂŽt sous le nom de Patripassiens que sous celui de Sabelliens? Et si, en disant que, selon eux, le PĂšre n'a pas souffert, il a voulu parler des NoĂ©tiens, comment les reconnaĂźtre au milieu de termes si ambigus? Enfin, Epiphane a-t-il vraiment voulu dire, des uns et des autres, que, selon eux, le PĂšre n'a pas souffert, puisqu'ils soutiennent Ă©galement que le PĂšre, le Fils et le Saint-Esprit ne forment ensemble qu'une seule et mĂȘme personne? Mais Philastre, Ă©vĂȘque de Brixiane, qui a Ă©crit sur les hĂ©rĂ©sies un livre excessivement prolixe, et qui a comptĂ© 1 Epiphane en son AnacĂ©phalĂ©ose. 9 cent vingt-huit sectes hĂ©rĂ©tiques, nomme les Sabelliens immĂ©diatement aprĂšs les NoĂ©tiens, et s'exprime ainsi Sabellius fut disciple de Noet, et professa exactement la doctrine de son maĂźtre c'est pourquoi les membres de cette secte furent indiffĂ©remment appelĂ©s, dans la suite, Sabelliens , Patripassiens , PraxĂ©aniens et HermogĂ©niens ; de PraxĂ©as et d'HermogĂšne, qui habitĂšrent tous deux l'Afrique ces divers hĂ©rĂ©tiques furent exclus de l'Eglise catholique avec tous ceux qui pensaient comme eux ». Evidemment, aprĂšs avoir citĂ© les NoĂ©tiens, il a dĂ©signĂ©, sous le nom de Sabelliens, tous ceux qui marchaient sur les traces de Noet il a indiquĂ© les autres noms donnĂ©s aux membres de la mĂȘme secte ; et, pourtant, il distingue parfaitement les NoĂ©tiens des Sabelliens, comme s'ils formaient deux sectes bien distinctes. Pourquoi ? Lui seul le sait. XLII. Les OrigĂ©niens, disciples d'un OrigĂšne, diffĂšrent de celui que presque tout le monde connaĂźt. Qui Ă©tait cet OrigĂšne? Je l'ignore mais voici ce qu'Epiphane dit de lui et de ses sectateurs Les OrigĂ©niens, ainsi nommĂ©s d'OrigĂšne, leur maĂźtre, se livrent Ă  des turpitudes et commettent des abominations leurs corps sont de vrais instruments de corruption ». Puis parlant d'autres OrigĂ©niens, il ajoute XLIII. II y a d'autres OrigĂ©niens, qui suivent la doctrine d'Adamand ils nient la rĂ©surrection des morts, et disent que le Christ et le Saint-Esprit ont Ă©tĂ© créés pour eux, le paradis, le ciel et bien d'autres objets de nos croyances ne doivent point ĂȘtre pris Ă  la lettre ». VoilĂ  ce qu'Epiphane dit d'OrigĂšne. Ceux qui le dĂ©fendent, soutiennent que d'aprĂšs lui, le PĂšre, le Fils et le Saint-Esprit ne forment qu'une seule et mĂȘme substance, et que la rĂ©surrection des morts aura lieu. Ceux, au contraire, qui ont lu la plupart de ses Ă©crits, persistent Ă  l'attaquer, sous divers rapports, comme hĂ©rĂ©tique. Mais OrigĂšne a professĂ© d'autres points de doctrine que l'Eglise rejette d'une maniĂšre absolue, dont elle le blĂąme Ă  juste titre, et sur lesquels ses dĂ©fenseurs ne peuvent donner aucune explication plausible; particuliĂšrement en ce qui concerne la purification et la dĂ©livrance des damnĂ©s , et encore, pour les crĂ©atures raisonnables, leur retour aux mĂȘmes Ă©preuves aprĂšs un laps de temps considĂ©rable. Quel catholique instruit ou ignorant pourrait, en effet, ne pas condamner ce qu'OrigĂšne dit de la purification des mĂ©chants dans l'enfer? Il prĂ©tend que les mĂ©chants, mĂȘme ceux qui auront terminĂ© leur existence au milieu des infamies, dans le crime, dans le sacrilĂšge et l'impiĂ©tĂ©, qu'en dernier lieu le dĂ©mon lui-mĂȘme avec ses anges seront dĂ©livrĂ©s et purifiĂ©s aprĂšs une infinitĂ© de siĂšcles, et seront reçus dans le royaume et la lumiĂšre de Dieu enfin, qu'aprĂšs bien des temps, tous ceux qui auront Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©s, retomberont et retourneront dans les mĂȘmes maux que ces alternatives de bonheur et de misĂšres ont toujours Ă©tĂ© et seront toujours la destinĂ©e de la crĂ©ature raisonnable. Dans le livre de la CitĂ© de Dieu, je me suis efforcĂ© de dĂ©truire ce vain et impie systĂšme, adoptĂ© par les philosophes, et suivi par OrigĂšne 1. XLIV. Les Pauliniens, sectateurs de Paul de Samosate, soutiennent que le Christ n'a pas toujours existĂ©, mais qu'il a commencĂ© au moment oĂč il est nĂ© de la Vierge Marie ils ne voient donc en lui qu'un pur homme. Cette hĂ©rĂ©sie avait Ă©tĂ© prĂ©cĂ©demment professĂ©e par un certain Artimon aprĂšs avoir presque disparu, elle fut remise en scĂšne par Paul de Samosate, et soutenue par Photin, au point que ses sectateurs furent bientĂŽt plus connus sous le nom de Photiniens que sous celui de Pauliniens. Au Concile de NicĂ©e, on dĂ©crĂ©ta que ceux d'entre ces Pauliniens qui voudraient rentrer dans le giron de l'Eglise catholique, seraient baptisĂ©s d'oĂč il est permis de conclure qu'ils n'avaient point conservĂ© la vraie maniĂšre de baptiser, Ă  l'exemple de beaucoup d'autres hĂ©rĂ©tiques, qui, en se sĂ©parant de la vĂ©ritable Eglise, ont nĂ©anmoins religieusement conservĂ© ses rites, qu'ils observent encore aujourd'hui. XLV. Dans la liste des hĂ©rĂ©tiques dressĂ©e par Epiphane, Photin n'est placĂ© ni Ă  cĂŽtĂ© de ;Paul de Samosate, ni aprĂšs lui , mais entre eux se trouvent indiquĂ©s d'autres hĂ©rĂ©siarques. Selon cet auteur, Photin professa certainement les mĂȘmes erreurs que Paul, mais il s'en Ă©loigna Ă  certains Ă©gards en quoi consista la divergence de leurs opinions ? Epiphane ne le dit pas. Au contraire, dans la liste de Philastre, les noms de ces deux hĂ©rĂ©tiques se suivent immĂ©diatement, dĂ©signĂ©s l'un et l'autre par un numĂ©ro d'ordre diffĂ©rent, 1. CitĂ© de Dieu, liv. XXI. 10 comme s'ils avaient professĂ© des doctrines diverses et pourtant Philastre dĂ©clare que le second a suivi en tout les errements du premier. XLVI. ManĂšs, originaire de Perse, fut le chef des ManichĂ©ens cependant, aprĂšs qu'il eut commencĂ© Ă  enseigner en GrĂšce sa doctrine insensĂ©e, ses disciples aimĂšrent mieux l'appeler ManichĂ©e que de lui donner un nom synonyme de celui de folie. Partant de lĂ , quelques-uns d'entre eux, comme plus savants et, par lĂ  mĂȘme, plus menteurs, doublĂšrent l'N, et prononcĂšrent MannichĂ©e, c'est-Ă -dire, homme qui rĂ©pand la manne. ManĂšs imagina l'existence de deux principes, diffĂ©rents l'un de l'autre, opposĂ©s l'un Ă  l'autre, Ă©ternels et coĂ©ternels, c'est-Ă -dire, ayant toujours existĂ©; et, imitant en cela les anciens hĂ©rĂ©tiques, il admit deux natures et deux substances, celle du bien et celle du mal. Il serait trop long d'insĂ©rer, dans cet ouvrage, les rĂȘveries dont il a enveloppĂ© sa doctrine touchant l'opposition et le mĂ©lange du bien et du mal, la sĂ©paration complĂšte du bien d'avec le mal, et la condamnation Ă©ternelle rĂ©servĂ©e au mal, comme au bien qui ne pourra ĂȘtre sĂ©parĂ© du mal. En consĂ©quence de ces rĂȘveries ridicules et impies, les ManichĂ©ens sont forcĂ©s de reconnaĂźtre la mĂȘme nature Ă  Dieu et aux Ăąmes bonnes, qui doivent ĂȘtre dĂ©livrĂ©es de leur mĂ©lange d'avec les Ăąmes mauvaises, c'est-Ă -dire, des Ăąmes douĂ©es de la nature opposĂ©e Ă  celle du bien. C'est pourquoi, selon eux, la nature du bien, c'est-Ă -dire la nature divine, a fait le monde, il est vrai, mais elle l'a fait du mĂ©lange formĂ© par le bien et le mal au moment oĂč les deux natures ont luttĂ© l'une contre l'autre. Cependant la sĂ©paration parfaite du bien d'avec le mal et sa dĂ©livrance, ce sont les vertus de Dieu qui l'effectuent par tout le monde et dans tous les Ă©lĂ©ments, comme elles forment leurs Ă©lus parles aliments dont ils se nourrissent. Ces aliments et le monde entier sont mĂ©langĂ©s avec la substance divine, et cette substance est purifiĂ©e dans les Ă©lus des ManichĂ©ens par le genre de vie que ceux-ci ont adoptĂ© et que leurs auditeurs observent encore d'une maniĂšre plus sainte et plus excellente. J'ai prononcĂ© les noms d'Ă©lus et d'auditeurs ; deux classes de fidĂšles dont se compose leur Eglise. A les en croire, cette partie de la nature bonne et divine qui se trouve mĂ©langĂ©e et emprisonnĂ©e dans les aliments, et dans la boisson, et, surtout, dans ceux qui engendrent, l'est encore d'une façon plus Ă©troite et plus honteuse chez les autres hommes, et mĂȘme chez leurs auditeurs. Quant aux portions de lumiĂšre purifiĂ©es, dont la rĂ©fraction a lieu de toutes parts, elles retournent Ă  Dieu, comme Ă  leur foyer naturel, transportĂ©es dans les airs par des vaisseaux, c'est-Ă -dire, par la lune et le soleil ces vaisseaux sont faits de la pure substance de Dieu ; et cette lumiĂšre corporelle, dont les rayons frappent ici-bas les regards de tous les ĂȘtres mortels animĂ©s, qui rĂ©side, non-seulement dans la lune et le soleil oĂč elle est toute pure, mais encore dans tous les autres objets brillants au sein desquels elle se trouve mĂ©langĂ©e, et doit ĂȘtre purifiĂ©e; cette lumiĂšre corporelle n'est autre que la nature divine. Les cinq Ă©lĂ©ments, c'est-Ă -dire, la fumĂ©e, les tĂ©nĂšbres, le feu, l'eau et le vent ont Ă©tĂ© formĂ©s par le peuple des tĂ©nĂšbres; ils ont, Ă  leur tour, engendrĂ© des princes particuliers. Dans la fumĂ©e, sont nĂ©s les animaux bipĂšdes, et, par consĂ©quent, les hommes; dans les tĂ©nĂšbres, les serpents; dans le feu, les quadrupĂšdes; dans l'eau, les poissons; dans le vent, les oiseaux. Pour dĂ©truire la puissance de ces mauvais Ă©lĂ©ments, cinq autres, Ă©manĂ©s de la substance divine, sont sortis du royaume cĂ©leste, et, de leur lutte mutuelle, est rĂ©sultĂ© le mĂ©lange de l'air avec la fumĂ©e, de la lumiĂšre avec les tĂ©nĂšbres, du bon feu avec le mauvais, de la bonne eau avec la mauvaise, du vent mauvais avec le bon. Il y a, entre les deux vaisseaux, ou les deux grands luminaires du ciel, cette diffĂ©rence que la lune a Ă©tĂ© faite avec la bonne eau, et que le soleil a Ă©tĂ© fait avec le bon feu. En eux rĂ©sident les saintes vertus celles-ci se transforment en hommes pour attirer Ă  eux les femmes du parti adverse, et puis, en femmes pour attirer les hommes de ce mĂȘme parti, afin que leur concupiscence,'Ă©tant Ă©veillĂ©e par de telles excitations, la lumiĂšre, contenue et mĂ©langĂ©e dans leurs membres, s'en Ă©chappe, soit reçue par les anges de lumiĂšre pour ĂȘtre purifiĂ©e, et, aprĂšs cette purification, soit chargĂ©e sur ces vaisseaux et reportĂ©e dans son propre royaume. A cette occasion , ou plutĂŽt, par une consĂ©quence nĂ©cessaire de leur abominable superstition, leurs Ă©lus doivent recevoir une sorte d'eucharistie, sur laquelle on a prĂ©alablement rĂ©pandu de la semence humaine, pour que de lĂ , comme de leurs aliments, la substance divine se trouve dĂ©livrĂ©e. Les ManichĂ©ens affirment que jamais 11 crime pareil n'a Ă©tĂ© commis parmi eux; ils en accusent je ne sais quels autres hĂ©rĂ©tiques auxquels ils donnent leur propre nom. Pourtant, tu le sais, au moment oĂč tu Ă©tais diacre Ă  Carthage, on les a convaincus dans une Ă©glise de cette ville car, aprĂšs des poursuites dirigĂ©es contre eux par le tribun Ursus, prĂ©fet de la maison royale, quelques-uns d'entre eux y furent amenĂ©s. Alors une jeune fille, du nom de Marguerite, Ă  peine ĂągĂ©e de douze ans, trahit leurs honteuses pratiques, et dĂ©clara qu'elle avait Ă©tĂ© violĂ©e pour l'accomplissement de leurs coupables mystĂšres. On obtint assez facilement le mĂȘme aveu d'une sorte de nonne ManichĂ©enne, appelĂ©e EusĂ©bie, qui avait souffert violence pour la mĂȘme cause. De prime abord, elle avait soutenu qu'elle Ă©tait vierge, et demandait Ă  ĂȘtre visitĂ©e par une sage-femme lorsqu'elle eut Ă©tĂ© examinĂ©e et qu'on sut Ă  quoi s'en tenir sur son compte, elle fit connaĂźtre, comme Marguerite, qu'on avait interrogĂ©e Ă  part et dont elle n'avait pu entendre la dĂ©position, tous les dĂ©tails des criminelles turpitudes des ManichĂ©ens on faisait, disait-elle, coucher ensemble un homme et une femme, aprĂšs avoir Ă©tendu sous eux de la farine destinĂ©e Ă  recevoir de la semence humaine et Ă  ĂȘtre mĂ©langĂ©e avec elle. Les Actes Ă©piscopaux que vous nous avez envoyĂ©s en font foi tout rĂ©cemment encore on trouva quelques ManichĂ©ens conduits Ă  l'Ă©glise, ils y furent minutieusement interrogĂ©s, et dĂ©couvrirent, non des mystĂšres sacrĂ©s, mais d'exĂ©crables secrets. L'un d'eux, nommĂ© Viator, appelait Cathares ceux qui se rendaient coupables de pareils forfaits il reconnaissait aussi, comme sectateurs de ManĂšs, les Mattariens et surtout les ManichĂ©ens, avouant, toutefois malgrĂ© lui, qu'ils Ă©taient tous les disciples du mĂȘme maĂźtre, et de vrais ManichĂ©ens. Il est, en effet, certain et indubitable qu'ils ont tous, entre les mains, les livres manichĂ©ens oĂč se trouve l'affreuse doctrine de la transformation des hommes en femmes, et des femmes en hommes, et dans lesquels on les excite Ă  attirer et Ă  dĂ©truire, par la concupiscence, les princes des tĂ©nĂšbres inhĂ©rents aux deux sexes, afin que la substance divine, jusqu'alors retenue captive en eux, soit dĂ©livrĂ©e et s'en Ă©loigne ils ont beau dire qu'on ne pratique point chez eux la doctrine contenue dans ces livres, toutes ces abominations en dĂ©coulent comme de source. En agissant de la sorte, ils pensent imiter de leur mieux les vertus divines par ce moyen, ils purifient cette portion de leur Dieu qui se trouve enfermĂ©e et toute souillĂ©e dans la semence humaine, comme dans tous les corps cĂ©lestes et terrestres, et dans la semence de toutes choses. Ils doivent, par consĂ©quent, la dĂ©livrer de la semence humaine en se nourrissant de celle-ci, comme ils la dĂ©livrent de toutes les autres semences contenues dans les aliments dont ils font usage. De lĂ  leur est venu le nom de Cathares ou purificateurs, car ils mettent Ă  purifier la substance divine un tel soin, qu'ils ne reculent pas mĂȘme devant l'infamie d'une pareille nourriture. Cependant ils ne mangent pas de viande, car, disent-ils, la substance divine est incompatible avec n'importe quel ĂȘtre mort ou tuĂ©, et le peu qu'il en reste dans ces corps, ne mĂ©rite pas d'ĂȘtre purifiĂ© dans l'estomac des Ă©lus. Les oeufs n'entrent pas non plus dans leur alimentation, car le principe de la vie s'Ă©teint en eux dĂšs qu'on en brise l'enveloppe on ne peut se nourrir d'aucun corps mort, et ce qui vient de la chair est mort, Ă  moins d'ĂȘtre mĂȘlĂ© Ă  de la farine, parce que celle-ci lui conserve la vie. Les ManichĂ©ens ne se servent pas davantage de lait, quoiqu'on le suce ou qu'on le tire d'un corps animal vivant; non pas qu'Ă  leurs yeux la substance divine ne s'y trouve point mĂȘlĂ©e, mais parce que l'erreur ne se trouve pas toujours d'accord avec elle-mĂȘme. Par la mĂȘme anomalie, ils ne boivent pas de vin, parce que c'est le fiel du prince des tĂ©nĂšbres ils mangent du raisin , et pourtant encore, ils n'usent pas mĂȘme de vin doux, si nouveau qu'il soit. Suivant eux, les Ăąmes des auditeurs retournent dans les Ă©lus, ou, par une plus heureuse coĂŻncidence, dans les aliments des Ă©lus, en sorte qu'Ă©tant, lĂ , bien purifiĂ©es, elles ne sont point obligĂ©es de transmigrer Ă  nouveau dans un autre corps. mais toutes les autres Ăąmes repassent dans les troupeaux et dans tout ce qui tient par racines Ă  la terre, et s'en nourrit. Les herbes et les arbres vivent de telle façon qu'ils en ont le sentiment et qu'ils gĂ©missent quand on les blesse aussi, les ManichĂ©ens Ă©prouvent-ils une sorte de torture, dĂšs qu'ils voient cueillir une herbe ou couper un arbre en consĂ©quence, il n'est point permis, chez eux, mĂȘme de dĂ©fricher un champ; on doit, ĂŽ folie ! regarder comme entachĂ© d'homicide, 12 l'art le plus innocent de tous, l'agriculture, et, s'il est permis aux auditeurs de cultiver la terre, c'est uniquement parce qu'ils trouvent, dans la culture des champs, le moyen de fournir des aliments aux Ă©lus, et que la substance divine, contenue dans ces aliments pour y ĂȘtre purifiĂ©e, demande grĂące pour eux, lorsqu'elle est dĂ©gagĂ©e dans l'estomac des Ă©lus. C'est pourquoi ceux-ci ne travaillent jamais dans la campagne, rie cueillent pas de fruits, n'arrachent pas mĂȘme une feuille, et attendent que les auditeurs leur apportent les diffĂ©rentes rĂ©coltes destinĂ©es Ă  leur usage ainsi, ils vivent d'une foule d'homicides, commis par les autres, imaginĂ©s par leur folle vanitĂ©. Si les auditeurs se nourrissent de viande, recommandation expresse leur est faite de ne pas tuer eux-mĂȘmes les animaux dont elle provient, dans la crainte d'offenser les princes des tĂ©nĂšbres retenus captifs dans les rĂ©gions cĂ©lestes, car toute chair a Ă©tĂ© créée par eux. S'ils usent du mariage, ils doivent soigneusement Ă©viter de concevoir et d'engendrer, de peur que la substance divine, introduite en eux par les aliments, ne se trouve enchaĂźnĂ©e par des liens charnels dans leurs enfants. Ils se figurent, en effet, que toute chair reçoit une Ăąme par l'intermĂ©diaire de la nourriture et de la boisson aussi parmi eux condamne-t-on positivement les noces, et les empĂȘche-t-on le plus possible, puisqu'on ordonne d'Ă©viter la gĂ©nĂ©ration, qui est cependant la fin lĂ©gitime de l'union conjugale. A leur sens, Adam et Eve ont eu pour parents les princes de la fumĂ©e leur naissance remonte Ă  l'Ă©poque, oĂč, aprĂšs avoir dĂ©vorĂ© tous les enfants de ses compagnons et absorbĂ© ainsi la portion de substance divine qu'ils contenaient, Saclas, leur pĂšre, connut sa femme, et rendit de nouveau captive cette portion de divine substance en l'enfermant dans la chair de sa propre race, comme dans une Ă©troite prison. Le Christ a existĂ© c'Ă©tait le serpent de l'Ecriture, qui ouvrit les yeux de l'intelligence Ă  nos premiers parents, et leur fit connaĂźtre le bien et le mal. Le Christ est revenu sur la terre en ces derniers temps pour sauver les Ăąmes et non les corps il n'a point rĂ©ellement pris une chair mortelle, il ne s'est incarnĂ© qu'en apparence, et s'est ainsi jouĂ© des sens de l'homme. Il a paru mourir et ressusciter, et, dans sa mort comme dans sa rĂ©surrection, il n'y a eu que de l'illusion. Le Dieu qui a donnĂ© sa loi par le ministĂšre de MoĂŻse, qui a parlĂ© par les ProphĂštes juifs, n'Ă©tait pas le vrai Dieu, c'Ă©tait un prince des tĂ©nĂšbres. Les ManichĂ©ens altĂšrent aussi les livres du Nouveau Testament, de maniĂšre Ă  y prendre ce qui leur plaĂźt, et Ă  en rejeter ce qui ne leur convient pas pour s'y autoriser, ils prĂ©tendent que le texte en a Ă©tĂ© prĂ©cĂ©demment corrompu ; ils leur prĂ©fĂšrent des Ă©critures apocryphes, qui, Ă  les en croire, renferment toute la vĂ©ritĂ©. La promesse du Saint-Esprit, faite par Notre-Seigneur JĂ©sus-Christ 1, s'est accomplie en la personne de ManichĂ©e, leur maĂźtre de lĂ  vient que, dans toutes ses lettres, il prend le titre d'apĂŽtre de JĂ©sus-Christ, parce que le Sauveur avait promis de l'envoyer et lui avait donnĂ© l'Esprit-Saint. VoilĂ  aussi pourquoi ManichĂ©e se choisit douze disciples Ă  l'exemple de Notre-Seigneur. Le nombre douze est encore aujourd'hui respectĂ© et conservĂ© par ses sectateurs. Chez eux on choisit, d'entre les Ă©lus, douze hommes auxquels on donne le nom de maĂźtres, et Ă  la tĂȘte desquels on en place un treiziĂšme en qualitĂ© de chef il y a aussi soixante-douze Ă©vĂȘques, ordonnĂ©s par les maĂźtres, et des prĂȘtres ordonnĂ©s par les Ă©vĂȘques les Ă©vĂȘques ont leurs diacres; les autres membres de la secte portent seulement le nom d'Ă©lus mais ceux d'entre eux qui paraissent capables, on les envoie pour soutenir et dĂ©velopper l'erreur lĂ  oĂč elle est dĂ©jĂ  Ă©tablie, pour la semer lĂ  oĂč elle n'existe pas encore. Ils n'attribuent au baptĂȘme d'eau aucune efficacitĂ© pour le salut, et pensent ne devoir le confĂ©rer Ă  aucun de ceux qu'ils entraĂźnent dans leur hĂ©rĂ©sie. Pendant le jour, ils se tournent, pour prier, vers le soleil, n'importe oĂč il en soit de sa course pendant la nuit, leur visage se dirige du cĂŽtĂ© de la lune, si on la voit, et quand on ne l'aperçoit pas, du cĂŽtĂ© de l'aquilon, par oĂč le soleil revient du lieu de son coucher Ă  celui de son lever. Suivant leur doctrine, le pĂ©chĂ© ne vient pas du libre choix de la volontĂ© de l'homme; c'est la substance du parti contraire qui le produit. Partant de lĂ , que la substance du principe mauvais est mĂȘlĂ©e Ă  tous les hommes, ils disent que toute chair a Ă©tĂ© formĂ©e, non par Dieu, mais par le mauvais esprit, qui, Ă©manĂ© du principe contraire, est coĂ©ternel Ă  Dieu. Si nous ressentons en nous la concupiscence de la chair, source des luttes du corps contre l'esprit, cette 1. Jean, XVI, 7. 13 infirmitĂ© n'est point en nous le rĂ©sultat de la corruption de la nature en Adam; c'est une substance contraire , tellement adhĂ©rente Ă  notre ĂȘtre, que, quand nous en sommes dĂ©livrĂ©s et purifiĂ©s, elle s'en sĂ©pare pour vivre elle-MĂȘme Ă©ternellement dans sa propre nature. Entre ces deux Ăąmes, ou ces deux esprits, l'un bon, l'autre mauvais, se livre, dans chaque homme, un combat, lorsque la chair lutte contre l'esprit, et l'esprit contre la chair 1. Cette infirmitĂ© n'a jamais Ă©tĂ© et ne sera jamais guĂ©rie en nous, de la maniĂšre dont on l'enseigne dans l'Eglise catholique; mais, sĂ©parĂ©e de nous et enfermĂ©e pour toujours dans un certain autre monde comme dans une prison, cette substance du mal sera Ă©ternellement victorieuse quand seront arrivĂ©s la fin des temps et le bouleversement de l'univers. A ce monde viendront continuellement se joindre et s'attacher Ă  la maniĂšre d'un vĂȘtement ou d'un manteau, les Ăąmes qui, malgrĂ© leur bontĂ© naturelle, n'auraient pu nĂ©anmoins se purifier de leur contact avec la nature mauvaise. XLVII. Les HiĂ©racites, disciples d'HiĂ©racas, nient la rĂ©surrection de la chair, ne reçoivent dans leur sociĂ©tĂ©, que des moines, des religieuses et des personnes libres des liens du mariage, et prĂ©tendent que les enfants morts avant l'Ăąge de raison n'entrent pas dans le royaume des cieux, parce qu'ils n'ont mĂ©ritĂ© ce bonheur par aucun combat contre le vice. XLVIII. Les MĂ©lĂ©ciens, ainsi nommĂ©s de MĂ©lĂšce, leur chef, sont devenus schismatiques en ne consentant pas Ă  prier avec les convertis, c'est-Ă -dire, avec ceux qui, ayant reniĂ© la foi pendant la persĂ©cution, Ă©taient revenus Ă  rĂ©sipiscence. On dit qu'ils sont maintenant rĂ©unis aux Ariens. XLIX. Arius a donnĂ© son nom aux Ariens tous connaissent parfaitement ces hĂ©rĂ©tiques et leur erreur. A les entendre, le PĂšre, le Fils et le Saint-Esprit ne sont pas d'une seule et mĂȘme nature, d'une seule et mĂȘme substance, ou, pour parler plus clairement, n'ont pas la mĂȘme essence, en grec, ousia ; le Fils est une crĂ©ature, et le Saint-Esprit est une crĂ©ature de crĂ©ature, c'est-Ă -dire , formĂ©e par le Fils. En s'incarnant, le Christ a pris seulement un corps, sans s'unir en mĂȘme temps Ă  une Ăąme. Toutefois, sur ce dernier point, on tonnait moins leur doctrine que sur les autres, et personne 1. Gal. V, 17. que je sache, n'a rien dit de certain Ă  cet Ă©gard il est nĂ©anmoins positif que telle est leur doctrine. Epiphane l'a reconnu ; je m'en suis moi-mĂȘme assurĂ© en lisant certains de leurs Ă©crits, en Ă©coutant certains de leurs discours. Ils rebaptisent aussi les catholiques en usent-ils de mĂȘme avec les non-catholiques ? Je l'ignore. L. Epiphane veut qu'on regarde comme schismatiques, et non comme hĂ©rĂ©tiques ceux qu'il appelle Vadiens et que d'autres nomment Anthropomorphites , parce qu'ils adoptent des idĂ©es charnelles et reprĂ©sentent Dieu sous une figure humaine corruptible. Pour les Ă©pargner et ne point les faire considĂ©rer comme hĂ©rĂ©tiques , Epiphane attribue cette erreur Ă  leur rusticitĂ©. Voici ce qu'il en dit Les Vadiens se sont sĂ©parĂ©s de notre communion, parce que les richesses des Ă©vĂȘques les offusquaient, et qu'ils cĂ©lĂ©braient la pĂąque en mĂȘme temps que les Juifs ». Certains auteurs affirment pourtant qu'en Egypte ils sont en communion avec les Catholiques. — Epiphane place les Photiniens en cet endroit de sa liste nous en avons dĂ©jĂ  suffisamment parlĂ© plus haut. LI. Au dire de cet Ă©crivain, les Semi-Ariens reconnaissent, dans le Fils, une essence pareille Ă  celle du PĂšre, mais non la mĂȘme omoiuosion ils sont par consĂ©quent des Ariens incomplets, puisque les vrais Ariens et les Eunomiens n'acceptent pas mĂȘme la similitude de substance entre ces deux personnes. LII. Les MacĂ©doniens, sectateurs de MacĂ©donius, sont appelĂ©s, chez les Grecs, pneumatomakhous 1 , parce qu'ils Ă©lĂšvent des contestations au sujet du Saint-Esprit. En ce qui concerne le PĂšre et le Fils, il n'y a rien Ă  blĂąmer dans leur doctrine, puisqu'ils confessent une seule et mĂȘme substance ou essence dans l'un et dans l'autre mais ils ne veulent pas en croire autant du Saint-Esprit , qu'ils regardent comme une simple crĂ©ature. Quelques-uns leur donnent, avec plus de raison, le nom de Semi-Ariens , parce qu'ils sont d'accord Ă  demi avec les Ariens, et d'accord Ă  demi avec nous. NĂ©anmoins, d'autres pensent que, dans l'idĂ©e des MacĂ©doniens, le Saint-Esprit n'est pas Dieu, qu'il n'a pas de substance Ă  lui propre, mais qu'il est seulement la divinitĂ© du PĂšre et du Fils. LIII. DĂ©solĂ© de n'avoir pu devenir Ă©vĂȘque, 1. Ce mot signifie Ennemis de l'esprit. 14 le prĂȘtre AĂ©rius se jeta dans le parti des Ariens, fonda la secte des AĂ©riens en ajoutant quelques erreurs 'Ă  celles de l'arianisme. Ainsi, selon lui, on ne devait ni offrir le saint sacrifice pour les morts, ni Ă©tablir ou observer des jeĂ»nes solennels chacun pouvait jeĂ»ner Ă  son grĂ©, afin de ne point paraĂźtre soumis Ă  une loi on nĂ© devait, non plus, voir aucune diffĂ©rence entre un Ă©vĂȘque et un prĂȘtre. Si l'on en croit certains auteurs, les AĂ©riens, Ă  l'exemple des Encratites ou Apotactites, ne reçoivent, dans leur communion, que les continents et ceux qui ont renoncĂ© au monde au point de ne plus rien possĂ©der en propre. Au dire d'Epiphane, ils mangent de la viande Philastre, au contraire, assure qu'ils s'en abstiennent. LIV. Les AĂ©tiens s'appellent ainsi d'AĂ©tius, et Eunomiens d'Ennomius, son disciple mais ils sont plus connus sous ce dernier nom. Dialecticien habile, mordant et renommĂ©, Eunomius soutint, avec plus de succĂšs que son maĂźtre, l'erreur d'aprĂšs laquelle le Fils serait tout diffĂ©rent du PĂšre et le Saint-Esprit tout diffĂ©rent du Fils. Les bonnes moeurs rencontrĂšrent aussi en lui un adversaire si effrontĂ©, qu'il promettait Ă  tous les sectateurs fidĂšles de sa doctrine une impunitĂ© complĂšte pour les crimes les plus abominables et la persĂ©vĂ©rance dans le mal. LV. Marchant sur les traces d'Apollinaire, les Apollinaristes s'Ă©loignĂšrent, comme lui, de la foi catholique touchant l'Ăąme du Christ, et prĂ©tendirent, Ă  l'exemple des Ariens, que le Dieu-Christ avait pris un corps sans Ăąme. Confondus par les textes de l'Evangile opposĂ©s Ă  leur enseignement, ils rĂ©pondirent que, si le Sauveur avait pris une Ăąme, elle Ă©tait privĂ©e de l'entendement qui rend raisonnable l'Ăąme humaine dĂ©faut, ajoutaient-ils, suppléé par la prĂ©sence du Verbe. Relativement au corps du Christ, ils ne s'accordaient pas davantage avec l'enseignement de l'Eglise. Dans leur opinion, le Verbe Ă©tait une seule et mĂȘme substance avec son corps il s'Ă©tait fait chair en ce sens qu'une portion du Verbe s'Ă©tait convertie et changĂ©e en chair, mais son corps n'avait pas Ă©tĂ© formĂ© de celui de Marie. LVI. Les Antidicomarites ne reconnaissent pas la virginitĂ© de Marie ils soutiennent, au contraire, qu'aprĂšs la naissance du Christ, elle a eu des rapports charnels avec son Ă©poux. LVII. La derniĂšre hĂ©rĂ©sie dont Epiphane fasse mention, est celle des Massaliens, nom syrien que les Grecs rendent par celui d'Euchites eukhitai Ă  cause de leur maniĂšre de prier. Le Seigneur avait dit Il faut prier a toujours et ne pas se lasser 1 ». L'ApĂŽtre avait dit aussi Priez sans cesse 2 ». Ce qui signifie Ă©videmment qu'il ne faut passer aucun jour sans consacrer Ă  la priĂšre quelques moments. Les Massaliens ont tellement pris Ă  la lettre cette recommandation, qu'on a cru devoir, pour cela, les ranger parmi les hĂ©rĂ©tiques. NĂ©anmoins, si l'on ajoute foi au dire de certains auteurs, ils racontaient, sur la purification des Ăąmes, je ne sais quelle fable fantastique et ridicule ainsi, par exemple, quand un homme est purifiĂ©, on lui voit sortir de la bouche une laie avec ses petits, et, aussitĂŽt aprĂšs, un globe de feu entre visiblement en lui, et ne le consume pas. Epiphane leur assimile et comprend dans la mĂȘme secte les EuphĂ©mites, les Martyriens et les Sataniens. Les Euchites prĂ©tendent que les moines ne peuvent et ne doivent riĂšn faire, mĂȘme pour subvenir aux nĂ©cessitĂ©s de la vie, et qu'on ne se montre vĂ©ritablement moine qu'en s'abstenant de tout travail. L'Ă©vĂȘque de Chypre, dont il a Ă©tĂ© tout Ă  l'heure question, termine ici son ouvrage sur les hĂ©rĂ©sies. Cet Ă©crivain jouit d'une grande rĂ©putation parmi les Grecs; on le regarde gĂ©nĂ©ralement comme trĂšs-exact en fait de doctrine catholique. Dans la nomenclature des hĂ©rĂ©tiques et l'exposition de leurs erreurs, j'ai suivi l'ordre adoptĂ© par lui, mais non sa mĂ©thode ; ajoutant ici , d'aprĂšs d'autres, ce qu'il n'a pas dit, retranchant ailleurs ce dont il a fait mention, m'Ă©tendant sur un point, abrĂ©geant sur un autre, imitant parfois sa briĂšvetĂ©, suivant, en tout, le plan que je m'Ă©tais tracĂ©. Selon sa maniĂšre de voir, les hĂ©rĂ©sies sont au nombre de quatre-vingts il en compte vingt avant la naissance du Sauveur et soixante depuis son Ascension. A ces derniĂšres il a consacrĂ© cinq livres extrĂȘmement courts, et pour toutes il a fait les six livres dont se compose son ouvrage tout entier. Pour moi, je me suis conformĂ© Ă  ta demande, et je t'ai rappelĂ© toutes les hĂ©rĂ©sies qui se sont dĂ©clarĂ©es, mĂȘme sous ombre de Christianisme, contre la doctrine de JĂ©sus-Christ, depuis le jour oĂč il a Ă©tĂ© glorifiĂ©. De toutes les hĂ©rĂ©sies citĂ©es par Epiphane, j'en 1. Luc, XVIII, 1. — 2. I Thess. V, 17. 15 ai citĂ© cinquante-sept, — de deux qui me semblaient pareilles, n'en faisant qu'une, et indiquant, sous des chiffres diffĂ©rents, celles qu'il avait rĂ©unies en une seule, mais qui me paraissaient soutenir des erreurs diverses. Il me reste maintenant Ă  Ă©numĂ©rer toutes les sectes indiquĂ©es par d'autres Ă©crivains, ou dont j'ai moi-mĂȘme souvenance. Voici celles que nomme Philastre, et qu'Epiphane n'a pas mentionnĂ©es. LVIII. Les MĂ©tangismonites, sectateurs du MĂ©tangismon, avaient, du PĂšre et du Fils, des idĂ©es toutes charnelles , les considĂ©raient presque comme deux corps, et disaient que le Fils est dans le PĂšre, comme un vase est dans un autre vase, en sorte que le Fils entre dans son PĂšre comme un vase plus petit pĂ©nĂštre dans un vase plus grand. De lĂ  on a donnĂ© Ă  cette erreur le nom grec de metangismos, parce que, dans la langue des HellĂšnes angeion, signifie vase on ne trouve pas, dans la langue latine, de mot qui puisse signifier, Ă  lui seul, l'entrĂ©e d'un vase dans un autre, comme le mot grec metangismos. LIX. Les SĂ©leuciens et les Hermiens, disciples de SĂ©leucus et d'Hermias, ont adoptĂ© un systĂšme d'aprĂšs lequel la matiĂšre des Ă©lĂ©ments qui constituent le monde, n'a pas Ă©tĂ© faite par Dieu, mais lui est coĂ©ternelle. A les en croire, l'Ăąme de l'homme n'a pas non plus Dieu pour auteur, mais les anges l'ont faite de feu et d'air subtil. Le mal puise son origine, tantĂŽt en Dieu, tantĂŽt dans la matiĂšre. JĂ©sus-Christ n'est point corporellement assis Ă  la droite de Dieu, mais, en remontant au ciel, il a quittĂ© sa chair et l'a laissĂ©e dans le soleil, selon cette parole du Psalmiste Dans le soleil il a placĂ© sa tente 1 ». Il n'y aura pas de paradis visible , le baptĂȘme d'eau est inutile la rĂ©surrection future est un mythe elle a lieu, tous les jours, dans la procrĂ©ation des enfants. LX. La doctrine des Proclianites est la mĂȘme que celle des SĂ©leuciens ; mais ils disent que le Christ, venant en ce monde, ne s'est pas incarnĂ©. LXI. Selon les Patriciens, disciples de Patricius, la substance du corps humain a Ă©tĂ© créée, non parDieu, mais par le diable aussi en ont-ils un tel dĂ©goĂ»t, une si vive horreur, que plusieurs d'entre eux se donnent la mort pour en ĂȘtre dĂ©barrassĂ©s. LXII. Les Ascites tirent leur nom du grec 1. Ps. XVIII, 6. askos, qui, en latin, signifie outre, parce que, dans leurs fĂȘtes, vĂ©ritables bacchanales, ils dansent autour d'une outre gonflĂ©e et recouverte d'un voile, disant qu'ils sont les vases neufs remplis de vin nouveau, dont il est parlĂ© dans l'Évangile. LXIII. Les Passalorynchites s'Ă©tudient tellement au silence, que, pour ne pas le rompre, quand ils jugent Ă  propos de le garder, ils mettent leur doigt dans le nez, et se ferment la bouche. Le mot passalos veut dire pieu, et rugkhos, nez. Comme tu le vois, ce nom de Passalorynchites est composĂ© mais pourquoi ces hĂ©rĂ©tiques ont-ils remplacĂ© le mot doigt par le mot pieu? Je n'en sais rien. Le mot doigt se traduisant en grec par daktulos, ils auraient pu, avec plus d'Ă  propos, s'appeler Dactylorynchites. LXIV. Contrairement Ă  l'usage de toute l'Église qui offre du vin au saint sacrifice, les Aquariens ne mettent que de l'eau dans le calice. LXV. Les Coluthiens, sectateurs de Coluthus. Celui-ci enseigna que Dieu n'est pas l'auteur des maux qui nous affligent, contrairement Ă  ce qui est Ă©crit Je suis le Dieu qui crĂ©e les maux 1 ». LXVI. Les Floriniens, disciples d'un prĂȘtre nommĂ© Florin, qui rapportait Ă  Dieu la crĂ©ation du mal, et se mettait ainsi en opposition avec ce passage de l'Écriture Dieu crĂ©a toutes choses, et voilĂ  que tout Ă©tait bon 2 ». Tout en soutenant des doctrines opposĂ©es l'une Ă  l'autre, ces deux sectes se mettaient en contradiction avec la parole de Dieu car Dieu crĂ©e les maux en nous infligeant les peines que nous mĂ©ritons justement Coluthus ne le comprenait pas. Mais Dieu n'a pas créé des natures et des substances mauvaises, considĂ©rĂ©es comme telles Florin s'y trompait. LXVII. Philastre parle d'une secte sans chef et sans nom, d'aprĂšs laquelle le monde resterait toujours, mĂȘme aprĂšs la rĂ©surrection des morts, dans l'Ă©tat oĂč il se trouve aujourd'hui, sans subir aucun changement de la sorte, il n'y aurait ni ciel, ni eau, ni terre nouvelle, malgrĂ© les promesses de la sainte Écriture 3. LXVIII. D'autres hĂ©rĂ©tiques marchent toujours nu-pieds, parce que le Seigneur a dit soit Ă  MoĂŻse soit Ă  JosuĂ© Ote la chaussure de tes 1. IsaĂŻe, XLV, 7. — 2. Gen. I, 31. — 3. IsaĂŻe, LXV, 17; II Pierre, III, 13 Apoc. XXI, I. 16 pieds 1, et que le ProphĂšte IsaĂŻe a reçu l'ordre de marcher ainsi 2. Ces doctrinaires ne seraient point rĂ©prĂ©hensibles s'ils agissaient de la sorte dans l'intention de mortifier leur corps mais ils le sont, parce qu'ils dĂ©tournent de leur vrai sens les oracles divins. LXIX. Les Donatiens ou Donatistes commencĂšrent par faire un schisme Ă  cause de l'ordination de CĂ©cilien, comme Ă©vĂȘque de Carthage, ordination qui avait eu lieu contre leur grĂ©. Ils l'accusaient de crimes qu'ils ne prouvaient pas, et prĂ©tendaient que ses consĂ©crateurs Ă©taient des traditeurs des saintes Ecritures. AprĂšs un examen contradictoire et qui mettait fin aux accusations, ils furent convaincus de mensonge mais ils n'en persistĂšrent pas moins dans leur schisme ils y ajoutĂšrent mĂȘme l'hĂ©rĂ©sie, comme si les crimes rĂ©els de CĂ©cilien, ou plutĂŽt ses crimes reconnus supposĂ©s par. les juges , avaient fait disparaĂźtre l'Eglise d'un monde oĂč appuyĂ©e sur les promesses de JĂ©sus-Christ, elle doit subsister toujours comme si, aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©truite dans l'univers entier par son union avec les CĂ©cilianistes, elle s'Ă©tait rĂ©fugiĂ©e en Afrique pour ne plus subsister que dans le parti de Donat. Chez eux, on rebaptise les catholiques, et c'est bien en cela qu'ils font une plus formelle profession d'hĂ©rĂ©sie, puisque, du consentement de l'Eglise universelle, on ne rĂ©itĂšre point le baptĂȘme donnĂ© par les- hĂ©rĂ©tiques comme on le donne ordinairement. Donat fut, dit-on, le chef de ce parti il vint de Numidie, souleva une partie des fidĂšles , contre CĂ©cilien, et ordonna Majorin Ă©vĂȘque de Carthage, avec l'assistance des Ă©vĂȘques de sa faction qu'il avait appelĂ©s autour de lui. A Majorin succĂ©da, dans le mĂȘme parti hĂ©rĂ©tique, un autre Donat, dont l'Ă©loquence contribua puissamment Ă  donner de l'importance aux Donatistes peut-ĂȘtre leur nom vient-il plutĂŽt de lui que du fondateur mĂȘme de leur secte. Nous avons de lui des Ă©crits oĂč l'on voit qu'il professait aussi sur la TrinitĂ© des principes opposĂ©s Ă  l'enseignement catholique. Bien qu'il reconnĂ»t la mĂȘme substance dans les trois personnes divines, il supposait le PĂšre plus grand que le Fils, et le Fils plus grand que le Saint-Esprit. La majoritĂ© des Donatistes n'embrassa pas nĂ©anmoins son erreur relative Ă  la sainte TrinitĂ©, et il serait, je crois, difficile d'en trouver parmi eux un 1. Exod. III, 5 ; JosuĂ©, V, 16. — 2. IsaĂŻe, XX, 2. seul, pour savoir ce que Donat pensait Ă  ce, Ă©gard. A Rome, on les appelle Montagnards leurs corĂ©ligionnaires d'Afrique leur envoient un Ă©vĂȘque de leur parti, et parfois, quand ils le jugent Ă  propos, leurs Ă©vĂȘques africains viennent en cette ville pour-en ordonner un. On trouve encore en Afrique, comme sectateurs de Donat, les Circoncellions, hommes grossiers, d'une audace peu commune, cĂ©lĂšbres par les crimes atroces qu'ils commettent contre les autres, follement cruels contre eux-mĂȘmes. Ces malheureux se font eux-mĂȘmes mourir de diffĂ©rentes maniĂšres, surtout en se jetant dans des prĂ©cipices, dans l'eau ou dans le feu et ceux qu'ils peuvent amener Ă  leurs erreurs, ils les poussent, hommes et femmes, Ă  se dĂ©truire, ou parfois, Ă  se faire tuer par d'autres, les menaçant de mort, pour le cas oĂč ils ne voudraient pas y consentir. Cependant les Circoncellions ne sont approuvĂ©s que d'un petit nombre de Donatistes; mais ceux-ci ne se regardent point comme souillĂ©s par leur union avec de tels hommes, eux qui reprochent follement Ă  l'univers chrĂ©tien les accusations Ă©levĂ©es contre quelques africains inconnus. Plusieurs schismes se sont dĂ©clarĂ©s parmi les Donatistes les uns se sont sĂ©parĂ©s des autres pour former des sociĂ©tĂ©s particuliĂšres et diffĂ©rentes ; mais la plus grande,partie de la secte est restĂ©e Ă©trangĂšre Ă  ces divisions intestines. Une centaine d'Ă©vĂȘques Donatistes ayant Ă©cartĂ© Primien , ordonnĂšrent Maximien comme Ă©vĂȘque de Carthage les trois cent dix autres, auxquels s'en Ă©taient joints douze, qui avaient assistĂ© Ă  cette ordination sans y donner leur consentement, le condamnĂšrent pour une faute abominable. Maximien les força Ă  apprendre que mĂȘme hors de l'Eglise, on peut confĂ©rer le baptĂȘme de JĂ©sus-Christ, car ils reçurent dans leur communion quelques Ă©vĂȘques de son parti avec ceux qu'ils avaient baptisĂ©s en dehors de leur secte, sans leur interdire l'exercice de leur dignitĂ©, sans rĂ©itĂ©rer le baptĂȘme Ă  qui que ce fĂ»t ils ne cessĂšrent point d'agir auprĂšs de la puissance sĂ©culiĂšre, pour les amener Ă  rĂ©sipiscence, et ils ne craignirent point de se souiller en vivant en communion avec des hommes dont les crimes avaient Ă©tĂ© exagĂ©rĂ©s et flĂ©tris par leur propre concile. LXX. La secte des Priscillianistes, nĂ©e en Espagne, a Ă©tĂ© fondĂ©e par Priscillien. Elle professe des erreurs diverses, empruntĂ©es surtout des Gnostiques et des ManichĂ©ens cependant leur symbole est comme une sentine oĂč sont venues converger, horriblement confondues ensemble, les abominations imaginĂ©es par les autres hĂ©rĂ©tiques. Pour mieux dĂ©rober aux regards des profanes leurs souillures et leurs turpitudes, ils ne craignent pas de dire Ă  leurs disciples Jurez, parjurez-vous; mais ne dĂ©voilez pas nos mystĂšres ». Les Ăąmes, disent-ils encore, sont de mĂȘme nature et de mĂȘme substance que Dieu pour venir subir ici-bas des Ă©preuves volontaires, elles traversent sept cieux, et passent par sept principautĂ©s diverses enfin, elles arrivent jusqu'au prince mauvais qui a créé le monde, et celui-ci les dissĂ©mine dans les diffĂ©rents corps animĂ©s. Certaines Ă©toiles dĂ©cident fatalement du sort des hommes, et les douze signes du ciel concourent Ă  lĂ  formation de notre corps ainsi l'imaginaient dĂ©jĂ  ceux qu'on nomme vulgairement mathĂ©maticiens. Ils voient le bĂ©lier dans la tĂȘte de l'homme, le taureau dans son cerveau, les gĂ©meaux, dans ses Ă©paules, le cancer dans sa poitrine, d'autres signes dans les diffĂ©rentes parties de son corps, et enfin, dans ses pieds, les poissons, ,dernier signĂ© indiquĂ© par les astrologues de toutes ces fables ridicules et sacrilĂšges, et de beaucoup d'autres qu'il serait trop long d'Ă©numĂ©rer, ces hĂ©rĂ©tiques ont fait un ensemble de doctrine. La viande ne fait point partie de leurs aliments, parce qu'ils la regardent comme une nourriture immonde, et, quand ils peuvent y parvenir, ils sĂ©parent les Ă©poux des Ă©pouses, les femmes de leurs maris, en dĂ©pit des rĂ©sistances qu'y opposent les uns et les autres. Car, selon eux, ce n'est pas le Dieu bon et vrai qui crĂ©e la chair; ce sont les mauvais anges. Ces hĂ©rĂ©tiques doivent inspirer plus de dĂ©fiance que les. ManichĂ©ens, parce qu'ils ne rejettent en rien les Ecritures canoniques, et qu'ils accordent la mĂȘme autoritĂ© aux livres apocryphes, interprĂ©tant et allĂ©gorisant Ă  leur grĂ© les passages des livres saints, propres Ă  ruiner leur systĂšme. L'erreur des Sabelliens est la leur, puisqu'ils soutiennent que le Christ est une mĂȘme personne, non-seulement avec le Fils, mais encore avec le PĂšre et le Saint-Esprit. LXXI. Philastre parle d'autres hĂ©rĂ©tiques qui ne prennent aucun repas avec leurs semblables. Cet auteur a-t-il voulu dire que ces sectaires Ă©vitent de manger, seulement avec ceux qui n'appartiennent pas Ă  leur secte, ou qu'ils Ă©vitent de le faire, mĂȘme avec leurs coreligionnaires ? Je ne saurais l'affirmer, parce qu'il ne s'explique pas davantage Ă  cet Ă©gard. Du reste, il ajoute que leur enseignement relatif au PĂšre et au Fils est exact, mais qu'ils ne sont pas catholiques au sujet du Saint-Esprit, parce qu'ils le considĂšrent comme une simple crĂ©ature. LXXII. Un nommĂ© RhĂ©torius a Ă©tabli une doctrine d'une incroyable vanitĂ© Ă  l'entendre, tous les hĂ©rĂ©tiques suivent le chemin droit et enseignent la vĂ©ritĂ© ; cela est si absurde, que je n'ose y croire. LXXIII. Une autre secte prĂ©tend qu'en JĂ©sus-Christ la divinitĂ© a souffert au moment oĂč son corps Ă©tait attachĂ© Ă  la croix. LXXIV. Une autre soutient que Dieu a trois figures, en ce sens, qu'une partie de la divinitĂ© est le PĂšre, la seconde, le Fils, la troisiĂšme, le Saint-Esprit ; en d'autres termes, il n'y a qu'un seul Dieu, mais en Dieu sont trois parties qui forment la sainte TrinitĂ©, et dont la rĂ©union a pour rĂ©sultat la perfection de la DivinitĂ©, car ni le PĂšre,, ni le Fils, ni le Saint-Esprit, sĂ©parĂ©s l'un de l'autre, ne sont parfaits en eux-mĂȘmes. LXXV. Urie autre voit, dans l'eau, une substance, non pas créée par Dieu, mais coĂ©ternelle Ă  Dieu. LXXVI. Une autre soutient que le corps -de l'homme, non son Ăąme, est l'image de Dieu. LXXVII. Au dire d'une autre, comme au dire de certains philosophes paĂŻens, il y a un nombre incalculable de mondes. LXXVIII. Selon une autre, les Ăąmes des mĂ©chants deviennent des dĂ©mons et des animaux plus ou moins immondes, suivant qu'elles le mĂ©ritent. LXXIX. Une autre prĂ©tend, qu'au moment oĂč JĂ©sus-Christ est descendu aux enfers, les incrĂ©dules ont eu la foi, et que tous ont Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©s. LXXX. D'autres sectaires ne comprennent point que le Fils ait Ă©tĂ© Ă©ternellement engendrĂ© ; ils pensent qu'il a eu un commencement dans le temps mais, voulant confesser qu'il est coĂ©ternel au PĂšre, ils ajoutent qu'il a Ă©tĂ© dans le PĂšre, avant de naĂźtre de lui en un mot, il a toujours existĂ©, mais il n'a pas toujours Ă©tĂ© le Fils ; il n'a commencĂ© Ă  l'ĂȘtre, qu'au moment oĂč il est nĂ© du PĂšre. 18 J'ai cru devoir rapporter, dans mon ouvrage, ces hĂ©rĂ©sies, dont Philastre a fait mention dans le sien. Cet Ă©crivain cite encore d'autres sectes, mais il me, semble qu'on ne peut les regarder comme hĂ©rĂ©tiques quoi qu'il en soit, toutes celles auxquelles je n'ai pas donnĂ© de nom, il ne les nomme pas lui-mĂȘme. LXXXI. Les LucifĂ©riens. Ce nom devenu cĂ©lĂšbre fut donnĂ© Ă  ceux qui adhĂ©rĂšrent aux erreurs de Lucifer, Ă©vĂȘque de Cagliari ni Épiphane, ni Philastre ne les comptent parmi les hĂ©rĂ©tiques si je ne me trompe, ils les croyaient plutĂŽt fauteurs de schisme, qu'auteurs d'hĂ©rĂ©sie. Toutefois, dans un opuscule anonyme, j'ai vu les LucifĂ©riens rangĂ©s au nombre des hĂ©rĂ©tiques, car j'y ai rencontrĂ© ce passage Quoiqu'attachĂ©s en tout Ă  la foi catholique, les LucifĂ©riens prĂ©tendent sottement que les Ăąmes puisent leur origine dans la transfusion du sang, et qu'ainsi elles proviennent de la chair, et sont de mĂȘme substance ». L'auteur de cet opuscule a-t-il cru, et en cela a-t-il eu raison, qu'il devait ranger les LucifĂ©riens parmi les hĂ©rĂ©tiques Ă  cause de leur doctrine erronĂ©e sur l'Ăąme, si toutefois c'Ă©tait vraiment leur doctrine ou parce que, abstraction faite d'une doctrine qui n'Ă©tait ou n'est peut-ĂȘtre pas la -leur, ils auraient soutenu, avec une opiniĂątre animositĂ©, le principe de leur schisme ? C'est-lĂ  une question Ă©trangĂšre au but que je me propose je ne dois donc pas, ce me semble, la traiter ici. LXXXII. J'ai trouvĂ©, dans le mĂȘme ouvrage, le nom des Jovinianistes, que je connaissais dĂ©jĂ . Un moine, appelĂ© Jovinien, a Ă©tabli cette secte de notre temps, lorsque nous Ă©tions encore jeune. Comme les StoĂŻciens, il soutenait que tous les pĂ©chĂ©s sont Ă©gaux ; que l'homme ne peut plus commettre de pĂ©chĂ©s aprĂšs avoir Ă©tĂ© rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© dans les eaux du baptĂȘme ; que le jeĂ»ne et l'abstinence de certaines viandes ne sont d'aucune utilitĂ©. Il anĂ©antissait la virginitĂ© de Marie, puisqu'il disait qu'elle avait Ă©tĂ© souillĂ©e par l'enfantement. La virginitĂ© religieuse et le cĂ©libat saintement observĂ©s n'ont pas plus de mĂ©rite devant Dieu pour ceux qui les embrassent, que l'Ă©tat du mariage, lorsqu'on s'y conduit avec chastetĂ© et fidĂ©litĂ©. Aussi vit-on Ă  Rome, oĂč il prĂȘchait cette doctrine, des vierges sacrĂ©es, dĂ©jĂ  avancĂ©es en Ăąge, renoncer Ă  leur Ă©tat pour se marier. Quant Ă  Jovinien, il n'avait ni ne voulait avoir d'Ă©pouse, non qu'il prĂ©tendit en avoir plus tard devant Dieu un plus grand mĂ©rite pour la vie Ă©ternelle, mais parce que, Ă  cause de la nĂ©cessitĂ© prĂ©sente, le cĂ©libat Ă©vite Ă  l'homme les embarras et les soucis du mariage,. Cependant cette hĂ©rĂ©sie fut Ă©touffĂ©e et disparut bientĂŽt, n'ayant pas mĂȘme rĂ©ussi Ă  tromper quelques prĂȘtres. scrupuleusement Ă©tudiĂ© l'histoire d'EusĂšbe, traduite en latin par Rufin, et les deux livres que ce dernier y a joints pour la continuer jusqu'Ă  son temps. On n'y trouve mentionnĂ©es que les hĂ©rĂ©sies citĂ©es par Epiphane et Philastre, Ă  l'exception d'une qu'EusĂšbe rapporte, dans son sixiĂšme livre, comme ayant existĂ© en Arabie l'auteur n'en est pas connu, aussi donnerons-nous Ă  ses sectateurs le nom d'Arabiques. Ils enseignaient que l'Ăąme meurt et tombe en dissolution avec le corps, et qu'elle ressuscitera avec lui Ă  la fin des siĂšcles. EusĂšbe raconte 1, qu'ils furent bientĂŽt dĂ©sabusĂ©s de leurs erreurs par les raisonnements d'OrigĂšne, qui s'Ă©tait transportĂ© au milieu d'eux pour les rĂ©futer. Maintenant, il nous reste Ă  parler des hĂ©rĂ©sies dont les diffĂ©rents auteurs prĂ©citĂ©s n'ont pas fait mention, mais dont le nom est venu d'une maniĂšre quelconque Ă  notre connaissance. LXXXIV. Les Helvidiens Ă©taient disciples d'HĂ©lvidius ils soutenaient une opinion tout opposĂ©e Ă  la virginitĂ© de Marie, car ils disaient qu'elle a eu plusieurs enfants de Joseph, son Ă©poux, aprĂšs la naissance de JĂ©sus-Christ. Epiphane admis de citer le nom d'Helvidius en parlant des Antidicomarites, mais je serais bien Ă©tonnĂ© s'il n'a pas voulu dĂ©signer les Helvidiens sous ce dernier titre. LXXXV. Les Paterniens, que quelques-uns nomment aussi VĂ©nustiens, attribuent au diable, et non Ă  Dieu, ta crĂ©ation des parties infĂ©rieures du corps humain, et, donnant Ă  leurs sens dĂ©pravĂ©s toute libertĂ© d'action, ils s'abandonnent aux derniĂšres infamies de l'impudicitĂ©. LXXXVI. Les Tertullianistes, sectateurs de Tertullien, qui a Ă©crit, avec une admirable Ă©loquence un grand nombre d'opuscules. Leur secte s'est peu Ă  peut affaiblie jusqu'Ă  nos jours, et c'est dans la ville de Carthage qu'ont pu se conserver leurs derniers dĂ©bris lorsque j'y 1. Liv. VI, ch. XXXVII. 19 demeurais, il y a quelques annĂ©es, tu dois t'en souvenir, leur secte y a complĂštement disparu le trĂšs-petit nombre d'adeptes qui en restaient, sont rentrĂ©s dans le giron de l'Eglise, et ont donnĂ© aux Catholiques leur basilique, encore si connue de nos jours. Comme ses livres l'indiquent, Tertullien croyait immortelle l'Ăąme de l'homme, mais il enseignait que cette Ăąme est un corps, et ce qu'il disait de l'Ăąme, il le disait de Dieu. Cette maniĂšre de s'exprimer ne faisait pas de lui un hĂ©rĂ©tique, car on pourrait, jusqu'Ă  un certain point, imaginer qu'il a donnĂ© le nom de corps Ă  la nature ou substance divine, sans vouloir sous cette dĂ©nomination parler d'un corps pareil Ă  ce que nous appelons ainsi, et dont on puisse, ou dont on doive supposer certaines parties plus grandes ou plus petites que les autres. A la vĂ©ritĂ©, il a eu de l'Ăąme des idĂ©es trop matĂ©rielles, mais, comme j'en ai fait la remarque, on a pu penser, d'aprĂšs son langage, que Dieu est un corps, en ce sens qu'il n'est ni un nĂ©ant ni un vide, ni un corps humain, ni une Ăąme d'homme , mais qu'il est tout entier partout, non partagĂ© .suivant les lieux, demeurant toujours et d'une maniĂšre immuable, dans sa nature et sa substance. La doctrine de Tertullien n'est donc pas hĂ©rĂ©tique sous ce rapport il n'a cessĂ© d'ĂȘtre catholique qu'au moment oĂč il a embrassĂ© le parti des Cataphryges, auparavant confondus par lui, et condamnĂ© les secondes noces comme un crime d'impudicitĂ©, malgrĂ© l'enseignement de l'ApĂŽtre i. Plus tard, d'ailleurs, il s'est sĂ©parĂ© d'eux pour devenir lui-mĂȘme chef de secte. On ne peut le nier, il croyait que les Ăąmes des scĂ©lĂ©rats se changent en dĂ©mons aprĂšs la mort. LXXXVII. Nous avons, ou plutĂŽt nous avons eu sur notre territoire d'Hippone une secte hĂ©rĂ©tique composĂ©e de paysans, peu Ă  peu rĂ©duite Ă  de faibles proportions; elle avait, tout entiĂšre, trouvĂ© un refuge dans une petite ferme les membres en Ă©taient trĂšs-peu nombreux, et c'Ă©tait lĂ  tout ce que la secte comptait d'adeptes. Dans la langue punique, qui a corrompu leur nom, ils s'appelaient AbĂ©loniens certains auteurs remontent jusqu'Ă  Abel, fils d'Adam, pour trouver l'origine de ce nom nous pouvons donc les dĂ©signer sous celui d'AbĂ©liens ou d'AbĂ©loĂŻtes. Ils s'abstenaient de tout commerce conjugal avec leurs femmes, et pourtant, d'aprĂšs l'enseignement 1. Tim. IV, 3. de leurs docteurs, il ne leur Ă©tait point permis de vivre dans le cĂ©libat. Aussi l'homme et la femme vivaient-ils sous le mĂȘme toit, aprĂšs avoir fait voeu de continence, et avoir, dans leur contrat de mariage, lĂ©guĂ© leur future succession Ă  un jeune homme et Ă  une jeune fille, qu'ils adoptaient alors si la mort enlevait ces jeunes gens avant le dĂ©cĂšs de leurs parents adoptifs, ceux-ci leur en substituaient d'autres; l'essentiel Ă©tait que deux personnes de sexe diffĂ©rent succĂ©dassent Ă  deux autres pour continuer Ă  former une sociĂ©tĂ© dans leur maison car, l'un ou l'autre des parents adoptifs venant Ă  dĂ©cĂ©der, ces jeunes gens prenaient soin du survivant, avec une piĂ©tĂ© toute filiale, jusqu'Ă  la fin de ses jours; puis, ils adoptaient, Ă  leur tour, un garçon et une fille. Au milieu de voisins Ă  qui il Ă©tait permis d'avoir des enfants, l'occasion d'en adopter ne fit jamais dĂ©faut aux AbĂ©loites les chefs de famille s'empressaient, au contraire, de leur donner les leurs, dans l'espoir de les voir recueillir, un jour, un riche hĂ©ritage. LXXXVIII. Le moine PĂ©lage fonda, il y a peu de temps, la derniĂšre secte connue, celle des PĂ©lagiens, qui se nomment aussi CĂ©lestiens, de CĂ©lestius, disciple de leur maĂźtre. C'est par la grĂące de Dieu que nous avons Ă©tĂ© prĂ©destinĂ©s pour devenir ses enfants adoptifs par JĂ©sus-Christ 1 c'est elle qui nous a arrachĂ©s Ă  la puissance des tĂ©nĂšbres, qui nous a fait croire en lui, et passer dans le royaume de son Fils bien-aimĂ© 2. VoilĂ  pourquoi, il dit en saint Jean 3 Personne ne peut venir Ă  moi, s'il ne lui est donnĂ© par mon PĂšre ». Par elle encore, l'amour de Dieu a Ă©tĂ© rĂ©pandu dans nos cƓurs 4, afin que notre foi soit animĂ©e de la charitĂ© 5. Les PĂ©lagiens se montrent Ă  tel point ennemis de cette grĂące, qu'Ă  les entendre, l'homme peut, sans elle, observer tous les commandements de Dieu. S'il en Ă©tait ainsi, le Seigneur aurait inutilement dit Vous ne pouvez rien faire sans moi 6 ». RĂ©primandĂ© par les frĂšres de ce qu'il ne laissait rien Ă  l'action delĂ  grĂące dans l'observation des commandements, PĂ©lage cĂ©da Ă  leurs remontrances, et admit cette grĂące mais, loin de lui donner la prĂ©fĂ©rence, il lui attribuait, par une indigne subtilitĂ©, moins de puissance qu'au libre arbitre, car il disait Dieu donne sa grĂące aux hommes pour leur rendre plus facile l'accomplissement de ce qui 1. Eph. I, 5. — 2. Coloss. I, 13. — 3. Jean, VI, 66. — 4. Rom. V, 5. — 5. Galat, V, 6. — 6. Jean, XV, 5. 20 est commandĂ© Ă  leur libre arbitre. Il est bien Ă©vident, qu'en s'exprimant ainsi, il entendait dire que, si l'observation des volontĂ©s divines Ă©tait plus difficile, l'homme pourrait encore par lui mĂȘme s'en acquitter. Cette grĂące de Dieu, sans laquelle nous ne pouvons rien faire de bon, n'est autre que le libre arbitre le Seigneur nous l'a donnĂ©e d'une maniĂšre toute gratuite, et, par sa loi comme par sa doctrine, il nous aide seulement Ă  apprendre ce que nous devons faire et espĂ©rer mais il ne nous aide aucunement, par le don de son Esprit, Ă  faire ce que nous avons appris. Il avoue donc que la science, par laquelle l'ignorance se dissipe, nous vient d'en haut pour la charitĂ© qui nous fait vivre saintement, il le nie en d'autres termes, Dieu nous. donne la science, qui enfle, si la charitĂ© ne l'accompagne, mais il ne nous donne pas la charitĂ©, qui empĂȘche le science d'enfler, et qui Ă©difie 1. Les PĂ©lagiens nient aussi la nĂ©cessitĂ© de la priĂšre. Pourquoi l'Eglise prie-t-elle pour les infidĂšles et ceux qui rĂ©sistent Ă  l'enseignement divin, afin qu'ils se convertissent au Seigneur, et pour les fidĂšles, afin qu'ils reçoivent l'accroissement de leur foi et persĂ©vĂšrent dans le bien ? C'est inutile; l'homme ne reçoit point du ciel ces diffĂ©rents dons il les trouve en lui-mĂȘme, et, s'il est favorisĂ© de la grĂące qui Ă©loigne de lui l'impiĂ©tĂ©, il ne la reçoit qu'en consĂ©quence de ses propres mĂ©rites. Dans la crainte de voir condamner cette doctrine par les Ă©vĂȘques de Palestine rĂ©unis en concile, PĂ©lage fut obligĂ© de la dĂ©savouer lui-mĂȘme ; mais dans ses Ă©crits postĂ©rieurs les mĂȘmes erreurs se rencontrent. La vie des justes sur la terre, ose-t-il encore dire, s'Ă©coule exempte de tout pĂ©chĂ© c'est en eux que l'Eglise de JĂ©sus-Christ acquiert ici-bas toute sa perfection, en sorte qu'elle y apparaĂźt sans taches ni rides d'aucune sorte 2 comme si elle n'Ă©tait pas cette Eglise de JĂ©sus-Christ, qui, d'un bout du monde Ă  l'autre, adresse Ă  Dieu cette priĂšre Remettez-nous nos dettes 3 » . Enfin, les enfants qui naissent selon la chair en Adam, ne contractent point, dans cette premiĂšre naissance, le germe de la mort Ă©ternelle ils viennent au monde tout Ă  fait purs du pĂ©chĂ© originel il n'y a donc en eux rien de coupable, qui exige une seconde naissance on les baptise pour leur procurer l'adoption divine, l'admission dans le royaume cĂ©leste, le passage 1. I Cor. VIII, 1. — 2. Eph. V, 27. — 3. Matt. VI, 12. d'un Ă©tat bon Ă  un Ă©tat meilleur, mais non la dĂ©livrance d'un mal quelconque provenant de la chute du premier homme. S'ils ne sont point rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s , ils n'entreront pas , Ă  la vĂ©ritĂ©, dans le royaume de Dieu nĂ©anmoins, une vie Ă©ternelle et heureuse sera leur partage. Lors mĂȘme qu'Adam n'eĂ»t pas commis son pĂ©chĂ©, il serait mort sa mort a Ă©tĂ© le rĂ©sultat, non de sa faute, mais de l'infirmitĂ© de sa nature. On reproche aux PĂ©lagiens beaucoup d'autres erreurs mais, il est facile de le comprendre, toutes ou presque toutes dĂ©coulent de celles dont je viens de parler. VoilĂ  que j'ai Ă©numĂ©rĂ© un grand nombre d'hĂ©rĂ©sies, et pourtant je n'ai pas accompli ma tĂąche dans tout le sens de ta demande. Pour me servir de tes propres paroles Depuis l'origine de la religion chrĂ©tienne, hĂ©ritage divin promis Ă  nos pĂšres », quelles hĂ©rĂ©sies ont paru ? Comment aurais-je pu les citer toutes , moi qui n'ai pu les connaĂźtre toutes, Ă  mon avis ? Aucun des auteurs que j'ai consultĂ©s, ne les a nommĂ©es intĂ©gralement puisque j'ai trouvĂ©, dans les livres de l'un , celles dont les autres ne font pas mention, et, dans les livres de ces derniers, celles dont le premier ne parle pas. Ma liste est beaucoup plus Ă©tendue que les leurs, parce que j'ai pris, dans l'ouvrage de chacun d'eux, ce que je ne rencontrais pas ailleurs, y ajoutant mĂȘme des noms que ma mĂ©moire me rappelait, mais qui n'Ă©taient indiquĂ©s par aucun d'eux. Je n'ai pas Ă©tĂ© Ă  mĂȘme de lire tous les Ă©crivains qui ont traitĂ© cette question ; aucun de ceux que j'ai lus, n'a Ă©puisĂ© son sujet d'oĂč je conclus avec justice que mon travail lui-mĂȘme ne doit pas ĂȘtre complet. Enfin, s'il est possible, malgrĂ© ma rĂ©pugnance Ă  le croire, que j'aie nommĂ© tous les hĂ©rĂ©tiques, je ne puis sĂ»rement affirmer que j'ai parlĂ© de tous. Par consĂ©quent, ce que tu me demandes de parachever par mes explications, je ne puis pas mĂȘme parfaitement le comprendre, ni le savoir. J'ai entendu dire que saint JĂ©rĂŽme a fait un livre sur les hĂ©rĂ©sies, mais nous n'avons pas trouvĂ© son opuscule dans notre bibliothĂšque, et nous ne savons, Ă  vrai dire , par quel moyen nous le procurer. Si tu sais oĂč il se trouve, prends-en connaissance; tu y rencontreras peut-ĂȘtre mieux qu'ici. A mon avis, cependant, et malgrĂ© l'Ă©tendue de ses connaissances, il lui a Ă©tĂ© impossible de tracer un tableau parfait de toutes les erreurs anticatholiques. 21 Ainsi, du moins je l'imagine, il n'a pas connu les AbĂ©loĂŻtes, hĂ©rĂ©tiques de notre pays, ni beaucoup d'autres peut-ĂȘtre, dont les erreurs circonscrites en des contrĂ©es retirĂ©es , ont Ă©chappĂ© Ă  ses investigations, Ă  la faveur de l'obscuritĂ© dans laquelle elles ont vĂ©cu enveloppĂ©es. Dans tes lettres tu me pries de t'indiquer les points de doctrine sur lesquels les hĂ©rĂ©tiques sont en dĂ©saccord avec le catholicisme. Lors mĂȘme que je saurais tout, je ne pourrais le faire comment donc le ferais-je, moi, qui ne puis tout savoir ? Il faut l'avouer, certains hĂ©rĂ©tiques, entre autres les MacĂ©doniens, les Photiniens, et tous ceux qui marchent sur leurs traces, n'attaquent la rĂšgle de notre foi que sur un point particulier, ou peu s'en faut. D'autres, Ă  qui je donnerais volontiers le nom de bouffons, ont inventĂ© des fables aussi ridicules que longues et difficiles Ă  comprendre ceux-lĂ  soutiennent une telle multitude d'erreurs, qu'on ne pourrait que trĂšs-difficilement en indiquer le nombre. Les membres des sectes hĂ©rĂ©tiques saisissent, mieux que personne, le sens de leurs hĂ©rĂ©sies voilĂ  pourquoi j'avoue n'avoir ni connu ni Ă©numĂ©rĂ© tous leurs dogmes. Tu imagines aisĂ©ment ce qu'une entreprise de ce genre exigerait de travail et de pages mon livre mĂ©rite nĂ©anmoins d'ĂȘtre lu, car il est extrĂȘmement important d'Ă©viter les erreurs dont il fait mention. Tu as pensĂ© que je dirais ce que l'Eglise catholique enseigne sur les points de foi attaquĂ©s par t'hĂ©rĂ©sie ce serait lĂ  une recherche inutile il suffit, pour cela, de savoir qu'elle professe des vĂ©ritĂ©s opposĂ©es Ă  l'enseignement des hĂ©rĂ©tiques, et qu'on ne peut suivre leurs erreurs comme articles de foi. Quant aux arguments Ă  employer pour le soutien et la dĂ©fense de la saine doctrine, les bornes de ce livre ne me permettent pas de les indiquer. Mais, pour un coeur fidĂšle, c'est beaucoup de connaĂźtre ce qu'il faut ne pas croire, lors mĂȘme qu'on ignorerait la maniĂšre de raisonner pour rĂ©futer l'erreur. Tout catholique doit donc ne pas croire ce qui est opposĂ© Ă  sa foi; mais, de ce qu'il n'admet pas ces erreurs comme articles de foi, il ne suit pas rigoureusement qu'il soit en droit de croire ou de se dire catholique. En effet, des erreurs, diffĂ©rentes de celles que j'ai Ă©numĂ©rĂ©es dans cet ouvrage, peuvent exister maintenant ou plus tard, et quiconque adhĂ©rera Ă  quelqu'une d'entre elles, tombera dans l'hĂ©rĂ©sie. En quoi consiste l'hĂ©rĂ©sie ? VoilĂ  l'objet de nos investigations ultĂ©rieures puissent ces recherches nous aider Ă  Ă©viter toujours, comme nous le faisons aujourd'hui par la grĂące de Dieu, le venin des hĂ©rĂ©sies prĂ©sentes ou futures, de celles que nous connaissons et de celles que nous ne connaissons pas! Je termine ici ce volume j'ai pensĂ© qu'il Ă©tait expĂ©dient de vous l'envoyer avant d'achever entiĂšrement mon ouvrage, afin que tous ceux d'entre vous qui le liront, m'accordent le secours de leurs priĂšres pour m'aider Ă  mener Ă  bonne fin ce travail dont vous sentez l'importance. Traduction de M. l'abbĂ© AUBERT. Haut du document
Uncontrat entre deux parties. 2 Le rapport au prince se fonde sur un contrat entre deux parties dont les termes sont exposĂ©s dans les lettres de nomination. Le lien ainsi créé entre le prince et ses serviteurs est cependant fragile et il demande Ă  ĂȘtre entretenu et renforcĂ© pour ĂȘtre maintenu. 26 janvier 1954 – Au cours d’un vol de liaison entre le Cannet-des-Maures et FrĂ©jus, un Dassault MD 312 de l’escadrille de la BAN de FrĂ©jus – Saint-RaphaĂ«l n° 299 – percute le sommet de la colline Saint-Martin dans le massif des Maures et s’écrase au lieu-dit Les Lauques, dans la commune de Sainte-Maxime Var. Les six occupants de l’appareil, le SM2 pilote Albert CHANVIN, l’ouvrier d’état expĂ©rimentateur AimĂ©, Alexandre CLÉMENT, le Mot2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Roger, Louis, François FALCOU, le Mt pilote Bernard, François, RenĂ©, Marie MADELIN, l’EV1 navigateur Aloys RABAIN et le QM2 mĂ©canicien volant RenĂ©, Maurice, Esprit TOSELLO, sont tuĂ©s sur le coup 22 aoĂ»t 1941 – Un Martin 167-A3 n° 141 – de l’escadrille 5BR avait dĂ©collĂ© de Dakar pour une mission de reconnaissance au-dessus de Freetown Sierra Leone, alors colonie britannique. InterceptĂ© par la chasse, le bimoteur est abattu en flammes et ses quatre occupants sont tuĂ©s. L’équipage Ă©tait composĂ© du SM2 mĂ©canicien volant Jean-Marie CARPIER, de l’IM1 volant Louis, Joseph KOCH, observateur, du LV pilote Charles, Louis, Paul MORANGE, commandant l’escadrille et du QM2 radio volant RenĂ©, Arthur RABATHALY. 26 avril 1944 – Quelques minutes aprĂšs son dĂ©collage du plan d’eau de Dakar-Bel-Air, pour une mission de nuit d’escorte de convoi et alors qu’il vient de survoler l’üle de GorĂ©e, un Short Sunderland III s/n DV985 – I de la flottille 7FE, est victime d’une explosion interne et s’écrase en flamme. Le lendemain, seuls trois corps seront retrouvĂ©s parmi les dĂ©bris flottants Ă  la surface. L’équipage Ă©tait composĂ© de l’EV1 de rĂ©serve observateur George BONDON, chef de bord, l’EV1 de rĂ©serve Paul, Edouard, Etienne BOUVEYRON, observateur, le QM1 mĂ©canicien volant Germain, RenĂ©, ClĂ©ment COSSET, le Mt mĂ©canicien volant ThĂ©odore, Pierre, Armand GABOU, le SM2 pilote Gabriel, Bernard, Joseph, LĂ©opold GIMAT, le QM2 radio volant RenĂ©, Charles, Joseph GUILLOU, le QM mitrailleur bombardier Louis, Alexandre, Yves, Marie LE CORFEC, le SM mĂ©canicien volant RenĂ©, Marcel LE HENRY, le SM2 pilote Louis, Georges, HonorĂ© LEROY, le Mot2 mitrailleur bombardier Roger, Sylvestre MARTIN, le Mt radio volant François, Marie OFFRET, le QM2 radio volant Gaston, Paul, Ernest PARA et le QM2 radio volant Maurice, Marcel RABIER. 20 mai 1931 – L’escadrille 7B1 du porte-avions BĂ©arn a Ă©tĂ© dĂ©barquĂ©e de son bĂątiment Ă  Casablanca pour effectuer un vol autour du Maroc. Dans la rĂ©gion de Kasbah-Tadla, un de ses Levasseur PL 7 se brise littĂ©ralement en vol, ne laissant aucune chance de survie Ă  ses quatre occupants. L’équipage Ă©tait composĂ© du QM mitrailleur bombardier ArsĂšne, Marie GUILLOU, du QM radio volant Louis, Charles JOLIDON du QM mĂ©canicien volant RenĂ©, Marius, Auguste du SM mĂ©canicien pilote Jean, Yves, Marie RIOU. 12 septembre 1957 – Un SNCAN 1101 de l’escadrille n° 38 – dĂ©colle du terrain de Querqueville Manche Ă  destination de la base des Mureaux. ImmĂ©diatement aprĂšs le dĂ©collage, le moteur perd de la puissance et l’appareil s’abat dans la rade. Ses deux occupants sont tout d’abord portĂ©s disparus mais le corps du SM2 mĂ©canicien volant AndrĂ©, Gabriel, RenĂ© RADDE est retrouvĂ© le 26 septembre et celui du CV Jacques, Henri, Louis DELORT est retrouvĂ© le 5 octobre. 31 aoĂ»t 1967 – Parti de la base de la RAF de Kinloss en Ecosse, un Atlantic n° 39 de la flottille 22F participait Ă  un exercice en mer au large du Groenland. A la suite d’ennuis techniques, le chef de bord dĂ©cide de regagner son terrain de dĂ©part. GĂȘnĂ© par la brume, il percute un sommet sur l’üle du Prins Karl, dans l’archipel du Spitzberg NorvĂšge. Les dĂ©bris de l’appareil sont retrouvĂ©s le 2 septembre par un hĂ©licoptĂšre soviĂ©tique et, parmi eux, les corps des onze membres de l’équipage qui Ă©tait composĂ© de l’OE2 navigateur aĂ©rien Maurice, Urbain CORDIER, coordonnateur tactique, du PM mĂ©canicien volant AndrĂ©, Jean CROUX, du Mt navigateur aĂ©rien AndrĂ© DAMY, du Mt Ă©lectronicien de bord Claude, Alain, Joseph GUICHARD, du PM pilote Jean, Pierre, Hughes, Edouard HAESSLEIN, du Mt navigateur aĂ©rien Albert, Henri LAPORTE, des Mt Ă©lectroniciens de bord Jean-Paul LE VIAVANT et Jacques, LĂ©on, François MORIN, de l’OE1 pilote Claude, Auguste RAGUIN, chef de bord, du Mt Ă©lectronicien de bord François, Louis REUNGOAT et du SM mĂ©canicien volant Michel, Valentin, Pierre, Marie STÉPHANO. 22 juillet 1949 – A l’occasion du sĂ©jour au Maroc du croiseur-Ă©cole Jeanne d’Arc, divers exercices sont organisĂ©s au profit des officiers Ă©lĂšves prĂ©sents Ă  bord, dont une sortie en vol sur trois PBY-5 Catalina de l’escadrille alors stationnĂ©e Ă  Agadir. Quelque temps aprĂšs le dĂ©collage des trois appareils, tout contact est perdu avec l’un d’entre eux BuAer 46564 – Les recherches menĂ©es par les autres Catalina, aidĂ©s par le sous-marin AstrĂ©e, ne permettent de trouver aucune trace de l’appareil et des ses passagers. L’équipage du Catalina Ă©tait composĂ© du SM2 radio volant Robert, Joseph BRETON, du Mt mitrailleur bombardier Jean FÈVRE, du SM2 mĂ©canicien volant Rolland, MoĂŻse GROSMAITRE, du Mt pilote RenĂ© HUIBAN, des SM2 mĂ©caniciens volants Gabriel, Jean LE BOT et Louis, François MOY, du SM2 radio volant Jean, Marcel RAIGNE, de l’EV1 de rĂ©serve pilote Michel, Raymond, Louis ROUVIÈRE, chef de bord et du Mt pilote Pierre, Jean, Louis TOUZET. Les officiers-Ă©lĂšves passagers Ă©taient les EV2 Daniel AUBRON, Louis, Bernard, Marie AUDIC, Jean, Louis, Marie, Michel COUËTOUX, Louis, Julien DAUTRY, Claude JAFFRÈS, AndrĂ©, Albert ROBERT, Gonzague, Pierre, Marie, Bernard GALOUZEAU de VILLEPIN et l’IGM3 Michel, Henri, AndrĂ© NOÉ. 24 novembre 1943 – Au cours d’un vol d’entraĂźnement au grenadage Ă  basse altitude, prĂšs de l’üle de GorĂ©e devant Dakar, un Vickers Wellington IX s/n MP691 – 22 de l’escadrille 5B 2Ăšme flottille, touche la mer d’une aile. Au choc, l’appareil se casse en deux parties qui coulent immĂ©diatement, entraĂźnant avec elles le Mt pilote HervĂ© GOUZIEN et le SM1 mĂ©canicien volant Ernest, Jean, Emmanuel RAOUL dont les corps ne seront pas retrouvĂ©s. Trois survivants, blessĂ©s, sont sauvĂ©s par des indigĂšnes arrivĂ©s en pirogues. 14 aoĂ»t 1929 – A l’issue d’un vol d’entraĂźnement, un Latham 43 n° 25 – de l’escadrille 3E1, capote en amerrissant sur l’étang de Berre. Pris sous la coque retournĂ©e, ses trois hommes d’équipage, le Mt mĂ©canicien volant Marcel, AndrĂ©, Adolphe, Yvon PERRIN, le QM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Jean, François RAOUL et le SM mĂ©canicien pilote Alexandre RODIER, pĂ©rissent noyĂ©s. 10 mai 1948 – Au cours d’un vol de liaison entre Cuers et Toussus-le-Noble, alors qu’il survole le RhĂŽne Ă  basse altitude, un SNCAN 1000 n° 612 du SAMAN heurte le cĂąble d’un bac Ă  La Coucourde DrĂŽme et s’abat dans le fleuve. Les corps de ses trois occupants, le SM2 mĂ©canicien volant Henri, Pierre FERLICOT, le Mt pilote Albert, François, Marie RAOULT et le QM2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Fernand, Marcel, Henri SEIGNEUR, seront retrouvĂ©s quelques jours plus tard en divers points en aval du fleuve. 6 fĂ©vrier 1947 – Pendant un vol de fonctionnement aprĂšs rĂ©vision, un Morane Saulnier MS 500 de l’escadrille perd une aile en vol et s’écrase au lieu-dit Pen ar MĂ©nez, dans la commune de Locmaria-PlouzanĂ© FinistĂšre. Ses deux occupants, le SM2 mĂ©canicien volant Jean, Yves RAOULT et le PM pilote AndrĂ©, Jean VITALI, sont tuĂ©s sur le coup. 23 aoĂ»t 1944 – Un Vickers Wellington XIII s/n HZ588 – N de l’escadrille 5B de la 2Ăšme flottille de bombardement avait dĂ©collĂ© de sa base de Dakar-Ouakam pour une mission d’escorte de convoi. A partir de 20 h 30, plus aucun contact ne peut ĂȘtre Ă©tabli avec l’appareil. Les recherches lancĂ©es le lendemain et les jours suivant ne rĂ©vĂšlent aucun indice. L’appareil et son Ă©quipage de sept hommes, composĂ© du QM1 mĂ©canicien volant AimĂ©, Marcel BASTIEN, de l’EV1 de rĂ©serve observateur RenĂ©, Jules, Vital CUNIN, commandant d’aĂ©ronef, de l’Asp de rĂ©serve observateur Pierre, Edouard, Claude MARTIN, du QM2 radio volant Robert, Georges, Augustin MOIZANT, de l’OE2 pilote Roger PRAT, du Mt radio volant Louis, Marcel RAPP et du SM pilote Guy, Louis, Marie RICHAUDEAU, sont portĂ©s disparus. 11 avril 1934 – Au cours d’un dĂ©collage en section du lac de Bizerte, un CAMS 37A n° 82 – de l’escadrille 4S1 heurte une balise et capote. Son pilote et chef de bord, le LV Paul, Armand, Marie, Henri de RASCAS de CHÂTEAUREDON est tuĂ© sur le coup dans l’accident. Les deux autres membres de l’équipage, blessĂ©s, sont recueillis par des embarcations. 24 janvier 1938 – Au cours d’un vol de prise en mains pour des pilotes nouvellement affectĂ©s et alors qu’il survole l’étang de Berre, l’hĂ©lice d’un LatĂ©coĂšre 290 n° 7 de l’escadrille 4T1 se dĂ©tache et va sectionner les mĂąts soutenant la voilure. Une aile se replie, l’hydravion se met en vrille et percute l’eau. Les quatre hommes qui constituaient l’équipage, les SM pilotes Alexandre, François, Henri AUBERT, Emiland LOCTIN et Jean POITIER et le Mt mĂ©canicien d’aĂ©ronautique AndrĂ©, Pierre RAT, sont tuĂ©s sur le coup. 22 aoĂ»t 1966 – Un Sud Aviation 321G Super Frelon n° 103 effectuait un vol de convoyage de Marignane Ă  FrĂ©jus – Saint-RaphaĂ«l avec un Ă©quipage mixte de l’escadrille 20S et de l’ERC. A la hauteur de la commune de PourriĂšres Var, il est victime de la rupture d’un manchon d’une pale du rotor principal et, incontrĂŽlable, il s’écrase au lieu-dit La Neuve. Les huit occupants de l’appareil pĂ©rissent dans l’accident. L’équipage se composait du LV pilote Georges, Marcel, Marie BLONDEAU, du PM mĂ©canicien de bord Paul, Marcel BROUDIN, de l’OPE mĂ©canicien volant AimĂ©, RenĂ© DUROUGE, du Mt Ă©lectronicien de bord AndrĂ©, Auguste, Marie GUAQUÈRE, du PM mĂ©canicien de bord Yves, Louis LE SERREC, du MP mĂ©canicien de bord Maurice, GĂ©rard LUBAIN, du CC pilote Bernard, Edmond NIOGRET, dĂ©tachĂ© du SC. AĂ©ro, commandant d’aĂ©ronef et du PM Ă©lectronicien de bord Michel, Jacques RAULT. 11 fĂ©vrier 1941 – Au cours d’un exercice de vol en formation en section au large du cap SiciĂ©, deux LatĂ©coĂšre 298 de l’escadrille 3T basĂ©e Ă  Berre entrent en collision. Les trois occupants de l’appareil n° 71 le SM mĂ©canicien volant Paul, Joseph, Marie DUCLOS, l’EV1 pilote Georges, Emile, RenĂ© RAVEUX, chef de section et le QM radio volant AndrĂ©, LĂ©on TARDIVAT, s’abattent en mer avec leur appareil et disparaissent avec lui. Dans l’appareil n° 77 le Mot2 radio volant Michel, Emile, RĂ©my DÉJARDIN et le SM pilote Jean, Roger, Georges ROUSSEAU, subissent le mĂȘme sort que leurs camarades mais, le troisiĂšme homme d’équipage, le SM mĂ©canicien volant Tanguy, parvient in extremis Ă  sauter en parachute et est rĂ©cupĂ©rĂ© par une embarcation de pĂȘcheurs. 23 juillet 1992 – Alors qu’il dĂ©colle du terrain de Salon-de-Provence, un Fouga Magister n° 515 de l’Ecole de l’Air percute en bout de piste et explose. Son seul occupant, l’EV1 Ă©lĂšve pilote Amoudane RAVI, est tuĂ© sur le coup. 10 mars 1927 – Au cours d’une ascension d’entraĂźnement, un ballon captif du CAM de Rochefort est atteint par la foudre et incendiĂ©. L’un des passagers saute en parachute et se pose indemne. L’autre, l’EV1 Ă©lĂšve pilote de dirigeable Jean, Gabriel, Louis, Marie RÉCAMIER, dĂ©jĂ  atteint de graves brĂ»lures, subit d’autres blessures dans la chute au sol de la nacelle. TransportĂ© Ă  l’hĂŽpital maritime de Rochefort, il y dĂ©cĂšde le 12. 20 dĂ©cembre 1941 – Une formation de Bristol Blenheim IV du GB Lorraine des FAFL qui effectue une mission de bombardement prĂšs de Benghazi Libye est attaquĂ©e par des chasseurs allemands. L’un des appareils est immĂ©diatement abattu prĂšs de Barce, provoquant la mort de son Ă©quipage composĂ© du S/C pilote Jean, Jules, Marie REDOR ex SM2 pilote, Ă©vadĂ© de Tripoli du Liban le 18 fĂ©vrier 1941, du Lt observateur Maurice JACQUELOT de BOISROUVRAY et du S/C mitrailleur Jean PERBOST. 1er mai 1917 – Lors d’une ascension pour un rĂ©glage de tirs d’artillerie, l’EV1 auxiliaire, observateur de captif Georges, Emile, Marie RÉGNARD, en service Ă  la 31Ăšme Compagnie d’aĂ©rostiers de l’armĂ©e de Terre, est attaquĂ© par des chasseurs ennemis et est tuĂ© dans sa nacelle prĂšs de Longueval-Barbonval Aisne. 6 octobre 1918 – L’aile d’un Donnet-Denhaut 200ch n° 1486 du CAM d’Alger se replie alors qu’il vient de dĂ©coller pour un vol de surveillance. L’appareil s’abat dans la rade et se retourne. Les embarcations de secours rapidement arrivĂ©es sur les lieux de l’accident, recueillent l’observateur indemne mais le corps du second membre de l’équipage, le SM timonier pilote François, Marie RÉGUER, n’est pas retrouvĂ©. 20 janvier 1945 – DĂ©collant de l’aĂ©rodrome de Nice pour une mission de surveillance anti sous-marine, un amphibie Supermarine Walrus I s/n X9532 – R14 de l’escadrille 4S est victime d’une perte de puissance et est contraint Ă  un amerrissage forcĂ©. Le train d’atterrissage n’a pas eu le temps d’ĂȘtre relevĂ© et l’appareil capote. Les deux opĂ©rateurs radio parviennent Ă  se dĂ©gager mais le PM pilote Marie, Auguste, Joseph REICHARD et le LV observateur Ernest, Fabien SOURDON, chef de bord, demeurent prisonniers de l’habitacle et meurent noyĂ©s. 12 mai 1916 – Parti de FrĂ©jus Ă  destination de Bizerte, le dirigeable CMT est victime d’un incendie et s’abat alors qu’il est en vue des cĂŽtes de Sardaigne. Les cinq hommes composant l’équipage pĂ©rissent dans l’accident. Cet Ă©quipage mixte Ă©tait composĂ© de l’Adjt pilote de dirigeable Camille, Albert BRICE, du Cne pilote de dirigeable RenĂ©, Jean, Henri CAUSSIN, du Mot2 Ă©lectricien radio de dirigeable Maurice, Louis, Nicolas PROUTEAU, de l’Adjt mĂ©canicien de dirigeable Abel, Adrien, Edmond RÉMIA et du LV Ă©lĂšve pilote de dirigeable Antoine, Louis, Marie BARTHÉLEMY de SAIZIEU. Brice, Caussin et RĂ©mia appartenaient Ă  l’AĂ©rostation militaire. 12 avril 1935 – Un Farman 166 Goliath de l’EPV du CEAM d’Hourtin s’abat au lieu-dit Lassalle, dans la commune de Lesparre Gironde. Trois des membres de son Ă©quipage, le SM arrimeur pilote Joseph, Henri PONZEVERA, le QM mĂ©canicien volant Maurice, Albert, Louis, Pierre RENAC et le Mot arrimeur pilote Luc, Lucien REYDY, pĂ©rissent dans la chute de leur appareil. Un quatriĂšme occupant est gravement blessĂ©. 22 octobre 1957 – Au retour d’une mission d’entraĂźnement au vol de nuit et en finale pour Ă  atterrir Ă  Oran-La SĂ©nia, un Lockheed P2V-6 Neptune de la flottille BuAer 126539 – perd brutalement de l’altitude, percute le lac salĂ© de la Sebkra, dans la commune de Valmy, et se dĂ©sintĂšgre complĂštement. Les huit hommes composant l’équipage, le SM2 pilote Pierre, Serge, Auguste, Jacques COURTEILLE, le Mt Ă©lectronicien de bord Francis HOQUET, le Mt radio volant Roger, Joseph LE CLECH, le Mt mĂ©canicien volant Alain LE PARC, le LV pilote Jacques, Paul, Max PIVET, commandant d’aĂ©ronef, le Mt radariste volant Marcel, Maurice, Gustave RENARD, le Mt armurier de bord Henri, Joachim, Marie ROGER et le SM2 navigateur aĂ©rien Pierre VIGER, sont tuĂ©s sur le coup. 8 janvier 1929 – Un Ă©quipage de l’escadrille de la CEPA effectue un dernier vol d’essai de l’hydravion prototype SPCA Paulhan-Pillard n° 01. Alors qu’il survole de Lion de Mer dans la baie de Saint-RaphaĂ«l, l’appareil pique brusquement du nez, percute la surface de l’eau et s’engloutit. Les cinq membres de l’équipage, le LV pilote Roger, Louis, Marie, Robert CAMPARDON, chef de bord, le QM mĂ©canicien volant Marcel, Emile, Julien, Ernest FOUCRAY, le Mt mĂ©canicien volant Lucien, Louis GRESSIN, le QM mitrailleur bombardier Jean-Baptiste, Louis RENAUD et le LV observateur Joseph, Marie, Louis, Vincent REQUIN, disparaissent dans la chute de leur appareil. Un seul corps, celui du LV Requin, sera retrouvĂ©. 1er et 2 dĂ©cembre 1923 – Un Latham trimoteur n° 4 – de l’escadrille H103 du CAM de Cherbourg et montĂ© par un Ă©quipage de huit hommes est contraint, Ă  la suite d’une panne d’un de ses moteurs, Ă  amerrir en mer, Ă  15 miles au sud de la cĂŽte anglaise 50° 30’ N et 14° W. En voulant passer Ă  l’arriĂšre de la coque, le LV pilote Raymond, Edmond DAUVIN, est heurtĂ© par l’hĂ©lice du moteur central qui tournait encore et tuĂ© sur le coup. Ses camarades arriment son corps aux mats de la cabane pour Ă©viter qu’il ne soit emportĂ© par les vagues. L’hydravion en perdition est rejoint le 2, vers 1 h du matin, par l’aviso Ailette dĂ©pĂȘchĂ© Ă  sa recherche. Au cours de la manƓuvre, l’appareil est heurtĂ© Ă  plusieurs reprises par le bĂątiment gĂȘnĂ© par la grosse mer et chavire. Il coule rapidement, entraĂźnant avec lui trois autres hommes, le Mt canonnier mitrailleur bombardier ThĂ©ophile, François, Marie BANTAS, le PM mĂ©canicien pilote Auguste, LĂ©on DUNAUD et le LV pilote Louis, Marius RENAUD. Les quatre autres membres de l’équipage, le LV Protche, le PM PĂ©ladan, les SM Birhard et NevĂ© seront repĂȘchĂ©s par l’Ailette. 21 mars 1940 – Un LatĂ©coĂšre 298 n° 11 – de l’escadrille T1 dĂ©colle du port de Boulogne-sur-Mer. Lourdement chargĂ©, l’appareil ne parvient pas Ă  dĂ©jauger et s’écrase sur la digue sud, provoquant l’explosion immĂ©diate de son chargement de bombes. Les trois membres de l’équipage le LV pilote Emile, Robert DESMONS, officier en second de l’escadrille T1, le QM radio volant Paul, Alphonse, Gabriel RENAUD et le SM mĂ©canicien volant Charles, Joseph WERLÉ, disparaissent dans l’accident. 10 mars 1981 – Quelques instants aprĂšs avoir dĂ©collĂ© de l’aĂ©rodrome de Hahaya Ă  Moroni dans l’archipel des Comores, un Atlantic n° 29 de la flottille 23F est victime d’un incendie de moteur. Hors de contrĂŽle, il s’écrase prĂšs de la localitĂ© de M’BoudĂ©, tuant ses dix-huit occupants. En plus de son Ă©quipage normal, l’appareil transportait une Ă©quipe technique d’entretien. L’équipage Ă©tait composĂ© du Mt Ă©lectronicien de bord Patrick, Elie, Etienne BAUDOIN, de l’EV1 pilote Jean-Yves, Georges CISTAC, du PM Ă©lectronicien de bord Alain, Henri, Jean-Baptiste DEMAISON, du Mt Ă©lectronicien de bord Dominique, Jean, Etienne FAURE, du PM Ă©lectronicien de bord Serge, Lucien LAPP, de l’EV1 navigateur aĂ©rien et coordonnateur tactique Olivier, Marie, GĂ©rard, Henri de LASSUS SAINT-GENIÈS, du Mt Ă©lectronicien de bord Dominique, Bernard, Marie MOISDON, du Mt navigateur Jean-Claude, Joseph MONTFORT, du LV pilote Philippe, RenĂ©, Pierre MOUGENOT, commandant d’aĂ©ronef, du MP mĂ©canicien de bord EugĂšne, Jean, Yves NORMANT, du Mt navigateur Eric, Claude, Daniel PÉRAUDEAU, du Mt mĂ©canicien de bord Michel, Louis, Jacques RÉNIER, du SM2 Ă©lectronicien de bord Patrick, Louis, Adrien, Henri ROUSSEAU et du SM2 radio de bord François-Xavier WINTERHALTER. L’équipe technique se composait du SM Ă©lectromĂ©canicien d’aĂ©ronautique Jean-Louis AUDREN, du PM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Yves HENNEQUART, du QM1 Ă©lectronicien d’aĂ©ronautique Bertrand, Pierre LION et du QM1 Ă©lectronicien d’équipement Eric LOURENÇO. 21 dĂ©cembre 1923. C’est cette nuit lĂ  que se produit la plus grave catastrophe de l’aĂ©ronautique militaire de notre pays. Le 18 dĂ©cembre 1923, le dirigeable Dixmude, ex Zeppelin L-72 qui avait Ă©tĂ© remis Ă  la France par l’Allemagne au titre des dommages de guerre, quitte sa base de Cuers-Pierrefeu pour un raid d’essai sans escale au-dessus du Sahara avec cinquante personnes Ă  son bord. Il atteint In-Salah dans les dĂ©lais prĂ©vus et entame son voyage de retour. Son dernier message le positionne au-dessus de la Tunisie et il n’y en aura pas d’autres. Vers 2 h 30 du matin, alors que le dirigeable passe au large de la Sicile, des pĂȘcheurs aperçoivent dans le ciel les lueurs d’un vif incendie. Probablement frappĂ© par la foudre qui a enflammĂ© ses ballonnets d’hydrogĂšne, le Dixmude et tout son Ă©quipage s’abĂźment en mer Ă  quelques milles au large du petit port de Sciacca. Les recherches lancĂ©es par la Marine italienne et par des bĂątiments français venus de Bizerte ne permettent pas de retrouver de survivants, ni mĂȘme de corps. Ce n’est que le 26 qu’un pĂȘcheur remonte dans ses filets le corps du commandant, le LV du Plessis de GrenĂ©dan. Un autre corps, celui du QM Guillaume sera retrouvĂ© ultĂ©rieurement. Cette catastrophe a fait cinquante victimes – 40 membres de l’équipage Les Mot2 mĂ©caniciens d’aĂ©ronautique Pierre, Casimir, Baptiste ALBAGNAC et Georges, Louis BAILLOUX, le SM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Ange, Jean, Louis BOULLEAU, les Mot2 mĂ©caniciens d’aĂ©ronautique Roger, Marius BOYER et Victorin, Louis BRUNIAS, le Mot arrimeur Maurice, Jules, Baptiste, Pierre CHARPENTIER, le SM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Georges, Victor, Auguste CLAVEL, le QM arrimeur volant AndrĂ© CLOSVIROLA, le SM2 pilote de direction Joseph, Louis, Marie COLLET, le SM mĂ©canicien volant NoĂ«l, Marie COROUGE, le QM mĂ©canicien volant Marcel, Alexandre COUVÉ, le LV pilote de dirigeable Jean, Joseph, Anne, Marie, Julien du PLESSIS de GRENÉDAN, commandant, le Mot mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Raymond, Louis DUBOIS, les QM mĂ©caniciens volants Jean, Constant FELON, Charles, Georges FOUCHET et Louis GALLET, le Mt mĂ©canicien volant Charles, Jean GASPAILLARD, le QM radio volant Marie, Antoine, Emile GUILLAUME, le SM arrimeur Joseph GUILLEMOT, le Mt de manƓuvre pilote de direction RenĂ©, FĂ©lix, Marie HAMON, le Mot2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Louis, Jean IMBERT, le QM radio volant Pierre, Jean-Marie JAFFREZIC, le SM mĂ©canicien volant François, ClĂ©ment JAN, les QM arrimeurs Charles, Marcel KUBLER et Saint-Amand, Charles, Adolphe La FORGE, le SM mĂ©canicien volant Jean, François, AimĂ©, EugĂšne LIZÉE, le QM mĂ©canicien volant François, Auguste, Joseph, Mathurin MAINGUY, le LV pilote de dirigeable Sylvestre, Antoine MARCAGGI, le PM mĂ©canicien volant RenĂ©, Henri MOMBERT, le QM mĂ©canicien volant KlĂ©ber, EugĂšne, Marie, Albert NAL, le SM radio volant Adrien, Jean-Baptiste PAUC, le QM mĂ©canicien volant Charles, Joseph, RenĂ©, Louis QUÉMERAIS, les QM arrimeurs volants Jean RICHARD et GĂ©raud, François, Marie ROCHER, le Mot mĂ©canicien volant Jean, EugĂšne, Edouard ROUDEN, le LV pilote de dirigeable Adrien, AimĂ©, Victor ROUSTAN, commandant en second, le Mot arrimeur Charles, Paul SÉDILLOT, le SM arrimeur volant Louis, Marie TARTIVEL et le QM mĂ©canicien volant Jean, LĂ©opold VINCENOT.– 10 passagers le CC Victor, Louis BERRETTA, les LV pilotes de dirigeable Pierre BOURDIER et Maurice, Gabriel CONVENTS, le CF pilote de dirigeable Georges, LĂ©on, François, Jules HENNIQUE, commandant le CAM de Cuers-Pierrefeu, le LV pilote de dirigeable Serge, François, Roger GOISLARD de La DROITIÈRE, le CC pilote Henri, Jules LEFRANC, le LV observateur Georges, Etienne LEVESQUE, le Med1 LĂ©opold, Henri PÉLISSIER, le CC pilote de dirigeable Georges, Paul RENON, le LV pilote de dirigeable Henri, Marcel, AurĂ©lien ROUSTAN et, enfin, le CV Pierre, Edouard, Marie YVON, adjoint au Chef du Service central de l’AĂ©ronautique. 21 novembre 1945 – Effectuant son premier vol de nuit en solo sur avion d’armes, l’Asp de rĂ©serve Ă©lĂšve pilote Robert, Henri, Marc RENUCCI, est mortellement blessĂ© dans un accident. Pour une raison inconnue, immĂ©diatement aprĂšs avoir dĂ©collĂ© du terrain annexe de Cecil Field, son SB2C-4 Helldiver BuAer 20500 de la NAS de Jacksonville, Floride, ne peut pas prendre d’altitude et percute une rangĂ©e d’arbres bordant l’aĂ©rodrome. 11 mars 1964 – Au cours d’un vol d’entraĂźnement Ă  la navigation de nuit, un AlizĂ© n° 29 de la flottille 6F, percute une colline au lieu-dit Les Couffines, dans la commune de Collias Gard. Ses trois hommes d’équipage, l’Asp de rĂ©serve navigateur Bertrand, Marie PILLIARD l’ EV1 pilote François, Marie, Henri RENVOISÉ et le Mt radio de bord Jacques, Hippolyte, François SALAÜN, sont tuĂ©s sur le coup. 8 janvier 1929 – Un Ă©quipage de l’escadrille de la CEPA effectue un dernier vol d’essai de l’hydravion prototype SPCA Paulhan-Pillard n° 01. Alors qu’il survole de Lion de Mer dans la baie de Saint-RaphaĂ«l, l’appareil pique brusquement du nez, percute la surface de l’eau et s’engloutit. Les cinq membres de l’équipage, le LV pilote Roger, Louis, Marie, Robert CAMPARDON, chef de bord, le QM mĂ©canicien volant Marcel, Emile, Julien, Ernest FOUCRAY, le Mt mĂ©canicien volant Lucien, Louis GRESSIN, le QM mitrailleur bombardier Jean-Baptiste, Louis RENAUD et le LV observateur Joseph, Marie, Louis, Vincent REQUIN, disparaissent dans la chute de leur appareil. Un seul corps, celui du LV Requin, sera retrouvĂ©. 14 mars 1927 – Au cours d’un vol d’entraĂźnement, un hydravion CAMS 46 codĂ© H 21 de l’école de pilotage du CEAM d’Hourtin, se met en vrille et s’abat dans l’étang. Ses deux occupants, le Mot clairon Ă©lĂšve pilote RenĂ©, Emile MERCK et le LV pilote Louis, Ernest, Jules REULLIER, sont tuĂ©s sur le coup. 31 aoĂ»t 1967 – Parti de la base de la RAF de Kinloss en Ecosse, un Atlantic n° 39 de la flottille 22F participait Ă  un exercice en mer au large du Groenland. A la suite d’ennuis techniques, le chef de bord dĂ©cide de regagner son terrain de dĂ©part. GĂȘnĂ© par la brume, il percute un sommet sur l’üle du Prins Karl, dans l’archipel du Spitzberg NorvĂšge. Les dĂ©bris de l’appareil sont retrouvĂ©s le 2 septembre par un hĂ©licoptĂšre soviĂ©tique et, parmi eux, les corps des onze membres de l’équipage qui Ă©tait composĂ© de l’OE2 navigateur aĂ©rien Maurice, Urbain CORDIER, coordonnateur tactique, du PM mĂ©canicien volant AndrĂ©, Jean CROUX, du Mt navigateur aĂ©rien AndrĂ© DAMY, du Mt Ă©lectronicien de bord Claude, Alain, Joseph GUICHARD, du PM pilote Jean, Pierre, Hughes, Edouard HAESSLEIN, du Mt navigateur aĂ©rien Albert, Henri LAPORTE, des Mt Ă©lectroniciens de bord Jean-Paul LE VIAVANT et Jacques, LĂ©on, François MORIN, de l’OE1 pilote Claude, Auguste RAGUIN, chef de bord, du Mt Ă©lectronicien de bord François, Louis REUNGOAT et du SM mĂ©canicien volant Michel, Valentin, Pierre, Marie STÉPHANO. 10 novembre 1943 – Un Caudron Simoun n° 364 de la BAN de Thiersville, pris par le mauvais temps au cours d’une liaison entre Alger et Bizerte, s’abat dans la rĂ©gion d’AĂŻn Souda, Ă  environ 30 kilomĂštres Ă  l’ouest de Souk Ahras AlgĂ©rie. Quatre de ses occupants, le CF pilote Antoine, Henri, Jean de GAIL, l’OPE pilote Pierre REUNGOAT, le QM mĂ©canicien volant Marcel, Jean-Baptiste, Ange TANGUY et le Lt/Col GOUNOUILHOU de l’armĂ©e de Terre, sont tuĂ©s sur le coup ou dĂ©cĂšdent pendant leur Ă©vacuation vers l’hĂŽpital de Souk Ahras. Un cinquiĂšme est gravement blessĂ© mais survivra. 12 avril 1935 – Un Farman 166 Goliath de l’EPV du CEAM d’Hourtin s’abat au lieu-dit Lassalle, dans la commune de Lesparre Gironde. Trois des membres de son Ă©quipage, le SM arrimeur pilote Joseph, Henri PONZEVERA, le QM mĂ©canicien volant Maurice, Albert, Louis, Pierre RENAC et le Mot arrimeur pilote Luc, Lucien REYDY, pĂ©rissent dans la chute de leur appareil. Un quatriĂšme occupant est gravement blessĂ©. 31 janvier 1967 – Un Fouga Magister n° 386 – QN de l’école de pilotage de l’armĂ©e de l’Air de Cognac GE 315, s’écrase sur le territoire de la commune d’ArdilliĂšres Charente-Maritime. Son pilote, le Mot2 Ă©lĂšve Alain, Louis, Yves RIALLAND, est mortellement blessĂ© dans la chute de l’appareil. 21 dĂ©cembre 1923 – C’est cette nuit lĂ  que se produit la plus grave catastrophe de l’aĂ©ronautique militaire de notre pays. Le 18 dĂ©cembre 1923, le dirigeable Dixmude, ex Zeppelin L-72 qui avait Ă©tĂ© remis Ă  la France par l’Allemagne au titre des dommages de guerre, quitte sa base de Cuers-Pierrefeu pour un raid d’essai sans escale au-dessus du Sahara avec cinquante personnes Ă  son bord. Il atteint In-Salah dans les dĂ©lais prĂ©vus et entame son voyage de retour. Son dernier message le positionne au-dessus de la Tunisie et il n’y en aura pas d’autres. Vers 2 h 30 du matin, alors que le dirigeable passe au large de la Sicile, des pĂȘcheurs aperçoivent dans le ciel les lueurs d’un vif incendie. Probablement frappĂ© par la foudre qui a enflammĂ© ses ballonnets d’hydrogĂšne, le Dixmude et tout son Ă©quipage s’abĂźment en mer Ă  quelques miles au large du petit port de Sciacca. Les recherches lancĂ©es par la Marine italienne et par des bĂątiments français venus de Bizerte ne permettent pas de retrouver de survivants, ni mĂȘme de corps. Ce n’est que le 26 qu’un pĂȘcheur remonte dans ses filets le corps du commandant, le LV du Plessis de GrenĂ©dan. Un autre corps, celui du QM Guillaume sera retrouvĂ© ultĂ©rieurement. Cette catastrophe a fait cinquante victimes – 40 membres de l’équipage Les Mot2 mĂ©caniciens d’aĂ©ronautique Pierre, Casimir, Baptiste ALBAGNAC et Georges, Louis BAILLOUX, le SM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Ange, Jean, Louis BOULLEAU, les Mot2 mĂ©caniciens d’aĂ©ronautique Roger, Marius BOYER et Victorin, Louis BRUNIAS, le Mot arrimeur Maurice, Jules, Baptiste, Pierre CHARPENTIER, le SM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Georges, Victor, Auguste CLAVEL, le QM arrimeur volant AndrĂ© CLOSVIROLA, le SM2 pilote de direction Joseph, Louis, Marie COLLET, le SM mĂ©canicien volant NoĂ«l, Marie COROUGE, le QM mĂ©canicien volant Marcel, Alexandre COUVÉ, le LV pilote de dirigeable Jean, Joseph, Anne, Marie, Julien du PLESSIS de GRENÉDAN, commandant, le Mot mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Raymond, Louis DUBOIS, les QM mĂ©caniciens volants Jean, Constant FELON, Charles, Georges FOUCHET et Louis GALLET, le Mt mĂ©canicien volant Charles, Jean GASPAILLARD, le QM radio volant Marie, Antoine, Emile GUILLAUME, le SM arrimeur Joseph GUILLEMOT, le Mt de manƓuvre pilote de direction RenĂ©, FĂ©lix, Marie HAMON, le Mot2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Louis, Jean IMBERT, le QM radio volant Pierre, Jean-Marie JAFFREZIC, le SM mĂ©canicien volant François, ClĂ©ment JAN, les QM arrimeurs Charles, Marcel KUBLER et Saint-Amand, Charles, Adolphe La FORGE, le SM mĂ©canicien volant Jean, François, AimĂ©, EugĂšne LIZÉE, le QM mĂ©canicien volant François, Auguste, Joseph, Mathurin MAINGUY, le LV pilote de dirigeable Sylvestre, Antoine MARCAGGI, le PM mĂ©canicien volant RenĂ©, Henri MOMBERT, le QM mĂ©canicien volant KlĂ©ber, EugĂšne, Marie, Albert NAL, le SM radio volant Adrien, Jean-Baptiste PAUC, le QM mĂ©canicien volant Charles, Joseph, RenĂ©, Louis QUÉMERAIS, les QM arrimeurs volants Jean RICHARD et GĂ©raud, François, Marie ROCHER, le Mot mĂ©canicien volant Jean, EugĂšne, Edouard ROUDEN, le LV pilote de dirigeable Adrien, AimĂ©, Victor ROUSTAN, commandant en second, le Mot arrimeur Charles, Paul SÉDILLOT, le SM arrimeur volant Louis, Marie TARTIVEL et le QM mĂ©canicien volant Jean, LĂ©opold VINCENOT. – 10 passagers le CC Victor, Louis BERRETTA, les LV pilotes de dirigeable Pierre BOURDIER et Maurice, Gabriel CONVENTS, le CF pilote de dirigeable Georges, LĂ©on, François, Jules HENNIQUE, commandant le CAM de Cuers-Pierrefeu, le LV pilote de dirigeable Serge, François, Roger GOISLARD de La DROITIÈRE, le CC pilote Henri, Jules LEFRANC, le LV observateur Georges, Etienne LEVESQUE, le Med1 LĂ©opold, Henri PÉLISSIER, le CC pilote de dirigeable Georges, Paul RENON, le LV pilote de dirigeable Henri, Marcel, AurĂ©lien ROUSTAN et, enfin, le CV Pierre, Edouard, Marie YVON. 23 aoĂ»t 1944 – Un Vickers Wellington XIII s/n HZ588 – N de l’escadrille 5B de la 2Ăšme flottille de bombardement avait dĂ©collĂ© de sa base de Dakar-Ouakam pour une mission d’escorte de convoi. A partir de 20 h 30, plus aucun contact ne peut ĂȘtre Ă©tabli avec l’appareil. Les recherches lancĂ©es le lendemain et les jours suivant ne rĂ©vĂšlent aucun indice. L’appareil et son Ă©quipage de sept hommes, composĂ© du QM1 mĂ©canicien volant AimĂ©, Marcel BASTIEN, de l’EV1 de rĂ©serve observateur RenĂ©, Jules, Vital CUNIN, commandant d’aĂ©ronef, de l’Asp de rĂ©serve observateur Pierre, Edouard, Claude MARTIN, du QM2 radio volant Robert, Georges, Augustin MOIZANT, de l’OE2 pilote Roger PRAT, du Mt radio volant Louis, Marcel RAPP et du SM pilote Guy, Louis, Marie RICHAUDEAU, sont portĂ©s disparus. 20 juin 1918 – Un hydravion Donnet-Denhaut 200ch n° 1136 du CAM de Marsala Italie est contraint Ă  un amerrissage au cours d’une reconnaissance menĂ©e dans le canal de Sicile, au large du cap Bon. Les premiĂšres recherches aĂ©riennes permettent de repĂ©rer l’appareil flottant normalement mais lorsque les bĂątiments arrivent sur les lieux, ils ne trouvent plus rien. L’équipage, composĂ© du QM mĂ©canicien observateur Gaston, Emile RICHE et du QM fourrier pilote Paul, AndrĂ©, Marie SAVARY, est portĂ© disparu, prĂ©sumĂ© mort en mer. 6 fĂ©vrier 1920 – Le 16 janvier 1920, au cours d’un vol d’entraĂźnement au CAM de Berre, l’EV1 pilote Robert RICHER, aux commandes d’un hydravion Donnet-Denhaut 200ch, est victime d’un accident. RelevĂ© gravement blessĂ©, il est transportĂ© Ă  l’hĂŽpital de Marseille Bouches du RhĂŽne oĂč il dĂ©cĂšde le 6 fĂ©vrier. 19 juin 1940 – Une formation mixte de Loire-Nieuport 401 et 411 des escadrilles AB2 et AB4, dĂ©colle dans la soirĂ©e du terrain d’HyĂšres pour bombarder, de nuit, des objectifs dans la rĂ©gion d’Imperia, sur la cĂŽte ligure, en Italie. Au retour, deux appareils de l’AB4 sont manquants. Le LN 411 n° 5 codĂ© du Mt pilote Marcel, Pierre, Auguste BILLIEN et le LN 411 n° 6 codĂ© du SM pilote Raymond, Joseph, Maurice RICQUIER. Les deux appareils ont probablement disparu en mer car aucun indice ne sera retrouvĂ© et les enquĂȘtes menĂ©es aprĂšs la guerre auprĂšs des autoritĂ©s italiennes ne donneront rien non plus. 2 novembre 1918 – A la suite probablement d’une panne de moteur, un hydravion Borel Odier n° 05 du CAM d’Antibes, effectuant une liaison postale entre Nice et la Corse, est contraint un amerrissage de fortune au large de Nice. Lorsque les secours arrivent sur les lieux, ils ne retrouvent aucune trace de l’appareil qui a disparu avec son Ă©quipage, composĂ© du SM mĂ©canicien pilote Angelo, Joseph RIMOLDI et du QM mĂ©canicien observateur Marcel ROBERT. 4 aoĂ»t 1943 – DĂ©collant du terrain de Dakar-Ouakam pour une mission de protection de convoi, un Lockheed Hudson IIIA s/n FH336 – de l’escadrille 1BR est victime d’une perte de puissance des moteurs, s’écrase et prend feu. Ses cinq hommes d’équipage, l’EV1pilote Marcel, Pierre, Henri DOUXAMI, chef de bord, l’EV1 de rĂ©serve observateur François GUICHARD, le SM1 mĂ©canicien volant Yves, Jean NÉDELEC, le QM2 mitrailleur bombardier Jean, Joseph, Marie RIO et le SM2 radio volant Henri, Georges TOUCHARD, sont tuĂ©s sur le coup. 23 septembre 1925 – Au cours d’une mission de bombardement de la ville de Chefchaoued, dans le massif du Rif Maroc, un Farman 60 Goliath n° 133 – de l’escadrille 5B2, est portĂ© disparu. Son Ă©quipage Ă©tait composĂ© des QM arrimeur pilote Maurice, EugĂšne, Charles, ThĂ©odore DUSSOLON, QM radio volant François, Jean-Louis GOARNIGOU, SM pilote Etienne, François, Henri MARCHAU, SM mitrailleur bombardier Clet, Marie RIOU, et Mot mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Jean-Louis SÉGALEN. Certains corps ne seront retrouvĂ©s qu’en 1929. 20 mai 1931 – L’escadrille 7B1 du porte-avions BĂ©arn a Ă©tĂ© dĂ©barquĂ©e de son bĂątiment Ă  Casablanca pour effectuer un vol autour du Maroc. Dans la rĂ©gion de Kasbah-Tadla, un de ses Levasseur PL 7 se brise littĂ©ralement en vol, ne laissant aucune chance de survie Ă  ses quatre occupants. L’équipage Ă©tait composĂ© du QM mitrailleur bombardier ArsĂšne, Marie GUILLOU, du QM radio volant Louis, Charles JOLIDON du QM mĂ©canicien volant RenĂ©, Marius, Auguste du SM mĂ©canicien pilote Jean, Yves, Marie RIOU. 28 dĂ©cembre 1999 – Une section de deux hĂ©licoptĂšres Lynx de la flottille 31F a dĂ©collĂ© de la BAN de Saint-Mandrier pour un entraĂźnement Ă  la navigation tactique Ă  basse altitude. Peu aprĂšs le dĂ©collage, le n° 803 est victime d’ennuis mĂ©caniques le rendant incontrĂŽlable et, malgrĂ© les efforts de ses pilotes, il s’écrase prĂšs du hameau de la TuiliĂšre, dans la commune de Pierrefeu-du-Var Var. Le LV Emmanuel, Jacques, Roger RIOULT, pilote et commandant d’aĂ©ronef est tuĂ© sur le coup, les deux autres membres de l’équipage sont blessĂ©s. 22 novembre 1916 – Au cours d’une mission de reconnaissance sur les lignes ennemies, l’ingĂ©nieur hydrographe de 2Ăšme classe Charles, Gaston, Adolphe RIVIER, dĂ©tachĂ© comme observateur dans une escadrille de l’AĂ©ronautique militaire, est gravement blessĂ© par des tirs venus du sol. TransportĂ© Ă  l’hĂŽpital de Verdun aprĂšs le retour de son appareil Ă  sa base, il y dĂ©cĂšde quelques heures aprĂšs son admission. 9 avril 1947 – Victime d’une perte de vitesse au dĂ©collage, un SNCAC de l’escadrille n° 174 – s’écrase sur le terrain de Cuers-Pierrefeu. Les cinq occupants, gravement blessĂ©s, sont transportĂ©s Ă  l’hĂŽpital Sainte-Anne de Toulon oĂč trois d’entre eux, le SM2 radio volant Maurice AXAT, le Mt mĂ©canicien volant RenĂ©, Auguste, Joseph BÉBIN et le SM1 pilote FrĂ©dĂ©ric, Jean, Marie RIVOALEN, dĂ©cĂšdent peu aprĂšs leur arrivĂ©e. 24 avril 1954 – Au cours d’une mission de bombardement d’une batterie de 37mm AA aux alentours de DiĂȘn BiĂȘn Phu, un F6F-5 Hellcat de la flottille BuAer 79404 – est touchĂ© par la DCA. Son pilote, le SM2 Daniel, Michel, Henri ROBERT, parvient Ă  sauter en parachute mais tombe dans les lignes ennemies. Fait prisonnier, il meurt de privation et maladie dans un camp Ă  Moc Chau Tonkin, le 8 juin suivant. 2 novembre 1918 – A la suite probablement d’une panne de moteur, un hydravion Borel Odier n° 05 du CAM d’Antibes, effectuant une liaison postale entre Nice et la Corse, est contraint un amerrissage de fortune au large de Nice. Lorsque les secours arrivent sur les lieux, ils ne retrouvent aucune trace de l’appareil qui a disparu avec son Ă©quipage, composĂ© du SM mĂ©canicien pilote Angelo, Joseph RIMOLDI et du QM mĂ©canicien observateur Marcel ROBERT. 5 dĂ©cembre 1953 – En mission de reconnaissance Ă  basse altitude le long de la RP 38, dans la rĂ©gion de Cho Chu Tonkin, deux F6F-5 Hellcat de la flottille sont pris Ă  partie par la DCA viĂȘt minh. Les deux appareils sont touchĂ©s, mais celui du chef de patrouille BuAer 80065 – est plus gravement atteint et son moteur mis en feu. Son pilote, l’EV1 Jean, AndrĂ© ROBIN, tente un atterrissage de fortune Ă  quatre kilomĂštres de Cho MoĂŻ mais, Ă  l’instant oĂč il va toucher le sol, l’appareil explose et ses dĂ©bris se rĂ©pandent sur plusieurs centaines de mĂštres. L’EV Robin, probablement tuĂ© sur le coup, est portĂ© disparu. Sunderland III de la flottille 7FE s/n ML841 – M, rebondit plusieurs fois sur des lames avant de se briser en deux et de couler presque immĂ©diatement. Il y a dix victimes parmi les occupants de l’appareil les Mot2 EAR Ă©lĂšves observateurs, Henri, Camille BÉRAUD, Jean, Marie, Georges BONIS-CHARANCLE et Jacques, Alfred, Antoine BRUN, le SM2 radio volant Louis DARS, le Mt mitrailleur bombardier Raymond, Joseph, Marie HOUSSAY, le QM1 radio volant Joseph LE DEUN, l’EV1 de rĂ©serve observateur RenĂ©, Michel, Jean LEMARCHAND, le Mot2 EAR Ă©lĂšve observateur Jacques, Henri, Albert LICHTENBERGER, le Mot radio volant Alfred PONCET et le QM armurier d’aĂ©ronautique Louis, Gabriel ROBIN. 13 dĂ©cembre 1963 – Au cours d’un vol d’entraĂźnement, un ZĂ©phyr n° 13 de l’escadrille s’écrase dans la commune de Carqueiranne Var. Son pilote, le SM2 Pierre, Joseph ROCHE est tuĂ© sur le coup. 7 septembre 1939 – Les deux hydravions Loire 130 du bĂątiment de ligne Dunkerque avaient dĂ©collĂ© du Poulmic pour une mission de surveillance anti-sous-marine au large de Brest. Mission terminĂ©e, le premier hydravion rejoint sa base de dĂ©part mais on reste sans nouvelles du second. MalgrĂ© les recherches lancĂ©es, aucune trace ne sera retrouvĂ©e de l’appareil n° 2 – ni de son Ă©quipage composĂ© du QM radio volant Marcel, Joseph COADIC, du Mt mĂ©canicien volant RĂ©my, Edouard, Gaston JACQUIAUD, du SM radio volant Fernand MONNET, du Mt pilote Pierre ROCHEFORT et de l’EV1, observateur et commandant d’aĂ©ronef, Jean, Marie, Paul de TESSIÈRES. Ces cinq hommes auront le triste privilĂšge d’ĂȘtre les premiers morts français de la Seconde Guerre mondiale. 21 dĂ©cembre 1923 – C’est cette nuit lĂ  que se produit la plus grave catastrophe de l’aĂ©ronautique militaire de notre pays. Le 18 dĂ©cembre 1923, le dirigeable Dixmude, ex Zeppelin L-72 qui avait Ă©tĂ© remis Ă  la France par l’Allemagne au titre des dommages de guerre, quitte sa base de Cuers-Pierrefeu pour un raid d’essai sans escale au-dessus du Sahara avec cinquante personnes Ă  son bord. Il atteint In-Salah dans les dĂ©lais prĂ©vus et entame son voyage de retour. Son dernier message le positionne au-dessus de la Tunisie et il n’y en aura pas d’autres. Vers 2 h 30 du matin, alors que le dirigeable passe au large de la Sicile, des pĂȘcheurs aperçoivent dans le ciel les lueurs d’un vif incendie. Probablement frappĂ© par la foudre qui a enflammĂ© ses ballonnets d’hydrogĂšne, le Dixmude et tout son Ă©quipage s’abĂźment en mer Ă  quelques miles au large du petit port de Sciacca. Les recherches lancĂ©es par la Marine italienne et par des bĂątiments français venus de Bizerte ne permettent pas de retrouver de survivants, ni mĂȘme de corps. Ce n’est que le 26 qu’un pĂȘcheur remonte dans ses filets le corps du commandant, le LV du Plessis de GrenĂ©dan. Un autre corps, celui du QM Guillaume sera retrouvĂ© ultĂ©rieurement. Cette catastrophe a fait cinquante victimes – 40 membres de l’équipage Les Mot2 mĂ©caniciens d’aĂ©ronautique Pierre, Casimir, Baptiste ALBAGNAC et Georges, Louis BAILLOUX, le SM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Ange, Jean, Louis BOULLEAU, les Mot2 mĂ©caniciens d’aĂ©ronautique Roger, Marius BOYER et Victorin, Louis BRUNIAS, le Mot arrimeur Maurice, Jules, Baptiste, Pierre CHARPENTIER, le SM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Georges, Victor, Auguste CLAVEL, le QM arrimeur volant AndrĂ© CLOSVIROLA, le SM2 pilote de direction Joseph, Louis, Marie COLLET, le SM mĂ©canicien volant NoĂ«l, Marie COROUGE, le QM mĂ©canicien volant Marcel, Alexandre COUVÉ, le LV pilote de dirigeable Jean, Joseph, Anne, Marie, Julien du PLESSIS de GRENÉDAN, commandant, le Mot mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Raymond, Louis DUBOIS, les QM mĂ©caniciens volants Jean, Constant FELON, Charles, Georges FOUCHET et Louis GALLET, le Mt mĂ©canicien volant Charles, Jean GASPAILLARD, le QM radio volant Marie, Antoine, Emile GUILLAUME, le SM arrimeur Joseph GUILLEMOT, le Mt de manƓuvre pilote de direction RenĂ©, FĂ©lix, Marie HAMON, le Mot2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Louis, Jean IMBERT, le QM radio volant Pierre, Jean-Marie JAFFREZIC, le SM mĂ©canicien volant François, ClĂ©ment JAN, les QM arrimeurs Charles, Marcel KUBLER et Saint-Amand, Charles, Adolphe La FORGE, le SM mĂ©canicien volant Jean, François, AimĂ©, EugĂšne LIZÉE, le QM mĂ©canicien volant François, Auguste, Joseph, Mathurin MAINGUY, le LV pilote de dirigeable Sylvestre, Antoine MARCAGGI, le PM mĂ©canicien volant RenĂ©, Henri MOMBERT, le QM mĂ©canicien volant KlĂ©ber, EugĂšne, Marie, Albert NAL, le SM radio volant Adrien, Jean-Baptiste PAUC, le QM mĂ©canicien volant Charles, Joseph, RenĂ©, Louis QUÉMERAIS, les QM arrimeurs volants Jean RICHARD et GĂ©raud, François, Marie ROCHER, le Mot mĂ©canicien volant Jean, EugĂšne, Edouard ROUDEN, le LV pilote de dirigeable Adrien, AimĂ©, Victor ROUSTAN, commandant en second, le Mot arrimeur Charles, Paul SÉDILLOT, le SM arrimeur volant Louis, Marie TARTIVEL et le QM mĂ©canicien volant Jean, LĂ©opold VINCENOT. – 10 passagers le CC Victor, Louis BERRETTA, les LV pilotes de dirigeable Pierre BOURDIER et Maurice, Gabriel CONVENTS, le CF pilote de dirigeable Georges, LĂ©on, François, Jules HENNIQUE, commandant le CAM de Cuers-Pierrefeu, le LV pilote de dirigeable Serge, François, Roger GOISLARD de La DROITIÈRE, le CC pilote Henri, Jules LEFRANC, le LV observateur Georges, Etienne LEVESQUE, le Med1 LĂ©opold, Henri PÉLISSIER, le CC pilote de dirigeable Georges, Paul RENON, le LV pilote de dirigeable Henri, Marcel, AurĂ©lien ROUSTAN et, enfin, le CV Pierre, Edouard, Marie YVON. 3 fĂ©vrier 1937 – Une section de trois Levasseur PL 101 de l’escadrille 7S1 du porte-avions BĂ©arn, en escale Ă  Dakar SĂ©nĂ©gal a effectuĂ© un voyage jusqu’à Podor, ville situĂ©e Ă  330 kilomĂštres au NE de Dakar. Au cours d’une prĂ©sentation devant les autoritĂ©s locales, deux appareils entrent en collision et s’écrasent au sol. Les six membres des Ă©quipages Ă©taient le QM1 mitrailleur bombardier Jean, François ABAZIOU, l’EV1 pilote Michel, Maurice, AndrĂ© ALLARD, chef de la section, le SM mĂ©canicien volant Joseph, Bernard BERTOLINI, le QM mĂ©canicien volant Guillaume LASTENNET. Aucun , le SM pilote Antoine, Louis, AndrĂ© ROCHETTE et le QM1 radio volant Charles, Louis ROUX. Aucun n’a eu le temps de sauter en parachute et ils trouvent tous la mort dans l’accident. 14 aoĂ»t 1929 – A l’issue d’un vol d’entraĂźnement, un Latham 43 n° 25 – de l’escadrille 3E1, capote en amerrissant sur l’étang de Berre. Pris sous la coque retournĂ©e, ses trois hommes d’équipage, le Mt mĂ©canicien volant Marcel, AndrĂ©, Adolphe, Yvon PERRIN, le QM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Jean, François RAOUL et le SM mĂ©canicien pilote Alexandre RODIER, pĂ©rissent noyĂ©s. 5 fĂ©vrier 1925 – Le Mot1 arrimeur pilote Edmond, Roger RODIER, Ă©lĂšve Ă  l’école de chasse du CAM de FrĂ©jus – Saint-RaphaĂ«l, est tuĂ© dans la chute en vrille de son monoplace Nieuport 23 codĂ© sur l’aĂ©rodrome de FrĂ©jus – Saint-RaphaĂ«l. 7 mai 1986 – Au cours d’une mission d’entraĂźnement Ă  la reconnaissance Ă  basse altitude sur la Bretagne et la Normandie, le rĂ©acteur d’un Etendard IVP n° 103 de la flottille 16F prend feu. L’appareil s’engage ensuite dans une vrille que se termine par l’écrasement sur la territoire de la commune de Saint-Pierre-du-Jonquet Calvados. Le pilote, l’EV1 LoĂŻc, Claude, Marie RODIER s’éjecte mais Ă  trop basse altitude pour permettre l’ouverture de son parachute. 22 octobre 1957 – Au retour d’une mission d’entraĂźnement au vol de nuit et en finale pour Ă  atterrir Ă  Oran-La SĂ©nia, un Lockheed P2V-6 Neptune de la flottille BuAer 126539 – perd brutalement de l’altitude, percute le lac salĂ© de la Sebkra, dans la commune de Valmy, et se dĂ©sintĂšgre complĂštement. Les huit hommes composant l’équipage, le SM2 pilote Pierre, Serge, Auguste, Jacques COURTEILLE, le Mt Ă©lectronicien de bord Francis HOQUET, le Mt radio volant Roger, Joseph LE CLECH, le Mt mĂ©canicien volant Alain LE PARC, le LV pilote Jacques, Paul, Max PIVET, commandant d’aĂ©ronef, le Mt radariste volant Marcel, Maurice, Gustave RENARD, le Mt armurier de bord Henri, Joachim, Marie ROGER et le SM2 navigateur aĂ©rien Pierre VIGER, sont tuĂ©s sur le coup. 16 mai 1928 – A la suite de l’incendie d’un de ses moteurs et en tentant d’atterrir en urgence, un Farman 65 Goliath de l’escadrille 4B2 basĂ©e Ă  Karouba, s’écrase au sol Ă  Bordj Poil, Ă  8 kilomĂštres au nord d’El Ariana, prĂšs de Tunis. L’équipage composĂ© du Mot2 arrimeur pilote Jean, Albert, Marcel ARROUAYS, de l’Asp de rĂ©serve observateur Jean-Louis, Marie, AndrĂ© BÉZARD, chef de bord, du QM radio volant Henri, Joseph GOBERT, du SM mĂ©canicien pilote Georges, Louis, RenĂ© PAPIN et du QM mĂ©canicien volant Paul ROHR, pĂ©rit tout entier dans l’accident. 17 avril 1939 – L’escadrille T1 venait de recevoir ses premiers LatĂ©coĂšre 298. Au cours d’un vol d’entraĂźnement au bombardement en semi-piquĂ© sur l’étang de Berre, l’un des appareils n° 18 – est victime, Ă  la ressource, d’un dĂ©crochage Ă  haute vitesse et percute la surface de l’eau. Les trois hommes composant l’équipage, l’EV1 pilote Jacques, Gilbert, Edouard DUTILLEUL, le SM radio volant Joseph, RenĂ©, Hermann ROHRBACH, et l’Asp de rĂ©serve observateur Marcel, Albert, EugĂšne VERGRIETE, pĂ©rissent dans l’accident. 8 mai 1954 – Le lendemain de la chute du camp retranchĂ© de DiĂȘn BiĂȘn Phu, au cours d’une mission de bombardement prĂšs de Tuan Giao Tonkin, un P4Y Privateer de la Flottille BuAer 59785 – est touchĂ© par la DCA viĂȘt minh. Trois hommes parviennent Ă  Ă©vacuer l’avion avant qu’il ne s’écrase au sol ; deux d’entre eux, les SM2 Carpentier et KĂ©romnĂšs atterrissent indemnes et sont fait prisonniers. Le troisiĂšme, le SM2 radio volant Jean, Jacques, Antoine HOOG, gravement blessĂ©, ne survit pas Ă  ses blessures. Tous les autres membres de l’équipage, le Mt mĂ©canicien volant Francis, Pierre BOUYSSOU, le SM2 radio volant RenĂ©, Jean, Gabriel LACROSSE, le SM2 navigateur aĂ©rien Yves, Joseph, Louis LE COZ, l’EV1 pilote François, Pierre, Roger MONGUILLON, commandant d’aĂ©ronef, le SM2 pilote AndrĂ©, Edouard ROISSAT et le SM2 mĂ©canicien volant Louis, RenĂ© STÉPHAN, pĂ©rissent dans la chute de leur appareil. 28 juin 1941 – Une formation de six Martin 167-A3 dĂ©colle de Madjaloun Liban. Elle est composĂ©e de trois appareil des l’escadrille 6B et trois autres de la 7B. La mission assignĂ©e est de bombarder deux cols qui dominent Palmyre Syrie, oĂč la garnison française rĂ©siste aux attaques des troupes du Commonwealth. Le bombardement s’effectue normalement mais, au retour, la petite formation est interceptĂ©e par une vingtaine de Curtiss Tomahawk de la RAAF. Le combat est inĂ©gal et, l’un aprĂšs l’autre, les bimoteurs français succombent avec, dans la plupart des cas, la mort de l’ensemble de leurs Ă©quipages. En quelques minutes, seize officiers, officiers mariniers et quartiers-maĂźtres vont pĂ©rir et il n’y aura que quatre survivants. La composition des Ă©quipages Ă©tait la suivante N° 41 – Mt mitrailleur bombardier Mathurin, Marie LE BOULAIRE, SM radio volant Louis, Joseph LE ROLLAND, EV1 pilote Marcellin GISBERT, faisant fonction d’observateur et LV pilote François, Xavier, Paul, Martial ZIEGLER, commandant l’escadrille 6B et chef de 93 – QM2 radio volant Ferdinand, LĂ©on BIEVER, QM2 mitrailleur bombardier Henri LE MARRE, Mt pilote Paul, Simon, Nicolas MONJOIN et EV1 pilote Aymond, Marie, Jean, AndrĂ© PLAYE, chef de bord et 204 – SM1 pilote Lucien HELF, EV1 pilote Pierre, Jean LACOSTE, chef de bord et navigateur, SM2 radio volant Jean, AimĂ© LE DÛ, QM2 mitrailleur bombardier EugĂšne, Henri, Pierre, Marie 58 – QM1 radio volant Victor, François, Alain BOURHIS, SM2 pilote Robert, Gustave, Sylvain CÉRÉSUÉLA, OE2 pilote Georges, Corentin, Marie LE FRIANT, chef de bord et observateur et QM1 radio volant AndrĂ©, Yves, Marie 274 – QM1 mĂ©canicien volant François, Marie LIBOUBAN, QM2 radio volant François, Henri, Victor PARMENTIER, sont tuĂ©s en vol par les tirs des chasseurs australiens. Le LV Francis LainĂ©, pilote et chef de bord et l’EV1 Pierre Massicot, observateur, survivent, gravement blessĂ©s, Ă  l’atterrissage forcĂ© de leur 21 – LV pilote Joseph, Charles, Jean de GAIL, chef de bord et observateur et QM radio volant Louis, Alphonse THIOT. Deux membres de l’équipage, le MT pilote Raymond Sarrotte et le SM mitrailleur bombardier Clotaire GuĂ©ret, rĂ©ussissent Ă  sauter en parachute. 16 septembre 1916 – Le QM fusilier Yves ROLLAND, Ă©lĂšve Ă  l’école de pilotage du CAM de FrĂ©jus – Saint-RaphaĂ«l, effectue un de ses premiers vols en solo lorsque, pour une raison inconnue, son hydravion s’abĂźme en mer Ă  un mille au sud du centre. Lorsque les secours arrivent, ils ne peuvent que constater le dĂ©cĂšs du pilote, probablement tuĂ© sur le coup dans la chute de son appareil. 12 juin 1949 – Une patrouille de quatre SBD-5 Dauntless de la flottille a dĂ©collĂ© du porte-avions Arromanches au large d’Oran pour un exercice d’attaque. Alors que la formation survole Mostaganem, l’un des appareils BuAer 34832 – est victime d’une panne de moteur. En tentant un atterrissage forcĂ© sur le territoire de la commune de Mazagran AlgĂ©rie, il se met en perte de vitesse et s’écrase au sol. Le pilote, le LV Michel, Denis, Gabriel ROLLIN est tuĂ© sur le coup et son passager, le QM2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Serge, Joseph, Jacques ZANI, dĂ©cĂšde pendant son transfert Ă  l’hĂŽpital de Mostaganem. 5 aoĂ»t 1944 – Le SM2 mĂ©canicien volant Henri, Jean ROMANETTI s’évade le 15 octobre 1940 de la BAN de Karouba et rejoint l’üle de Malte. Il s’engage ensuite dans les FAFL et, aprĂšs diverses affectations, rejoint le GB Lorraine Squadron 342 de la RAF. Le 5 aoĂ»t 1944, un Douglas Boston IIIA s/n BZ198 – OA-T de cette unitĂ© est touchĂ© par la Flak et s’écrase en feu au lieu-dit Les Poiriers dans la commune de La Villette Calvados. Deux membres de son Ă©quipage, l’A/C Romanetti et le Sgt RenĂ© PIERRON, sont tuĂ©s sur le coup. 17 aoĂ»t 1960 – Un AVRO Lancaster de l’escadrille n° WU 26 – revenait de mĂ©tropole vers Agadir, transportant douze passagers en plus de son Ă©quipage habituel. Alors que l’appareil se trouve 25 kilomĂštres au sud de Had Ouled Frej, un message est reçu par le contrĂŽle de Camp CazĂšs, signalant un incendie au moteur n° 3 et annonçant une tentative d’atterrissage forcĂ©. Mais il est trop tard, rongĂ© par le feu, le longeron principal de la voilure cĂšde et l’aile droite se replie. DĂ©semparĂ©, le Lancaster s’écrase au sol prĂšs du douar de Khemis M’Touch, dans la rĂ©gion de Sidi Bennour, Ă  une centaine de kilomĂštres environ dans le SSO de Casablanca. Tous les occupants sont tuĂ©s sur le coup. L’équipage Ă©tait composĂ© du MP mĂ©canicien de bord Bernard BRÉLIVET, du SM2 radio volant Jacques, Pierre DURAND, de l’EV2 de rĂ©serve pilote Jean-Claude JÉGOU, des OE3 pilotes Henri, Francis JOURDAN et Joseph, Jean, Marie LE HIRESS, commandant d’aĂ©ronef, du Mt mĂ©canicien volant Edmond, Jean, Marie MARTIN et du PM radio volant Jean, Emile, Auguste MOUSSET. Les passagers Ă©taient le QM2 armurier d’aĂ©ronautique Claude, Paul BARBÉ, le PM pilote Maurice, Dominique, Pierre CANTAT, les SM2 mĂ©caniciens d’aĂ©ronautique Jacques, Roland, Marcel HERBETTE, Gilbert, Louis, Marie LE ROUZIC et Jean, Louis MARC, l’agent de la poste aux ArmĂ©es Armand, Marius PÉZÉ, le QM1 Ă©lectricien Christian, Charles PHIPPS, le SM2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Joseph PROVOST, le PM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Lucien, Jean, Louis ROMANI, l’IM1 volant Jacques, Jean, Victor ROULS, le Sgt/Maj Louis, Victor PRINCE-SOULIER de l’armĂ©e de Terre et le Mot2 maĂźtre d’hĂŽtel Pierre VICARIOT. 12 mai 1944 – Au cours d’un exercice de combat aĂ©rien, deux Douglas A-24 de l’école de chasse de l’armĂ©e de l’Air de MeknĂšs entrent en collision. L’appareil n° 42-54206 s’écrase au sol tuant ses deux occupants, le SM1 pilote RenĂ©, Pascal DESNUS, moniteur, et le SM pilote RenĂ©, AndrĂ©, Pierre RONGIÈRE, Ă©lĂšve. L’autre A-24, bien qu’endommagĂ©, parvient Ă  atterrir normalement. 5 fĂ©vrier 1954 – Participant Ă  un exercice de poursuite, un F6F-5 Hellcat de l’escadrille BuAer 72440 – s’écrase Ă  plat, Ă  l’issue d’une ressource Ă  grande vitesse, Ă  4 kilomĂštres dans l’est du village de Saint-Maur AlgĂ©rie. Son pilote, le QM2 Jean, Victor ROOSE, est tuĂ© sur le coup. 14 janvier 1988 – Au cours d’en exercice de combat aĂ©rien contre un Etendard IVP, un F8E FN Crusader n° 42 de la flottille 12F s’écrase en mer au large de l’üle d’Ouessant. Son pilote, l’EV1 Yves, Claude ROSE, s’est Ă©jectĂ© tardivement et son corps ne sera pas retrouvĂ©. 17 aoĂ»t 1929 – Le QM mĂ©canicien Ă©lĂšve pilote Roger, Jean, FĂ©lix ROUANET est griĂšvement blessĂ© dans un accident en atterrissant sur le terrain de Valence Drome, aux commandes d’un Caudron 59 de l’Ecole de pilotage d’Istres. TransportĂ© Ă  l’hĂŽpital il y dĂ©cĂšde peu de temps aprĂšs son admission. 21 dĂ©cembre 1923 – C’est cette nuit lĂ  que se produit la plus grave catastrophe de l’aĂ©ronautique militaire de notre pays. Le 18 dĂ©cembre 1923, le dirigeable Dixmude, ex Zeppelin L-72 qui avait Ă©tĂ© remis Ă  la France par l’Allemagne au titre des dommages de guerre, quitte sa base de Cuers-Pierrefeu pour un raid d’essai sans escale au-dessus du Sahara avec cinquante personnes Ă  son bord. Il atteint In-Salah dans les dĂ©lais prĂ©vus et entame son voyage de retour. Son dernier message le positionne au-dessus de la Tunisie et il n’y en aura pas d’autres. Vers 2 h 30 du matin, alors que le dirigeable passe au large de la Sicile, des pĂȘcheurs aperçoivent dans le ciel les lueurs d’un vif incendie. Probablement frappĂ© par la foudre qui a enflammĂ© ses ballonnets d’hydrogĂšne, le Dixmude et tout son Ă©quipage s’abĂźment en mer Ă  quelques miles au large du petit port de Sciacca. Les recherches lancĂ©es par la Marine italienne et par des bĂątiments français venus de Bizerte ne permettent pas de retrouver de survivants, ni mĂȘme de corps. Ce n’est que le 26 qu’un pĂȘcheur remonte dans ses filets le corps du commandant, le LV du Plessis de GrenĂ©dan. Un autre corps, celui du QM Guillaume sera retrouvĂ© ultĂ©rieurement. Cette catastrophe a fait cinquante victimes – 40 membres de l’équipage Les Mot2 mĂ©caniciens d’aĂ©ronautique Pierre, Casimir, Baptiste ALBAGNAC et Georges, Louis BAILLOUX, le SM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Ange, Jean, Louis BOULLEAU, les Mot2 mĂ©caniciens d’aĂ©ronautique Roger, Marius BOYER et Victorin, Louis BRUNIAS, le Mot arrimeur Maurice, Jules, Baptiste, Pierre CHARPENTIER, le SM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Georges, Victor, Auguste CLAVEL, le QM arrimeur volant AndrĂ© CLOSVIROLA, le SM2 pilote de direction Joseph, Louis, Marie COLLET, le SM mĂ©canicien volant NoĂ«l, Marie COROUGE, le QM mĂ©canicien volant Marcel, Alexandre COUVÉ, le LV pilote de dirigeable Jean, Joseph, Anne, Marie, Julien du PLESSIS de GRENÉDAN, commandant, le Mot mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Raymond, Louis DUBOIS, les QM mĂ©caniciens volants Jean, Constant FELON, Charles, Georges FOUCHET et Louis GALLET, le Mt mĂ©canicien volant Charles, Jean GASPAILLARD, le QM radio volant Marie, Antoine, Emile GUILLAUME, le SM arrimeur Joseph GUILLEMOT, le Mt de manƓuvre pilote de direction RenĂ©, FĂ©lix, Marie HAMON, le Mot2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Louis, Jean IMBERT, le QM radio volant Pierre, Jean-Marie JAFFREZIC, le SM mĂ©canicien volant François, ClĂ©ment JAN, les QM arrimeurs Charles, Marcel KUBLER et Saint-Amand, Charles, Adolphe La FORGE, le SM mĂ©canicien volant Jean, François, AimĂ©, EugĂšne LIZÉE, le QM mĂ©canicien volant François, Auguste, Joseph, Mathurin MAINGUY, le LV pilote de dirigeable Sylvestre, Antoine MARCAGGI, le PM mĂ©canicien volant RenĂ©, Henri MOMBERT, le QM mĂ©canicien volant KlĂ©ber, EugĂšne, Marie, Albert NAL, le SM radio volant Adrien, Jean-Baptiste PAUC, le QM mĂ©canicien volant Charles, Joseph, RenĂ©, Louis QUÉMERAIS, les QM arrimeurs volants Jean RICHARD et GĂ©raud, François, Marie ROCHER, le Mot mĂ©canicien volant Jean, EugĂšne, Edouard ROUDEN, le LV pilote de dirigeable Adrien, AimĂ©, Victor ROUSTAN, commandant en second, le Mot arrimeur Charles, Paul SÉDILLOT, le SM arrimeur volant Louis, Marie TARTIVEL et le QM mĂ©canicien volant Jean, LĂ©opold VINCENOT. – 10 passagers le CC Victor, Louis BERRETTA, les LV pilotes de dirigeable Pierre BOURDIER et Maurice, Gabriel CONVENTS, le CF pilote de dirigeable Georges, LĂ©on, François, Jules HENNIQUE, commandant le CAM de Cuers-Pierrefeu, le LV pilote de dirigeable Serge, François, Roger GOISLARD de La DROITIÈRE, le CC pilote Henri, Jules LEFRANC, le LV observateur Georges, Etienne LEVESQUE, le Med1 LĂ©opold, Henri PÉLISSIER, le CC pilote de dirigeable Georges, Paul RENON, le LV pilote de dirigeable Henri, Marcel, AurĂ©lien ROUSTAN et, enfin, le CV Pierre, Edouard, Marie YVON. 15 aoĂ»t 1916 – Un hydravion FBA 150ch n° 308 du CAM de Venise avait dĂ©collĂ© pour une mission de reconnaissance du port de Trieste alors dans l’Empire austro-hongrois. InterceptĂ© par des hydravions de chasse autrichiens, il est abattu par le Linienschiffsleutenant Gottfried von Banfield, qui deviendra l’as de la Marine austro-hongroise. Les deux membres de l’équipage, le QM mĂ©canicien observateur Auguste, Henri COSTEROUSSE et l’EV1 pilote Jean, Jules, Henri ROULIER disparaissent dans la chute de leur appareil. 17 aoĂ»t 1960 – Un AVRO Lancaster de l’escadrille n° WU 26 – revenait de mĂ©tropole vers Agadir, transportant douze passagers en plus de son Ă©quipage habituel. Alors que l’appareil se trouve 25 kilomĂštres au sud de Had Ouled Frej, un message est reçu par le contrĂŽle de Camp CazĂšs, signalant un incendie au moteur n° 3 et annonçant une tentative d’atterrissage forcĂ©. Mais il est trop tard, rongĂ© par le feu, le longeron principal de la voilure cĂšde et l’aile droite se replie. DĂ©semparĂ©, le Lancaster s’écrase au sol prĂšs du douar de Khemis M’Touch, dans la rĂ©gion de Sidi Bennour, Ă  une centaine de kilomĂštres environ dans le SSO de Casablanca. Tous les occupants sont tuĂ©s sur le coup. L’équipage Ă©tait composĂ© du MP mĂ©canicien de bord Bernard BRÉLIVET, du SM2 radio volant Jacques, Pierre DURAND, de l’EV2 de rĂ©serve pilote Jean-Claude JÉGOU, des OE3 pilotes Henri, Francis JOURDAN et Joseph, Jean, Marie LE HIRESS, commandant d’aĂ©ronef, du Mt mĂ©canicien volant Edmond, Jean, Marie MARTIN et du PM radio volant Jean, Emile, Auguste MOUSSET. Les passagers Ă©taient le QM2 armurier d’aĂ©ronautique Claude, Paul BARBÉ, le PM pilote Maurice, Dominique, Pierre CANTAT, les SM2 mĂ©caniciens d’aĂ©ronautique Jacques, Roland, Marcel HERBETTE, Gilbert, Louis, Marie LE ROUZIC et Jean, Louis MARC, l’agent de la poste aux ArmĂ©es Armand, Marius PÉZÉ, le QM1 Ă©lectricien Christian, Charles PHIPPS, le SM2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Joseph PROVOST, le PM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Lucien, Jean, Louis ROMANI, l’IM1 volant Jacques, Jean, Victor ROULS, le Sgt/Maj Louis, Victor PRINCE-SOULIER de l’armĂ©e de Terre et le Mot2 maĂźtre d’hĂŽtel Pierre VICARIOT. 17 mai 1950 – AussitĂŽt aprĂšs avoir dĂ©collĂ© du terrain d’Inezgane, prĂšs d’Agadir, le Bloch 175T n° 61 – pilotĂ© par le LV Raoul, Marie, Jean de CARPENTIER, commandant la flottille bascule sur une aile, touche le sol et explose, tuant tous ses occupants. Les deux autres membres de l’équipage Ă©taient le Mt radio volant Alfred, Pierre LAURENT et le PM mĂ©canicien volant RenĂ©, Alphonse, François ROUMY. L’enquĂȘte rĂ©vĂ©lera que les commandes d’ailerons avaient Ă©tĂ© inversĂ©es. 23 septembre 1952 – Quelques instants aprĂšs son dĂ©collage de la BAN de Tan Son Nhut, pour une mission de reconnaissance et de bombardement, le moteur extĂ©rieur droit d’un P4Y Privateer de la flottille BuAer 59839 – prend feu. Presque immĂ©diatement, l’appareil devient incontrĂŽlable et s’écrase au sol prĂšs de la bourgade de An Nhon Xa, dans la province de Gia Dinh. Dix membres de l’équipage, le CC pilote Paul, Marie, Alphonse, Augustin AUDIBERT, commandant la flottille, le SM1 mitrailleur bombardier RenĂ©, EugĂšne, Joseph BLIN, le SM2 mĂ©canicien de bord Pierre, Jacques, AndrĂ© COCHE, le SM radio volant Robert DEBERGHES, le SM armurier volant Robert DÉPREUX, le Mt mĂ©canicien volant AndrĂ©, Marie DUPONT, le SM2 radio volant Michel, Pierre FAGET l’EV1 de rĂ©serve pilote Pierre, Marie, LĂ©opold LASSALLE, le Mt radio volant AndrĂ©, Paul ROUSSE et trois passagers qui avaient embarquĂ©s pour la mission, l’IMP volant François, Jean ENAULT, l’IM1 observateur Henri, Lucien, Marie SOURET de la BAN de Tan Son Nhut et le CC pilote Marc, Lucien, Camille VENOT, commandant le GAN Indochine, sont tuĂ©s sur le coup. Le onziĂšme membre de l’équipage, le SM pilote Daniel ThĂ©denat, est retrouvĂ© trĂšs gravement blessĂ© dans les dĂ©bris de l’appareil. Il survivra Ă  ses blessures et continuera sa carriĂšre dans l’AĂ©ronautique navale. 11 fĂ©vrier 1941 – Au cours d’un exercice de vol en formation en section au large du cap SiciĂ©, deux LatĂ©coĂšre 298 de l’escadrille 3T basĂ©e Ă  Berre entrent en collision. Les trois occupants de l’appareil n° 71 le SM mĂ©canicien volant Paul, Joseph, Marie DUCLOS, l’EV1 pilote Georges, Emile, RenĂ© RAVEUX, chef de section et le QM radio volant AndrĂ©, LĂ©on TARDIVAT, s’abattent en mer avec leur appareil et disparaissent avec lui. Dans l’appareil n° 77 le Mot2 radio volant Michel, Emile, RĂ©my DÉJARDIN et le SM pilote Jean, Roger, Georges ROUSSEAU, subissent le mĂȘme sort que leurs camarades mais, le troisiĂšme homme d’équipage, le SM mĂ©canicien volant Tanguy, parvient in extremis Ă  sauter en parachute et est rĂ©cupĂ©rĂ© par une embarcation de pĂȘcheurs. 10 mars 1981 – Quelques instants aprĂšs avoir dĂ©collĂ© de l’aĂ©rodrome de Hahaya Ă  Moroni dans l’archipel des Comores, un Atlantic n° 29 de la flottille 23F est victime d’un incendie de moteur. Hors de contrĂŽle, il s’écrase prĂšs de la localitĂ© de M’BoudĂ©, tuant ses dix-huit occupants. En plus de son Ă©quipage normal, l’appareil transportait une Ă©quipe technique d’entretien. L’équipage Ă©tait composĂ© du Mt Ă©lectronicien de bord Patrick, Elie, Etienne BAUDOIN, de l’EV1 pilote Jean-Yves, Georges CISTAC, du PM Ă©lectronicien de bord Alain, Henri, Jean-Baptiste DEMAISON, du Mt Ă©lectronicien de bord Dominique, Jean, Etienne FAURE, du PM Ă©lectronicien de bord Serge, Lucien LAPP, de l’EV1 navigateur aĂ©rien et coordonnateur tactique Olivier, Marie, GĂ©rard, Henri de LASSUS SAINT-GENIÈS, du Mt Ă©lectronicien de bord Dominique, Bernard, Marie MOISDON, du Mt navigateur Jean-Claude, Joseph MONTFORT, du LV pilote Philippe, RenĂ©, Pierre MOUGENOT, commandant d’aĂ©ronef, du MP mĂ©canicien de bord EugĂšne, Jean, Yves NORMANT, du Mt navigateur Eric, Claude, Daniel PÉRAUDEAU, du Mt mĂ©canicien de bord Michel, Louis, Jacques RÉNIER, du SM2 Ă©lectronicien de bord Patrick, Louis, Adrien, Henri ROUSSEAU et du SM2 radio de bord François-Xavier WINTERHALTER. L’équipe technique se composait du SM Ă©lectromĂ©canicien d’aĂ©ronautique Jean-Louis AUDREN, du PM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Yves HENNEQUART, du QM1 Ă©lectronicien d’aĂ©ronautique Bertrand, Pierre LION et du QM1 Ă©lectronicien d’équipement Eric LOURENÇO. 2 juillet 1947 – ImmĂ©diatement aprĂšs avoir dĂ©collĂ© de la BAN de Lartigue-Tafaraoui pour un vol d’instruction d’élĂšves radios volants, un AVRO Anson I de l’escadrille s/n LT831 – s’écrase prĂšs du douar Ouardia Ă  2 kilomĂštres environ de la base. Trois de ses occupants, l’EV1 pilote Robert, Georges GOSSELIN, chef de bord, le Mot2 Ă©lĂšve radio volant Bernard LABORDE et l’IM3 volant de rĂ©serve Pierre, Marie, Bernard, François ROUSSEAU, sont tuĂ©s dans l’accident. Quatre autres subissent des blessures diverses mais non mortelles. 5 dĂ©cembre 1943 – Au cours d’une sĂ©ance d’entraĂźnement Ă  la voltige, un Morane Saulnier 315 n° 134 de l’école de pilotage d’Igoudar Maroc s’abat en vrille et s’écrase au sol. Ses deux occupants, le QM2 mĂ©canicien Ă©lĂšve pilote Maurice, Gaston, Lucien MARCHAND, et le PM pilote Bernard, Emilien, LĂ©on ROUSSEL, sont tuĂ©s sur le coup dans la chute de leur appareil. 17 novembre 1925 – Au cours d’un vol d’entraĂźnement, un Blanchard BRD-1 n° 7 – de l’escadrille 5R1 part brutalement en vrille et s’écrase en mer Ă  environ un kilomĂštre au sud du Dattier, en baie de Cavalaire Var. Le QM mĂ©canicien DaydĂ© est retrouvĂ© vivant accrochĂ© Ă  un flotteur. Les corps des trois autres membres d’équipage, le Mot Ă©lĂšve radio volant Adolphe, François, Bernard, LĂ©on LASSERRE, le SM canonnier pilote GĂ©rassime, Bertrand, Auguste ROUSSELET et le LV observateur AndrĂ©, Paul ROUSSET, chef de bord, ne seront pas retrouvĂ©s. L’accident, vraisemblablement du Ă  une rupture en vol de la cellule, va conduire l’EMGM Ă  retirer le type du service. 17 novembre 1925 – Au cours d’un vol d’entraĂźnement, un Blanchard BRD-1 n° 7 – de l’escadrille 5R1 part brutalement en vrille et s’écrase en mer Ă  environ un kilomĂštre au sud du Dattier, en baie de Cavalaire Var. Le QM mĂ©canicien DaydĂ© est retrouvĂ© vivant accrochĂ© Ă  un flotteur. Les corps des trois autres membres d’équipage, le Mot Ă©lĂšve radio volant Adolphe, François, Bernard, LĂ©on LASSERRE, le SM canonnier pilote GĂ©rassime, Bertrand, Auguste ROUSSELET et le LV observateur AndrĂ©, Paul ROUSSET, chef de bord, ne seront pas retrouvĂ©s. L’accident, vraisemblablement du Ă  une rupture en vol de la cellule, va conduire l’EMGM Ă  retirer le type du service. 30 janvier 1919 – Le SM mĂ©canicien pilote Henri, Joseph ROUSSILLON et le QM mĂ©canicien observateur François, Adolphe, Marius TRENQUIER, tous deux affectĂ©s Ă  la CEPA du CAM de FrĂ©jus – Saint-RaphaĂ«l, sont victimes d’un accident alors qu’ils effectuent un vol d’essai Ă  bord d’un hydravion Georges LĂ©vy 300ch n° 601. TransportĂ©s Ă  l’infirmerie du centre, ils y dĂ©cĂšdent peu aprĂšs leur admission. 21 dĂ©cembre 1923 – C’est cette nuit lĂ  que se produit la plus grave catastrophe de l’aĂ©ronautique militaire de notre pays. Le 18 dĂ©cembre 1923, le dirigeable Dixmude, ex Zeppelin L-72 qui avait Ă©tĂ© remis Ă  la France par l’Allemagne au titre des dommages de guerre, quitte sa base de Cuers-Pierrefeu pour un raid d’essai sans escale au-dessus du Sahara avec cinquante personnes Ă  son bord. Il atteint In-Salah dans les dĂ©lais prĂ©vus et entame son voyage de retour. Son dernier message le positionne au-dessus de la Tunisie et il n’y en aura pas d’autres. Vers 2 h 30 du matin, alors que le dirigeable passe au large de la Sicile, des pĂȘcheurs aperçoivent dans le ciel les lueurs d’un vif incendie. Probablement frappĂ© par la foudre qui a enflammĂ© ses ballonnets d’hydrogĂšne, le Dixmude et tout son Ă©quipage s’abĂźment en mer Ă  quelques miles au large du petit port de Sciacca. Les recherches lancĂ©es par la Marine italienne et par des bĂątiments français venus de Bizerte ne permettent pas de retrouver de survivants, ni mĂȘme de corps. Ce n’est que le 26 qu’un pĂȘcheur remonte dans ses filets le corps du commandant, le LV du Plessis de GrenĂ©dan. Un autre corps, celui du QM Guillaume sera retrouvĂ© ultĂ©rieurement. Cette catastrophe a fait cinquante victimes – 40 membres de l’équipage Les Mot2 mĂ©caniciens d’aĂ©ronautique Pierre, Casimir, Baptiste ALBAGNAC et Georges, Louis BAILLOUX, le SM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Ange, Jean, Louis BOULLEAU, les Mot2 mĂ©caniciens d’aĂ©ronautique Roger, Marius BOYER et Victorin, Louis BRUNIAS, le Mot arrimeur Maurice, Jules, Baptiste, Pierre CHARPENTIER, le SM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Georges, Victor, Auguste CLAVEL, le QM arrimeur volant AndrĂ© CLOSVIROLA, le SM2 pilote de direction Joseph, Louis, Marie COLLET, le SM mĂ©canicien volant NoĂ«l, Marie COROUGE, le QM mĂ©canicien volant Marcel, Alexandre COUVÉ, le LV pilote de dirigeable Jean, Joseph, Anne, Marie, Julien du PLESSIS de GRENÉDAN, commandant, le Mot mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Raymond, Louis DUBOIS, les QM mĂ©caniciens volants Jean, Constant FELON, Charles, Georges FOUCHET et Louis GALLET, le Mt mĂ©canicien volant Charles, Jean GASPAILLARD, le QM radio volant Marie, Antoine, Emile GUILLAUME, le SM arrimeur Joseph GUILLEMOT, le Mt de manƓuvre pilote de direction RenĂ©, FĂ©lix, Marie HAMON, le Mot2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Louis, Jean IMBERT, le QM radio volant Pierre, Jean-Marie JAFFREZIC, le SM mĂ©canicien volant François, ClĂ©ment JAN, les QM arrimeurs Charles, Marcel KUBLER et Saint-Amand, Charles, Adolphe La FORGE, le SM mĂ©canicien volant Jean, François, AimĂ©, EugĂšne LIZÉE, le QM mĂ©canicien volant François, Auguste, Joseph, Mathurin MAINGUY, le LV pilote de dirigeable Sylvestre, Antoine MARCAGGI, le PM mĂ©canicien volant RenĂ©, Henri MOMBERT, le QM mĂ©canicien volant KlĂ©ber, EugĂšne, Marie, Albert NAL, le SM radio volant Adrien, Jean-Baptiste PAUC, le QM mĂ©canicien volant Charles, Joseph, RenĂ©, Louis QUÉMERAIS, les QM arrimeurs volants Jean RICHARD et GĂ©raud, François, Marie ROCHER, le Mot mĂ©canicien volant Jean, EugĂšne, Edouard ROUDEN, le LV pilote de dirigeable Adrien, AimĂ©, Victor ROUSTAN, commandant en second, le Mot arrimeur Charles, Paul SÉDILLOT, le SM arrimeur volant Louis, Marie TARTIVEL et le QM mĂ©canicien volant Jean, LĂ©opold VINCENOT. – 10 passagers le CC Victor, Louis BERRETTA, les LV pilotes de dirigeable Pierre BOURDIER et Maurice, Gabriel CONVENTS, le CF pilote de dirigeable Georges, LĂ©on, François, Jules HENNIQUE, commandant le CAM de Cuers-Pierrefeu, le LV pilote de dirigeable Serge, François, Roger GOISLARD de La DROITIÈRE, le CC pilote Henri, Jules LEFRANC, le LV observateur Georges, Etienne LEVESQUE, le Med1 LĂ©opold, Henri PÉLISSIER, le CC pilote de dirigeable Georges, Paul RENON, le LV pilote de dirigeable Henri, Marcel, AurĂ©lien ROUSTAN et, enfin, le CV Pierre, Edouard, Marie YVON. 21 dĂ©cembre 1923. C’est cette nuit lĂ  que se produit la plus grave catastrophe de l’aĂ©ronautique militaire de notre pays. Le 18 dĂ©cembre 1923, le dirigeable Dixmude, ex Zeppelin L-72 qui avait Ă©tĂ© remis Ă  la France par l’Allemagne au titre des dommages de guerre, quitte sa base de Cuers-Pierrefeu pour un raid d’essai sans escale au-dessus du Sahara avec cinquante personnes Ă  son bord. Il atteint In-Salah dans les dĂ©lais prĂ©vus et entame son voyage de retour. Son dernier message le positionne au-dessus de la Tunisie et il n’y en aura pas d’autres. Vers 2 h 30 du matin, alors que le dirigeable passe au large de la Sicile, des pĂȘcheurs aperçoivent dans le ciel les lueurs d’un vif incendie. Probablement frappĂ© par la foudre qui a enflammĂ© ses ballonnets d’hydrogĂšne, le Dixmude et tout son Ă©quipage s’abĂźment en mer Ă  quelques milles au large du petit port de Sciacca. Les recherches lancĂ©es par la Marine italienne et par des bĂątiments français venus de Bizerte ne permettent pas de retrouver de survivants, ni mĂȘme de corps. Ce n’est que le 26 qu’un pĂȘcheur remonte dans ses filets le corps du commandant, le LV du Plessis de GrenĂ©dan. Un autre corps, celui du QM Guillaume sera retrouvĂ© ultĂ©rieurement. Cette catastrophe a fait cinquante victimes – 40 membres de l’équipage Les Mot2 mĂ©caniciens d’aĂ©ronautique Pierre, Casimir, Baptiste ALBAGNAC et Georges, Louis BAILLOUX, le SM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Ange, Jean, Louis BOULLEAU, les Mot2 mĂ©caniciens d’aĂ©ronautique Roger, Marius BOYER et Victorin, Louis BRUNIAS, le Mot arrimeur Maurice, Jules, Baptiste, Pierre CHARPENTIER, le SM mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Georges, Victor, Auguste CLAVEL, le QM arrimeur volant AndrĂ© CLOSVIROLA, le SM2 pilote de direction Joseph, Louis, Marie COLLET, le SM mĂ©canicien volant NoĂ«l, Marie COROUGE, le QM mĂ©canicien volant Marcel, Alexandre COUVÉ, le LV pilote de dirigeable Jean, Joseph, Anne, Marie, Julien du PLESSIS de GRENÉDAN, commandant, le Mot mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Raymond, Louis DUBOIS, les QM mĂ©caniciens volants Jean, Constant FELON, Charles, Georges FOUCHET et Louis GALLET, le Mt mĂ©canicien volant Charles, Jean GASPAILLARD, le QM radio volant Marie, Antoine, Emile GUILLAUME, le SM arrimeur Joseph GUILLEMOT, le Mt de manƓuvre pilote de direction RenĂ©, FĂ©lix, Marie HAMON, le Mot2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Louis, Jean IMBERT, le QM radio volant Pierre, Jean-Marie JAFFREZIC, le SM mĂ©canicien volant François, ClĂ©ment JAN, les QM arrimeurs Charles, Marcel KUBLER et Saint-Amand, Charles, Adolphe La FORGE, le SM mĂ©canicien volant Jean, François, AimĂ©, EugĂšne LIZÉE, le QM mĂ©canicien volant François, Auguste, Joseph, Mathurin MAINGUY, le LV pilote de dirigeable Sylvestre, Antoine MARCAGGI, le PM mĂ©canicien volant RenĂ©, Henri MOMBERT, le QM mĂ©canicien volant KlĂ©ber, EugĂšne, Marie, Albert NAL, le SM radio volant Adrien, Jean-Baptiste PAUC, le QM mĂ©canicien volant Charles, Joseph, RenĂ©, Louis QUÉMERAIS, les QM arrimeurs volants Jean RICHARD et GĂ©raud, François, Marie ROCHER, le Mot mĂ©canicien volant Jean, EugĂšne, Edouard ROUDEN, le LV pilote de dirigeable Adrien, AimĂ©, Victor ROUSTAN, commandant en second, le Mot arrimeur Charles, Paul SÉDILLOT, le SM arrimeur volant Louis, Marie TARTIVEL et le QM mĂ©canicien volant Jean, LĂ©opold VINCENOT.– 10 passagers le CC Victor, Louis BERRETTA, les LV pilotes de dirigeable Pierre BOURDIER et Maurice, Gabriel CONVENTS, le CF pilote de dirigeable Georges, LĂ©on, François, Jules HENNIQUE, commandant le CAM de Cuers-Pierrefeu, le LV pilote de dirigeable Serge, François, Roger GOISLARD de La DROITIÈRE, le CC pilote Henri, Jules LEFRANC, le LV observateur Georges, Etienne LEVESQUE, le Med1 LĂ©opold, Henri PÉLISSIER, le CC pilote de dirigeable Georges, Paul RENON, le LV pilote de dirigeable Henri, Marcel, AurĂ©lien ROUSTAN et, enfin, le CV Pierre, Edouard, Marie YVON, adjoint au Chef du Service central de l’AĂ©ronautique. 22 juillet 1949 – A l’occasion du sĂ©jour au Maroc du croiseur-Ă©cole Jeanne d’Arc, divers exercices sont organisĂ©s au profit des officiers Ă©lĂšves prĂ©sents Ă  bord, dont une sortie en vol sur trois PBY-5 Catalina de l’escadrille alors stationnĂ©e Ă  Agadir. Quelque temps aprĂšs le dĂ©collage des trois appareils, tout contact est perdu avec l’un d’entre eux BuAer 46564 – Les recherches menĂ©es par les autres Catalina, aidĂ©s par le sous-marin AstrĂ©e, ne permettent de trouver aucune trace de l’appareil et des ses passagers. L’équipage du Catalina Ă©tait composĂ© du SM2 radio volant Robert, Joseph BRETON, du Mt mitrailleur bombardier Jean FÈVRE, du SM2 mĂ©canicien volant Rolland, MoĂŻse GROSMAITRE, du Mt pilote RenĂ© HUIBAN, des SM2 mĂ©caniciens volants Gabriel, Jean LE BOT et Louis, François MOY, du SM2 radio volant Jean, Marcel RAIGNE, de l’EV1 de rĂ©serve pilote Michel, Raymond, Louis ROUVIÈRE, chef de bord et du Mt pilote Pierre, Jean, Louis TOUZET. Les officiers-Ă©lĂšves passagers Ă©taient les EV2 Daniel AUBRON, Louis, Bernard, Marie AUDIC, Jean, Louis, Marie, Michel COUËTOUX, Louis, Julien DAUTRY, Claude JAFFRÈS, AndrĂ©, Albert ROBERT, Gonzague, Pierre, Marie, Bernard GALOUZEAU de VILLEPIN et l’IGM3 Michel, Henri, AndrĂ© NOÉ. 3 fĂ©vrier 1937 – Une section de trois Levasseur PL 101 de l’escadrille 7S1 du porte-avions BĂ©arn, en escale Ă  Dakar SĂ©nĂ©gal a effectuĂ© un voyage jusqu’à Podor, ville situĂ©e Ă  330 kilomĂštres au NE de Dakar. Au cours d’une prĂ©sentation devant les autoritĂ©s locales, deux appareils entrent en collision et s’écrasent au sol. Les six membres des Ă©quipages Ă©taient le QM1 mitrailleur bombardier Jean, François ABAZIOU, l’EV1 pilote Michel, Maurice, AndrĂ© ALLARD, chef de la section, le SM mĂ©canicien volant Joseph, Bernard BERTOLINI, le QM mĂ©canicien volant Guillaume LASTENNET. Aucun , le SM pilote Antoine, Louis, AndrĂ© ROCHETTE et le QM1 radio volant Charles, Louis ROUX. Aucun n’a eu le temps de sauter en parachute et ils trouvent tous la mort dans l’accident. 21 mai 1957 – En mission de reconnaissance armĂ©e Ă  basse altitude dans la rĂ©gion de Batna AlgĂ©rie, le P4Y Privateer de la flottille BuAer 59870 – basĂ©e Ă  Karouba, suit une vallĂ©e entre le djebel Hanar et le djebel El-Affrou. Des courants rabattants violents l’empĂȘchent de prendre une altitude suffisante pour s’en dĂ©gager et il s’écrase en pleine zone rebelle. Six des douze membres de l’équipage, le SM1 mĂ©canicien de bord Jean CARIOU, le Mot1 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique RenĂ©, Valentin, Yves, Raymond DELÉPINE, le SM2 navigateur aĂ©rien François, Marie GOURMELON, le SM1 radio volant Jacques, Roger GRANET, le SM2 mĂ©canicien volant Michel, Ghislain MATON et le SM2 radio volant GĂ©rard, Raymond ROUX, sont tuĂ©s sur le coup. L’EV2 de rĂ©serve navigateur Jacques, Charles, Henri KERVELLA, griĂšvement blessĂ©, est achevĂ© par des rebelles arrivĂ©s les premiers Ă  l’épave. Deux survivants, l’EV1 pilote Claude, Alexis SURET, chef de bord et le SM2 radariste volant RenĂ©, François, Marie JOSSE sont emmenĂ©s par les rebelles et probablement assassinĂ©s sommairement plus tard. Trois autres survivants, qui avaient pu se cacher dans une grotte proche des lieux de la chute de leur appareil, seront rĂ©cupĂ©rĂ©s le lendemain par les troupes amies. 20 juillet 1938 – Un Levasseur PL 101 de l’escadrille 7S1 tombe Ă  la mer en baie de Douarnenez FinistĂšre au cours d’un entraĂźnement a l’appontage sur le porte-avions BĂ©arn. Deux des membres de l’équipage sont recueillis indemnes par la chaloupe du bord mais le troisiĂšme, l’EV1 pilote Joseph, Louis, Marie ROUX, prisonnier de la voilure supĂ©rieure qui s’est affaissĂ©e, meurt noyĂ©. 18 fĂ©vrier 1954 – Un Junkers 52 de l’escadrille n° 1015 – avait dĂ©collĂ© de la BAN de Lartigue pour transporter Ă  Karouba l’échelon d’accompagnement de la Flottille en dĂ©placement sur cette base. Du fait de trĂšs mauvaises conditions mĂ©tĂ©orologiques, l’appareil est contraint de se dĂ©router et reçoit l’ordre de rejoindre El Aouina, l’aĂ©rodrome de Tunis. En voulant atteindre cette nouvelle destination par le sud ouest, l’avion percute un sommet noyĂ© dans la brume, au lieu-dit Kef Ed Dhoua, dans le djebel Lahimer, prĂšs de Zaghouan, Ă  45 kilomĂštres au sud de Tunis. Les quatre membres de l’équipage, le MP mĂ©canicien volant Roger, Prosper, Pierre BERTIN, l’EV1 de rĂ©serve pilote Robert EVEN, chef de bord, le SM2 pilote Michel, Georges, Marcel HAUSS et le Mt radio volant RenĂ©, AndrĂ©, Charles, Auguste LELIONNAIS ainsi que les onze passagers transportĂ©s, qui Ă©taient tous affectĂ©s Ă  la flottille le QM2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Louis, Emile ANDRÉ, le Mot1 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique RenĂ©, Paul, Georges ANTOMARCHI,le Mot2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique AndrĂ©, Alexandre, Joseph, Marie CHEVAL, le SM2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Ygnacio, Antoine DE LABACA, le Mot2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Joseph, Marie DILER, le SM2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Robert, Edouard, Pierre, Marie GAUDEL, l’EV2 de rĂ©serve AndrĂ©, Paul JAQUEMIN, le QM2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Pierre, Victor, Raymond LE BOULICAUT, le SM2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Bernard, Louis, Marie LE MANCQ, le Mot2 mĂ©canicien d’aĂ©ronautique Raymond, AimĂ©, Paul LE SAULNIER et le Mot3 armurier d’aĂ©ronautique Maurice, RenĂ©, Pol ROUYER, pĂ©rissent tous dans la catastrophe. 2 fĂ©vrier 1944 – Ayant dĂ©collĂ© de Dakar-Ouakam en fin d’aprĂšs-midi pour une mission d’escorte de convoi, le Vickers Wellington XI s/n HZ539 – T de l’escadrille 5B, l’une des deux composantes de la 2Ăšme flottille de bombardement, Ă©met Ă  20 h 48 un message annonçant son retour du fait de difficultĂ©s de moteur. Sa position est alors de 16° 55’ N et 17° 35’ W. Ce sera son dernier contact et l’appareil ne donnera plus aucune nouvelle. Les recherches lancĂ©es le lendemain ne donnent aucun rĂ©sultat. Aucune Ă©pave, si petite soit-elle, n’est aperçue et l’espoir de retrouver des survivants disparaĂźt. L’équipage Ă©tait composĂ© du QM radio volant Roger, Jean, Raoul ARROUÈS, de l’EV1 de rĂ©serve observateur Edouard, Marie, Claude CARTIER-BRESSON, du LV pilote Victor, Jean, Baptiste, Antoine DURANDO, chef de bord, et du QM1 mitrailleur bombardier François, Jules, DĂ©sirĂ©, Alfred LEPOITTEVIN, du PM pilote Max, Gustave NIEL, du Mt pilote RenĂ©, Julien ROY et du SM radio volant Georges VARY. Le 23 juin 1944 – Au cours d’un vol d’entraĂźnement Ă  basse altitude au large d’Agadir, un Convair PBY-5 Catalina BuAer 48357 – F-34 de la flottille 6FE heurte la surface de l’eau. Le choc provoque la rupture du fuselage en deux parties qui s’enflamment avant de couler rapidement. Deux des occupants, qui ont Ă©tĂ© projetĂ©s Ă  la mer, sont recueillis par un chalutier espagnol arrivĂ© sur les lieux. Quatre autres membres de l’équipage, le SM2 radio volant Robert, Jacques, Albert DESVERNINE, le SM2 pilote Jean, Pierre HUBIN, le QM1 mĂ©canicien volant Roger, Mathurin MADEC, le SM pilote Louis, François, Marie RUBAUD, disparaissent avec l’appareil. Le corps d’un cinquiĂšme, celui du QM1 mĂ©canicien volant Jean-Louis, Tanguy, Marie NÉZOU, est retrouvĂ© le lendemain. 12 avril 1954 – Alors qu’il arrivait pour bombarder des concentrations viĂȘt minh autour du point d’appui Anne-Marie» dans la cuvette de DiĂȘn BiĂȘn Phu, un PB4Y Privateer de la flottille BuAer 59774 – est atteint de plein fouet par les tirs de la DCA et s’écrase au sol. Les neuf membres de l’équipage, le SM2 armurier de bord Serge, AimĂ© BOURSON, le SM2 radio volant Marc, Christian CHAIGNE, le SM2 radio volant Jackie, Robert GIULIANO, le SM2 pilote Guy, Joseph, AndrĂ© GAUTHIEZ, le SM2 mĂ©canicien de bord Charles ILTIS, l’EV1 pilote Alexis MANFANOVSKY, chef de bord, le SM2 armurier de bord Jean, Hyacinthe PAUMIER, le SM2 mĂ©canicien de bord Pierre, Edmond PUYJALINET et le SM2 navigateur HervĂ©, Marie, Ernest RUELLO KERMELIN, sont portĂ©s disparus, prĂ©sumĂ©s tuĂ©s dans la chute de leur appareil. 18 novembre 1932 – Au cours d’un entraĂźnement au lancer de torpille pour un pilote nouvellement affectĂ©, un Levasseur PL 14 n° 8 de l’escadrille 7B2 percute la surface de la mer en baie de Saint-Mandrier. Les flotteurs arrachĂ©s, l’appareil passe sur le dos et coule presque immĂ©diatement, ne laissant aucune chance de survie aux trois hommes qui composaient l’équipage, le QM arrimeur pilote Yves, Marie DOLOU, le QM mitrailleur bombardier François, Laurent RUNAVOT et le SM mĂ©canicien pilote EugĂšne, Emile TINGAUD.
\n \n \nau secours le prince aubert a disparu
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au secours le prince aubert a disparu