UNE ÉPINE DANS LE SABOT DU CHEVAL CABRÉ Troisième succès en trois courses, la 24e victoire de Max Verstappen ne fut pas aussi nette que les deux précédentes. Au volant d’une RB18 légèrement modifiée au niveau du fond plat, voyez l’image ci-dessus, le Hollandais a connu quelques frayeurs un carburant sans doute trop frais avant le départ, une sortie de piste au neuvième tour, un DRS capricieux et subissait la loi de son rival. Avant que son moteur ne lâche, Charles Leclerc contrôlait la course avec une avance de 12 secondes. Se serait-il imposé sans cet incident mécanique le premier de la saison pour Ferrari ? Probablement, même si sa lutte avec le Hollandais aurait été arbitrée par le facteur pneumatique. On le sait, le Circuit de Catalunya met les gommes à rude épreuve, a fortiori par forte chaleur 37 °C. Équilibrer la dégradation entre les pneus avant et les enveloppes arrière y est déterminant. Dans cet exercice, la Red Bull excellait vendredi, avant que les ingénieurs de Maranello ne changent les réglages de la F1-75 le samedi, en ajoutant de l’appui à l’avant. Ce qui rendit la voiture un peu survireuse caractéristique qui perturba Sainz mais dont s’accommoda Leclerc, mais moins gourmande en gomme. DES PROGRÈS SUFFISANTS ? La tendance de la Ferrari à manger ses pneus en course a également été atténuée par les évolutions apportées en Catalogne. Attendues de longue date selon une stratégie de développement prudente, elles ont fonctionné comme prévu et ont donc été conservées sur les deux bolides rouges pour la qualification et la course. Déjà validées en partie à Monza le vendredi précédent lors d’un tournage promotionnel, les nouveautés se concentrent dans région du soubassement et du diffuseur. Le déflecteur externe du fond plat a gagné en hauteur flèches jaunes, pour prendre une forme déjà vue sur d’autres monoplaces. Plus au centre, l’entrée du tunnel Venturi caractéristique des F1 2022 a été redessinée pour optimiser l’écoulement de l’air sous la voiture voyez les flèches bleues. Curieusement, les aérodynamiciens italiens ont supprimé la découpe dans le fond plat que Mercedes a ajouté en Espagne. Les deux écuries justifiant leur évolution par la volonté de limiter le pompage, il faut sans doute en déduire que le phénomène est plus compliqué qu’il n’y paraît… Comme on le voit ci-dessus, l’entaille dans le soubassement a disparu flèches jaunes pour laisser la place à une surface pleine. Pour compenser, une ailette distincte a été installée avant la sorte de prise d’air située devant les pneus, afin de générer un vortex parallèle à la roue et “sceller le diffuseur”. Ce dernier a aussi été retouché. Visible sur l’image ci-dessous, un petit carénage a été ajouté dans la zone centrale afin de réduire l’angle d’expansion et de répartir l’énergie du flux d’air, qui sort plus uniformément sur toute la largeur du diffuseur. La pièce avait déjà été évaluée à Melbourne, preuve de l’approche très réfléchie de la Scuderia en matière d’améliorations. Dans l’ensemble, ces évolutions auxquelles il faut ajouter un aileron arrière à fort appui adapté au circuit semblent avoir remis en selle le Cheval cabré, même si la panne moteur de Leclerc et les problèmes de DRS de Verstappen un sujet récurrent depuis le Grand Prix de Hollande 2021 nous ont privés d’une confrontation plus longue. Le turbo et le MGU-H du moteur italien ayant été irrémédiablement endommagés, le Monégasque devra installer au moins un troisième exemplaire de ces éléments, puisque son moteur était déjà le deuxième qu’il utilisait il avait été monté à Miami. La Scuderia affirme que ni la conception ni la robustesse de ces pièces ne sont en cause, ce qui suggère un problème opérationnel ou d’installation… Quoi qu’il en soit, une pénalité moteur semble inévitable pour Leclerc.