Allerau contenu; Aller au menu ; Aller à la recherche « Billet précédent-Billet suivant » "Au moins j'aurais laissé un beau cadavre" Par L. Carré, 20 janvier 2014. Lien permanent programme Tale spécialit é. Hamlet; Shakespeare; Terminales L; Sur ce site, vous trouverez d'autres photos du spectacle de Vincent Macaigne et de sa relecture d'Hamlet (déjà
Le sable gifle le visage et enveloppe le campement dans un voile beige qui laisse Ă  peine deviner quelques silhouettes avançant dans un cliquetis de mĂ©tal. Certaines s’appuient sur une lance, d’autres sur une mitraillette. Toutes s’appliquent Ă  laisser passer une file de chars vrombissants, surmontĂ©s d’arbalĂštes, de squelettes ou de poupĂ©es dĂ©sarticulĂ©es. Sur un pan de tĂŽle, quelques lettres dĂ©goulinantes inscrites avec du faux sang demandent aux passants Qui a tuĂ© le monde ? ». En plein dĂ©sert aride de Mojave, en Californie, plus de 4 300 personnes se sont retrouvĂ©es fin septembre pour vivre pendant cinq jours dans un dĂ©cor post-apocalyptique. Les participants ont construit de bric et de broc Wasteland City, une citĂ© Ă©phĂ©mĂšre avec ses rues, ses saloons, son journal, sa frĂ©quence radio. On ne peut y entrer que si l’on porte un costume en accord avec le thĂšme un futur oĂč notre civilisation entiĂšre s’est effondrĂ©e, et oĂč les ressources sont devenues rares. Une garde d’élite » surveille les portes couleur rouille, soucieuse de s’assurer qu’un jean trop propre ou un gadget dernier cri ne viendront pas briser l’illusion de ce happening gĂ©ant. Jouer aux survivants Depuis que le Wasteland Weekend est nĂ©, en 2010, d’un simple rassemblement de fans de Mad Max, l’évĂ©nement n’a fait que s’agrandir. Il continue d’afficher complet, attirant des festivaliers venus des quatre coins des États-Unis et mĂȘme de l’étranger. Ces derniers parcourent des centaines – voire des milliers – de kilomĂštres pour venir enfiler leurs costumes et jouer le rĂŽle de survivants de l’Apocalypse certains par amusement, d’autres par inquiĂ©tude, quelques-uns par fascination. Certains rĂ©pondent aux invitations des DJ perchĂ©s sur des Ă©paves de bateau rongĂ©es par la rouille La journĂ©e, les festivaliers se rĂ©unissent sous les tentures pour deviser sur la fin du monde, Ă©couter des raconteurs d’histoire, se confectionner de nouveaux accessoires. C’est quand la nuit tombe que le campement se met Ă  fourmiller certains rĂ©pondent aux invitations des DJ perchĂ©s sur des Ă©paves de bateau rongĂ©es par la rouille, d’autres encouragent les Ă©quipes qui s’affrontent au jugger », un sport de contact qui se joue avec un crĂąne de chien en guise de ballon. Au casino de la derniĂšre chance », on parie des capsules de biĂšre comme si les lendemains n’existaient pas. Quand s’allument enfin les nĂ©ons du dĂŽme du tonnerre », une horde de Wastelanders s’approche pour grimper Ă  mĂȘme la structure en mĂ©tal, rĂ©plique grandeur nature du lieu oĂč se dĂ©roulent les combats Ă  mort dans Mad Max 3. La foule rĂ©clame du sang et, sous elle, des binĂŽmes s’affrontent sous les hurlements
 d’inoffensives battes en mousse Ă  la main. À Wasteland, tout le monde a l’air cruel et complĂštement fou mais ce n’est qu’un jeu, commente Jared Butler, co-organisateur de l’évĂ©nement. On laisse justement derriĂšre nous tout ce qui divise l’argent, la politique, la religion. » Pour ce scĂ©nariste d’Hollywood, l’esthĂ©tique post-apocalyptique rencontre un tel engouement parce que les temps sont durs » et qu’elle porte en elle quelque chose de profondĂ©ment optimiste » C’est l’idĂ©e qu’il y a un aprĂšs, rĂ©sume-t-il. MĂȘme si le pire advient, il restera de la vie, il y aura d’autres communautĂ©s possibles. » Bien sĂ»r que l’Apocalypse ça va ĂȘtre moche. Mais si elle nous tombe dessus, au moins, il y aura un vrai redĂ©marrage » Beaucoup sont attirĂ©s par Wasteland parce que ce terrain vague reprĂ©sente un monde oĂč tout est Ă  rĂ©inventer. Lektor, un retraitĂ© de Las Vegas, vient chaque annĂ©e pour faire du troc de vieux objets et s’extraire d’une culture oĂč l’argent coule Ă  flot et oĂč tout doit toujours avoir l’air neuf pour avoir de la valeur. » L’imaginaire de l’effondrement le pousse, affirme-t-il, Ă  ĂȘtre inventif », ingĂ©nieux », moins futile ». Pour Becky, une infirmiĂšre urgentiste du Dakota du Sud, la perspective de l’Apocalypse est Ă  la frontiĂšre de l’ angoisse » et de la fascination » Bien sĂ»r que l’Apocalypse ça va ĂȘtre moche, concĂšde-t-elle. Mais si elle nous tombe dessus, il faut se dire qu’au moins, il y aura un vrai redĂ©marrage quand on n’a plus rien, on est tous Ă©gaux ! » DĂ©filĂ© de bikinis post-apocalyptique Truth vient tout juste d’ĂȘtre baptisĂ©e de son nom Wasteland ». Étudiante Ă  San Diego, elle en est Ă  son premier festival mais compte bien revenir tous les ans – jusqu’à la vraie Apocalypse », prĂ©cise-t-elle en riant. Au sein de la tribu » avec qui elle partage un campement, elle a trouvĂ© la possibilitĂ© d’une esthĂ©tique nouvelle » Dans le monde post-apocalyptique, les canons de beautĂ© ne sont pas les mĂȘmes, explique-t-elle. La femme n’a pas besoin d’ĂȘtre dĂ©licate et fragile pour ĂȘtre belle. Elle doit ĂȘtre forte, comme moi. » Ça me remplit de force et de confiance avant de retourner dans le monde rĂ©el » Lors du dĂ©filĂ© de bikinis post-apocalyptique, l’une des activitĂ©s les plus populaires du festival, la foule acclame sans discontinuer la prestation de tous les participants les jeunes, les vieux, les gros, les maigres, les hommes, les femmes et les transgenres. Leurs parties intimes sont drapĂ©es ou non dans du ruban adhĂ©sif, des cannettes de biĂšre, des lambeaux d’emballages. Ici, je peux ĂȘtre moi, poursuit Truth. Ca me remplit de force et de confiance avant de retourner dans le monde rĂ©el. » En pliant bagage le dernier jour, les festivaliers s’interrompent pour troquer des capsules Ă  l’effigie de leur tribu, petits souvenirs Ă  ramener dans l’autre monde. Mark Cordory, un costumier britannique et habituĂ© du festival, rĂ©flĂ©chit dĂ©jĂ  Ă  les utiliser comme ornement sur un blason Si l’Apocalypse arrive, je voudrais au moins que mon cadavre soit bien habillĂ©. » À Wasteland, l’humour est certainement la chose la mieux partagĂ©e. SUR LE MÊME SUJET > East Jesus, mirage hippie du dĂ©sert californien > AfrikaBurn la rĂ©volution en dansant > Le roman post-apocalyptique parfait guide pour survivre Ă  la fin du monde ? > Aujourd’hui, presque toutes les formes d’anticipation passent par l’effondrement » Photos © Laure Andrillon LesurrĂ©alisme est un mouvement moderne qui s'est dĂ©veloppĂ© dans les annĂ©es 1920, dans le prolongement du mouvement Dada. L'Ă©crivain AndrĂ© Breton rĂ©dige le premier Manifeste du surrĂ©alisme en 1924. Contrairement Ă  la plupart des dadaĂŻstes, les surrĂ©alistes restent attachĂ©s Ă  la notion de beautĂ©. Cependant, leur conception de la
Laissez bronzer les cadavres News Bandes-annonces Casting Critiques spectateurs Critiques presse VOD Blu-Ray, DVD Spectateurs 2,3 400 notes dont 75 critiques noter de voirRĂ©diger ma critique Synopsis Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement La MĂ©diterranĂ©e, l’étĂ© une mer d’azur, un soleil de plomb
 et 250 kilos d’or volĂ©s par Rhino et sa bande! Ils ont trouvĂ© la planque idĂ©ale un village abandonnĂ©, coupĂ© de tout, investi par une artiste en manque d’inspiration. HĂ©las, quelques invitĂ©s surprises et deux flics vont contrecarrer leur plan ce lieu paradisiaque, autrefois théùtre d’orgies et de happenings sauvages, va se transformer en un vĂ©ritable champ de bataille
 impitoyable et hallucinatoire ! Regarder ce film Acheter ou louer sur CANAL VOD Orange Location dĂšs 2,99 € PremiereMax Location dĂšs 2,99 € HD Cinemasalademande Location dĂšs 3,99 € UniversCinĂ© Location dĂšs 2,99 € Voir toutes les offres VODService proposĂ© par Laissez bronzer les cadavres DVD Voir toutes les offres DVD BLU-RAY Bande-annonce 143 DerniĂšres news 7 news sur ce film Acteurs et actrices Casting complet et Ă©quipe technique Critiques Presse Positif Bande Ă  part Chronic' CinemaTeaser Ecran Large Le Journal du Dimanche Les Inrockuptibles Mad Movies Paris Match TĂ©lĂ©rama L'HumanitĂ© La Voix du Nord Le DauphinĂ© LibĂ©rĂ© Le Parisien Les Fiches du CinĂ©ma PremiĂšre Transfuge Cahiers du CinĂ©ma L'Obs La SeptiĂšme Obsession Le Monde LibĂ©ration Studio CinĂ© Live Le Figaro Chaque magazine ou journal ayant son propre systĂšme de notation, toutes les notes attribuĂ©es sont remises au barĂȘme de AlloCinĂ©, de 1 Ă  5 Ă©toiles. Retrouvez plus d'infos sur notre page Revue de presse pour en savoir plus. 26 articles de presse Critiques Spectateurs Giallo Ă  la sauce corse. Laissez bronzer les cadavres est la version giallo du film Free Fire sorti il y a peu. L'intrigue est simple voir basique plusieurs parties se disputent un butin, tout le monde a des armes Ă  feu. Et ne sert que comme prĂ©texte pour une fusillade de 1h30 de long. Un giallo en 2017? Quelle drĂŽle d'idĂ©e. Presque folle mĂȘme, mais c'est plutĂŽt le genre de folie qu'on aimerait voir plus souvent. Le film emprunte au ... Lire plus Afficher sa mise en scĂšne peut ĂȘtre une chose extrĂȘmement jouissif lorsque cela est fait avec intelligence et au service d’une histoire comme chez Martin Scorsese, Quentin Tarantino, Sam Raimi ou Sergio Leone. Mais lorsque cela est fait sans aucune subtilitĂ© et que cela Ă©crase totalement l’histoire, cela devient rapidement insupportable. Laisser bronzer les cadavres fait partie de cette seconde catĂ©gorie. En effet, dĂšs les premiers ... Lire plus une expĂ©rience cinĂ© originale, c'est vrai, ne boudons pas notre plaisir, pour une fois que le cinĂ©ma français sort un peu des sentiers battus, avec plein de clins d'oeils et d'hommages, de bons acteurs, un bon dĂ©lire visuel, mais au bout d'un moment la nausĂ©e prend quand mĂȘme le dessus, et mĂȘme une certaine forme d'ennui, car c'est quand mĂȘme assez prĂ©tentieux ; vu au FEFFS L’action se dĂ©roule dans un village quasi-abandonnĂ©, perchĂ© au-dessus de la MĂ©diterranĂ©e, au cƓur de l’étĂ© corse. Un couple, qui hĂ©berge dĂ©jĂ  un romancier alcoolique, a acceptĂ© de planquer trois brigands en cavale qui viennent de braquer un convoi et de dĂ©rober des lingots d’or. Mais tout se complique avec l’arrivĂ©e de l’épouse du romancier, accompagnĂ©e de son jeune fils et de sa nounou, puis avec celle de deux policiers ... Lire plus 75 Critiques Spectateurs Photos 12 Photos Secrets de tournage Note d'intention du fils de Jean-Patrick Manchette "Quarante-cinq ans aprĂšs, le film d’HĂ©lĂšne Cattet et Bruno Forzani a la mĂȘme Ă©nergie dĂ©mente, la mĂȘme prĂ©cision maniaque, le mĂȘme dĂ©bordement d’idĂ©es foutraque et jubilatoire.""Que ce duo dĂ©tonnant vienne appliquer son style post-moderne si particulier, visible dĂšs leurs dĂ©buts dans leurs courts-mĂ©trages autant que dans Amer ou L'Etrange couleur
, Ă  ce roman Ă©crit par Manchette et Bastid Ă  la grande Ă©poque du western europĂ©en, c’était une be Lire plus Jean-Patrick Manchette 1942 - 1995 Laissez bronzer les cadavres est l'adaptation du premier roman du mĂȘme nom de Jean-Patrick Manchette coĂ©crit avec Jean-Pierre Bastid, l'un des auteurs les plus marquants du polar français des annĂ©es 1970 et 1980 Ă©galement connu pour ses opinion d'extrĂȘme gauche. L'Ă©crivain a aussi travaillĂ© comme adaptateur, scĂ©nariste et dialoguiste pour le cinĂ©ma. On lui doit par exemple Nada Claude Chabrol, 1973 adaptĂ© de son propre roman, L’Agre Lire plus Co-Ă©criture avec Jean-Pierre Bastid Militant engagĂ© Ă  gauche, Jean-Pierre Bastid nĂ© en 1937 se consacre dans un premier temps au cinĂ©ma aprĂšs ses Ă©tudes Ă  l'IDHEC, il devient l’assistant de Jean Cocteau sur Le Testament d'OrphĂ©e 1960 avant de travailler avec Nicholas Ray. Il participe Ă  l’écriture de polars sexy rĂ©alisĂ©s par JosĂ© BenazĂ©raf L'Enfer sur la plage, 1966 et Max PĂ©cas La Peur et l'amour, 1967. Son premier long mĂ©trage comme me Lire plus 4 Secrets de tournage Infos techniques NationalitĂ©s France, Belgique Distributeur Shellac RĂ©compenses 1 prix et 4 nominations AnnĂ©e de production 2017 Date de sortie DVD 06/03/2018 Date de sortie Blu-ray - Date de sortie VOD 17/02/2018 Type de film Long-mĂ©trage Secrets de tournage 4 anecdotes Box Office France 2 597 entrĂ©es Budget - Langues Français Format production - Couleur Couleur Format audio - Format de projection - N° de Visa - Si vous aimez ce film, vous pourriez aimer ... Commentaires

Lecadavre d’une baleine bleue, plus grand animal au monde et espĂšce considĂ©rĂ©e comme menacĂ©e, s’est Ă©chouĂ© mardi sur une plage de Namibie, portant des blessures laissant penser qu

RĂ©pĂ©tition de la piĂšce de Vincent Macaigne, Au moins j'aurai laissĂ© un beau cadavre, au Théùtre National de Chaillot. Agathe Poupeney Le souvenir d'Avignon est encore intense. Des images de chaos, des mots gueulĂ©s Ă  la nuit par des comĂ©diens ivres de vie, une scĂšne qui s'illumine sous l'Ă©nergie d'un spectacle brĂ»lant par tous les bouts. Au moins j'aurai laissĂ© un beau cadavre, de Vincent Macaigne, adaptation empoisonnĂ©e et distordue de Hamlet, est une piĂšce excitante, excessive et qui avance sans garde-fou. Mais fini le ciel Ă©toilĂ© des soirĂ©es avignonnaises et le dĂ©cor dĂ©chirĂ© du cloĂźtre des Carmes, voici l'imposant Théùtre national de Chaillot et son grand escalier lisse comme l'ennui. C'est ici que Vincent Macaigne doit balancer des litres de sang aux visages des assassins du roi et faire se dresser un chĂąteau gonflable sorti d'un parc d'attractions. Pas facile. Vendredi 21 octobre, 19 heures. Les techniciens chargĂ©s de monter le dĂ©cor XXL de la piĂšce font une pause. Vincent Macaigne en profite pour investir le plateau avec ses comĂ©diens, auxquels il demande de monter et de descendre les marches de la salle Jean-Vilar pour se rendre compte de la portĂ©e des voix. Du théùtre physique, en direct. C'est qu'il faut tout rĂ©ajuster pour l'intĂ©rieur et tenir compte de la dimension du lieu. "Il faut surtout ne pas rester sur les acquis d'Avignon, explique Vincent Macaigne. Jouer, c'est un mouvement, un geste. Donc, je repars de zĂ©ro et c'est flippant." Il se lĂšve, dĂ©place un projecteur d'un demi-centimĂštre et appelle Ă  ses cĂŽtĂ©s Emmanuel Matte, un de ses acteurs, qui, lui aussi, file l'analogie "Tout est musculaire dans le fait de jouer. Il faut stimuler le corps et l'imaginaire." Un "chĂąteau gonflable planquĂ© sous la tour Eiffel"Et, question imaginaire, ça dĂ©mĂ©nage. Sur scĂšne, les comĂ©diens improvisent pour badigeonner le texte d'une couche d'actualitĂ©. Macaigne veille au grain. L'allusion Ă  Kadhafi n'y a pas rĂ©sistĂ©. Celle aux "IndignĂ©s" non plus. En revanche, cette interpellation lancĂ©e Ă  Claudius Ă  propos de son "chĂąteau gonflable Ă  la con planquĂ© sous la tour Eiffel" pourrait se retrouver dans le texte. Un texte qui malaxe Shakespeare, reprend quelques phrases de Virginia Woolf et intĂšgre des passages Ă©crits par Macaigne lui-mĂȘme. "Je parle d'une Europe en crise qui s'engage sur une voie rĂ©actionnaire qui me fait peur, souligne l'auteur et metteur en scĂšne. Hamlet aussi est un peu rĂ©ac en refusant d'aller de l'avant." Au moins, j'aurai laissĂ© un beau cadavre, de Vincent Macaigne Théùtre national de Chaillot, paris XVIe, jusqu'au 11 novembre. Offre limitĂ©e. 2 mois pour 1€ sans engagement Les techniciens ont repris leurs droits et leurs outils. Il y a du bruit, du mouvement, mais Vincent Macaigne continue, imperturbable, Ă  travailler avec les acteurs. Le tableau, vaste bordel bizarrement trĂšs contrĂŽlĂ©, mais on ne sait comment, ressemble au spectacle. Etrange jeu de miroirs. Il est pourtant l'heure de laisser le royaume de Danemark. Vincent Macaigne et Emmanuel Matte, chemises de bĂ»cherons canadiens sur le dos, remontent dans le hall, oĂč se dĂ©roule une soirĂ©e privĂ©e avec petits fours, robes chics et boutonniĂšres fleuries. L'apparition des deux hommes barbus et hirsutes produit son effet. La vie est dĂ©cidĂ©ment une grande scĂšne de spectacle. Au moins, j'aurai laissĂ© un beau cadavre, de Vincent Macaigne Théùtre national de Chaillot, paris XVIe, jusqu'au 11 novembre. Eric Libiot Les plus lus OpinionsChroniquePar GĂ©rald BronnerLa chronique d'AurĂ©lien SaussayPar AurĂ©lien Saussay, chercheur Ă  la London School of Economics, Ă©conomiste de l'environnement spĂ©cialiste des questions de transition Ă©nergĂ©tiqueChroniqueAbnousse ShalmaniLa chronique de Christophe DonnerChristophe Donner

DansAu moins j’aurai laissĂ© un beau cadavre, d’aprĂšs Hamlet de Shakespeare, le jeune metteur en scĂšne va jusqu’au bout dans l’excĂšs et dans l’épuisement des Ă©nergies.
Rien de commun entre l’Hamlet que Philippe Torreton joue cet Ă©tĂ© aux Nuits de Grignan ce splendide village de la DrĂŽme dans une mise en scĂšne de Jean-Luc Revol – une belle concision, une condensation habile sur les pĂ©ripĂ©ties mais un acteur si peu fait pour ce rĂŽle qu’il endosse dans l’énergie et sans la moindre songerie mĂ©taphysique ! – et l’adaptation par Vincent Macaigne d’Hamlet rebaptisĂ© sans complexe Au moins j’aurai laissĂ© un beau cadavre qu’on reverra au théùtre de Chaillot en novembre. Macaigne s’en prend au bien-faire et Ă  la culture Ă©lĂ©gante en rĂ©inventant la lĂ©gende du prince du Danemark dans un univers glauque de soirĂ©e faubourienne et sanglante. Les personnages jouent la trame shakespearienne mais disent, souvent hurlent, un texte volontiers ordurier, dans un dĂ©cor boueux, aquatique, sanguinolent oĂč surgira un chĂąteau gonflable sur lequel dĂ©rapent des acteurs de plus en plus nus. Ça Ă©ructe, ça cogne, ça inonde. Face Ă  cela, il faut avoir le cƓur bien accrochĂ© et ne pas porter son habit du dimanche quand volent la boue et l’eau rougie ! DĂšs la premiĂšre seconde, lorsque le public est interpellĂ© par un chauffeur de salle, le langage charrie les mots les plus crus, et les acteurs, tous incroyables, se roulent dans la fange, se battent ou s’étreignent, se dĂ©shabillent, se souillent, glissent, tombent au fond des fosses ou montent au sommet du dĂ©cor. Le bon goĂ»t est rarement au rendez-vous il est mĂȘme interdit !, mais l’énergie, l’aplomb, l’insolence, le dĂ©fi sont lĂ . Surtout, dans ce torrent de fureur provocante, il y a des moments de confession, de sincĂ©ritĂ©, d’humanitĂ© bouleversants. Ce mariage de la tragĂ©die avec les citĂ©s et la fĂȘte foraine n’était pas totalement prĂȘt Ă  Avignon, puisque l’équipe, dĂ©passĂ©e par l’ampleur de son entreprise on admire une implication qui doit mettre les corps et les voix au bout du bout du rouleau n’avait pu terminer son adaptation du dernier acte. Hamlet ne finissait pas ! Il n’y avait pas sa mort concluant un duel truquĂ© ! On attend la version complĂšte, ce qui risque d’augmenter encore la durĂ©e. Mais, un peu plus court ou un peu plus long, ce spectacle submerge le spectateur, le laissant choquĂ©, incrĂ©dule et impressionnĂ© face Ă  ce superbe coup de sang partagĂ© par une jeune Ă©quipe en folie. Au moins j’aurai laissĂ© un beau cadavre d’aprĂšs Hamlet de William Shakespeare, adaptation, mise en scĂšne et conception visuelle de Vincent Macaigne, scĂ©nographie de Benjamin Hautin, Vincent Macaigne, Julien Peissel, accessoires Lucie Basclet , lumiĂšres de Kelig Le Bars, son de LoĂŻc Le Roux, assistanat de Marie Ben Bachir, Avec Samuel Achache, Laure Calamy, Jean-Charles Clichet, Julie Lesgages, Emmanuel Matte, Rodolphe Poulain, Pascal RĂ©nĂ©ric, Sylvain Sounier. Théùtre de Chaillot, tĂ©l. 01 53 65 30 00, du 2 au 11 novembre. DurĂ©e 4 h. AliciaMihami avec AFP. Les troupes russes se retirent peu Ă  peu dans le nord de l’Ukraine et laissent derriĂšre elles des scĂšnes d’une rare violence. À Boutcha, prĂšs de Kiev, des fosses communes et des cadavres alignĂ©s en pleine rue suscitent l’indignation de la communautĂ© internationale. La guerre en Ukraine avait dĂ©jĂ  son lot d
S’il y a un reproche que l’on ne peut pas adresser Ă  Vincent Macaigne, c’est de faire les choses Ă  moitiĂ©. Dans Au moins j’aurai laissĂ© un beau cadavre, d’aprĂšs Hamlet de Shakespeare, le jeune metteur en scĂšne va jusqu’au bout dans l’excĂšs et dans l’épuisement des Ă©nergies. On ressort de lĂ  en en ayant pris plein la face et avec le dĂ©sir de hurler Ă  notre tour. Quelques indices nous mettent sur la voie de ce qui nous attend, dĂšs le hall du Palais Chaillot. A la recherche de notre porte pour entrer dans la salle Jean Vilar, on se voit distribuer des obturateurs, comme aux concerts de hard-rock. En descendant les marches, on entend un bruit sourd. On se prĂ©cipite pour voir ce qu’il se passe, ce que l’on rate, et on dĂ©couvre qu’un comĂ©dien a fait descendre une centaine de jeunes sur le plateau, qui applaudissent et chantent avec lui, dĂ©chaĂźnĂ©s. Le message est assez clair ce que l’on va voir est du théùtre libĂ©rĂ© des conventions, dans lequel les comĂ©diens s’adressent Ă  nous, constamment conscients de notre prĂ©sence, et dans lequel les rires et les cris des interprĂštes et du public sont dĂ©bridĂ©s. Le dĂ©cor composite, qui fait se cĂŽtoyer des stĂšles funĂšbres ornĂ©es de fleurs et des distributeurs de boisson, un mobil home et une tombe ouverte remplie d’un liquide non identifiĂ© sur le devant de la scĂšne – qui oblige les premiers rangs Ă  se protĂ©ger derriĂšre des bĂąches en plastique – finit de sĂ©duire notre tolĂ©rance et de nous prĂ©parer pour le meilleur et pour le pire. DĂšs qu’il est question de réécriture, l’équation se formule en termes de fidĂ©litĂ© et de libertĂ©. Avec Macaigne, il est difficile – voire inutile – de trancher. Les personnages et les principaux Ă©pisodes sont ceux de Shakespeare le pĂšre d’Hamlet est mort, et le mariage de sa mĂšre et de son oncle fait suite au deuil un peu trop rapidement aux yeux du fils. Le fantĂŽme du roi dĂ©cĂ©dĂ©, la mise en abyme du théùtre et l’amour d’OphĂ©lie rĂ©pondent eux aussi prĂ©sents Ă  l’appel. La langue en revanche, Ă  part l’incontournable ĂȘtre ou ne pas ĂȘtre », est remodelĂ©e de fond en comble. Claudius appelle Hamlet enfant pourri gĂątĂ© » qui plombe la joie de la noce, alors que lui est accoutrĂ© d’un costume de banane le jour de son mariage, et qu’il est le seul Ă  s’ĂȘtre dĂ©guisĂ© malgrĂ© son message Facebook aux invitĂ©s. Le ton est donnĂ© et il n’est pas lieu de s’offusquer. La violence de la piĂšce d’origine est mise en acte et les comĂ©diens n’hĂ©sitent pas une seconde Ă  se jeter dans la tombe pleine d’eau du roi, Ă  se rouler dans la boue et Ă  s’asperger de faux sang. Leurs cordes vocales s’usent Ă  force de crier et ils courent partout sur le plateau et parmi le public, qui n’hĂ©site pas Ă  se lever pour livrer passage. Mais les encouragements tout aussi Ă©nergiques de Macaigne, du haut de la rĂ©gie, n’autorisent aucun rĂ©pit. A l’entracte, alors que la chanson Sara perche ti amo » est diffusĂ©e dans tout le théùtre, des traces de boue et d’eau dans les marches chatouillent notre curiositĂ© et nous encouragent Ă  rester, Ă  ne pas rejoindre encore notre confort douillet. Un plateau plus ou moins nettoyĂ© nous attend pour cette seconde partie, plus sombre encore et plus Ă©prouvante. Les rares moments de beautĂ© sont Ă©phĂ©mĂšres, Ă©chouant Ă  trouver leur place dans cet univers. Les salves de serpentins et le nuage de paillettes dorĂ©es retombent au sol et se mĂ©langent Ă  la boue et au sang. Le chĂąteau gonflable qui s’élĂšve et envahit la scĂšne retombe sur lui-mĂȘme, malgrĂ© les efforts dĂ©sespĂ©rĂ©s de Claudius pour le redresser. Heureusement, les Ă©motions provoquĂ©es, du rire Ă  l’indignation, et la sollicitation des comĂ©diens Ă  se lever et applaudir chaque communication du roi, permettent de se reprendre, de reprendre conscience de soi-mĂȘme. C’est indispensable vue la puissance des gestes et des paroles qui nous frappent. Macaigne et sa troupe sont bien conscients de tous les effets qu’ils produisent et en jouent. Le faux sang est bien du faux sang, il ne sert Ă  rien de hurler et de pleurer ; les paillettes qui s’envolent au-dessus de la scĂšne s’envolent grĂące Ă  Lucie, la rĂ©gisseuse, il ne faut pas se laisser tromper ; et si le geste prend le dessus sur la parole, au point qu’on ne comprend parfois plus rien, c’est parce que ce ne sont pas les mots qui comptent, mais l’acte de crier dans le micro lui-mĂȘme. La scĂšne et les comĂ©diens sont mis dans tous leurs Ă©tats pour mener le drame Ă  son terme le bain de sang final survient enfin, littĂ©ralement reprĂ©sentĂ© sur scĂšne dans le bocal qui contient quatre ou cinq corps peinturlurĂ©s de rouge. Les moutons amenĂ©s sur scĂšne pour la fin s’effraient un peu de ce carnage, et l’enseigne lumineuse qui domine la scĂšne depuis le dĂ©but clignote Il n’y aura pas de miracles ici ». TrempĂ©s de la tĂȘte aux pieds, les comĂ©diens revĂȘtent un peignoir vite tĂąchĂ© et viennent saluer, en compagnie des rĂ©gisseurs, pour qui le spectateur Ă©prouve une certaine compassion. En remontant les marches, certains crient au massacre de Shakespeare et d’autre se rĂ©jouissent de n’avoir pas passĂ© une soirĂ©e mortelle Ă  regarder un Hamlet trop classique et trop rangĂ© il faut choisir son camp et s’y tenir. F. pour Inferno Pour en savoir plus sur le spectacle, cliquez ici.
Desimages de chaos, des mots gueulés à la nuit par des comédiens ivres de vie, une scÚne qui s'illumine sous l'énergie d'un spectacle brûlant par tous les bouts. Au moins
Il est des spectacles qui, pour interpeller directement » le public, croient devoir organiser sa prise d’otage physique. Le prendre Ă  partie serait trop sobre il faut l’enjoindre d’applaudir, de se lever, de venir sur scĂšne, de pousser des cris. J’ai assistĂ© l’autre jour Ă  une manifestation » de ce genre, au Théùtre National de Chaillot Paris 16Ăšme, pour la reprise d’Au moins j’aurai laissĂ© un beau cadavre, ce spectacle créé par Vincent Macaigne au Festival d’Avignon d’aprĂšs Hamlet de Shakespeare. ComĂ©diens hurlant tous sur le mĂȘme ton, musique entraĂźnante mais qui vous casse les oreilles le théùtre offre heureusement des boules Quies aux spectateurs avant leur entrĂ©e dans la salle, nouveau roi dĂ©guisĂ© en banane gĂ©ante, qui ordonne au public de se lever et d’applaudir la moindre de ses dĂ©clarations insignifiantes
 Certains ont vu dans ce spectacle la preuve d’une belle Ă©nergie ». Je n’y ai vu qu’un fantasme de toute-puissance assez mĂ©prisant pour le public Macaigne peut se targuer de faire lever les foules pour applaudir une banane ; et surtout, un acharnement morbide Ă  vouloir Ă©craser le monde et le sens dans un mĂȘme magma informe Ă  base de hurlements, de sang qui coule Ă  flot, et de boue dĂ©goulinante. Pour captiver le public, est-il bien nĂ©cessaire de l’incarcĂ©rer de la sorte ? Certes non, et c’est mĂȘme tout le contraire, comme le prouve une fois de plus le nouveau spectacle de JoĂ«l Pommerat Cendrillon. Loin du bruit et des images prĂ©mĂąchĂ©es, c’est tout en poĂ©sie, en humour et en nuance que cet auteur secoue, toujours trĂšs fort, le regard du spectateur. Cendrillon est un conte pour enfants, mais le spectacle de Pommerat, aux Ateliers Berthier Paris 17Ăšme, est l’un des plus beaux moments de théùtre Ă  vivre en ce moment, pour les adultes aussi. L’hĂ©roĂŻne de ce conte dĂ»ment revisitĂ© est une petite fille en deuil, plutĂŽt peu gracieuse, mais pourvue d’un Ă©poustouflant sens de la rĂ©partie, et d’une imagination redoutable. Sandra tel est le vrai » prĂ©nom du personnage, vient de perdre sa mĂšre, et n’ayant pas pu saisir les derniers mots que lui murmurait la mourante, elle s’est persuadĂ©e que sa maman lui demandait de penser Ă  elle en permanence, pour lui prĂ©server une place chez les vivants. C’est ainsi qu’en toute simplicitĂ©, sous couvert de malentendu », Pommerat dĂ©compose avec une luciditĂ© stimulante, les liens irrĂ©ductibles entre le chagrin et la culpabilitĂ©. S’imposent alors des scĂšnes de panique terrible la fillette s’est fait offrir une montre Ă©norme qu’elle a programmĂ©e pour sonner toute les cinq minutes. Sur l’air de Ah vous dirais-je maman », l’alarme est lĂ  pour lui rappeler sans cesse sa mission, et combien elle est impossible. C’est une sorte de gag acide, cette montre qui intervient toujours de façon intempestive. Mais en mĂȘme temps, c’est une horloge tragique qui rappelle Baudelaire. Trois mille six cents fois par heure, la Seconde chuchote Souviens-toi ! », Ă©crivait le poĂšte. Et c’est ce mĂ©lange qui est fĂ©cond chez Pommerat, l’accessoire fait rire les uns et frissonner les autres, bref, loin d’enfermer les choses dans un sens unique, il met le rĂ©el en relief. Il en est ainsi de chaque dĂ©tail. Comme de celui-ci les filles de la future belle-mĂšre rebaptisent Sandra cendrier », parce que son pĂšre lui confie toujours, pour qu’elle les Ă©teigne en vitesse, les cigarettes qu’il fume en cachette. DĂ©positaire bien rĂ©elle des symptĂŽmes de son pĂšre angoissĂ©, et esclave imaginaire d’une mĂšre qui n’en demandait pas tant, le personnage de Sandra pose ainsi toutes les questions les plus essentielles de l’enfance, entre les transmissions accablantes et les culpabilitĂ©s qu’on s’invente. La distribution des rĂŽles participe aussi de cette ouverture du sens et de l’imaginaire. Cinq acteurs aussi Ă©tonnants que convaincants font vivre sur scĂšne neuf personnages. NoĂ©mie Carcaud incarne Ă  la fois une sƓur narquoise de Cendrillon, et la bonne fĂ©e de la fillette. Caroline Donnelly joue l’autre sƓur
 et le jeune prince. Alfredo Canavate interprĂšte Ă  la fois le pĂšre de Cendrillon et le roi. Il est le seul homme, dans ce spectacle qui pose surtout la question de la fĂ©minitĂ© et les rivalitĂ©s qu’elle engage. Car Cendrillon, c’est aussi l’histoire d’un duel symbolique entre les gĂ©nĂ©rations celle de la belle-mĂšre Catherine Mestoussis, grosse dame convaincue de faire » plus jeune que ses filles, et Cendrillon, frĂȘle fillette qui a dĂ©jĂ  plus de souvenirs que si elle avait mille ans. DĂ©borah Rouach Ă©tait d’ailleurs faite pour jouer ce rĂŽle petite silhouette brune et comĂ©dienne troublante, la moindre de ses paroles vous donne des frissons, tant elle sait faire parler l’enfance, dans sa fragilitĂ© et sa maturitĂ© paradoxale. Ainsi Pommerat montre-t-il le monde comme il est dans l’inconscient immense et compliquĂ©. Son spectacle, on le vit au moins autant qu’on le regarde, comme une expĂ©rience intense et troublante. Pour produire un tel effet, nul besoin de crier fort, ni de jouer les animations participatives ». Surtout pas. Aux Ateliers Berthier OdĂ©on Théùtre National de l’Europe, Paris 17Ăšme, jusqu’au 25 dĂ©cembre.
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au moins j aurai laissé un beau cadavre